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Les Arabes Désirent-ils
Vraiment la Paix ?
Par Moudar
Zahran, chercheur à l'Université du Bedfordshire, jordanien d'origine
palestinienne.
Paru dans
le Jerusalem Post du 17 octobre 2010
Traduit
par Albert Soued, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com
De
nombreux pays du Moyen Orient ont construit leur prééminence politique sur le
conflit palestino-israélien. Est-ce que la paix est dans leur intérêt ?
Les pays
de la Ligue arabe ont annoncé leur soutien à l'appel du président de l'Autorité
Palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, pour un gel complet des constructions dans
les implantations juives de Judée Samarie avant que les négociations ne
reprennent. Cette décision ne signifie pas que ces pays soutiennent M Abbas,
car la demande de gel a toujours été une revendication arabe et non
palestinienne. Récemment encore, Abdallah II, roi de Jordanie, s'est adressé
aux Nations Unies pour dire que les implantations juives constituaient une
"une menace majeure" pour des pourparlers de paix et pourraient mener
en fait à une guerre.
Ce point
de vue a toujours été promu avec force par les médias des pays arabes,
contrôlés par le gouvernement, et ce n'est pas la 1ère fois que les
pays arabes s'empressent de créer des obstacles imaginaires au processus de
paix. Il existe un historique de toutes les embûches créées artificiellement pour
empêcher leurs frères palestiniens d'avoir un Etat à eux. Remontons en 1947
lorsque la Ligue Arabe a rejeté la résolution 181 de l'Onu, qui créait un état
arabe pour les Palestiniens et un état Juif, côte à côte.
Malgré son
dogmatisme, Yasser Arafat, prédécesseur de M Abbas a subi de fortes pressions
de la part d'états arabes s'opposant à toute paix. Après sa mort, certains de
ses conseillers ont dévoilé que les interférences arabes ont joué un rôle important
dans le manque de souplesse d'Arafat sur des sujets comme Jérusalem et le
"droit au retour". Aujourd'hui les rodomontades arabes sur les
implantations juives ne sont que l'épisode le plus récent d'un vieux tour,
cherchant à monter les extrêmes, des deux côtés -- Palestinien et Israélien --
contre les modérés. Comme tous les problèmes dont devenus des "lignes
rouges" ou "des droits arabes sacrés", il est difficile à l'AP
de négocier l'un ou l'autre en toute liberté.
Certains
pays arabes sont devenus des experts dans ce jeu, pressant les dirigeants
arabes à mettre la barre très haut, à faire des demandes de concessions
extrêmes aux Israéliens pour saboter tout processus de paix. L'influence arabe
ne se limite pas à M Abbas, car le lobby arabe aux Etats-Unis dépasse de loin
le lobby pro-israélien. Et cette dynamique arabe en action empêchera tout
accord de paix. Quels en sont en fait les motifs ?
Plusieurs
pays arabes ont beaucoup gagné en hégémonie politique du fait du conflit
Palestino-israélien. Le paradoxe "pas de paix et pas de guerre" est
devenu un refuge politique pour d'autres pays, à tel point que toute paix même
provisoire est devenue une chimère. Ceci explique pourquoi l'Egypte, l'Arabie
saoudite et le Qatar ont soutenu le processus de paix, car ces pays ont une
véritable présence politique dans la région. La voie de la paix est dans leur
intérêt politique et les sert. Ce qui n'est pas le cas d'autres pays arabes (ou
islamiques).
Les pays
arabes qui ont accueilli des réfugiés palestiniens ne les ont pas intégrés dans
leur nation et les appellent encore "réfugiés", même si ceux-ci
constituent une majorité de citoyens. De plus ils reçoivent une aide internationale
substantielle pour ces dits réfugiés. Et toute paix mettrait fin à ces
avantages financiers et à ces privilèges économiques. De plus les pays voisins
d'Israël réalisent qu'un état palestinien cherchera naturellement un exutoire
démographique et géographique, ce qui constitue une menace pour ces régimes
arabes précaires, et pour leurs classes dirigeantes.
Ces pays
arabes qui font du "lobbying" contre la paix en incitant les
Palestiniens à prendre les positions les plus extrêmes mettent en danger la
stabilité de la région et même du monde. Les pays arabes qui prétendent être
des alliés des Etats-Unis et en paix avec Israël devraient faire savoir
officiellement que la paix nécessite des sacrifices de toutes les parties, y
compris des états arabes eux-mêmes, sur des sujets délicats comme la présence
de Palestiniens en pays arabe, les implantations de Judée Samarie, Jérusalem
(1). S'ils ne veulent pas le faire qu'au moins ils s'abstiennent de saboter
toute tentative de paix, à travers la propagande de leurs médias.
Un
proverbe arabe dit: "Que Dieu me sauve de mes amis d'abord, ensuite de
mes ennemis". Quand les pourparlers reprendront, Israël et l'AP
devraient faire attention, en écoutant leurs "amis" arabes.
Note de
la traduction
(1) il
faudrait ajouter "la présence de Juifs en pays arabe", notamment
l'Arabie ou la "future Palestine"…