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Bashar al Assad, Soprano de Syrie

Comparée au clan des Assad, la Mafia est une bande de boy-scouts

 

Par Lenny Ben David, haut diplomate Israélien à Washington, conseil en affaires publiques www.lennybendavid.com

Traduit par Albert Soued, écrivain, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com

Jerusalem Post du 16 mai 2011

Titre original: Bashar Soprano of Syria

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J'avoue humblement que je ne suis jamais allé voir "les Sopranos". Je n'en avais pas besoin, et j'avais fait mon plein de sang, de meurtres, d'enfer, d'assassinats fratricides et de Mal en observant la saga de la famille des al Assad, depuis le début des années 70, quand H'afez al Assad a pris le pouvoir par un coup d'état à Damas. J'avoue que quand j'étais jeune journaliste au "Near East Report", j'avais prédit que le mandat de H'afez serait court, et finirait sans doute par un empoisonnement à l'arsenic, car c'était les méthodes de tous les dirigeants syriens à ce jour. Mais je me suis trompé et ce pouvoir a duré 30 ans. Hafez a passé le manche – avec les munitions – à son fils Bashar en 2000.

Bashar ne devait pas succéder, mais plutôt le fils favori, Basil, un officier de l'armée qui est mort dans un accident de voiture en 1994. Mais aucune mort en Syrie ou au Liban n'est naturelle, ni accidentelle, et il fut suggéré que Basil avait été tué pour son implication dans la suppression du trafic de la drogue dans la vallée de la Bekaa'. Ironie du sort, c'est grâce à ce trafic massif que l'élite dirigeante de Syrie s'est enrichie et qu'elle s'est maintenue au pouvoir. Aujourd'hui cette vallée est entre les mains du Hezbollah et elle n'a pas cesser d'alimenter les drogués du monde entier. Blanchiment d'argent, armes, drogue sont des affaires lucratives pour les Assad et associés.

 

Le régime des Assad est manifestement derrière les récentes incursions massives en Israël à Majdal Shams et au Golan, à partir du territoire libanais et syrien qui firent irruption le jour de ladite Naqba. Moyen de diversion par rapport à la répression des manifestations en Syrie, ces incursions palestiniennes ont été organisées par le gouvernement syrien, en collusion avec les responsables du Hamas à Damas. Or aucune réunion de plus de 5 personnes n'est autorisée en Syrie, encore moins l'acheminement de centaines de personnes en autobus, sous la loi martiale.

 

Le couronnement de Bashar en 2000 ne s'est pas passé sereinement, du fait des ambitions de son violent oncle Rifaat qui espérait succéder à son frère. Après l'attaque cardiaque de H'afez en 1984, la garde Saraya el Difa, véritable armée privée de Rifaat, avait commencé à occuper tous les sites stratégiques de Damas. Hafez bondit de son lit d'hôpital, rassembla ses troupes loyales et bannit Rifaat en Europe. Pourtant Rifaat servit son frère loyalement pendant les premières années. Il avait été chargé de se débarrasser de l'insurrection des Frères Musulmans en 1982 à Hama. En représailles à une tentative d'assassinat de son frère en 1980, son armée massacra 1000 Frères Musulmans à la redoutable prison de Tadmor. La guerre de Rifaat contre les Frères Musulmans était sans pitié. Tom Friedman la décrit dans son livre "From Beyrouth to Jerusalem": "…toute l'année qui a suivi, des arrestations surprise à Hama, Alep et dans toutes les villes à forte concentration de Frères Musulmans devinrent monnaie courante. Après les arrestations, des exécutions sommaires avaient lieu régulièrement…."

En 1982, Friedman écrivait "Assad décida d'en finir avec son problème à Hama, une fois pour toutes… selon ses règles…les règles de Hama…". Il décrivit les horreurs des troupes de Rifaat, torturant, pulvérisant, gazant et massacrant les habitants. Les liaisons téléphoniques et télégraphiques avec le monde étaient rompues. Les chars, les hélicoptères et l'artillerie tiraient sur les maisons suivant les ordres de Rifaat "je ne veux voir aucune maison sans flammes". Rifaat se vanta plus tard à un homme d'affaires libanais que ses troupes avaient tué 38 000 personnes à Hama. Après son exil, Rifaat essaya de séduire les Américains, achetant une propriété en Virginie à MacLean, non loin de la résidence de Teddy Kennedy. C'était trop pour son frère H'afez: cette maison a été incendiée et Rifaat n'a plus remis les pieds aux Etats-Unis. Aujourd'hui, il vit en Grande Bretagne.

