www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
LA SYRIE UN ETAT
DELINQUANT
Par Albert Soued, www.chez.com/soued/conf.htm pour www.nuitdorient.com
Le
25 mars 2007
Un ambassadeur
américain à Damas disait "les pays du Moyen Orient exportent des
dattes, des tapis, du pétrole, la Syrie n'exporte que des ennuis".
Fomenté par la
Syrie, l'assassinat de l'ex-premier ministre du Liban, Rafik
Hariri, ami de J Chirac, a mis encore plus en lumière le caractère délinquant
et voyou de l'état syrien.
Un Tribunal
International doit être créé pour juger les responsables Syriens de l'attentat,
ce qui risque de mettre fin au pouvoir de la famille "alaouite" des Assad qui règne sur Damas depuis 37 ans.
Or les médias
nous parlent de négociations secrètes entre la Syrie et Israël. Déjà en l'an
2000, à l'époque du 1er ministre Ehoud
Barak, les médias en ont parlé. La presse a même produit à chaque fois les
textes d'accords secrets. On nous a parlé d'éminents intermédiaires comme Itamar Rabinovitch ou Ibrahim Souleiman. Il semblerait que depuis la guerre d'octobre
1973 les contacts secrets n'aient jamais cessé entre les 2 pays.
Pour comprendre
la situation, il faut faire un petit historique de l'arrivée au pouvoir en
Syrie de la secte "alaouite". En Islam, très tôt, il y eut une
divergence à la tête du pouvoir politico-religieux. Les héritiers du prophète
Mohamed se sont érigés en califes détenteurs de la vraie foi ou
"sunna". Les opposants, qui se réclamaient de Ali,
gendre et cousin de Mohamed, ont créé une lignée de dirigeants religieux
appelés Imam, parallèle à celle des califes. Minoritaires, ces opposants furent
appelés "hérétiques" ou la "shia'h".
Dans le temps, la foi shiite qui ne concerne que 10% des Musulmans s'est
scindée en une myriade de sectes hérétiques, chacune ayant son Imam ou son
héros fondateur. C'est essentiellement en Perse ou depuis la Perse que
l'hérésie s'est développée. La religion dominante de l'Iran est la shiah duodécimale, l'hérésie qui croit dans le 12ème
imam de la shiah, qui ressortira bientôt du Puits
pour "rédimer" le monde.
En 859, Ibn Nousayr, un tenant de cette foi duodécimale, s'est érigé en
"bab" ou "Porte de la vérité" ou
porte-parole de l'Imam pour annoncer une hérésie nouvelle qui n'avait plus
aucun rapport avec l'Islam, un mélange de christianisme, de paganisme phénicien
et de manichéisme. Resté secret dans sa doctrine et ses pratiques, ce nouveau
culte s'est enraciné dans une Syrie chrétienne récemment islamisée. Aujourd'hui
on compte 1,3 million de "nousayri" dont 1
million en Syrie, soit 7% de la population, surtout dans la région du port de
Lattaquié et entre Antioche et Alep.
Pendant près de
12 siècles les "nousayris" étaient des
paysans pauvres et illettrés, méprisés et humiliés par les Musulmans sunnites qui
les maintenaient à distance, des parias. On raconte qu'ils étaient tellement
démunis qu'ils vendaient leurs filles aux bourgeois sunnites des villes.
En 1920 le mandat
français a été un tournant dans l'émancipation des "nousayris".
Alors que les jeunes sunnites avaient de quoi payer pour être exemptés de
l'armée, les "nousayris" s'engageaient en
masse dans les "Troupes Spéciales du Levant" qui servaient à la fois
de police, de renseignement et d'armée. La laïcité française leur permettait
d'être traités avec égalité avec les sunnites qui représentaient 70% de la
population syrienne (1). Tenants de A'li, la France
les désigna par le terme "alaouites", ce qui atténua quelque peu le
côté sectaire de cette hérésie.
Vers la fin du
mandat français, en 1943, deux universitaires, le chrétien orthodoxe Michel Aflak et le musulman sunnite Salahedine
Bitar, fondent le parti national-socialiste Baath, le
parti de "la résurrection", inspiré de Vichy et de l'Allemagne. Les
Alaouites s'inscrivent massivement dans ce Parti laïc et social. En l946, la
Syrie acquiert son indépendance. Après 20 ans de désordres et une dizaine de
coups d'état fomentés par des officiers sunnites qui s'entredéchirent, le
pouvoir de la majorité s'affaiblit à un point tel que le parti Baath réussit à
prendre le pouvoir en 1963, suivi par le clan alaouite en 1966 (2). Quatre ans
après, grâce à un autre coup d'état, Hafez al Assad
s'affirme comme le dirigeant du pays, s'appuyant sur l'armée et sur le parti
Baath (3).
Foncièrement
antisémite (4), le clan alaouite des Assad a engagé
son pays dans 2 guerres inutiles contre Israël (1967 et 1973), perdant le
plateau du Golan. Depuis, le clan Assad s'abstient de
toute hostilité ouverte envers ses voisins (5).
Pour se
maintenir au pouvoir, il a créé une douzaine de services secrets du
renseignement et d'intervention. Une dictature mélangeant les méthodes nazies
et mafieuses s'est mise en place: délation et torture, corruption et chantage,
assassinat politique, trafic d'armes et narcotiques, hébergement et
entraînement de toutes les organisations terroristes de la région, attentats par
organisations terroristes interposées et meurtres télécommandés, actions diverses
de déstabilisation, contrefaçon de billets de banque, développement et stockage
d'armes chimiques et bactériologiques (6).
