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LES GAINS EN IRAK SONT REELS

 

Par Barham Salih, vice-premier ministre d'Irak

Washington Post du 9 avril 2008,

Traduit par Artus pour www.nuitdorient.com

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Au 5ème anniversaire de la chute du régime de Saddam Hussein, il est important de faire un retour en arrière pour évaluer le chemin parcouru. La libération de la nation nous a donné l'occasion de construire un nouveau pays, basé sur l'état de droit et des principes démocratiques. Contrairement au passé, cet Irak aurait dû reconnaître et se créer autour de la diversité ethnique et religieuse. Cette promesse n'a pas encore été tenue, car des erreurs ont été faites, et peu d'Irakiens doutent que la reconstruction politique et économique aurait pu mieux se passer.

Cependant contre toute attente, l'Irak termine son quinquennat avec des progrès tangibles, grâce à avancées, liées entre elles, dans la sécurité, l'économie et la réconciliation nationale.

Le passage à la liberté a été particulièrement douloureux pour les Irakiens comme pour les Américains. L'euphorie du début a été aussitôt tempérée par le chaos du pillage et le tourbillon de la terreur et des actes de sectarisme. Bien que les Irakiens fussent frustrés, ces épreuves ont été vraiment pâlottes à côté des horreurs endurées sous la tyrannie de Saddam Hussein.

Quand en Juin 2004, nous assumions notre souveraineté, les forces de sécurité Irakiennes étaient inexistantes. Aujourd'hui nous avons environ 600 000 hommes et les Irakiens sont responsables de la moitié de nos 18 provinces. Cette amélioration de la capacité d'assurer la sécurité du territoire, la contre-insurrection menée par les troupes de la coalition, et surtout le soutien apporté par les communautés locales ont eu raison de la violence. Celle-ci, ne l'oublions pas, menaçait tout progrès en matière politique et socio-économique. La province d'Anbar qui était perdue aux terroristes leur est interdite aujourd'hui. De même Bagdad n'est plus un bain de sang sectaire. Al Qaeda, le plus grand faiseur de chaos de la région a disparu, quoiqu'il reste menaçant çà et là. Il se bat aujourd'hui pour survivre, non pour gagner. Avec l'aide de la coalition, les Irakiens lui ont infligé de tels coups que je donne à parier que la défaite de cette bande de terroristes est le début de leur fin dans le monde musulman.

Acculer les milices et les bandes terroristes à la défensive a permis de faire des progrès en matière économique et la compétence du gouvernement s'affirme de jour en jour. En 18 mois l'inflation est passée de 36% à 14%. L'Irak finance presque toute sa reconstruction et couvre la plus grande partie du coût des forces de sécurité. En un an le taux des investissements dans le budget est passé de 24% à 63% et va encore croître cette année! Le revenu par habitant a crû de 465 $ en 2003 à 2100 $ en 2007. Hier, notre cabinet a accepté un supplément de budget pour financer des travaux publics pour 5 milliards $, qui s'ajouteront aux 14 milliards déjà votés par le Parlement, si celui-ci les accepte. De plus nous prévoyons un taux de croissance de 7% cette année.

Malheureusement sur le plan politique nous sommes moins performants. Les défis ont été aggravés par des querelles intérieures et par notre confrontation avec des gangs et des milices armées, notamment à Basra. Mais nous avons montré notre volonté de combattre les hors-la-loi, indépendamment de leur origine ethnique et la plupart de leurs chefs ont rallié la légalité. Il faudrait que nous construisions notre unité à partir de cette dynamique pour résoudre les problèmes encore en suspens.

 

Mais nous faisons appel à nos voisins et à la Communauté internationale pour qu'ils contribuent dans le sens de notre effort. L'Irak est une société complexe, traumatisée par des décennies de tyrannie et ravagée par la guerre et les sanctions internationales. Il est grand temps que nos voisins soutiennent notre gouvernement et les "accommodements" politiques auxquels nous sommes parvenus à Bagdad (1). Les interférences dans les affaires intérieures de l'Irak doivent cesser. En dépit de la rhétorique anti-américaine au Moyen Orient, ces voisins devraient comprendre que cela serait désastreux pour l'Irak, la région et le monde, si les forces de la coalition devaient partir avant que les Irakiens n'aient le total contrôle de leur propre sécurité.

Bien que nous cherchions à élargir la base des pays qui nous soutiennent, notre relation avec les Etats-Unis restera au cœur de notre stratégie. Les progrès que nous avons faits auraient été impensables sans le soutien américain et le sacrifice de plus de 4000 de leurs soldats qui ont assuré la liberté de 26 millions de citoyens Irakiens. Leur sacrifice est une dette que nous reconnaissons avec humilité et gratitude. Par égard pour ces braves Américains, par égard pour les dizaines de milliers de camarades Irakiens qui ont perdu la vie pour un meilleur Irak, nous devons aller de l'avant et faire mieux.

 

L'an dernier, beaucoup étaient prêts à reconnaître la défaite à Anbar. Aujourd'hui Anbar a été gagnée et al Qaeda est en fuite. L'unité Irakienne est à l'épreuve à Basra contre des hors-la-loi, mais cette épreuve est aussi l'espoir de dépasser des divisions sectaires. Toutes ces épreuves que nous gagnons sont des signes importants et devraient être reconnus comme une affirmation crédible que le succès est possible en Irak.

 

 Note de la traduction

(1) le lecteur aura deviné qu'il s'agit essentiellement de l'Iran, accessoirement de la Syrie

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