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NOS TROUPES DOIVENT
RESTER
L’Amérique ne peut pas abandonner 27 millions
d’Irakiens à 10.000 terroristes
Par JOE LIEBERMAN, Sénateur
Démocrate du Connecticut, ancien candidat à la présidence des Etats-Unis
Paru le 29
Novembre 2005, dans Opinion Journal – Wall Street Journal
Traduit par Stéphane Teicher, pour www.nuitdorient.com
Je reviens juste de mon quatrième voyage en Irak en 17 mois, et je peux faire état de réels progrès là-bas. Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire, mais le peuple Irakien est sur le point de parvenir à une transformation fondamentale, de la tyrannie meurtrière primitive de Saddam, vers une nation moderne, assurant son propre gouvernement et sa propre sécurité, à moins que la grande armée Américaine, qui leur a donné et nous a donné cette occasion exceptionnelle, ne soit prématurément retirée.
Les progrès sont visibles et concrets. Dans le Nord Kurde, la sécurité est constante et la prospérité se développe. Le Sud essentiellement Shiite reste largement à l’abri du terrorisme, il reçoit beaucoup plus d’énergie électrique et autres services publics que sous Saddam, et il enregistre une activité économique croissante. Le triangle Sunnite, géographiquement limité par Baghdad à l’Est, Tikrit au Nord et Ramadi à l’Ouest, est le secteur où se concentrent les attaques terroristes ennemies. Et pourtant, là aussi il y a des progrès.
Il y a beaucoup plus de voitures dans les rues, de paraboles de télévision sur les toits, et littéralement des millions de téléphones portables de plus dans les mains des Irakiens. Tout cela montre que l’économie Irakienne se développe. Les candidats Sunnites font campagne activement pour les élections à l’Assemblée Nationale. Le peuple se fraie un chemin vers une économie et une société qui fonctionnent, au milieu d’une guerre terroriste très brutale, inhumaine, et soutenue contre la population civile, sous la protection des militaires Irakiens et Américains.
C’est une guerre entre 27 millions et 10 000 terroristes.
27 millions d’Irakiens qui veulent vivre une vie de liberté, d’espoir et de prospérité, et à peu près 10 000 terroristes qui sont, soit des revanchards de Saddam, des extrémistes Islamistes Irakiens, ou des combattants étrangers d’al Qaeda qui savent que leur cause maléfique sera perdue, si l’Irak devient libre et moderne. Les terroristes tentent de stopper ce mouvement en provoquant une guerre civile qui entraînerait le chaos qui permettra à l’Irak de remplacer l’Afghanistan comme base de leur œuvre de guerre fanatique. Nous combattons aux côtés des 27 millions parce que l’issue de cette guerre est d’une importance critique pour la sécurité et la liberté de l’Amérique. Si les terroristes gagnent, ils seront encouragés à nous frapper à nouveau directement, et à saper encore plus l’amorce de stabilité et de progrès au Moyen Orient, qui est depuis longtemps une priorité sécuritaire et économique pour l’Amérique.
Avant d’aller en Irak la semaine dernière, je suis allé en Israël et chez l’Autorité Palestinienne. Israël est la seule vraie démocratie dans la région, mais ce pays reçoit maintenant la compagnie bienvenue des Irakiens et des Palestiniens, qui sont au milieu de solides campagnes nationales pour des élections législatives, des Libanais qui se sont soulevés fièrement avec autodétermination après l’assassinat d’Hariri, pour rejeter leurs occupants Syriens (les milices du Hezbollah, soutenues par la Syrie et l’Iran devraient suivre), et les Koweitiens, les Egyptiens et les Saoudiens, qui ont fait les premiers pas vers une ouverture plus large de leur gouvernement au peuple. Lors de ma rencontre avec le Premier Ministre d’Irak, Ibrahim al-Jaafari, un homme prévenant et réfléchi qui a déclaré avec un orgueil justifié que son pays avait maintenant le système politique le plus ouvert et le plus démocratique du monde Arabe. Il a raison.
Face aux menaces terroristes et à la violence grandissante, huit millions d’Irakiens ont voté pour leur gouvernement intérimaire en Janvier, près de 10 millions ont participé au referendum sur leur nouvelle constitution en Octobre, et ils seront sans doute encore plus nombreux à voter dans les élections pour un gouvernement permanent le 15 Décembre. Chaque fois que les 27 millions d’Irakiens en ont eu la possibilité depuis la chute de Saddam, ils ont voté pour un gouvernement autonome et pour l’espoir face à la violence et à la haine que leur offrent les 10 000 terroristes. Le comportement de la communauté Sunnite a été des plus encourageants lorsque, bien que déçus par la constitution proposée, ils se sont inscrits et ont voté au lieu de prendre les armes et d’aller dans la rue. La semaine dernière, j’ai été enthousiasmé d’assister à une campagne politique vigoureuse, couverte par un grand nombre de télévisions et de journaux indépendants.
Aucun de ces changements remarquables ne se serait produit sans les forces de coalition menées par les USA. Et, j’en suis convaincu, presque tous les progrès accomplis en Irak et dans le Moyen Orient seront perdus si ces forces sont retirées avant que l’armée Irakienne soit capable d’assurer la sécurité du pays.
Les leaders du gouvernement légitimement élu d’Irak le comprennent bien, et ils m’ont demandé de les rassurer sur l’engagement de l’Amérique. La question est de savoir si le peuple Américain et un nombre suffisant de leurs représentants au Congrès dans les deux partis le comprennent aussi. Je suis déçu par les Démocrates qui se focalisent plus sur la façon dont le Président Bush a entraîné l’Amérique dans la guerre il y a près de trois ans, et par les Républicains, qui se préoccupent plus de savoir si la guerre va leur faire perdre leur siège aux élections de Novembre prochain, que de savoir comment nous allons continuer de progresser en Irak dans les mois et années à venir.
