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Où
en est le « jihad » en Turquie et en Iran ?
Par Albert Soued, écrivain http://symbole.chez.com
pour www.nuitdorient.com Dernier livre d'Albert Soued :
Quand le Moyen-Orient verra-t-il la paix ? - Editions de
lHistoire, 2021
Mon interview sur ce livre : https://goldnadel.tv/culture/-des-livres-pour-le-week-end-avec-albert-soued?mode=video
18/07/2021
Le Coran comprend plusieurs passages relatifs au « jihad », incitant à la guerre contre les polythéistes de l'Arabie ou les incroyants, notamment 5 versets dans les sourates 8/9/47 ; le verset le plus connu est le verset 5 de la sourate 9: « [...] Tuez les incroyants où que vous les trouviez [...].
Depuis 14 siècles dIslam dans le monde, le « jihad » est permanent et signifie un effort, une lutte pour parvenir à ses fins. Selon les soufis, cette lutte peut-être une lutte sur soi pour saméliorer; mais plus généralement, cest un combat pour vaincre un ennemi et conquérir un territoire.
Notre analyse concerne le jihad actuel mené par les dirigeants de 2 pays musulmans non arabes, la Turquie et lIran qui, chacun à sa manière, à travers leur psychisme spécifique, cherchent la prééminence et lhégémonie.
1. Turquie
Idéologie
En Islam sunnite et selon le Coran, le « jihad », leffort ou la lutte pour diffuser lIslam, est permanent. La notion de « paix » ou « salam » nest que provisoire, le temps de reprendre son souffle et obtenir la reddition de lautre.
Pendant plusieurs siècles et jusquà la fin de la 1ère guerre mondiale, la Turquie était le centre de lempire ottoman, couvrant le Moyen Orient et une partie de lAfrique et de lEurope et représentant le califat musulman sunnite. Ayant pris partie pour lAllemagne, cet empire seffondra avec elle et fut remplacé, pendant le demi-siècle qui suivit, par nombre de pays aux frontières artificielles. Kemal Ataturk a créé en Turquie un état laïc, séparant la religion de létat et cherchant à se rapprocher de lOccident. Cet état laïc dura près de 80 ans, grâce à la sauvegarde de larmée, jusquà larrivée au pouvoir du parti AKP, Parti de la Justice et du Développement. La combinaison dun vieux gauchisme et dun nouvel islamisme a permis à lAKP, de lemporter aux élections de 2002, battant de vieux partis corrompus et moribonds ; et Recep Erdogan est devenu 1er ministre, après avoir été maire dIstambul.
Responsable de lAKP, Erdogan
navait pas caché ses ambitions : "Grâce à D, je suis un
serviteur de la Sharia'h (loi islamique) et nous
transformerons nos écoles publiques en madrassas
(école coranique)".
Erdogan vient d'une famille observant les rites de l'Islam. Quand il était étudiant, il s'est distingué comme un antisémite, mais aussi comme un anticommuniste. Il récitait publiquement des slogans tels que "les mosquées sont nos baraques, leurs dômes sont nos casques, les minarets nos baïonnettes", défiant l'ordre laïc qui prévalait à l'époque et la Constitution d'Ataturk, qui considérait ces propos comme une offense incitant le fanatisme religieux et racial.
Dans leur ascension, lAKP et Erdogan
ont été aidés par un mouvement mondial né en Turquie, discret et puissant,
appelé « Gülen ». Gülen
a fondé son enseignement sur la notion soufie de "travail pour le bien commun de lhumanité",
totalement opposée au "jihad" violent de la guerre sainte. Le
véritable islam doit coopérer avec les autres religions en vue dassurer la
liberté, le progrès matériel et la justice sociale. Fethullah Gülen, le
richissime fondateur de ce mouvement, préconise ainsi un Islam de compassion,
sans effusion de sang, mais néanmoins dans lequel
on a le droit de mentir : "Pour servir Allah, toute méthode, toute voie est acceptable, y compris de mentir
au peuple"(1) - Voir www.nuitdorient.com/n2723.htm & www.nuitdorient.com/n2729.htm
Cette Confrérie de Gülen et
lAKP, le Parti de la Justice et du Développement dErdogan
avaient des objectifs communs : islamiser lentement la Turquie, la
débarrasser du kémalisme laïc et semparer progressivement de tous les rouages
de létat. Cette alliance a fonctionné pendant 8 ans malgré les excès et les
colères, voire la paranoïa dErdogan.
Depuis près de 20 ans, Erdogan et lAKP ont ainsi réussi progressivement à ré-islamiser près de lensemble des corps de létat et à reprendre le « jihad », assimilé en Occident à des « velléités hégémoniques ».
