www.nuitdorient.com

accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site

La Situation Politique en Irak

Par Albert Soued, écrivain, pour www.nuitdorient.com

23/07/18

Source : https://www.diplomatie.gouv.fr

Et aussi pour connaître les 50 derniers articles et les articles sur l'Irak  

 

A la suite du départ des troupes américaines, le 18 décembre 2011, la politique menée par le Premier ministre chiite, Nouri al-Maliki, a conduit à une détérioration de la situation intérieure irakienne.

Après les élections législatives du 30 avril 2014, le Parlement a élu le sunnite Salim al-Joubouri comme président. Ce dernier a désigné Haïder al-Abadi comme Premier ministre.

Après trois ans au pouvoir, le Premier ministre a démontré une volonté de réconciliation interconfessionnelle et d’apaisement réelle. Toutefois, si le Premier ministre peut se prévaloir de succès dans la reconquête des territoires sous l’emprise de Daech, son bilan reste fragile sur le plan politique. Par ailleurs, l’Irak demeure l’un des pays les plus corrompus au monde (166e sur 176 dans le classement de Transparency International). Des scandales de corruption secouent régulièrement la classe politique irakienne, comme l’a montré la destitution des ministres de la défense et des finances à l’été 2016.

Le Kurdistan irakien a traversé une crise politique et économique importante. Le mandat présidentiel de Massoud Barzani avait pris fin le 19 août 2015, sans que les partis politiques kurdes ne soient parvenus à un accord sur sa succession ou la prolongation de son mandat. Faute d’accord global trouvé entre le gouvernement central irakien et le gouvernement régional du Kurdistan permettant de résoudre les principaux différends (territoires disputés, partage des ressources d’hydrocarbures et redistribution budgétaire, statut des peshmergas), le Président Massoud Barzani a conduit un référendum unilatéral sur l’indépendance de la région alors que la Cour suprême d’Irak l’avait déclaré inconstitutionnel. Le « oui » a remporté le scrutin avec près de 93% des suffrages exprimés. Les forces de sécurité irakiennes et les milices de la Mobilisation populaire ont lancé aussitôt une offensive qui a abouti à a reconquête de la quasi-totalité des territoires disputés et notamment de la ville de Kirkouk. L’armée irakienne et les Peshmergas ont conclu le 27 octobre 2015 un accord de cessation des hostilités dans le nord de l’Irak. Il est toujours respecté par les forces de sécurité irakiennes, les milices de la Mobilisation populaire et les Peshmergas, mais la situation dans les territoires disputés reste tendue. Les pourparlers entre responsables fédéraux et kurdes se poursuivent mais n’ont pour l’heure pas permis de parvenir à un accord sur les principaux différends.

Le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, a aussitôt annoncé qu’il renoncerait à l’exercice de ses fonctions de Président de la région autonome du Kurdistan déléguant ses prérogatives au Premier ministre du gouvernement régional, Nechirvan Barzani, qui devint ainsi le seul chef de l’exécutif kurde, dans l’attente des élections présidentielles et législatives au Kurdistan, qui ont été reportées.

La situation humanitaire en Irak demeure alarmante : environ 2,9 millions de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur du pays selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces populations sont réparties sur l’ensemble du pays avec une forte concentration dans la plaine de Ninive et le Kurdistan irakien, renforcée par la bataille de Mossoul et de Tal Afar. 832 272 personnes sont toujours déplacées de Mossoul, dont 657.500 reçoivent une aide du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Le coût de la reconstruction avait été estimé à plus de 600 milliards de dollars. Les principales infrastructures ont été détruites. Après trente ans de guerre et d’embargo, suivis des destructions liées à la présence de l’Etat Islamique (EI), les besoins sont immenses dans les secteurs de l’énergie, de l’électricité, de l’eau, des transports, des communications ou de la santé. D’autant plus que dans de nombreuses régions l’EI reste actif et paralyse l’économie et la stabilité du pays par ses incessants attentats

C’est dans ces conditions qu’eurent lieu des élections présidentielles en mai 2018 amenant au pouvoir une coalition censée s’éloigner de l’influence iranienne. La liste du populaire chef shiite, mais nationaliste, Moqtada al Sadr du parti « Sai’roun » (en avant la réforme), en tête, a dû s’allier à celle du parti paramilitaire Badr (la conquête), dirigé par le 1er ministre sortant Nouri al-Maliki, favorable à des liens étroits avec l’Iran.

Devant cette situation, l’Iran a dépêché à Bagdad le général Qassem Solimani, qui intervient régulièrement dans les affaires politiques et militaires irakiennes, mais toujours dans le plus grand secret. Le puissant patron des Gardiens de la révolution s’est activé en vue de la formation d’un gouvernement de coalition. Il a réuni les chefs des formations rivales dont Haidar al-Abadi, mais aussi son prédécesseur, Nouri al-Maliki, qui s’était illustré par un degré de corruption inédit et par la défaillance totale face à la conquête de l’Etat islamique en 2014.

Le religieux Moktada al Sadr et le chef des milices pro-iraniennes Hadi al Amiri se sont mis finalement d’accord pour que Haidar al-Abadi dirige le nouveau gouvernement, après des semaines de tractations.

Des émeutes ont éclaté à Bassora dans le sud shiite. La plus haute autorité chiite d'Irak, l'ayatollah Ali Sistani, a apporté son soutien aux manifestants. Les promesses sociales et les mesures sécuritaires n’ont pas suffi à juguler le mouvement. Le gouvernement avait annoncé une allocation immédiate de 3 milliards de dollars pour la province de Bassora, outre des annonces d’investissement dans l’habitat, les écoles, la santé, les réseaux d’électricité et d’eau. Parallèlement, un couvre-feu a été décrété dans les principales villes du sud et la situation reste très confuse.

 

© www.nuitdorient.com par le groupe boaz,copyright autorisé sous réserve de mention du site