PROBLÈMES SÉRIEUX-SYRIENS

Par Peter Brookes, ancien Secrétaire-assistant à la défense, membre de l'Heritage Foundation pour les affaires de Sécurité nationale.

Paru au New York Post le 23 septembre 2003.

Traduit et adapté par Albert Soued, www.chez.com/soued/reve.htm

"Mâcher le porc épic, épine par épine" est l'image donnée par Winston Churchill pour décrire le combat infernal de la 2^ème guerre mondiale, sur le front Chine-Birmanie-Inde.

On peut décrire la guerre contre la terreur par la même expression. Et la Syrie semble être notre nouvelle épine.

Ignorant les plaintes et les avertissements du monde entier, la Syrie continue à parrainer la terreur, poursuit le développement d'armes de destruction massive et laisse s'infiltrer en Irak des combattants étrangers et des terroristes. Cette attitude doit être sanctionnée et vite!

Damas procure un sanctuaire à des assassins de niveau international comme le H'ezbollah, le H'amas ou le Jihad Islamique qu'elle considère comme des groupes de résistance légitimes. L'administration américaine affirme qu'en dépit des promesses faites de fermer le robinet, les militants et les terroristes basés en Syrie continuent d'affluer en Irak sans entrave à travers une frontière poreuse. Il en résulte des attentats qui tuent des soldats américains et de la coalition, des employés Irakiens et internationaux.

La CIA a identifié trois pays comme bases arrière de l'insurrection en Irak, la Syrie, l'Arabie et l'Iran. On estime à 15 000 le nombre de combattants étrangers du Jihad. On les appelle "les Syriens", car ceux-ci sont les plus nombreux parmi ceux capturés par les militaires de la coalition.

Damas s'est opposée à la 2^ème guerre en Irak et son ministre des Affaires étrangères Farouk al Shara l'a dit clairement "l'intérêt de la Syrie est de voir la défaite des envahisseurs de l'Irak".

Sur le plan des armes de destruction massive, la Syrie développe des armes biologiques et des gaz chimiques. Elle possède l'arsenal le plus développé du monde arabe, ainsi que le programme militaire le plus offensif. L'Iran et la Corée du Nord ont aidé ce pays à développer des missiles balistiques pouvant atteindre Israël, la Turquie, la Jordanie et l'Irak. Le récent accord avec la Russie portant sur un programme civil nucléaire pourrait l'aider à développer également des armes nucléaires.

Les Etats-Unis sont préoccupés par des informations persistantes (mais non confirmées) que Saddam Hussein aurait caché ses armes de destruction massive en Syrie. Celles-ci pourraient être utilisées n'importe où au Moyen Orient par des terroristes infiltrés.

Enfin il ne faut pas perdre de vue que la Syrie soutient les groupes terroristes qui agissent contre la population israélienne. De même, la Syrie n'est pas un paradis puisqu'on y trouve pas moins de 13 différents services de sécurité et d'espionnage pour le compte du régime baathiste. Bien que la Syrie n'ait pas encore la réputation de l'Iran, ses leaders semblent chercher la prééminence sur les mollahs pour succéder à Saddam Hussein, comme les plus grands voyous du Moyen Orient.

La Syrie doit payer le prix de son comportement. Et voilà deux leviers importants (1).

La Syrie doit être écartée de la "feuille de route" israélo-palestinienne (contrairement aux suggestions de Londres), sans ouverture vers des négociations avec Israël. En effet le Baath est encore obsédé par le fantasme du Croissant fertile ou de la Grande Syrie, et n'a pas encore admis la perte en 1967 du Golan stratégique, qu'il chercherait à récupérer.
Bien que la Syrie soit déjà sanctionnée économiquement par les Etats-Unis, cette pression devrait être multilatérale, incluant l'Europe, afin d'inciter son nouveau dirigeant Bashar al Assad à une plus grande prudence dans les choix qu'il fait et ceux qu'il fera dans les prochains mois.

Pour assurer notre sécurité nationale, nous devons réussir en Irak, gagner la guerre contre la terreur et empêcher la prolifération d'armes de destruction massive. La Syrie est un obstacle sur les trois chemins et il nous faut dégager la route…

(1) note du traducteur: la Syrie semble jouer sur du velours, sachant que les Etats-Unis ne peuvent matériellement ouvrir un 3^ème front au Moyen Orient. Elle se permet de les narguer, car elle aurait caché l'arsenal de Saddam Hussein dans la Beqaa' libanaise.