www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
Par Le
figaro.fr
le 05/12/2017
La
guerre, qualifiée de « pire crise humanitaire au monde » par l'ONU, a fait plus
de 8750 morts et 50.600 blessés, dont de nombreux civils, depuis l'intervention
en mars 2015 d'une coalition arabe.
Le conflit au Yémen, théâtre de «crimes de guerre» dont a été
saisie la Cour pénale internationale, constitue actuellement selon l'ONU «la pire crise humanitaire
au monde».
La guerre a fait plus de 8750 morts et 50.600 blessés, dont de nombreux civils,
depuis l'intervention en mars 2015 d'une coalition arabe sous commandement
saoudien (sunnite) contre des rebelles chiites houthis. Une épidémie de choléra a
fait plus de 2000 morts et sept millions de personnes ont besoin d'une aide
alimentaire d'urgence. Retour sur le conflit au Yémen en cinq actes.
L'origine du conflit remonte à 2012. Le président Ali Abdallah
Saleh depuis plusieurs mois contesté dans la rue, dans la foulée des révoltes
tunisienne et égyptienne. Il avait déjà été blessé par un attentat en juin
2011. Ali Abdallah Saleh accepte, sous la pression des monarchies du Golfe, un
plan de transition prévoyant son départ en échange d'une immunité pour lui et
ses proches. Le 27 février 2012, le vieil autocrate cède officiellement le
pouvoir à son successeur, Abd Rabbo Mansour Hadi. C'est la fin de 33 ans de
règne. Il avait été désigné président du Yémen du Nord par une Assemblée
constituante en 1978.
Deux ans plus tard, pendant l'été 2014, la rébellion chiite des
Houthis lance une offensive depuis son fief de Saada. Elle s'estime
marginalisée après l'insurrection anti-Saleh. Originaires du nord du Yémen et
alliés avec les militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh,
les rebelles issus de la minorité zaydite, une branche du chiisme, sont accusés
d'être appuyés par l'Iran chiite. En l'espace de quelques mois, ils s'emparent
de Sanaa, la capitale, depuis septembre 2014, ainsi que de larges parties du
nord, du centre et de l'ouest du pays. Le président Hadi se réfugie à Aden qui
tombera à son tour en mars 2015.
Le 26 du même mois, neuf pays dirigés par l'Arabie saoudite
lancent l'opération aérienne «Tempête décisive»
pour contrer l'avancée des Houthis. Le président Hadi se réfugie à Ryad. Le 17
juillet 2015, le gouvernement annonce la «libération» de la province d'Aden,
premier succès des forces loyalistes appuyées par la coalition. Jusqu'à la
mi-août, les forces loyalistes parachèvent la reprise de cinq provinces du Sud,
mais peinent à les sécuriser face à la présence d'al-Qaida et de l'État islamique.
En octobre, les forces gouvernementales reprennent le contrôle du détroit de
Bab al-Mandeb, par où transite une bonne partie du trafic maritime mondial.
Fin avril 2017, l'ex-gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi,
est limogé par le président Hadi. Le 11 mai suivant, celui-ci annonce la mise
en place d'un «Conseil de transition du Sud», sous sa présidence, pour diriger
cet État indépendant jusqu'en 1990. Côté rebelle, la direction des Houthis qualifie
en août de «traître» l'ex-président Saleh pour les avoir présentés comme des
«miliciens». Le lendemain, l'ex-président rassemble des centaines de milliers
de personnes dans la capitale à l'occasion du 35e anniversaire de son parti, le
Congrès populaire général (CPG). Le 26 août, un colonel proche de Saleh et deux
Houthis sont tués.
Le 29 novembre, la crise entre l'ex-président Saleh et les
Houthis dégénère à Sanaa. De violents combats éclatent entre les deux alliés.
Ils ont fait depuis des dizaines de morts. Le 2 décembre, Ali Abdallah Saleh
propose à l'Arabie saoudite de «tourner la page», à condition qu'elle
lève le blocus renforcé un
mois plus tôt après un tir de missile par les Houthis au-dessus de Ryad. Cet
appel est fustigé par les Houthis qui dénoncent un «coup de force» de Saleh. Le
4 décembre, le président Hadi ordonne à ses troupes de reprendre Sanaa.
Les Houthis annoncent dans la foulée que l'ancien président Saleh, 75 ans, a
été tué, ainsi qu'un «certain nombre de ses éléments criminels».
LIRE AUSSI - Renaud Girard: «L'engrenage
de la guerre en mer Rouge»
Nota, source Sputnik
Les Houthis ont annoncé avoir tué l'ancien président Ali Abdallah Saleh qui,
d'allié des Houthis, était devenu leur adversaire en dénonçant leur volonté de
marginaliser le pays. Il a tendu la main à l'Arabie saoudite, à la tête d'une
coalition qui combat les rebelles depuis 2015. Au cours des 33 ans qu'il a
passé au pouvoir, Saleh a combattu à plusieurs reprises contre des rebelles
houthis Ansar Allah. Pourtant, après son retrait à la suite du «printemps
arabe» en 2012, il a pris, en 2014, le parti des houthis dans un soulèvement
contre le nouveau gouvernement du Président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par
la communauté internationale.
Le politologue yéménite Abou Bakr Bazib a affirmé qu'après le
meurtre de l'ex-Président Ali Abdallah Saleh, les parties en conflit au Yémen
étaient très proches d'une solution négociée. Toutefois, vu le manque de
pression propre à garantir de tels développements efficaces, la situation est
restée inchangée.
Il a indiqué que tout de suite après la mort de l'ancien
Président yéménite, Donald Trump avait
reconnu Jérusalem en qualité de capitale d'Israël et avait décidé de transférer
l'ambassade de son pays dans la ville. Ce qui a provoqué un grand
retentissement dans le monde arabe. Pour le Yémen, les résultats risquent
d'être très inquiétants. «Le pays pourrait se retrouver entraîné dans une
nouvelle guerre dans la région», a poursuivi Abou Bakr Bazib qui estime que
dans ce cas-là, les conséquences seraient horribles pour le Yémen, déjà épuisé
par la guerre.
Un responsable du parti Hizb al-Haqq, Ahmed al-Bahri, a indiqué
pour sa part que la coalition arabe n'avait d'autre choix que celui de cesser
la guerre au Yémen. «Les agresseurs ont réalisé que ni l'opération
militaire, ni le blocus économique n'avaient porté leurs fruits. Tandis que la
mort d'Ali Abdallah Saleh, leur dernier atout et projet, prouve que leur
campagne au Yémen a échoué. Ils devront accepter la situation actuelle, cesser
leur agression et chercher une solution négociée au conflit au Yémen»