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LE MOYEN ORIENT:
VENEZ ! ET REFLECHISSONS ENSEMBLE !
Par Barry Rubin, directeur de "Global Research in International Affairs Center"
à l'IDC, Herzliya.
Publié par le Jerusalem Post le 26/08/07
Traduit par Albert Soued, écrivain, nouveau livre:
Diffusion www.publibook.com, taper soued à la rubrique "rechercher" -1ère colonne
ou www.fnac.com
ou www.amazon.fr , en tapant soued dans la
rubrique livres, et dans toutes les bonnes librairies
"Discuter, tempérer et diviser" ,
aujourd'hui, c'est la mantra de tous ceux qui se targuent de faire de la
politique au Moyen Orient, que cela soit des ministres des affaires étrangères,
des rédacteurs en chef de journaux, des universitaires ou toute autre personne
fabriquée par l'industrie du "politiquement correct". Pourtant rien ne
semble plus évident que cette triple assertion, car, après tout, il n'est pas
mauvais de parler aux forces radicales et de chercher à les persuader de
changer d'opinion ou même à les diviser. Mais ce n'est pas le cas au Moyen
Orient où "ces bonnes idées" sont non seulement nocives mais
dangereuses.
1. Discuter - N'est-il pas nécessaire de parler à
ses ennemis? Autrement, comment les amener à changer d'avis? Mais cela dépend à
qui vous parlez, quand et comment. Car en "parlant gentiment" à
l'Iran, à la Syrie ou au Hamas, par exemple, voilà à quoi vous vous exposez.
D'abord, examinons les précédents. Si tous les efforts passés ont échoué, cela
signifie que continuer à parler a peu de chances d'aboutir et qu'il faut
employer d'autres moyens. Entre 2001 et 2005, les Etats-Unis ont expédié en
Syrie de nombreuses délégations de haut niveau pour découvrir que leur
interlocuteur ne cessait pas de mentir. On n'a arrêté ce type d'expéditions que
lorsque le gouvernement syrien a assassiné l'ex-premier ministre libanais Rafik
Hariri, homme politique populaire.
En ce qui concerne l'Iran, la France, la Grande Bretagne et l'Allemagne
ont consacré plus de trois ans en vaines conversations diplomatiques, au sujet du
programme nucléaire iranien. Pendant ce temps, ce pays n'a cessé de mentir, de
trahir ses promesses et ses engagements, tout en poursuivant à toute allure son
enrichissement d'uranium, pour produire des bombes. Et voilà que l'Agence de contrôle
de l'Onu, l'AIEA annonce un nouveau programme de contrôle… pouah! Téhéran en
tremble ! De qui se moque-t-on? Et les discussions iront bon train jusqu'au
jour où éclatera la 1ère bombe iranienne!
Ensuite, dans toute discussion, il y a un moment favorable.
Or pour montrer sa bonne volonté vis-à-vis d'interlocuteurs intransigeants,
l'Occident a pris l'habitude de commencer par faire des concessions. La réponse
ne se fait pas attendre et généralement l'interlocuteur joue à la victime
blessée, se fait prier et quand il daigne parler aux Occidentaux, c'est comme
s'il leur faisait une faveur. Et cela continue encore au cours des pourparlers.
L'Occident ne cesse de donner des gages pour maintenir la discussion et ne
reçoit rien en échange. Au bout du processus, l'Occident n'a rien obtenu et n'a
rien changé. En fin de compte, la partie radicale n'a même pas besoin de crier
"au voleur!", et parfois il lui arrive même de le faire.
On pourrait penser que l'Occident changerait de méthode pour
amener le partenaire à ses vues. Nenni! Il continue comme avant, de peur que
l'interlocuteur ne se fâche et ne quitte la salle. Tenez le Hamas, par exemple.
Même quand il poursuit ses actes de terrorisme, on continue à lui envoyer de
l'argent, on ne le sanctionne pas, de crainte qu'il ne se fâche! Et si une
mesure de rétorsion est prise, devinez qui on accuse de rompre les pourparlers.
Cela a toujours fonctionné de cette manière, souvenez-vous
du processus de paix d'Oslo de 1990 avec l'OLP. Et, au bout de toute
discussion, quels qu'en soient les résultats, quand elle s'adresse à son public
en arabe ou en persan, la partie radicale crie victoire. Elle annonce que
l'Occident a perdu, qu'il est effrayé. Entre temps, la crédibilité de celui-ci
s'effondre et sa dissuasion n'a plus de sens, entraînant de ce fait encore plus
d'extrémisme et plus d'agression.
2. Tempérer – Chercher à tempérer des forces radicales est un combat sans
issue. La réponse la plus réaliste est que ces forces ne recherchent pas la
modération. Pourquoi faire? L'Occident a un point de vue déformé pensant que
l'Iran, la Syrie, le Hamas, le Hezbiollah et les islamistes radicaux ont des
militants agissant à contre coeur, obligés de se radicaliser à cause de
malentendus ou par manque d'alternatives. En fait ces militants adoptent cette
position mus par une foi réelle, ou par ambition. Leur idéologie est puissante
et elle est la voie qui les mènera au pouvoir, à la gloire, à l'argent. Pour
eux, agir autrement, c'est devenir un traitre répugnant et il est inconcevable
qu'on puisse leur faire changer d'avis, surtout si cela vient d'un ennemi
qu'ils ont toujours haï et cherché à détruire. De plus, ils sont convaincus
qu'ils sont gagnants et leur expérience les confirme dans cette idée, d'autant
plus que l'Occident n'arrête pas de les solliciter pour des
"conversations". Et ce n'est qu'en pensant qu'ils sont en train de
perdre, après de lourdes sanctions, qu'ils pourraient revoir leur stratégie ou
leurs tactiques. Et pourtant, une présence massive de troupes en Irak montre
qu'il n'en est même pas toujours ainsi.
De même, si un groupe ou un individu est convaincu de
tempérer son radicalisme, ceci équivaut pour lui à un suicide, du fait qu'il
sera anéanti ou assassiné par un collègue. Les "sunnis" modérés
d'Irak ont les mains liées, "car on ne peut pas négocier
quand on est déjà mort…"
3. Diviser – Commençons par les relations Syrie-Iran.
De l'Iran, la Syrie reçoit:
- beaucoup d'argent
- un partenariat idéologique
- une couverture islamique pour un régime qui est gouverné
par une minorité non-musulmane
- un allié ayant des intérêts convergents, en termes
d'anti-américanisme, de lutte contre Israël, de soutien au Hezbollah du Liban
et du Hamas en Palestine. De plus, l'Iran paie la note de ces groupes et la
Syrie monte sans avoir à payer
- une profondeur stratégique, protégeant la Syrie contre
toute attaque occidentale ou israélienne.
Croire que la Syrie va abandonner cette manne pour dépendre
d'un Occident en qui elle n'a aucune confiance, ou qu'elle va abandonner un
argument de poids – la menace sioniste comme excuse aux échecs du régime et
logique de sa survie – serait une pure folie.
On peut avancer des arguments parallèles pour l'Iran qui a
besoin d'un allié en Syrie pour satisfaire ses ambitions de prééminence dans la
région, vis-à-vis des Arabes et vis-à-vis des Sunnites, puisque la Syrie est en
majorité arabe et sunnite.
"Discuter, tempérer et diviser" cela résonne comme
une bonne stratégie, mais c'en est vraiment une très mauvaise.