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CHRETIENS DU LIBAN, ENCORE ET TOUJOURS DIVISES

Miguel Garroté, journaliste

http://monde-info.blogspot.com/

7 août 2007


Après sa défaite, face au candidat de l’opposition pro-syrienne, à la récente élection législative partielle, Amine Gemayel, ancien président libanais et leader chrétien anti-syrien, a appelé à la réconciliation entre chrétiens, en vue de l’élection présidentielle de cet automne.

« Ces élections ont prouvé que la solution de la crise libanaise se trouve dans le respect des institutions. C’est pourquoi j’appelle à la réconciliation entre chrétiens (...) afin que soit respectée l’échéance présidentielle », a proclamé Amine Gemayel.
Amine Gemayel, un des chefs chrétiens de la majorité parlementaire anti-syrienne, était candidat au siège de député de son fils Pierre, assassiné en novembre 2006, dans le Metn chrétien, au nord-est de Beyrouth. Le chrétien anti-syrien Amin Gemayel a été battu de quelques centaines de voix seulement face au candidat soutenu par le chef de l’opposition chrétienne pro-syrienne Michel Aoun. « Les élections sont terminées. Il est temps de panser les plaies et de renforcer la participation chrétienne au pouvoir et aux destinées du pays. Sans cela, le Liban ne peut survivre », a encore déclaré Amine Gemayel.
L’élection législative partielle de dimanche dernier a une fois de plus révélé au grand jour les divisions entre chrétiens, partagés entre la majorité anti-syrienne et l’opposition pro-syrienne, alors que le Parlement devra élire cet automne, dans les rangs chrétiens, comme le veut le droit coutumier du Liban, le prochain Président du pays.

L’élection présidentielle de l’automne prochain est menacée d’échec par le blocage des institutions qui dure depuis neuf mois. « Ces élections (législatives partielles) étaient effectivement un test. Elles ont montré que le soutien au général (chrétien et pro-syrien) Michel Aoun était en net recul dans les régions chrétiennes en raison de la politique qu’il suit », a affirmé Amine Gemayel.
Michel Aoun, un temps adversaire résolu de la Syrie, est, depuis 2006, d’une part allié au Hezbollah chiite, soutenu par la Syrie ainsi que par l’Iran ; et d’autre part, allié à divers partis pro-syriens. Ce virage politique à 180° du général Aoun ne peut que laisser songeur.
Petit rappel. Dans la dernière phase de la première guerre du Liban (1975-1990), le chrétien Michel Aoun, un militaire, s’était mis dans la tête, de combattre, à la fois les troupes d’occupation syriennes et les Forces Libanaises (FL), seul vrai mouvement chrétien de résistance armée à l’occupant syrien (ce qui n’empêcha pas les médias occidentaux, idiots utiles, de qualifier les Forces Libanaises « d’extrême droite »). Le fait est que le faux combat de Michel Aoun, digne d’un Don Quichotte se prenant pour un De Gaulle, plongea la population chrétienne libanaise dans une guerre fratricide, dont la Syrie, bien évidemment, profita largement.

Le chef des Forces Libanaises, Samir Geagea, fut emprisonné, durant des années, dans le sous-sol du ministère libanais de la Défense, aux ordres de la Syrie. Pendant ce temps, le général Aoun vécut un exil doré, en France, sur la Côte d’Azur. Revenu au Liban, voilà que le très anti-syrien Michel Aoun s’allie, sur le plan électoral, au Hezbollah et autres partis fanatiques et pro-syriens.

La grande tragédie des chrétiens du Liban, depuis plus de 50 ans, c’est qu’ils sont les otages de leurs chefs, claniques et féodaux, qui veulent tous leur petite parcelle de pouvoir. Quitte à retourner leur veste. Les Forces Libanaises n’échappent pas à ce fléau. Un de leur principaux chefs, Elie Hobeïka, d’abord pro-israélien, devint par la suite ministre dans un gouvernement libanais à la botte de l’occupant syrien. Les Syriens le remercièrent, à leur façon, des années plus tard, en le faisant exploser dans sa voiture. Les médias endoctrinés montrèrent évidemment du doigt le Mossad, comme quoi le ridicule ne tue pas.

La réalité, c’est que les chrétiens du Liban auraient mieux fait - et feraient mieux aujourd’hui encore - de s’allier aux USA et à Israël. En effet, toutes les tentatives de compromission avec des voisins arabo-musulmans se sont retournées contre les chrétiens du Liban. Pour mémoire, une opportunité unique a été offerte aux chrétiens du Liban, il y a un quart de siècle. A l’époque, le premier ministre israélien Menahem Beguin tendit la main au chef chrétien libanais Béchir Gemayel. Celui-ci, malgré son bon sens et son honnêteté, finit par refuser l’offre israélienne. Ce qui n’empêcha pas les Syriens de l’assassiner. Depuis, la vie des chrétiens du Liban n’est qu’une succession de cauchemars.