En ce qui concerne
les infidèles, la situation peut
être résumée par ce dialogue.
Erdogan :
« La Turquie
est musulmane à 99% et c'est avant tout notre religion qui nous relie les
uns aux autres ».
Un opposant : « S'il est vrai que la religion de l'islam est le ciment de notre peuple, que sommes-nous
censés faire de nos minorités non-musulmanes et des athées ? Va-t-on les exclure de la nation ? »
Erdoğan tente de neutraliser les membres des religions
minoritaires comme les « Alévis » en les empêchant de fonctionner, en
leur refusant la liberté d'établir et de gérer leurs propres institutions et
lieux de culte. On estime à 15 millions le nombre des Alevis en
Turquie. Les communautés
juives et chrétiennes sont en voie de disparition.
Moyens politiques
Le mouvement Gülen a permis à Erdogan de gagner les élections législatives et aidé à
moderniser le pays en vue de son entrée dans lUnion européenne.
Mais pour parvenir au pouvoir absolu, il fallait quErdogan se débarrasse de son bienfaiteur Gülen et des derniers Kémalistes laïcs qui lont traîné
dans la boue, dans une accusation de grande corruption de sa famille. Pour
cela, il sest assuré la loyauté dune partie de larmée par des prébendes et a
réussi à accroître le revenu du peuple turc par divers moyens inflationnistes.
En 2016, Erdogan a provoqué un
coup dEtat, quil était sûr de faire avorter. Il a mis Gülen
le dos au mur en préparant lextradition de son chef, Fethulla,
des Etats-Unis vers la Turquie et une rafle massive de ses militants dans
larmée, la police et les instances judiciaires de létat. Pour sen sortir, Gülen navait pas dautre choix quun coup détat, comptant
sur la force et lendoctrinement de ses adeptes. Mais nayant pas réussi à
éliminer physiquement Erdogan, celui-ci rameuta la
rue et le peuple qui lui était favorable et gagna la partie, comme il lavait
comploté.
Résultats sur le plan intérieur
Le
gouvernement dErdogan est plus préoccupé à installer
ses agents et à appliquer son programme religieux quà éliminer la
corruption et relever léconomie !
Pendant
plus de 40 ans, larmée turque a été le fer de lance de lOccident contre
lagressivité soviétique. En 2008, les généraux turcs ont démissionné en masse,
renforçant encore plus le pouvoir de l'homme fort, Erdogan.
Le général Kosaner a envoyé un message d'adieu
explicite. Il démissionnait, "en protestation contre la longue
détention sous caution de 250 généraux, amiraux et officiers, dont 173 sont
encore en exercice de leurs fonctions, arrêtés
en dehors de toute légalité et de toute justice ou conscience, et
accusés de complot, ce qui est une affabulation"- Une nouvelle étape a
été franchie par Erdogan vers le pouvoir absolu. Avec
le président Abdallah Gul, il a nommé les nouveaux
chefs de l'armée. C'était la 1ère fois que des civils nommaient des
militaires.
En une vingtaine d'années, après avoir accaparé tous les
pouvoirs de l'état successivement police et services secrets, assemblée,
présidence, justice, armée Erdogan réussit à
obtenir un pouvoir absolu. Il ne reste plus à Erdogan
quà museler ses derniers opposants pour régner dans une sphère de « pré-califat » et obtenir un statut
de « président à vie »
En 2012,
850 politiques et dirigeants kurdes, y compris 30 députés au Parlement turc, se
sont réunis à Diyarbakir pour déclarer leur autonomie. Quand Erdogan fut au courant, il entra dans une grande fureur,
sachant que cela pouvait être le prélude au démantèlement de la Turquie.
Parallèlement en Syrie, un comité de liaison kurde a été établi pour réunir
tous les partis kurdes du pays, en vue de "l'unité du peuple kurde". Ce comité demanda
l'autonomie kurde au sein du régime d'Assad, sinon
une fédération syro-kurde. Dune certaine façon, linsurrection kurde aurait
pu conduire à leffondrement de la Turquie, si elle avait été soutenue de
lextérieur et si elle avait abouti.
La crise économique, la nouvelle crise avec les kurdes, la dérive islamiste et oligarchique de l'AKP, louverture vers la shiah ont érodé l'influence dErdogan notamment auprès des jeunes générations. Sa popularité est tombée de 47% en 2007 à moins du quart de la population aujourd'hui. Aux élections législatives de 2015, lAKP a perdu la majorité absolue au Parlement.
