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LE DEBUT DE LA
GRANDE LUTTE AU MOYEN ORIENT
Ludovic Monnerat, expert militaire et stratégique suisse
13 juin 2007
Si diviser pour
régner était une approche stratégique valable à l'ère coloniale, son
application moderne semble tout aussi prometteuse. Les événements majeurs des
dernières semaines dans le monde arabo-musulman, source ou lieu de la majorité
des conflits armés au monde, sont à cet égard instructifs: la guerre civile
palestinienne, précipitée par le piège de la liberté, prend des proportions qui ne permettent plus de l'ignorer; les opérations offensives de l'armée libanaise contre une
milice islamiste palestinienne, qui bénéficient d'un large soutien, ont
illustré l'évolution des esprits dans la population ; le soulèvement croissant
des sunnites irakiens contre les combattants islamistes,
convoité par le gouvernement national, impose une autre lecture du conflit
irakien. On pourrait citer d'autres exemples d'hostilités ouvertes ou
résurgentes, du Pakistan à l'Algérie en passant par la Corne de l'Afrique.
Ces développements
me font penser que la grande lutte a bel et bien débuté ; non seulement le
combat entre les démocraties libérales et le fondamentalisme musulman, que
l'interpénétration des cultures avive inévitablement, mais aussi et surtout le combat entre modernes et archaïques au sein même du
monde arabo-musulman. C'est le cauchemar d'Oussama ben Laden, la hantise
suprême d'Al-Qaïda : alors que le déclenchement des hostilités contre le monde
occidental devait leur permettre de conquérir les coeurs
et les esprits de leurs coreligionnaires, et donc de prendre le pouvoir
temporel, ces derniers réagissent au contraire face à la pratique du terrorisme
et à l'imposition de la loi islamique. Il est assez intéressant de constater
que là où les commentateurs prédisaient des millions de terroristes suite aux
opérations offensives déclenchées dès l'automne 2001 par les États-Unis, nous
voyons aujourd'hui des millions de démocrates se précipiter aux urnes lorsque
des élections légitimes sont proposées, et des millions de gens s'opposer aux
terroristes.
Si cette analyse
est correcte, elle éclaire d'un jour différent les actions des différentes
nations occidentales durant cette décennie. Et elle montre surtout que l'heure
n'est pas au retrait et au repli sur soi, pour les pays engagés dans
cette offensive, mais bien à la capacité de durer et de poursuivre la lutte en dépit d'un soutien
politique pour le moins incertain.