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Par
Guy Milliere, essayiste, écrivain
et professeur à l'Université de ParisVII - le 30 juillet 2006.
Pour
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Je
ne peux pas penser une seule seconde que les journalistes qui travaillent pour
les grands médias en France et en Europe ignorent tout du discours haineux et
génocidaire des dirigeants du Hezbollah.
Je ne peux pas penser qu'ils ignorent qu'al Manar, la
chaîne du Hezbollah est le média le plus antisémite que le monde ait connu depuis la fin du Troisième Reich. Je ne puis pas penser
qu'ils ne savent pas que le Hezbollah est une organisation totalitaire qui
endoctrine et soumet par la
violence les populations civiles dans les zones qu'il contrôle. Je ne puis pas
penser qu'ils ne savent rien du fait que les miliciens du Hezbollah utilisent
les populations civiles du Sud Liban comme des boucliers humains, empêchent
délibérément la fourniture de vivres à ces mêmes populations de façon à
disposer de victimes à exhiber devant des caméras. Je ne puis pas
penser qu'ils ignorent que des immeubles tel celui qui vient d'être touché à Qana sont des dépôts d'armes dans lequel le Hezbollah place
de manière ignoble des femmes et des enfants pour les sacrifier à des fins de propagande.
Je ne peux pas penser que ces mêmes journalistes ne savent rien ou presque de
ce que subit en ce moment la population du Nord d'Israël.
Je ne peux dès lors que me poser une question : pourquoi tant de mensonges et
d'ignominies ? Je trouve peu d'explications. Je ne veux pas aller jusqu'à
dire que l'antisémitisme, sous de nouveaux oripeaux, est de nouveau omniprésent
en Europe, mais il m'arrive de penser que c'est exact. Bien sûr, vous
répondront les intéressés, ils ne sont pas « antisémites », mais,poursuivront-ils, « regardez ce qu'ils font aux civils
libanais ».Vous leur rétorquez que les Libanais sont victimes du Hezbollah, et
ils se transforment immédiatement en avocats du Hezbollah « qui mène aussi des actions
sociales » et qui est un mouvement de « résistance ». Certains
concèderont à la rigueur que le Hezbollah doit être désarmé, mais ils ajouteront
que cela doit se faire par la « négociation », voire peut-être par l'envoi
d'une « force internationale », avec l'accord du « gouvernement libanais ».
Sachant qu'ils ne sont pas complètement idiots, je serais tenté de leur dire
qu'Hitler dans son style était très « social », et j'aurais envie de leur
demander: résistance à quoi, à l'existence d'Israël ? négociation
avec qui, des fous furieux? Force internationale pour faire quoi, protéger le
Hezbollah ? J'ai eu, parfois, ce genre de discussion. Je les évite désormais.
Je sais qu'il y a pire que des gens complètement
idiots : des gens qui font cyniquement les idiots en pratiquant le tri sélectif
des faits. Et je sais qu'hélas, nombre de journalistes en France et en Europe,
font cyniquement les idiots et pratiquent le tri sélectif des faits. Je sais
aussi, et c'est pour cela surtout que j'évite ce genre de
discussion, qu'il y a davantage à l'oeuvre : une forme de haine viscérale qui
ne dit pas son nom. Pour ces centaines de journalistes français et européens,
Israël, désormais, est détestable par essence, des réactions instinctives ont
été installées dans leur tête et quoi que fasse Israël,
Israël a tort. Des discussions s'engagent pour un processus de paix et s'interrompent
? C'est la faute d'Israël qui n'a pas fait assez de concessions dans la
négociation. Des ennemis d'Israël font des attentats terroristes ? Ils sont «
désespérés » et utilisent « l'arme du faible ». Israël riposte ? C'est le « cycle
de la violence » qui va entraîner encore davantage de « désespoir ». Israël n'a
pas encore été accusé du récent épisode de canicule en France, mais au train où
vont les choses.
Cette haine qui ne dit pas son nom a des relents antisémites, incontestablement.
