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Le Projet de l'Etat
Islamique d’Extermination des Juifs et d’Israël
Par Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil
d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il
a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme
et d’antisémitisme.
Adaptation : Marc Brzustowski.
24 août 2015
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Il est extrêmement important de
comprendre à quoi veulent aboutir les plans de l’Etat Islamique (EI).
Selon ce mouvement autant l’Etat d’Israël que l’ensemble des Juifs à travers
le monde doivent être exterminés. En principe, l’Islam Sunnite n’est pas en
rivalité avec le Judaïsme et la Chrétienté. Pourtant, l’Etat Islamique proclame
qu’Israël et le Judaïsme ne font pas seulement partie intégrante d’un projet
colonialiste occidental, mais qu’ils sont surtout associés au Projet Sioniste
et, par conséquent, qu’ils doivent être éradiqués.
Selon ce mouvement terroriste
musulman, les Juifs ne peuvent donc même pas bénéficier de leur statut
historique inférieur en Islam (historiquement, les Juifs vivant dans les pays
islamiques détenaient le statut de dhimmis, de citoyens de
seconde classe qui leur permettait de vivre, tant qu’ils payaient la Jizyah
– un impôt par capitation). Il devient ainsi crucial pour tous les Juifs et
tous les Israéliens de bien comprendre l’idéologie et les buts spécifiques du
mouvement EI qui les concernent, et pas seulement sa vision globale du monde.
Dr Jacques Neriah, Colonel à la
retraite, était, auparavant, Conseiller du Premier Ministre Yitzhak Rabin en
politiques étrangères et adjoint du Chef des renseignements militaires chargé
de l’évaluation. Il est actuellement analyste principal du Moyen-Orient au
Centre des Affaires Publiques de Jérusalem.
Il nous fait observer : EI est un
produit de l’idéologie Sunnite. La scission historique qui dure depuis
longtemps, entre la shiah et la Sunna n’a jamais pu être comblée. De nos jours,
chacun d’entre eux combat pour l’hégémonie dans le monde islamique. Ils
poursuivent cette guerre intestine au sein de l’Islam, lancée depuis que le
cousin de Mahomet, Ali a été privé du Califat et que ses enfants ont été
assassinés. Les Chiites considèrent Ali comme le premier Imam.
EI considère les shiites comme des
hérétiques qu’il doit combattre, punir et éradiquer de la surface de la
planète. Comme les Chrétiens, même s’ils peuvent quant à eux, se voir accorder
un statut de dhimmis, ils peuvent être dépossédés et pillés par les
djihadistes islamistes au plus fort de la bataille. Les combattants
islamistes peuvent jouir des butins de guerre, ce qui comprend les femmes en
tant qu’esclaves sexuelles, les maisons des gens et leurs richesses. Après
quoi, ces Chrétiens pourront avoir l’autorisation de vivre à l’intérieur des
frontières du Califat Islamique. Cependant, fondamentalement, la Chrétienté et
le Pape sont associés au colonialisme occidental et en tant que tels doivent
être combattus et vaincus.
EI est comme un aimant qui attire
des milliers d’étrangers, avides de se battre et de jouir du carnage de la
guerre. Les victoires majeures de EI découlent du fait que la plupart des Etats
arabes n’offre pas de solutions sociales ni d’idéologies alternatives. Le
manque de cohésion dans ces pays, autant que la vague montante de troubles
sociaux en Europe et en Asie ont permis à EI de devenir un havre pour rallier
des forces. Chaque succès de EI sur le champ de bataille lui apporte toujours
plus de volontaires. En outre, diverses factions autrefois associées à Al Qaeda
ont abandonné leur identité précédente et prêté allégeance à EI. Cela
démontre toute la force d’attraction du mouvement "Etat Islamique".
