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VAINCRE LE HEZBOLLAH, C'EST UNE QUESTION DE VALEURS

 Editorial paru dans The Times - Londres 1er août 2006

Traduit par Albert Soued, www.chez.com/conf.htm pour www.nuitdorient.com

 

L'Occident doit garder en mémoire le sens du conflit au Moyen Orient. L'ampleur des moyens modernes de diffusion donne au citoyen une quantité formidable d'information.

Mais cela ne veut pas dire que nous sommes toujours bien informés. Les nouvelles brûlantes cachent souvent la perspective. Et ceci est particulièrement vrai des événements actuels au Moyen Orient. Ainsi pour des raisons compréhensibles, l'opinion occidentale est dans la situation dangereuse de mal interpréter la tragédie de Qana (Liban). La réaction à la vue d'images d'enfants tués et du chagrin de leurs parents ne peut être qu'émotionnelle, et le plus tôt que cette guerre se termine, c'est le mieux. Mais ce n'est pas aussi simple. Car ce conflit va au-delà d'une simple querelle de frontière.

 

Il n’y aura jamais de paix dans la région aussi longtemps que le Hezbollah, soutenu par ses régimes parrains, l’Iran et la Syrie, sera autorisé à menacer militairement Israël. Un cessez-le-feu qui permettrait au Hezbollah de clamer sa victoire sur le terrain renforcerait énormément ses combattants, de même que ceux du Hamas, enlevant l’autorité du gouvernement libanais et de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité Palestinienne, tout en causant du tort aux régimes pro-occidentaux tels que l’Arabie Saoudite, la Jordanie et l’Egypte. Vaincre le Hezbollah, au contraire, renforcerait les leaders arabes qui sont en faveur d’une solution israélo-palestinienne de deux Etats, et freinerait l’influence régionale de Téhéran et de Damas.

Il y a des raisons plus profondes pour lesquelles l'impact émotionnel de ces derniers jours doit être replacé dans son juste contexte. La critique que la riposte israélienne contre le Hezbollah était disproportionnée est trop facile et peu réfléchie, surtout si on met les deux parties sur le même plan moral, ce qui serait injuste. Nous ne sommes pas dans une compétition entre des partenaires équivalents, comme le croit l'opinion occidentale. Une partie est la seule démocratie de la région, qui a toujours fait face à une menace existentielle et qui voudrait, si possible, vivre en paix avec ses voisins. L'autre partie est une organisation terroriste, dont l'objectif est d'empêcher cet avenir de paix.

L'annonce d'Ehoud Olmert  ne prévoyant pas de cessez-le-feu à court terme a déçu nombre d'Occidentaux…La déclaration du premier ministre israélien n'empêche pas forcément un changement nécessaire de sa stratégie militaire, alors qu'elle montre au public israélien qu'il ne cède en rien. Il s'agit surtout ici de tactique et il ne faut pas perdre de vue l'ensemble de la bataille et ses objectifs.

 

Le Hezbollah n’est pas un mouvement d’émancipation. Il représente un courant virulent de l’islam extrémiste, caractérisé par la misogynie, l’homophobie, l’intolérance absolue à toute différence, même au sein de sa propre religion, et par un système de croyances ancrées dans un passé lointain. Que le Hezbollah ait eu l’intention de déclencher une réponse si féroce de la part d’Israël n’est pas sûr. Mais ce qui est clair, par contre, c’est qu’il a planifié cette guerre depuis un certain temps, étant donné son arsenal et ses fortifications. 

Les nouvelles du front sont toujours tristes et nos moyens actuels de communication apportent dans nos foyers les horreurs de tout conflit armé. Mais ceci ne doit pas nous faire oublier que derrière ce spectacle désolant, il y a un conflit de valeurs et d'idéologies. Il peut nous paraître rassurant que ces menaces soient géographiquement lointaines et que notre confort n'en soit pas touché. Mais les conséquences de ce conflit s'étendent bien au-delà du Moyen Orient et nous devons déjà faire face.

 

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