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Egypte - Moubarak - économie de l'Egypte - Eilat - opposition égyptienne - armement de l'Egypte - sous-développement
Béchir
Ben Yahmed écrit dans l’hebdomadaire Jeune Afrique (10 décembre 2006) :
" En vingt-cinq ans de pouvoir, Hosni Moubarak
a-t-il amélioré le sort des Egyptiens ? Sont-ils mieux logés, mieux éduqués,
au travail et en meilleure santé ?
La réponse est : non ! ou guère !
Deux chiffres cruels :
- ce pays a dépensé en vingt-cinq ans, 55 milliards de dollars pour ses forces armées, et en a reçu
56 milliards sous forme d’aide américaine ;
- le revenu annuel par habitant est de 1370 dollars, la moitié de celui de la Tunisie.
Depuis la chute de la monarchie, il y a un peu plus d’un demi-siècle, l’Egypte
a connu trois présidents, d’extraction militaire tous les trois : Nasser,
Sadate et Moubarak. Le premier a donné aux Egyptiens la fierté et un rôle
régional, voire mondial. Le second leur a offert la paix. Qu’ont-ils reçu
du troisième ?"
Et
maintenant d'après les informations du 23/12/06, le ministère des Affaires étrangères annonce
que légalement d'après des documents datant de 1906, Eilat est un territoire palestinien ou égyptien qu'il
compte revendiquer…!
DIGNITAIRES D'AL-AZHAR,
VOUS FINIREZ DANS LA POUBELLE DE L'HISTOIRE !
Par Abdelkareem
Suleiman citoyen égyptien s'exprimant dans le blog http://karam903.blogspot.com,
arrêté pour avoir
critiqué des dignitaires d'Al-Azhar
Traduit par MEMRI - Dépêche spéciale n° 1382 – 21/12/06
Un
rapport de Reporters sans frontières réalisé au début du mois de novembre 2006
classe l’Egypte parmi les 13 pays coupables des pires violations de la liberté
d'expression via Internet. Peu de temps après la parution du rapport, le 6
novembre, le blogeur égyptien Abdelkareem Nabil Suleiman, connu sous le pseudonyme
Kareem Amer, a été arrêté. [1]
Conformément
à la volonté de ses parents, Abdelkareem Nabil Suleiman a fait ses études
secondaires dans l'un des lycées de l’institution religieuse Al-Azhar, autorité
représentative de l’islam sunnite dans le monde et instance fédérative des
établissements éducatifs islamiques d’Egypte. Il a voulu ensuite poursuivre des
études universitaires de biologie, mais sous la pression familiale, a abandonné
cette ambition après deux ans d’études pour suivre un cursus de Charia et
d'études juridiques à l’université islamique d’Al-Azhar. En 2004, il a commencé
à écrire pour le site Internet laïc et réformiste www.rezgar.com.
Il a également publié des articles sur le site copte http://copts-united.com,
ainsi que sur son propre blog, http://karam903.blogspot.com.
En
octobre 2005, Suleiman a été arrêté après avoir publié un article sur les
affrontements entre musulmans et chrétiens à Alexandrie, avant d’être libéré 18
jours plus tard. [2] En mars 2006, il a été appelé à comparaître devant une
commission spéciale d'Al-Azhar en raison de ses écrits sur Internet critiquant
le rôle de la religion en Egypte. C’est alors que le Comité a décidé de
l'expulser de l'université. A ce sujet, Suleiman écrit : "Ainsi se termine
une période noire de ma vie, passée entre les murs de la grande prison connue
sous le nom de 'l’établissement d'Al-Azhar.'" [3] Dans son dernier billet
publié sur son blog avant son arrestation, Suleiman a sévèrement critiqué
Al-Azhar, se doutant que cela conduirait à son arrestation. [4]
Une
pétition réclamant sa libération a été mise en ligne par l’association HAMSA,
une association musulmane américaine qui œuvre en faveur de la promotion des
droits civiques au Moyen-Orient. C'est une branche du Congrès islamique
américain, un mouvement créé après les événements du 11 septembre pour
favoriser l’entente interconfessionnelle et interethnique [5]. Voici quelques extraits
du dernier article d'Abdelkareem Suleiman, écrit avant son arrestation :
Les enseignements d'Al-Azhar contredisent la raison et incitent à la
violence contre les adeptes des autres croyances.
J'ai
commencé à étudier à Al-Azhar conformément au souhait de mes parents. En dépit
de ce qui allait devenir mon opposition absolue à Al-Azhar et à la pensée
religieuse, et en dépit de mes écrits violemment critiques à l’égard de
l’ingérence de la religion dans la vie publique, et du contrôle par la religion
du comportement des individus et de leurs relations..., il ne fut pas facile de
me libérer de mes obligations d'ancien étudiant de l'université d'Al-Azhar.
Quand
j'ai obtenu ma liberté, sous la forme de papiers établissant mon expulsion
finale de l'université en mars 2006, j'ai cru que j'étais arrivé au bout du
chemin, et que ces documents allaient devenir, pour moi, un certificat de
libération d'Al-Azhar qui contrôle arbitrairement la vie des étudiants et, à
des degrés variables, l’ensemble de la société et la vie de ce pays...
Cependant,
il semble que les bénédictions d'Al-Azhar à ses étudiants ne peuvent être
évitées facilement, et continuent à les poursuivre comme leur ombre. Un
étudiant sortant du lycée azharite ne peut intégrer aucune université d'Etat
autre qu’Al-Azhar. J'ai essayé plusieurs fois, cette année et les années
précédentes, avant mon expulsion, mais aucune de mes tentatives n'a réussi. Il
suffit de détenir cet infâme diplôme [d'Al-Azhar] pour se voir dans
l'incapacité d'étudier comme tous les autres citoyens du pays - qui diffèrent
de vous en ce qu'ils sont diplômés de lycées gouvernementaux.