Aucun Etat sur la surface de la terre ne subit autant d'incriminations verbales
et de calomnies qu'Israël. Aucun, sinon peut-être les Etats-Unis qui ont peu ou
prou autant d'ennemis haineux qu'Israël, mais sont la première puissance du
monde. Elle a aussi d'autres causes : une idée
totalement pervertie de repentance qui a pour implication que tout ce qui
ressemble à de la faiblesse ou à une oppression soit digne d'éloge et de
soutien, or dans l'esprit européen, les arabes sont faibles et opprimés en
général, Israël est « fort ». On peut ajouter l'idée que le « rêve européen »
est celui d'un monde sans conflits qui ne puissent se régler par la diplomatie
: un monde où personne ne veut le mal, où il n'y a pas de totalitaires, pas de
méchants et où, quand un « faible » ou un « opprimé » se fait agressif, c'est
qu'il a raison et qu'on n'a pas fait assez d'efforts pour le « comprendre ». Le
fait qu'il y a plus de trois cent millions d'arabes, plus d'un milliard de
musulmans et seulement six millions d'habitants en Israël joue
vraisemblablement un rôle supplémentaire. Le fait que l'Europe soit toujours
davantage une terre musulmane joue un rôle encore. La peur du terrorisme rentre
en ligne de compte aussi : rien à craindre en crachant szur
des juifs, critiquer des islamistes, c'est autre chose. Adopter vis-à-vis
d'Israël la position la
plus communément adoptée dans le monde arabo-musulman
fait sens en ce contexte, même si ce n'est très lâche.
On peut noter aussi un point, rarement évoqué : l'islam radical tel qu'il circule
d'alQaida au Hezbollah en passant par Ahmadinejad n'est pas l'islam, mais un dogme politique dans
lequel entrent bien des ingrédients empruntés aux idéologies totalitaires nées
en Europe : national-socialisme, fascisme, communisme. Il n'est pas étonnant
que des intellectuels d'extrême-droite en Europe se
sentent des mansuétudes envers les islamistes, et les uns et les autres lisent Mein Kampf. Il n'est pas étonnant que des intellectuels d'extrême-gauche se sentent eux aussi des mansuétudes envers
les islamistes : on peut laisser de côté le fait que les islamistes lisent Mein Kampf lorsqu'on apprend qu'ils lisent aussi Lénine.
Des journalistes pleins d'égard envers l'extrême-gauche
européenne peuvent voir dans des islamistes des lointains cousins de l'extrême-gauche.
Quoi qu'il en soit, les mensonges disséminés, le fait qu'ils soient acceptés et
repris comme argent comptant par les populations européennes montre qu'il
existe sur ce continent une pathologie mentale collective préoccupante. Le fait
que quasiment tous les dirigeants politiques
européens, Chirac en tête, contribuent à cette pathologie mentale collective
est extrêmement inquiétant pour le futur de ce continent.
La guerre que doit mener Israël est âpre, douloureuse. Israël ne peut compter internationa-lement que sur le soutien des Etats-Unis de
George Bush. Israël se plus que jamais traité comme « le juif des Etats »,
selon l'expression d'Alan Dershowitz. Quand bien même
je serais seul à le dire encore en langue française, je le dis :
- le Hezbollah est un mouvement totalitaire, fanatique aux intentions génocidaires
dont l'objectif est tout à la fois de transformer le Liban en république
islamique satellite de l'Iran des mollahs et de détruire Israël, en exterminant
si possible sa population.
- le Hezbollah ne peut avoir de place sur l'échiquier politique d'un pays démocratique.
Israël ne peut vivre en ayant sur son flanc nord une armée de terroristes dont
le but avoué est de détruire Israël. Toute issue autre que destruction du Hezbollah
serait, pour ce mouvement, une victoire aux conséquences très délétères pour
l'avenir proche d'Israël.
- toutes les victimes civiles libanaises, y compris les femmes et les infortunés
enfants de Qana, sont des victimes du Hezbollah et
non de l'armée israélienne. Le fait de prendre des civils pour boucliers
humains (fut-ce avec le consentement de ces civils) constitue un acte d'une
cruauté
et d'une lâcheté absolue, mais, hélas, logique de la part de terroristes. Tout
gouvernement occidental digne de ce nom devrait dénoncer les crimes du
Hezbollah.
- ceux qui, dans la population libanaise soutiennent le Hezbollah subissent aujourd'hui
les conséquences de leurs choix et n'ont à s'en prendre qu'à eux-mêmes.
Soutenir une organisation terroriste représente un risque. On ne peut souhaiter
l'extermination d'un peuple voisin et s'étonner ou se lamenter quand ce peuple
se défend. Le gouvernement libanais n'est pas
innocent. Si des pays comme la France voulaient du bien au Liban, ils auraient
dû depuis longtemps agir pour que ce pays soit une démocratie à part entière.
