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Les Saoudiens Jouent-ils
un Double Jeu avec Israël?
Dr.
Edy Cohen, chercheur au Centre BESA et auteur
du livre La Shoah aux yeux de Mahmoud Abbas (en hébreu).
23
juillet 2018
BESA
Centre Perspectives Paper No. 899 - besacenter.org/perspectives-papers
Version
éditée d’un article paru dans Israel Hayom le
17 juillet 2018.
Source : Arabie Saoudite et Israël : Connaissez
votre ennemi
RÉSUMÉ:
Les liens entre l’Arabie Saoudite et Israël ont atteint de nouveaux sommets
au cours des deux dernières années, culminant dans un rapport récent qu’une
réunion avait eu lieu entre le prince héritier Muhammad bin
Salman et le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Les Israéliens devraient
toutefois faire preuve de prudence avant de trop miser sur cette relation. Riyad
continue de fomenter la haine d’Israël chez lui.
L’Arabie
saoudite et Israël n’entretiennent pas de relations officielles, mais lorsque
le prince héritier Abdallah a publié l’Initiative de paix arabe de 2002, les
liens bilatéraux entre les deux pays avaient déjà été établis en
coulisses. En 2015, les liens se sont renforcés et certains ont même été
officialisés grâce à l’effort conjoint des deux pays contre le programme
nucléaire iranien. Des Saoudiens se sont rendus en Israël et il y a eu des
rapports selon lesquels le défunt chef du Mossad, Meir Dagan, s’est rendu en
Arabie saoudite pour coordonner le dossier iranien. Au cours des deux
dernières années, les liens auraient atteint de nouveaux sommets : le prince
héritier Muhammad bin Salman aurait participé à une
réunion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
S’il
a été, parfois, question d’une alliance sunnite modérée contre l’Iran, ce terme
a perdu toute signification au cours des deux dernières années. Le
Moyen-Orient est maintenant divisé en deux camps : l’un composé de la Turquie,
du Qatar, de l’Iran et du Soudan et l’autre composé de l’Arabie saoudite, des
Émirats arabes unis, de Bahreïn et de l’Égypte. Ce dernier camp, qui a le
soutien des Etats-Unis et d’Israël, a imposé le boycott au Qatar
à cause de ses liens croissants avec l’Iran et la
Turquie.
Il
ne fait aucun doute que les liens croissants entre Riyad et Jérusalem sont le
résultat de l’hostilité entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Téhéran est
agressif dans ses attaques contre Riyad, y compris dans l’arène
cybernétique. En 2012, une cyberattaque contre
l’entreprise pétrolière et gazière nationale Aramco
en Arabie saoudite a causé des dégâts sans précédent,
en détruisant partiellement quelque 35 000 de ses ordinateurs. Il a
également été rapporté que des pirates informatiques iraniens se faufilent dans
les comptes bancaires de princes saoudiens pour révéler combien d’argent ils
ont à leur disposition.
Face
à ces menaces, Riyad a mis en place l’Autorité nationale de cybersécurité
pour lutter contre l’Iran et les hackers. En 2017, l’autorité a été
chargée d’un objectif supplémentaire: inciter le monde arabe contre le
Qatar. Le conseiller d’Abdullah, Saud bin Abdullah al-Qahtani, est
responsable de l’unité qui, d’après les évaluations, emploie quelque 4.000
personnes.
Le
compte Twitter de l’Autorité Nationale de Cyber Securité compte 400 000 abonnés. Les employés opèrent
en ligne sous de fausses identités, et leur travail consiste à créer des hashtags qui ont tendance à être en ligne. Leur mandat
est de modérer et de contrôler l’opinion publique et de diffamer le Qatar et
ses dirigeants.
Le
compte Twitter de l’agence tweete
chaque jour, principalement contre le Qatar et l’Iran. Il utilise une
terminologie antisémite, faisant référence au Qatar comme “Qatariel”,
un jeu de mot bas sur Qatar et Israël, et affirmant que le réseau Al-Jazeera “appartient au Mossad israélien”.
“L’accord
du siècle” (de Trump) est un
programme qatari pour vendre la Palestine à “l’entité sioniste”, suggère un tweet, tandis qu’un autre allègue que le “sioniste” Hamad bin Khalifa al-Thani, le père de
Cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, projette de diviser les Etats arabes pour réaliser
les rêves de “l’entité sioniste” et de l’Iran.
Dans
un autre tweet, l’autorité allègue que le Qatar
«essaie de détruire le monde arabe pour servir les ennemis du monde musulman:
Israël et l’Iran». Ces déclarations pénètrent profondément dans la conscience
arabe et augmentent leur haine envers les Juifs et Israël.
Les Saoudiens jouent donc un double jeu. Dans
les coulisses, ils envoient aux Israéliens le message que Téhéran est un ennemi
commun et l’incitent à combattre l’Iran et le Hezbollah. À l’intérieur,
cependant, ils disent que l’ennemi est avant tout l’État d’Israël, suivi par
l’Iran. Leur formule est claire : des liens clandestins avec Israël
couplés à une hostilité manifeste envers l’Etat juif pour satisfaire le peuple,
dont la majorité détestent Israël.
Le
double jeu saoudien est tristement familier. Cela rappelle le modèle
égyptien des présidents égyptiens Gamal Abdel Nasser et Hosni Mubarak : des dizaines d’articles antisémites ont été
publiés quotidiennement, mais le public israélien n’a pas été exposé au
phénomène et les politiciens ont fermé les yeux. Dans les deux décennies
et demie qui ont suivi le début du «processus de paix» d’Oslo, les
gouvernements israéliens successifs ont fait la sourde oreille à l’incitation
palestinienne au vitriol qui a endoctriné les habitants de Cisjordanie et de
Gaza avec une haine implacable pour Israël et a aidé à paver la route du
mouvement BDS. Jérusalem ne doit pas accepter l’incitation
anti-israélienne, et c’est également vrai en Arabie saoudite. L’incitation
se traduit par l’action, et quand cette action survient, elle a un prix
meurtrier.