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Risques d’Escalade sur le
Plateau du Golan
Par Freddy Eytan, ancien
ambassadeur d’Israël
26/06/17
La
tension monte dans le nord
du pays malgré les dernières
représailles ponctuelles
de Tsahal contre des positions
syriennes suite à de nombreux
tirs d’obus tombés en territoire
israélien.
De
toute évidence, Assad,
Nasrallah et les Ayatollahs iraniens
ainsi que les différents groupes terroristes souhaitent l’escalade et tentent par tous les moyens d’éclipser leurs échecs et leurs pertes dans
la guerre civile interminable et sans issue qui dure depuis six ans.
Leur but est de provoquer Tsahal et de focaliser l’attention internationale sur le Golan « occupé »
par Israël depuis 50 ans,
et surtout d’exercer de fortes pressions
pour que l’État Juif se
retire de ce plateau stratégique.
Dans son dernier discours,
Nasrallah menaçait d’envoyer
des milliers de combattants
d’Irak, du Yémen, d’Afghanistan et d’Iran. Il prédit
que la nouvelle confrontation avec Israël sera différente
que celle de l’été 2006. Depuis 1992, Nasrallah fait la pluie
et le beau temps dans le
pays du Cèdre et dicte l’ordre du jour politique. Au fil
des ans, il
est devenu une grande vedette,
la superstar de toutes les chaînes
de télévision de la région,
y compris celles d’Israël.
Arrogant et irresponsable,
Nasrallah est un homme dangereux. Ce grand serviteur de l’Iran, focalise son combat islamique contre Israël en espérant voir
un jour flotter l’étendard chiite sur les
minarets des mosquées du Mont du Temple et sur tous les édifices de Jérusalem. Nasrallah dirige une puissante milice armée chiite installée à nos frontières malgré la présence d’observateurs insouciants de l’ONU. Nous devrions prendre au sérieux ses
discours, car Nasrallah est
un mégalomane dont les objectifs troublent et risquent d’embraser toute la région.
Le Hezbollah est
un satellite actif de Téhéran,
une composante centrale de la dissuasion iranienne
formant une stratégie
offensive contre Israël. Il est considéré comme
sa première ligne de défense dans le conflit général avec l’Etat juif. Il
a simulé dans des manœuvres défensives et
offensives une conquête de certaines zones de la Haute Galilée.
Des officiers iraniens des Gardiens de la Révolution supervisent ses
troupes. Le Hezbollah a aussi commencé
à préparer les habitants du Sud-Liban
à la possibilité d’une
nouvelle guerre. De ce fait, et à partir des leçons tirées de la guerre de
2006, le Hezbollah a achevé avec l’aide
d’experts iraniens de
nouveaux tunnels dans la zone sud
du fleuve Litani. Désormais, ils
sont équipés de réseaux de communication sophistiqués
et des arrangements logistiques doivent
permettre aux combattants d’y passer de longues périodes. Des tunnels similaires ont été également
construits près de la frontière syrienne. La présence d’officiers iraniens et la visite récente du ministre syrien de la Défense sur le
plateau du Golan prouve que la Syrie,
le Hezbollah et Téhéran planifient
ensemble des attaques contre
les habitants israéliens du Golan et de Haute-Galilée.
Dans ce
contexte, il est bien regrettable d’entendre le Président Macron
dire que « Bachar el Assad n’est
pas l’ennemi de la France ». Assad n’est-il plus le boucher de Damas, celui qui a massacré son peuple par arme chimique ? Qui a provoqué l’exode de millions de réfugiés, dont une partie
a trouvé refuge en Europe ?
La guerre civile en Syrie et en
Irak a causé de nombreuses pertes humaines au Hezbollah et aux légions
étrangères et pour redonner
confiance à ses troupes,
Nasrallah est capable, avec l’appui
de l’Iran, d’ouvrir un
nouveau front.
Il est clair
qu’Israël n’a pas l’intention de se retirer du
Golan et une entente existe
déjà sur ce sujet avec l’administration Trump. Ce plateau stratégique
et tactique de 67 km de long et de 25 km de large, a été conquis en
juin 1967 par le feu et par le
sang, et à la suite d’un harcèlement de tirs de canons syriens sur les
villages de la région. L’expérience
de la guerre de Kippour nous enseigne
qu’une force stationnée sur
le mont Hermon (les yeux et les oreilles d’Israël)
peut empêcher une percée syrienne
ou libanaise et transformer
une tête de pont en souricière. En plus, les
sources d’eau qui alimentent
l’Etat juif sont concentrées
dans la partie septentrionale des hauteurs du
Golan. La sécurité de ces
sources dépend d’une présence physique et de l’épaulement du Hermon. Le 14 décembre
1981, la Knesset avait décidé,
à l’initiative de Menahem
Begin, d’annexer le plateau du Golan. Une loi sur ce sujet est toujours en
vigueur.
Pour toutes ces raisons et ces
atouts stratégiques, et
face à la guerre en Syrie
et la faiblesse du régime syrien,
un retrait du Golan n’est
pas à l’ordre du jour, ni une vraie normalisation
avec Damas dans un proche avenir.
Depuis la Seconde guerre du Liban, la donne
géopolitique a changé complètement avec une présence russe et américaine, et un front arabe sunnite qui combat contre l’Iran chiite.
La politique israélienne est
limpide et repose sur des lignes
rouges que nos ennemis ne devraient pas franchir. Israël ne
tolérera plus de tirs sur
son territoire. Il ne permettra pas un changement d’équilibre des forces ni de nouvelles armes sophistiquées à son détriment. Pour
appliquer cette politique nous disposons de
leviers diplomatiques avec la Russie
de Poutine et avec l’Amérique
de Trump. Nous possédons aussi
une haute et performante technologie et des
services très efficaces de Renseignement militaire.
Nous ne souhaitons pas l’escalade et nous essayons par tous les moyens de l’éviter. Nous ne souhaitons pas non plus un retour
à la période d’avant juin 1967, aux attentats terroristes et aux bombardements contre les villages et les kibboutz
installés le long du lac de Tibériade.
Nous prenons des mesures nécessaires et préventives,
l’armée israélienne renforce ses effectifs
pour se défendre. Un canal a
été creusé ainsi qu’une nouvelle barrière de sécurité d’une longueur de 60 km, équipée de caméras, de radars et
de points d’observation. Une
nouvelle barrière est aussi construite face au Hezbollah le long de la frontière libanaise.
Le plateau du Golan a été calme durant plusieurs
décennies et les pays occidentaux,
ainsi que les Russes, devraient agir avec détermination pour qu’il ne se transforme pas en plaque tournante du terrorisme
international, pour devenir après un territoire dominé par les
Nasrallah et les Ayatollahs iraniens.