- les Libanais qui ne soutiennent pas le Hezbollah sont aujourd'hui les otages
du Hezbollah, et ils le sont depuis longtemps, avec la complicité de pays tels
que la France. Ils ont été abandonnés non pas face à l'armée israélienne, mais
bien avant face à la prise d'otage opérée par le
Hezbollah qui, comme toutes les prises d'otage devra connaître un dénouement.
Le seul dénouement concevable est la punition ou la mort du preneur d'otage.
- demander un cessez-le-feu immédiat à Israël, comme le font le gouvernement français
et l'Union Européenne équivaut à demander que la prise d'otage se prolonge et à
assurer une victoire au preneur d'otage, qui pourra ensuite repartir en quête
de son double objectif. La France et l'Union Européenne se conduisent en
complices de la prise d'otage et de la tentative
d'assassinat d'Israël. C'est au Hezbollah qu'il faut demander non seulement un
cessez-le-feu, mais une capitulation sans conditions. Et que nul n'évoque l'argument
humanitaire pour demander un cessez-le-feu à Israël : c'est le Hezbollah par sa
prise d'otage et sa violence qui crée un drame humanitaire, non seulement pour
les Libanais faut-il le rappeler, mais aussi pour les Israéliens.
- le Liban ne pourra vivre en paix que s'il est débarrassé de ceux qui, en son
sein, rêvent d'exterminer un peuple voisin. Vouloir vivre en paix tout en ayant
en son sein une forte minorité rêvant d'exterminer un peuple voisin est
impossible et contradictoire.
- Israël ne pourra pas, à lui tout seul, obtenir l'éradication du Hezbollah. Il
y faudra non seulement le soutien des Etats-Unis, mais aussi de tous ceux qui
veulent que la liberté et la dignité de l'être humain soient préservées.
- Si, comme on peut le craindre, Israël ne peut ou ne veut aller jusqu'au bout
de son action, si l'ONU, organisation corrompue et d'un antisémitisme avéré, se
voit confier le dossier et la mise en place d'une force « d'interposition » de
type Finul, ce sera une victoire pour le Hezbollah et
une défaite pour les valeurs de liberté et de dignité de l'être humain. Ce sera
aussi, en ce cadre, une défaite pour ceux qui souhaiteraient un Liban libre.
Israël devrait s'attendre à des jours amers.
- La victoire du Hezbollah serait aussi une victoire pour la dictature syrienne
et pour la république islamique d'Iran, dont les dirigeants ne pourraient que
se sentir encouragés dans leur course vers l'arme nucléaire, vers la
déstabilisation de l'Irak et de la région, et vers la destruction
d'Israël.
- Quand bien même leurs populations regorgent de haine envers Israël elles aussi,
les pays arabes sunnites de la région ne veulent pas de victoire du Hezbollah,
et c'est un atout qu'il ne faut pas négliger.
- Les dirigeants européens en général, français en particulier, qui croiraient
en ces conditions que donner une victoire au Hezbollah leur concilierait les
bonnes grâces du monde arabe se trompent lourdement et gravement. Les
dirigeants qui, comme Chirac et Douste-Blazy, disent que c'est pour éviter un «
choc de civilisations » qu'ils font tout pour sauver le Hezbollah et pour
contribuer à la destruction d'Israël sont des imbéciles dangereux : le
Hezbollah, le régime des mollahs, AlQaida, la famille
Assad, ne représentent ni la civilisation arabe ni,
au delà, une quelconque civilisation musulmane, mais la caricature hideuse et monstrueuse
de l'idée même de civilisation. Le monde arabe et, plus largement, le monde
musulman ont besoin d'être délivrés de cette caricature multiforme.
Préserver la caricature et dire qu'elle incarne une civilisation constitue non
seulement un danger mortel pour Israël, mais aussi un danger mortel pour
l'Europe. L'un des enjeux décisifs auxquels l'Europe doit faire face est
l'intégration de ses populations musulmanes. Apaiser ou conforter la
caricature ne peut qu'inciter les musulmans européens à se reconnaître non dans
les valeurs de liberté et de dignité humaine, mais dans les valeurs de Ben
Laden et de Nasrallah. Peut-être Chirac et
Douste-Blazy souhaitent-ils que tout le Proche-Orient devienne une « république
islamique » dont divers pays d'Europe, dont la France seraient les provinces,
peut-être souhaitent-ils que la France, dans vingt ans, ressemble au Liban aujourd'hui
pris en otage : en ce cas, qu'ils aient l'honnêteté de le dire. Sont-ils
capables d'un instant d'honnêteté ? Rien qu'un instant ? J'en doute.
