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L'Islam fait Table Rase du Passé

 

Par Daniel Pipes
The Washington Times  20 mars 2015

http://fr.danielpipes.org/15665/islam-table-rase

Version originale anglaise: Islam Bulldozes the Past
Adaptation française: Johan Bourlard

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Récemment, l'État Islamique (EIIL) a détruit au bulldozer les cités antiques de Nimrud, Hatra et Korsabad, trois des sites archéologiques et culturels les plus prestigieux au monde. Ce n'est là que la dernière série en date d'attaques lancées par l'EIIL dans la vaste zone tombée sous son contrôle. Depuis janvier 2014, l'EIIL, dans sa barbarie ostentatoire, a fait exploser des mosquées chiites, a rasé des églises, pulvérisé des mausolées et pillé des musées.

Le pire, c'est que les déprédations de l'EIIL correspondent à une pratique courante chez les musulmans qui consiste à détruire les vestiges et autres monuments historiques.

Certaines attaques visent les œuvres des autres religions concurrentes, comme les églises orthodoxes dans le nord de Chypre (depuis 1974), les Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan (2001), la synagogue de Djerba en Tunisie (2002), un très ancien temple hindou en Malaisie (2006) et des œuvres antiques de l'époque assyrienne (des « idoles ») à Mossoul (2015). À une échelle individuelle, un ressortissant saoudien a brisé des statues anciennes dans le temple bouddhiste de Senso-Ji à Tokyo, en 2014. Mais le danger ne s'arrête pas là : des dirigeants islamistes ont ainsi projeté de détruire Persépolis en Iran, le monastère de Sainte-Catherine dans le Sinaï ainsi que les grandes pyramides d'Égypte.

Dans certains cas, les conquérants islamisent des lieux sacrés non-islamiques, affirmant ainsi la suprématie de l'islam. Cette transformation consiste tantôt à convertir le lieu en sanctuaire islamique, comme ce fut le cas pour la Kaaba de La Mecque, la cathédrale Saint-Jean de Damas et Sainte-Sophie de Constantinople, tantôt à construire un édifice par-dessus, comme la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem et Babri Masjid à Ayodhya en Inde.

Il arrive aussi que les musulmans d'une certaine confession détruisent l'héritage d'autres dissidences de l'islam. On peut citer comme exemples récents la tombe de Sidi Mahmoudou, un édifice médiéval de Tombouctou (2012), des tombeaux soufis en Libye (2012) ainsi que les bibliothèques de Mossoul (2015). Mais l'exemple le plus connu est celui de la destruction, depuis les années 1990, de monuments antiques à La Mecque par des Saoudiens soucieux d'une application stricte des principes wahhabites de non-intercession. Même le tombeau de Mahomet à Médine est en péril.

La destruction peut aussi résulter des affres de la guerre. À cet égard, le conflit syrien qui fait rage depuis 2011 est particulièrement dévastateur, les batailles qui s'y déroulent causant de graves dommages à des monuments antiques majeurs tels que la citadelle d'Alep, la mosquée des Omeyyades et le Krak des chevaliers. À côté de cela, la contrebande et autres activités lucratives destinées à financer l'effort de guerre conduisent au vol et au trafic massifs de précieux objets anciens. À titre d'exemple, l'UNESCO relève que le site antique syrien d'Apamée est « complètement détruit ».

Des sites antiques sont même susceptibles d'être démolis en raison de nécessités jugées impérieuses. En 2000, l'Autorité Palestinienne a ainsi jeté au rebut comme de vulgaires gravats, des vestiges archéologiques du Mont du Temple afin d'y construire une mosquée. En 2013, le Hamas a rasé une partie du port trois fois millénaire d'Anthedon

, à Gaza, à des fins militaires et, la même année, les autorités turques ont endommagé, dans le jardin de Yedikule, des murs datant de l'ère byzantine en vue d'aménager un bassin décoratif.

Enfin, on relève aussi des cas d'automutilation culturelle gratuite, tels que le pillage de musées, de bibliothèques et d'archives en Irak (2003), l'incendie de l'Institut d'Égypte et le pillage du Musée égyptien du Caire en 2011, la destruction de manuscrits à Tombouctou et le saccage du Musée Mallawi à Minya en Égypte en 2013, la destruction de la Bibliothèque Saeh à Tripoli au Liban et du Musée des arts islamiques au Caire en 2014.

Si l'islam incite ses adhérents à anéantir leur propre patrimoine, c'est parce que l'humiliation établit et renforce sa supériorité. La destruction des vestiges infidèles confirme le pouvoir supérieur des musulmans et, donc, la vérité de l'islam. Parallèlement, l'élimination des vestiges de rivaux musulmans établit la supériorité de l'islamisme sur les autres interprétations, moins autoritaires, de l'islam.

Si la prise et l'appropriation d'autres monuments a commencé dès les origines de l'islam (notamment la Kaaba), la destruction qui, avec l'EIIL, a atteint des proportions démesurées, est toutefois un phénomène nouveau. Notons que pratiquement tous les exemples cités plus haut datent du XXIe siècle. Ce qui prouve a contrario que ces vestiges anciens récemment détruits ont survécu très longtemps parce que les musulmans les ont laissés subsister. À cet égard, la situation de ces derniers temps est bien pire qu'elle ne l'a jamais été, ce qui n'est pas surprenant quand on sait que l'islam a pris une forme la plus terrible qui soit. Toutes les autres grandes religions ont dépassé le stade de telles pulsions de violence et de cruauté aux motifs inacceptables et aux conséquences tragiques.

 

Existe-t-il un pays au Moyen-Orient qui se réjouisse de son héritage multi-religieux, célèbre les monuments antiques sur des pièces de monnaie et des timbres, bâtisse de magnifiques musées dédiés à ses antiquités, traite l'archéologie comme une activité nationale et étudie les manuscrits au lieu de les brûler ? Eh bien oui, il y en a un et ce pays s'appelle Israël. Le reste de la région a l'une ou l'autre chose à apprendre de l'État juif en matière de patrimoine historique.

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Une mosquée construite à partir de débris de lieux de culte des "infidèles"