Voici une constatation ironique que j’ai ramenée d’Irak. Alors que les sondages US montrent un sérieux déclin du soutien à la guerre et un pessimisme grandissant sur la façon dont elle va se terminer, les sondages réalisés par des Irakiens pour des universités Irakiennes montrent un optimisme grandissant. Deux tiers des personnes interrogées disent qu’elles se sentent mieux sans Saddam que sous Saddam, et un pourcentage remarquable de 82% sont convaincues que leur vie en Irak sera meilleure dans un an qu’aujourd’hui. Quelle erreur colossale ce serait pour le leadership politique bipartisan Américain, de choisir ce moment historique pour perdre toute volonté, et comme dit la phrase fameuse, de saisir la défaite des mâchoires de la victoire proche.
Les leaders des forces militaires et diplomatiques de l’Amérique en Irak, le Général George Casey et l’Ambassadeur Zal Khalilzad, ont une vision claire et contraignante de notre mission ici. Il s’agit de créer l’environnement dans lequel la démocratie, la sécurité et la prospérité de l’Irak peuvent prendre racine et où les Irakiens eux-mêmes peuvent défendre leurs progrès politiques contre ces 10 000 terroristes qui veulent les leur enlever.
Est ce que l’Amérique a un bon plan pour y parvenir, une stratégie de la victoire en Irak? La réponse est oui. Et il est important que le peuple Américain comprenne bien que ce plan n’est pas resté obstinément immuable, mais qu’il a changé au fil des années. Des erreurs ont été faites, certaines graves, après l’éviction de Saddam, et aucun des partisans de la guerre n’hésiterait à l’admettre. Mais nous avons appris de ces erreurs, et, ce qui est caractéristique du style Américain, nous avons tiré des leçons de ce qui a marché et de ce qui n’a pas marché sur le terrain. L’utilisation récente par l’administration du slogan « nettoyer, consolider et construire » décrit avec précision la stratégie que j’ai vue mise en œuvre la semaine dernière.
Nous intégrons maintenant un noyau de forces de la coalition dans chaque unité combattante Irakienne, ce qui rend chaque unité plus efficace, et multiplie nos forces. Nous faisons des progrès dans le « nettoyage » et la « consolidation ». La Sixième Division d’Infanterie de Forces de Sécurité Irakiennes contrôle maintenant plus d’un tiers de Baghdad à elle seule, et y assure la police. Les forces de la Coalition et les forces Irakiennes ont nettoyé ensemble les villes de Fallujah, Mossoul et Tal Afar, qui étaient aux mains des terroristes, et une grande partie de la frontière Syrienne. Ces zones sont maintenant maintenues en sécurité par les militaires Irakiens eux-mêmes. Les forces de la Coalition et les forces Irakiennes sont en mission pour nettoyer Ramadi, devenue la ville la plus dangereuse dans la province d’Al-Anbar, à l’extrémité est du Triangle Sunnite.
Sur l’ensemble du pays, les responsables militaires Américains estiment qu’environ un tiers des quelques 100 000 membres de l’armée Irakienne sont capables de “mener le combat” seuls, avec un soutien logistique des USA, et que ce nombre devrait doubler d’ici à l’année prochaine. Si cela se confirme, les forces armées Américaines, pourraient entamer un retrait proportionnel à la montée en puissance de l’autonomie des forces Irakiennes, en 2006. Si tout se passe bien, je pense que nous pourrons parvenir à une présence militaire Américaine là-bas, beaucoup plus faible à la fin de 2006 ou en 2007, mais il est aussi probable que nous devrons maintenir une présence significative en Irak ou à proximité, pendant plusieurs années.
La reconstruction économique de L’Irak a été plus lente que prévu, et trop d’argent a été gaspillé ou volé. L’Ambassadeur Khalilzad met maintenant en oeuvre une réforme qui a fait ses preuves dans les équipes de reconstruction Provinciales d’Afghanistan, et fait intervenir des experts économiques et politiques Américains, qui travaillent en partenariat dans chacune des 18 provinces d’Irak avec leurs élus, les fonctionnaires, et le secteur privé. C’est la partie « construire » de la stratégie du « nettoyer, consolider, construire », et c’est le travail des équipes Américaines et internationales pour professionnaliser les agences nationales et provinciales en Irak.
Voila les nouvelles idées en marche, qui changent la réalité sur le terrain, et qui expliquent pourquoi le peuple Irakien est optimiste pour son avenir – et pourquoi le peuple Américain devrait l’être lui aussi.
Les mots manquent pour évoquer
l’Armée et les Marines US qui mènent l’essentiel du combat pour nous en Irak.
Ils sont courageux, droits, efficaces, novateurs, très méritants et très fiers.
Après un repas de Thanksgiving en compagnie d’un grand groupe de Marines à Camp
Fallujah dans l’Ouest de l’Irak, j’ai demandé à leur commandant si le moral de
ses troupes avait été atteint par le développement de l’opposition des
Américains à la guerre en Irak . Sa réponse a été perspicace, instructive et
très inspirée: "j’imagine que si
l’opposition et les divisions dans notre pays se prolongent et prennent de
l’ampleur, cela pourra avoir un certain effet, mais, Sénateur, mes Marines sont
motivés par leur dévouement l’un à l’autre, et pour notre cause, et non par des
débats politiques".
Merci Général. Voilà un message puissant et nécessaire pour le reste de l’Amérique et ses dirigeants politiques, à ce moment critique de l’histoire de notre nation. Semper Fi.