 

Cette relation homicide est une habitude familiale chez les Assad, transmise au président Bashar et à son frère Maher, commandant de la 4ème division de l'armée syrienne. Cette division a été chargée de contenir l'insurrection de Deraa par tous les moyens nécessaires, y compris les méthodes de Hama – Deraa est une ville pauvre du sud syrien où les émeutes ont commencé en février. Pourquoi Deraa ? La presse turque donne une explication: "Dix enfants ont été inspirés par le printemps arabe; ils ont écrit des phrases sur les murs parlant de liberté" écrit le quotidien Hurriyet. "Ils ont été arrêtés par les services du Renseignement, dirigés par le beau-frère de Bashar, Assef Shawkat. Des familles se sont plaintes, mais sans succès. Elles sont allées voir Shawkat sans plus de succès. Elles ont pris d'assaut la Maison du Gouverneur où les enfants étaient enfermés, les libérant. Problème: les ongles des enfants torturés ont été arrachés et certains d'entre eux violés. Les tribus locales se sont donc armées et insurgées, détruisant le Centre du Renseignement et la compagnie du téléphone qui appartient à un cousin millionnaire de Bashar, Rami Maklouf. Le seuil de la peur des al Assad venait d'être franchi"

 

Le clan des Assad ne se contente pas de gouverner le pays avec une main de fer, il contrôle avec son oligarchie, les medias, l'armée, la transmission de l'information via les sociétés de téléphone, le renseignement, le tourisme, les banques…Il estt impliqué dans le trafic d'héroïne et d'armes, dans toute la région. Pour ces kleprocrates, le Liban est une plaque importante de ce trafic, du fait de son centre financier. L'hégémonie syrienne sur le Liban est primordiale pour le blanchiment d'argent du clan Assad et de leur pouvoir financier.

Le clan Assad comprend tous les liens de sang, les liens par mariage, des membres de la secte alawite (10 à 12% de la population). Hafez et Rifaat ont épousé des femmes du clan Maklouf, qui a un rôle important dans l'économie et l'armée. Une des 4 femmes de Rifaat est la belle-sœur du roi Abdallah d'Arabie, ce qui explique le rôle de ce pays en sous main, y compris les causes de l'assassinat en 2005 de l'ex-1er ministre du Liban, Rafik Hariri, favori des al Saoud et ennemi juré du clan lié au Hezbollah-Iran.

Le syrien Monzer al Kassar, roi du trafic d'armes et de drogues dans le monde, est très lié à la nomenklatura de Damas. Son père Mohamed faisait partie du gouvernement de Hafez al Assad. Sa femme est la sœur d'un ex-chef du Renseignement. Une de ses maîtresses est une des filles de Rifaat. Son nom est lié à l'attentat terroriste de Lockerbie et au trafic d'armes de l'Iran-Contra. Cet homme est aussi lié à Abou Abbas, auteur du détournement du navire Achille Lauro. Il était un homme de liaison entre le président argentin Carlos Menem et le gouvernement syrien et son nom est parmi les suspects dans les attentats de Buenos Aires contre l'ambassade d'Israël et l'Amia. Kassar avait été arrêté pour une arnaque dans la vente d'armes à des terroristes sud-américains et a té condamné par une cour fédérale américaine en 2008.

Pourtant les administrations d'Obama et de Cameron ont cru devoir qualifier Bashar el Assad de "réformateur". Or la corruption permanente, la brutalité et le Mal ambiant n'ont rien à voir avec une quelconque réforme. En 40 ans, le ganglion cancéreux du clan Assad est devenu des métastases et il doit être excisé, même avec le risque de perdre le patient.

 

 

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