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La "BarMitswa" de Bashar al Assad

 

Par Douglas M Bloomfield

Jerusalem Post du 21/09/10

Traduit par Albert Soued, http://soued.chez.com  pour www.nuitdorient.com

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Le président syrien Bashar al Assad est aussi prêt à faire la paix avec Israël qu'il ne l'est à passer sa "Bar Mitswa" (dans le judaïsme, communion à 13 ans et engagement à suivre les Commandements de la Bible).

Le président syrien a reçu la semaine dernière 2 éminents visiteurs lui apportant des messages étonnamment différents sur l'opportunité de faire la paix avec Israël.

D'abord vint George Mitchell, l'envoyé américain lui disant que Washington souhaiterait une paix globale et promettant que les pourparlers Israélo-Palestiniens ne compromettraient pas le redémarrage des négociations Israélo-Syriennes. Aussitôt survint à Damas le président Iranien M Ahmedinejad, pour s'assurer que Mr Assad n'avait aucun projet de déserter le camp "Terreur et Cie". Il a aussitôt déclaré que les relations Syro-Iraniennes étaient "solides et stratégiques, avec une vue identique sur tous les sujets". Il a même précisé que l'Iran ne s'opposait pas seulement à toute paix avec Israël, mais qu'il perturberait tout effort qui "modifierait le paysage politique de la région".

Assad aime exprimer son désir de paix, mais ce message se perd dans ses fréquentes menaces de guerre. Certaines personnes de la gauche israélienne ont critiqué le 1er ministre B Netanyahou pour ne pas converser avec Assad, mais le dictateur syrien n'a rien fait pour encourager cette rhétorique.

Pourquoi le ferait-il? Il a le meilleur des 2 mondes aujourd'hui – courtisé par l'Occident pour qu'il rejoigne son camp et par l'Iran pour ne pas quitter son camp, avec ses amis le Hezbollah, le Hamas, le Jihad Islamique et al Qaeda. Et puis, grâce aux Etats-Unis, 2 de ses anciens ennemis sont devenus ses amis, l'Irak de Saddam Hussein n'est plus et à Istamboul, un régime islamique favorable s'est installé.

 

Mais ce qui intéresse les Etats-Unis ce n'est pas tellement le redémarrage des pourparlers avec la Syrie, mais surtout la protection contre des ingérences extérieures de ceux en cours avec l'Autorité palestinienne. D'ailleurs le président B Obama avait envoyé un message à Assad le mettant en garde, lui et ses sbires, contre toute tentative de sabotage. Mais sans succès. Pourtant les Etats-Unis ont rétabli leur ambassade à Damas et levé certaines restrictions de commerce et de voyage. Ils n'ont obtenu rien en retour, bien au contraire, les armes continuent à affluer vers les sanctuaires terroristes, la Syrie persiste à refuser toute inspection internationale de son programme nucléaire et, plus que jamais, reste accrochée à son alliance avec l'Iran.

 

Le 1er ministre B Netanyahou, le ministre de la défense E Barak, le président S Peres ont tous réitéré récemment leur volonté de faire la paix avec la Syrie, même si certains signes montrent que c'est du spectacle. La France et la Turquie se battent pour en devenir les intermédiaires, mais il faut savoir que la paix est le dernier souci d'Assad. L'expert en affaires arabes Oded Zaraj estime que "La Syrie jouera le spectacle de la paix, mais elle ne fera pas la paix. Assad ne peut pas se permettre le prix demandé par Israël et l'Occident, c'est à dire renoncer aux relations avec l'Iran et son axe du Mal. L'important pour Assad c'est la survie de son régime minoritaire. Il ne tient que par ces relations avec cet Axe, et maintenant avec la Turquie. Sans ces relations la Syrie c'est Zéro, et grâce à ces relations ou à cause d'elles, l'Occident et Israël s'intéressent à Assad. Ils le traitent comme si c'était un homme important, en lui demandant de se conduire comme Sadat, un homme de paix courageux. En fait s'il obtempérait, il serait tué par les forces radicales de son propre pays. Le jour où Assad signe un traité de paix avec Israël, c'est un homme mort, et son clan disparaîtrait".

 

Il n'y a pas de motivation réelle pour faire la paix des 2 côtés. Assad voudrait récupérer le territoire perdu par son père en 2 guerres, mais ne veut pas payer le prix demandé, et il est incapable de le reprendre par la force. L'analyste Dan Shueftan dit "Il est inutile de quitter le Golan, car on n'aura rien en retour. Or la seule chose que veut Israël, c'est couper la Syrie de l'Iran. Mais Assad gagne plus avec l'Iran et la Turquie, et les chances qu'il abandonne ce choix sont nulles"

Le président syrien Bashar al Assad est aussi prêt à faire la paix avec Israël qu'il ne l'est à passer sa "Bar Mitswa", mais cela ne veut pas dire que les Etats-Unis doivent arrêter tout dialogue avec le régime syrien, dialogue qui atténue les tensions locales et évite qu'Assad ne se jette totalement dans l'orbite iranienne.

 

Il faut savoir aussi que la Syrie encourage les groupes islamistes en dehors de ses frontières, mais elle les combat à l'intérieur, la société syrienne étant laïque par tradition. En 1982, le père Hafez al Assad a massacré plus de 40 000 frères Musulmans à Hama, lorsqu'il a vu qu'ils devenaient influents. Le jeune Assad n'aimerait pas que ses amis de l'Axe, plus radicaux et plus religieux, enflamment une situation déjà volatile au Liban, l'entraînant dans une guerre avec Israël.

Comme le disait son père, l'objectif le plus important d'Assad, ce n'est pas de récupérer les hauteurs du Golan et de se baigner dans le lac Kinneret, mais la survie de son régime dans une région en ébullition. Et pour le moment, il a besoin de ses amis de l'Axe.

 

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