L’idéologie extrémiste de EI, qui
combat tous les éléments associés aux valeurs occidentales, a trouvé un accueil
chaleureux au sein des communautés musulmanes à travers le monde entier. Il
semble qu’il offre une solution à la perte d’identité nationale éprouvée par
certains Musulmans des différents Etats-Nations où ils vivaient depuis des
décennies. D’une certaine façon, c’est une forme de revanche contre la
suprématie matérielle et technologique de l’Occident. En combattant l’Occident
et ses fers de lance supposés –Israël, l’Arabie Saoudite, l’Egypte – EI a
proposé une réponse simple aux milliers de jeunes Musulmans qui sentent qu’ils
se sont perdus en chemin au coeur d’une culture qu’ils n’acceptent pas ni ne
respectent.
Aujourd’hui, l’influence de EI
s’étend du Maroc à l’Afghanistan, en passant par l’Ouzbékistan, le Tadjikistan
et la Chine. Les groupes islamistes en Afrique et d’abord et avant tout, Boko
Haram, font partie intégrante de cette communauté. La présence de EI dans
chacun des Etats arabes érode continuellement l’autorité des gouvernements
centraux. Même les Etats musulmans radicaux, comme l’Arabie Saoudite, qui
appliquent la Chari’ah ne sont pas immunisés contre cette influence. Après des
années à bénéficier des financements injectés dans les mouvements salafistes
par les Etats arabes radicaux, EI s’est, à présent, retourné contre ses
bienfaiteurs. Il proclame qu’ils sont illégaux et anti-musulmans. Même la Turquie,
qui a été déterminante dans la fondation de l’appareil militaire de EI, est
aujourd’hui considérée comme étant l’ultime collaborateur des Croisés et, donc,
elle doit être combattue.
Israël réalise que des cellules de
EI sont actives en Jordanie. En Syrie, les unités militaires de EI combattent
non loin des frontières israéliennes du Golan. Au Liban, EI a tiré parti de la
haine existante entre les Sunnites libanais et le Hezbollah, l’organisation shiite
parrainée par l’Iran. EI a créé de nombreuses cellules agissant principalement
dans le Nord du Liban et dans la vallée de la Beqaa'. A Gaza, les partisans de EI
prêchent ouvertement leur cause (1).
Les percées que l’Etat Islamique a
réalisé jusqu’à présent en Israël ne sont visibles que jusqu’à un certain
point. Selon les services secrets intérieurs (Shin Bet ou Shabak), environ
trente Arabes Israéliens ont rejoint EI en Syrie et en Irak. Cependant, les
cellules de EI existent et fonctionnent essentiellement dans la clandestinité.
Dans des villes, telles qu’Umm el Fahm et Bakaah el Gharbiyya, de temps en
temps, on peut voir apparaître des étendards de EI hissés sur le haut des
toits. Les cellules de EI ont aussi été découvertes dans le sud d’Israël, au
sein de communautés bédouines, comme à Rahat et Tel-Sheva.
Au cours de l’été 2015, Muhammad
Abd al-Ghani, un Imam de la mosquée d’Umm al-Fahm a exprimé son soutien à EI.
Il s’en est pris au Hamas en disant qu’il coopère avec Israël contre EI. Il a
vilipendé le Premier Ministre Binyamin Netanyahu comme n’étant qu’un “chien
juif” et accusé Israël de tous les problèmes et vices du monde musulman (2).
Tout cela démontre que nous sommes
dans une situation extrêmement dynamique et volatile. Par conséquent, Israël
doit suivre ces évolutions au millimètre, de façon continue et permanente. Les
forces de défense d’Israël (Tsahal) ont récemment publié un document soulignant
les menaces auxquelles Israël est actuellement confronté. Un changement majeur
dans la posture de Tsahal, quant à la perception des menaces, concerne tout
particulièrement son attitude envers EI. Tsahal considère à présent EI comme un
ennemi présent. Israël ne permettra pas que les combattants de EI s’approchent
de ses frontières, même si cela réclame des incursions israéliennes sur le
territoire syrien par les hauteurs du Golan.
Notes
(1)
http://www.timesofisrael.com/gaza-imam-weapons-will-help-us-build-islamic-state/
(2)
http://www.timesofisrael.com/israeli-imam-backs-islamic-state-in-anti-semitic-rant/