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L’Arabie Saoudite Décapite les Sorcières
Par Marie-Yemta Moussanang,
Le Monde des Religions, 14/12/2011
Accusée de sorcellerie, une femme saoudienne a été décapitée
au sabre le 12 décembre. Il y aurait
eu 73 exécutions de ce type dans le royaume depuis janvier 2011
Amina bent Abdelhalim Nassar, arrêtée en avril 2009 et condamnée pour sorcellerie, a été décapitée au sabre lundi 12 décembre. Le ministère saoudien de l’Intérieur a confirmé l’exécution dans un communiqué qui précise que l’exécution s’est tenue dans la province de Jawf, au Nord du pays, sans donner de détails sur les actes qui lui étaient reprochés. L’ONG Amnesty International signale que ce pourrait être la 73ème exécution dans le royaume depuis janvier 2011. Le rythme des exécutions, qui semblait décroître depuis quelques années, alarme à nouveau les responsables de l’ONG qui appelle à un "moratoire immédiat" pour mettre un terme aux sentences de mort.
D’après les chiffres d’Amnesty International, en 2008 on recensait 102 exécutions, 67 en 2009, et le nombre d’exécutions tombe à 27 en 2010. Alors que l’on pouvait s’attendre à voir la peine de mort s’effacer lentement du paysage saoudien, on observe au contraire une recrudescence de son usage.
Le système judiciaire saoudien repose sur les tribunaux de la charia, dont les juges et avocats sont des Oulémas (chefs religieux). La charia est à la fois code moral et loi religieuse, appliquée selon un principe d’interprétation littérale en Arabie Saoudite. Depuis 2010, la codification de la charia est une priorité juridique du royaume saoudien. Une meilleure codification devrait permettre un plus grand encadrement de l’interprétation de la loi islamique et mettre fin aux décisions arbitraires prises par certains tribunaux et juges mal formés.
Amnesty international s’exprime dans un communiqué : "Nous ignorons les faits que les autorités accusaient cette femme d’avoir commis mais savons que l’accusation de sorcellerie a fréquemment été utilisée en Arabie saoudite pour punir, généralement à l’issue d’un procès inique, des personnes ayant simplement exercé leur droit à la liberté d’expression ou de religion." Pour l’ONG, il s’agit de dénoncer les exécutions ainsi que l’iniquité des procès qui aboutissent à la condamnation des individus.
En septembre dernier, un Soudanais reconnu coupable des mêmes chefs d’accusation avait été exécuté dans la ville de Médine. Selon l’ONG, il était passé aux aveux après avoir été torturé, et il avait été jugé en l’absence d’un avocat. Cette précédente exécution illustre parfaitement l’attitude de la justice saoudienne envers les étrangers. Les travailleurs étrangers représentent près d’un quart de la population en Arabie Saoudite, ils sont essentiellement originaires de pays pauvres du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie.
Connaissant peu leurs droits, ils bénéficient rarement d’une représentation légale, et sont par conséquent plus exposés aux risques d’erreurs judiciaires. Il arrive trop souvent que l’accusé ne comprenne pas les documents qu’il est forcé de parapher. Toute la procédure se déroule dans le secret, ni les accusés ni leurs proches ne sont tenus informés de l’évolution du dossier. Bien souvent, les aveux obtenus par la police sont soutirés par la torture ou par la ruse.