Il
semble que les bénédictions d'Al-Azhar à ses étudiants ne se limitent pas à les
empêcher d'achever leurs études en dehors de cet établissement. Ce qui m’est
arrivé, et ce qui va m'arriver dans les jours à venir, indique clairement que
les bénédictions d'Al-Azhar n'épargnent pas un étudiant qui essaye de s'élever
contre l'université et de s'opposer à ce qu'il a été contraint d'y apprendre -
des choses qui contredisent la raison et incitent à la violence contre les
adeptes des autres croyances - jusqu'à ce qu'il renonce à ses convictions... ou
jusqu'à ce qu'il entre en prison. Et il semble bien que c'est ce qui m'attend dans
les jours à venir...
Je
condamne toute loi, législation ou régime qui ne respecte pas les Droits de
l'homme et la liberté. Il y a quelques heures, j’ai reçu chez moi un ordre du
procureur général exigeant ma comparution lundi prochain pour un
interrogatoire...
Il
semble que les bénédictions d’Al-Azhar, auxquelles j'ai cru à tort avoir
échappé en recevant mon certificat de liberté, continuent à me poursuivre
jusqu’à ce jour, et mon obligation de comparaître devant le procureur le prouve
bien. Ces 'bénédictions' ne laissent pas leur destinataire en paix, jusqu'à ce
qu'il se trouve dans la situation de Dr. Nasser Hamed Abu Zayd, que les
bénédictions d'Al-Azhar ont amené jusqu’au tribunal - lequel l’a séparé de son épouse ; ou dans
la situation de Dr. Ahmed Sobhi Mansour, que les bénédictions d'Al-Azhar ont
amené à l’emprisonnement et à l’émigration forcée, une fois pour toutes ; ou,
dans le meilleur des cas, dans la situation de Dr. Nawal Al-Sa'dawi, d’Ahmed
Al-Shahawi, et d'autres, dont les écrits font l’objet d’appels au boycott et de
non distribution.
Je
n'ai pas du tout peur. Heureusement pour moi que les ennemis de la libre
pensée, qui me traitent comme seuls des intellectuels en faillite peuvent le
faire, me rendent encore plus sûr de moi, encore plus immuable dans mes
principes, et prêt à tous les risques pour pouvoir exprimer librement mes
opinions, sans que des limitations quelconques ne me soient imposées par des
gouvernements, des établissements religieux, ou même par la société
totalitaire...
L'existence
même de lois qui considèrent la liberté de pensée comme un crime, et qui
punissent d’emprisonnement quiconque critique la religion [c.-à-d. l'islam] de
quelque façon que ce soit, est une faille dangereuse dans la loi, celle-ci
étant censée réguler les relations entre personnes au sein d'une même société,
et non supprimer leur liberté au profit de la religion, la loi elle-même, ou
l'ordre social...
Je
condamne ici, franchement et clairement, toute loi, législation, ou régime qui
ne respecte pas les Droits de l'homme et la liberté individuelle, qui ne
reconnaît pas la liberté de l'individu - laquelle doit être totale tant que
l'individu ne s'en prend pas à l’intégrité physique des personnes qui
l’entourent -, et qui ne reconnaît pas la totale liberté d’expression de
l'individu, laquelle doit se limiter aux mots et n’impliquer aucun acte
physique qui puisse nuire à autrui."
Les Droits de l'homme sont une évidence qui n'a besoin ni de
législation ni de lois
En
outre, je déclare clairement que ces lois ne me concernent en aucune façon. Je
ne les reconnais pas, et je hais, du plus profond de mon âme, quiconque tente
de les mettre en application, quiconque les approuve et en profite... J'affirme
par la présente que je ne reconnais pas la légitimité de mon interrogatoire,
puisqu'il s’agit d’une mesure qui viole mon droit à l’expression – un droit
garanti par la Déclaration universelle des Droits de l'homme [de 1948] dont
l'Egypte est signataire. Par ailleurs, même sans se référer à cette
déclaration, même si celle-ce n'existait pas et même si l'Egypte n’en était pas
signataire, les Droits de l'homme constituent une évidence qui n'a besoin ni de
législation ni de lois...
A
tous ceux qui me détestent et me sont hostiles, à tous ceux qui croient que ces
actes primitifs pourraient m'influencer et me forcer à abandonner mes
convictions, je dis : Mourrez dans votre colère et cachez-vous dans vos
grottes, je ne me rétracterai pas, ne serait-ce qu’un seul instant, face à ce
que j’ai pu écrire.
Et
à Al-Azhar, à l'université d'Al-Azhar, aux professeurs et aux cheiks d’Al-Azhar
qui se sont levés contre tous ceux qui pensent librement, je dis : Vous finirez
dans la poubelle de l'Histoire. Et personne ne vous regrettera...
Notes
[1]
Al-Quds Al-Arabi (Londres), 8 novembre 2006.
http://news.beiruter.com/node/39357.
[2]
http://www.rezgar.com/debat/show.art.asp?aid=48653,
23 décembre 2005.
[3]
http://www.rezgar.com/m.asp?i=432.
[4]
http://www.rezgar.com/debat/show.art.asp?aid=79430
#, 29 octobre 2006.
[5]
La pétition peut être lue et signée à l’adresse suivante : http://www.hamsaweb.com/c2/home.php?id=Kareem.
Pour en savoir plus sur HAMSA :
http://www.hamsaweb.com/about-us.php
; pour en savoir plus sur le Congrès islamique américain : http://www.aicongress.org.