- J'ai laissé ici de côté la « question palestinienne ». Délibérément. Les producteurs
de mensonge sur les opérations israéliennes contre le Hezbollah ont acquis leur
art du mensonge en couvrant le « conflit israélo-palestinien ».
Nous
sommes dans une guerre mondiale qui oppose l'islam radical, totalitaire et
génocidaire à la civilisation. Les tenants de l'islam radical, totalitaire et
génocidaire mènent la guerre contre les pays qui leur résistent : Israël et les
Etats-Unis surtout, mais ils agissent aussi ailleurs, de l'Argentine au
Royaume-Uni, de la Turquie à l'Indonésie ou à l'Arabie saoudite. Ils ont des compagnons
de route et des complices , journalistes européens,
politiciens français, Nations Unies, gauchistes américains. Ils mènent la
guerre sur tous les fronts, du front militaire au
front médiatique.
S'ils finissent par l'emporter, Israël disparaîtra, ce que je puis encore aimer
dans l'Europe et la France viciées d'aujourd'hui disparaîtra, la cause
palestinienne, qui a toujours eu pour objet une seconde shoah l'aura emporté.
Il y aura un monde islamique, chaotique, pauvre, violent et
dangereux qui s'étendra de l'Océan Indien jusqu'à Brest, peut-être jusqu'à Londres . Il restera un monde civilisé qui inclura les
Etats-Unis et diverses contrées d'Asie, mais pas l'Europe. On pourra dire dans
ce monde islamique chaotique et pauvre que la « cause palestinienne » n'a été
qu'un outil pour parvenir à la victoire en détruisant Israël, en détachant des millions
de musulmans des valeurs de l'Occident, et en prenant en otage (non les
Libanais), mais les arabes de Cisjordanie et de Gaza, quitte à les sacrifier au
passage pour « la cause ».
L'idée que des Occidentaux aient pu croire un instant que l'objectif était un
Etat palestinien libre et prospère vivant à côté d'Israël fera beaucoup rire
ceux que, dés aujourd'hui, la mise à mort d'autres humains, femmes et enfants
compris, fait rire.
Si, comme je le souhaite, les tenants de l'islam radical, totalitaire et génocidaire
finissent par être vaincus, Israël vivra, l'Europe décadente d'aujourd'hui
connaîtra peut-être un second souffle, les Etats-Unis resteront le cour du monde civilisé, mais il n'y aura pas, en face, un
monde en proie à la barbarie. Au Proche-Orient, il y aura non seulement Israël,
mais un Liban sans Hezbollah où les gens penseront à prospérer plutôt qu'à
faire la guerre, une Jordanie, un Irak, une Egypte et une Arabie saoudite
prospères, un Iran sans mollahs ni Ahmadinejad où
l'art de vivre persan que j'ai pu connaître avant Khomeyni
aura retrouvé sa place, un Irak démocratique sans attentats, une Syrie sans
parti Baas. Les arabes de Cisjordanie et de Gaza
feront des affaires, construiront des entreprises, des casinos, des stations
balnéaires. Ils vivront fraternellement et parleront business avec Israël. On
n'y parlera plus de l'OLP, d'Arafat, du Hamas que comme on parlerait cde
monstruosités archaïques dont il est heureux qu'on se soit débarrassé.
Ceux qui veulent haïr, mentir, tuer, auront dû se trouver d'autres chevaux de
bataille. Je ne doute pas qu'ils en trouveront. Mon objectif aujourd'hui, mon
seul objectif est qu'ils ne gagnent pas la bataille, aujourd'hui, aux côtés des
terroristes du Hezbollah.
J'ai choisi le métier de penseur et d'analyste pour contribuer à ce qu'il y ait
plus de connaissance, moins d'obscurité, moins d'oppression en ce monde. Je
préférerais ne plus exercer du tout ce métier que de l'exercer en devenant un
faussaire. Si je n'avais plus le choix, je deviendrais cireur de chaussures,
chauffeur de taxi, ou je ne sais pas quoi d'autre. Une prostituée, à mes yeux,
fait un métier plus digne et plus respectable que la plupart des
journalistes de grands médias français et européens aujourd'hui. Elle se vend
au plus offrant et elle l'avoue sans tergiverser. Elle vend son corps le temps
de la passe, mais elle ne vend pas son âme. Elle est payée pour mentir, mais
elle sait qu'elle ment et son client aussi. Ses activités apportent du plaisir
et pas des désirs de meurtres ou des pensées racistes.