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LE HAMAS ?
UNE COPIE BARBUE DU FATAH
Témoignage de
Mohamed Kraychan
Pour Courrier
International N°868 du 21 juin 2007
La
désolation qui règne à Ramallah, en Cisjordanie, illustre la dégradation du
quotidien des Palestiniens, déçus et par le Fatah et par le Hamas (1).
Ramallah est une
ville à part. Située en Cisjordanie, la capitale administrative de l'Autorité
palestinienne reflète toute la diversité de la société palestinienne : elle
brasse toutes les catégories sociologiques de la population, accueille les
citoyens des villes et des villages alentour, attire des étrangers du monde
entier, abrite un nombre considérable d'ONG et organise la plupart des
activités culturelles et politiques. Je l'avais visitée lors de l'élection
présidentielle de janvier 2005 [remportée par Mahmoud Abbas], puis des
élections législatives de janvier 2006 [gagnées par le Hamas]. Un an et demi
plus tard, j'y suis aujourd'hui de nouveau afin de prendre le pouls de la
population et de m'intéresser aux gens ordinaires, que ce soient les étudiants
de l'université de Bir Zeit, les gens dans les cafés ou dans la rue, ou encore
les acteurs de la vie culturelle et les observateurs politiques.
On peut résumer l'humeur générale en un mot : le dégoût. Le dégoût de
l'occupation bien sûr, mais aussi de l'Autorité palestinienne, du Fatah et du
Hamas, de leurs miliciens et de leurs combats, de la corruption, de la crise
économique et de l'effondrement du pouvoir d'achat, des pays arabes et de ce
qu'on appelle la communauté internationale, des Etats-Unis, de l'Europe et des
Nations unies. Un dégoût généralisé qui n'épargne rien ni personne. Tous sont
gagnés par le sentiment dévastateur d'être abandonnés par le monde entier et de
n'avoir aucune perspective d'avenir. L'option d'une solution négociée n'a pas
donné le moindre résultat, l'option de cessez-le-feu n'a en rien amélioré la
situation, l'option de l'affrontement n'a pas fait bouger d'un pouce les
lignes, l'option de l'attaque n'a pas suffi à terroriser l'ennemi.
Les Palestiniens de Ramallah n'ont plus aucun espoir. Mahmoud Abbas a trop déçu
l'espérance qu'il avait suscitée. Avant son accession au pouvoir, on pensait
qu'il pouvait réussir là où Yasser Arafat avait échoué, c'est-à-dire dans
l'amélioration des conditions de vie. Car, disait-on, il plaisait aux
Américains et ne dérangeait pas trop les Israéliens. Or, selon les
Palestiniens, cet homme n'a rien obtenu du tout, n'a pas réglé les problèmes de
niveau de vie, ni contenu la corruption endémique, ni mis un terme au désordre
généralisé. Les Palestiniens se moquent de lui en disant que la seule chose
qu'il aurait réussie depuis qu'il est président, c'est de supprimer un point de
contrôle entre Ramallah et Bir Zeit.
Quant au Hamas, il a causé un désenchantement majeur. En un temps record, il a
dilapidé les espoirs de changement profond qu'on attendait de lui. Non
seulement il n'a résolu aucun des problèmes existants, mais il a contribué à
les aggraver. Il n'a même plus le mérite de représenter une alternative
crédible et prometteuse, puisqu'il s'est avéré être une simple copie barbue du
Fatah. Il était avide d'un pouvoir qui ne valait déjà plus rien et, quand il a
fini par accepter le gouvernement d'union nationale, il n'a pas respecté les
règles de la cohabitation.
D'où peut venir l'espoir, s'interrogent les observateurs ? Pour débloquer la
situation, il faudrait soit une guerre régionale pour redistribuer les cartes,
soit que Mahmoud Abbas prenne son courage à deux mains et démissionne de son
poste en déclarant la fin de l'Autorité palestinienne. Ainsi, il mettrait tout
le monde devant ses responsabilités pour que les Palestiniens puissent
affronter leur destin sans faux-semblants. Qui sait ? Ce serait peut-être le
meilleur moyen de sortir de l'impasse.
Note
de www.nuitdorient.com
(1)
D'après le poète Bassem
al-Nabris, si un référendum était tenu aujourd'hui 70% des Palestiniens
souhaiteraient leur rattachement à Israël.
(cf How the Palestinians
Ruined Gaz - By P. David Hornik –www.FrontPageMagazine.com | June 22, 2007)
D'après Efraim
Karsh dans un article de www.CommentaryMagazine.com
de 2002, le nombre de Palestiniens
travaillant en Israël est passé de 0 en 1967, à 66 000 en 1975 et 109 000 en
1986, ce qui représentait 35% de la population employée en Cisjordanie et 45% à
Gaza.
2000 usines
employant la moitié de la main d'oeuvre disponible ont été créées dans les
Territoires Palestiniens. Dans la décennie 70, ces territoires avaient
l'économie la plus florissante du monde, dépassant même Singapour et Hong Kong.
Entre 1968 et 1991, le PNB est passé de 165 à 1715 $/hab. Lors des 2 décennies
précédant la 1ère intifada, le nombre de classes et d'écoliers a été
multiplié par 2 alors que la population n'a augmenté que de 28%! Sous
l'administration jordano-égyptienne, il n'y avait aucune université dans ces
territoires. La gestion Israélienne des années 70/80 en a créé sept réunissant 16 500
étudiants etc.. etc…