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L'Arabie Saoudite et 90 Milliards $ d'Armes Américaines

 

Par Irfan Al-Alawi & Stephen Schwartz 

The Weekly Standard Blog, 14/09/10

Traduit par Albert Soued, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com

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Hier, certains médias et agences de presse ont rapporté que l'administration Obama allait demander au Congrès d'approuver la vente à l'Arabie Saoudite d'avions et d'hélicoptères high-tech pour 60 milliards $, avec une option de 30 milliards $ pour un armement naval. Du fait de la menace iranienne, le marché sera sans doute approuvé, donnant à l'armée saoudienne les moyens de répondre à une attaque à travers le Golfe Persique.

S'il est réalisé, ce contrat vient à un moment où la société saoudienne traverse des tensions qui s'intensifient, montrant les contradictions de cette oligarchie (1). A maintes reprises, le roi Abdallah a tenté des réformes politiques et sociales, mais il reste isolé car nombre de membres conservateurs de sa famille et de religieux wahabites s'opposent à ses initiatives. Par ailleurs, nombre de jeunes s'éloignent d'une manière visible du pouvoir de la monarchie et des sheikhs rétrogrades.

En fait, la majorité des citoyens du pays appréhendent la mort de leur souverain qui a 86 ans. Celui-ci pourrait être remplacé par son demi-frère, successeur désigné, le prince de la Couronne Sultan, mais il a aussi plus de 80 ans et il est malade. Mais le suivant dans la liste est le Prince Nayef, l'héritier le plus rigide et le plus anti-occidental d'une monarchie qui cherchait à devenir un état moderne grâce à son fondateur Ibn al Saoud.

 

Dans ses 70 ans, Nayef est le protecteur des sheikhs wahabites. Il a été le 1er dirigeant saoudien à déclarer que le 11/9 résultait d'une conspiration sioniste. Entre les mains d'un tel chef, selon la loi des conséquences involontaires, les armes américaines pourraient se diriger dans une voie dangereuse.

Vu les tensions internes, il n'est pas surprenant qu'à la fois de bonnes et mauvaises nouvelles aient émané d'Arabie ces derniers mois. Dans un développement prometteur, les autorités avaient réussi à fermer des sites web de "fatwas" qui propageaient des idées radicales. Elles obéissaient à un ordre du souverain Abdallah en août disant que les "fatwas" – qui donnent des opinions religieuses dans les domaines les plus variés et ne sont pas limitées à des condamnations religieuses, du type de celle de l'Iran contre Salman Roushdie – ne pouvaient émaner que de la Haute Autorité des Erudits de la Religion. Le décret royal voulait mettre un terme à la prolifération de fatwas sur l'internet qui s'opposaient au programme de modernisation du souverain saoudien.

 

En effet, les programmes quotidiens de TV qui étaient animés par 2 sheikhs, considérés comme influents à la Cour et dans les cercles d'état, Sheikh Abdul Mohsen Al-Obaikan et Sheikh Abdullah Al-Rukban ont été arrêtés. Au début du mois, le Sheikh radical Salman Al-Oudah, bien connu autrefois comme soutien d'Osama ben Laden a clos la section "fatwa" de son site religieux "Islam Today", en une soumission au roi, subie. Il faut savoir que ce site "Islam Today" contient ½ million de fatwas politiques et religieuses et il est par conséquent consulté par tous les extrémistes sur le Net (2).

Selon les nouvelles règles royales, les "fatwas" qui concernent la pratique religieuse ou les sujets personnels peuvent être sollicitées aux sheikhs en question, mais selon la directive d'Abdallah "sont formellement interdits les sujets où des points de vue désuets et étranges sont émis" – signifiant sans doute l'agitation liée au jihad ou les relations sexuelles. Dans un des cas les plus étranges, le sus-mentionné Sheikh Abdul Mohsen Al-Obaikan est l'un des 2 religieux qui ont, en juin dernier, levé l'interdiction de relations sexuelles prohibées, dans le cas où l'homme suce le sein de la femme qui allaite… Le citoyen ordinaire et les observateurs d'autres pays musulmans ont été étonnés par cette suggestion pour le moins stupide.

 

On voit que la réalité quotidienne en Arabie saoudite n'est pas seulement orientée contre la menace iranienne, et les conseils bizarres qui ressortent des fatwas ne sont pas les seuls aspects de cette réalité.

 

Ainsi se basant sur les interdictions de relations entre sexes, en dehors des familles, le Royaume avait encouragé les travailleurs étrangers à immigrer pour servir de domestiques ou de chauffeurs, la plupart Chrétiens, bouddhistes ou Hindous venant des Philippines, de la Corée du Sud ou d'Inde. Ces résidents non musulmans ne sont pas autorisés à pratiquer publiquement leur religion, bien qu'ils puissent le faire dans leurs foyers. Or les immigrants étrangers représentent aujourd'hui le quart de la population du pays de 28 millions d'habitants. Leurs conditions de vie sont abominables, pour les plus pauvres. Le journaliste saoudien Khaled Al-Maeena a rapporté fin août que 5 Ethiopiens qu'on devait chasser pour immigration illégale étaient morts par asphyxie, vivant dans des conditions étouffantes, à Jazan, au sud-ouest du pays. Un comité a été nommé pour enquêter.

Tant qu'Abdallah est encore vivant, l'Arabie cherche à montrer qu'elle est digne de confiance pour recevoir les armes sensibles demandées, dans le plus gros contrat de l'histoire américaine. C'est aussi l'occasion pour le Président Obama d'améliorer l'image de l'Amérique, en milieu musulman (3).

 

L'espoir que l'Arabie Saoudite progresse dans la modernité est éternel – en dépit des nombreux épisodes passés de duperie dans l'histoire de cette monarchie à double-face.

 

Note de la traduction

(1) Mot employé par la traduction pour caractériser le pouvoir en Arabie détenu par environ 20 000 personnes le plus souvent appartenant à la famille royale.

(2) "½ million de fatwas" équivaut à régir toute la vie du citoyen, en lui enseignant la haine de l'infidèle, les idées les plus subversives et le comportement le plus radical.

(3) L'image de l'Amérique s'est à peine améliorée en milieu musulman depuis l'accession au pouvoir de B Obama et malgré ses diverses ouvertures et courbettes. En milieu arabe, Obama est considéré comme un "noir", donc d'une certaine manière, méprisé. Son apostasie de fait le fait déconsidérer en milieu radical musulman, ce qui l'amènerait, dans certaines occasions, à déclarer qu'il est toujours un Musulman (un Musulman caché, comme il se doit).

 

 

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