Le régime des Assad est aux aguets et il profite des faiblesses ou des
failles qui se présentent devant lui pour s'y engouffrer. Il a profité des
failles de l'intervention israélienne au Liban en 1982, et des dissensions
internes pour occuper le pays du Cèdre.
Succédant à son
père, Bashar al Assad est
amené, comme dans tout clan mafieux, à user des mêmes méthodes. En 2003, lors
de la guerre d'Irak, il héberge les responsables baathistes irakiens fuyant les
représailles shiites. Pour faire pression sur les Américains, il forme et
expédie des terroristes pour saboter le nouveau gouvernement démocratique
d'Irak. Au Liban, il fait éliminer des opposants dangereux, journalistes,
politiciens et le puissant homme d'affaires Rafik
Hariri en février 2005. Il a sous-estimé les réactions libanaises et
internationales. Ce faux pas lui fera perdre une grande partie de son influence
au Liban et renforcera les opposants "Frères Musulmans" de Syrie,
appuyés par l'Arabie Saoudite (7). Subissant pressions et menaces et recherchant des
alliés, Assad signe une alliance formelle avec l’Iran
en juin 2006.
Aujourd'hui Bachar El-Assad s'efforce d'empêcher
la formation d’un tribunal international
car il y serait le principal accusé et il met tout en œuvre dans ce but: assassinat
ou élimination de députés libanais dont Gemayel, afin d'obtenir une minorité
de blocage au parlement libanais, manifestations permanentes du H'ezbollah à Beyrouth pour paralyser la capitale, enlèvement
de soldats israéliens par le Hezbollah et guerre au Liban pour détourner de
son régime l'attention mondiale, menaces de guerre contre Israël, négociations
tout azimut …
Akiva Eldar, correspondant
de Haaretz a produit en janvier 2007 le
schéma d'un accord secret entre Israël et la Syrie concernant le plateau du
Golan. Certains milieux Israéliens
du Renseignement pensent que le régime alaouite est suffisamment affaibli pour
lui soutirer le meilleur accord possible avant longtemps. D'autres estiment que
la haine antisémite de ce clan est telle que l'accord syrien ne peut être
qu'une ruse de guerre.
Bashar al Assad ne
peut plus se permettre un second faux pas… Israël non plus.
Notes
(1) 15% de
chrétiens, 3% de druzes, 1% d'Ismaélites
(2) la foi
"alaouite" autorise un comportement extérieur conforme à l'Islam
majoritaire et de nombreux cadres "alaouites" se sont faits passer
pour des sunnites pour pouvoir se hisser dans la hiérarchie de l'armée comme du
parti Baath.
Hamza ibn Ali
disait d'eux "ils parviennent à leurs fins car ce qui est interdit aux
religions monothéistes leur est autorisé, c'est à dire le meurtre, le vol, le
mensonge, la calomnie, la fornication, la pédérastie…" (source: D
Pipes-Middle Eastern Studies-1989)
(3) la guerre de
septembre 1970 entre l'OLP (Organisation de Libération de Palestine) implantée
en Jordanie et le gouvernement de ce pays a favorisé la montée au pouvoir de
Hafez al Assad. En effet le gouvernement alaouite de Jadid a pris le parti des Palestiniens et a envoyé des
forces terrestres en Jordanie. Responsable des forces aériennes, Hafez al Assad refusa d'envoyer ses avions contre le roi Hussein. La
défaite des forces palestino-syriennes mena aussitôt Hafez al Assad au pouvoir de Damas, dans un coup d'état pacifique.
(4) après la
guerre en 1945, la Syrie a hébergé de nombreux nazis fuyant l'Europe, dont
Aloïs Brunner. Le salut nazi est de rigueur quand Assad
reçoit ses subordonnés en uniforme. En
mai 2001, Bashar el Assad
accueille le pape à Damas en lançant devant lui une violente diatribe contre
les Juifs qui ont "trahi Jésus et essayé de tuer le prophète Mohamed"
(5) en 1985, la
Syrie occupe le Liban, à la demande expresse de ce dernier et en 1991, à la
demande des Nations Unies, elle envoie un contingent contre l'Irak, après l'occupation
du Koweit. En 1998, la Turquie a menacé la Syrie
d’une action militaire à moins qu'elle ne cesse de soutenir des terroristes
kurdes. Damas se plia à l'injonction turque.
(6) les stocks
d'armes non conventionnelles de Saddam Hussein ont été enterrés par des Russes
en Syrie et au Liban, sous occupation Syrienne.
(7) Abd Al-Halim Khaddam, vice-président syrien
s'est réfugié en
Occident et a dévoilé des détails dévastateurs sur la mort de Rafik Hariri. Après la mort de Hariri, il est allé voir Assad pour dénoncer le chef des services de renseignements
syriens au Liban, le général Rustom Ghazalé. "J’ai dit à Bashar
qu’il devrait rappeler immédiatement ce criminel [Ghazalé]
et lui couper la tête pour avoir créé cette situation au Liban". Ces révélations ont aussitôt fait de Khaddam le témoin clé dans l’enquête des Nations unies sur
la mort de Hariri, et ont sérieusement accentué la pression sur Assad et son régime.
Le ministre de
l'Intérieur, le général Ghazi Kanaan s'est suicidé officiellement.
Nombreux sont ceux qui pensent qu'il a été éliminé pour l'empêcher de produire
des informations incriminant les Assad.
Assef Shawkat, le chef du Renseignement militaire et beau-frère
de Bashar al Assad, a
quitté Damas pour Paris avec femme et enfants. Cet homme présidait aussi une
société impliquée dans le scandale onusien Pétrole-contre Nourriture en Irak du
temps de Saddam Hussein.