Lors des élections municipales de mars 2019, lopposition a remporté les trois plus grandes villes, Istanbul, Ankara et Izmir. Les islamistes turcs ont perdu Istanbul et Ankara pour la première fois depuis leur victoire il y a 25 ans. L'opposition a également remporté de grandes villes méditerranéennes comme Antalya, le premier pôle touristique de Turquie, Adana et Mersin, ainsi que Bolu et Kırşehir en Anatolie centrale, une autre première pour l'opposition, de même qu'Artvin à lest de la mer Noire.
Après une longue période de silence, la contestation politique devant la dégradation des libertés sest enfin déclenchée. Devant la crise économico-financière, les rassemblements sont devenus fréquents et se sont propagés dans toute la Turquie. Ils attirent de plus en plus de monde et l'on y tient un langage de plus en plus brutal, incitant ouvertement au jihad intérieur.
Résultats sur le plan extérieur
Tout en les insultant, le gouvernement islamiste turc veut tirer le maximum
davantages de lAmérique et dIsraël, avant de se retourner contre eux.
Après une trentaine
dannées de relations amicales et fructueuses, voilà que le régime dErdogan durcit, dannée en année, ses positions
anti-israéliennes, jusquà se comporter, en 2009, en ennemi déclaré de lEtat
juif. On se rappelle de lattitude injurieuse dErdoğan
envers Shimon Peres lors dun forum à Davos. Erdogan : « Nous,
la Turquie et moi-même - tant que je serai aux commandes - ne pourrons jamais
avoir une vision positive d'Israël
La réalité est qu'Israël est le pays qui menace la paix dans le monde
et au Moyen-Orient »- Plus récemment, Erdogan a répété une insulte devenue habituelle, « comparant Israël aux nazis » ou «révélant quun complot mondial ourdi par les Juifs sionistes menaçait de prendre le
contrôle de la planète ».
Aujourdhui, larmée turque forme, conseille et équipe 22 pays musulmans.
Elle aide aussi les organisations jihadistes
palestino-arabes ciblant Israël, notamment le Hamas. Erdogan
est devenu le parrain diplomatique de la cause palestinienne et de la
déclaration d'un état palestinien à l'Onu.
Le chef de lAutorité Palestinienne Mahmoud Abbas a été reçu
avec tous les honneurs et le tapis rouge par Recep Erdogan, à Istanbul. Lors de leur entretien, Erdogan a assuré le chef terroriste que « la Turquie ne gardera pas le silence et
accordera toujours son soutien à lAutorité Palestinienne face aux horreurs
commises par Israël »
Erdogan
menace la stabilité régionale avec son comportement de voyou mégalomane.
Grâce à lui, il y a déjà 2 entités au
Moyen Orient contrôlées par les Frères Musulmans, le Hamas à Gaza et lAKP à
Ankara.
La Turquie cherche aujourdhui à étendre son influence au Moyen Orient doù loccupation militaire de 2 zones frontalières en zone kurde, au nord de la Syrie, le bombardement fréquent de la zone autonome kurde en Irak, laide au Hamas à Gaza et aux groupes islamistes de Syrie et dIrak contre les kurdes.
Mais
la Turquie étend aussi son influence vers le sud et vers
lest. Vers le sud et la mer Rouge, par la création de bases militaires au
Qatar, au Soudan, avec la concession de lîle Suakin, et en Somalie. Vers le sud et
lest par la revendication dîles grecques de la mer Egée, perdues,
semble-t-il, après la chute
de lempire ottoman. Yiğit Bulut, principal conseiller dErdogan :
« LAnatolie marchera contre la Grèce et personne ne pourra len empêcher. La Grèce doit connaître
sa place et sa géographie et ne pas nous violer,
comme elle la fait il y a un siècle, avec laide des Occidentaux, car ce sera terrible pour elle
! »
.
Vers
la Libye de Tripoli, en signant
2 accords, un protocole dentente pour une coopération militaire, et
un accord sur les frontières
maritimes en Méditerranée, créant illégalement une zone économique exclusive (ZEE), pour profiter
des réserves de gaz de la Méditerranée orientale. La Turquie pourrait être en mesure d'arrêter, d'inspecter et d'enquêter sur tout navire traversant la zone désignée, ce qui est inacceptable pour la Grèce, Chypre et lEgypte, comme pour Israël (3).
Vers Jérusalem, en achetant et en aidant massivement des
Arabes à acheter ou à réparer des résidences à Jérusalem-Est.
Le rapprochement avec la Russie et la Chine, notamment sur le plan des armes, les éloigne de lOtan et des Etats-Unis. Ce dernier pays ne maintient son lien que par la base aérienne IIncerliq qui abrite 50 bombes nucléaires et 5000 soldats américains et quil tarde à délocaliser.
Il existe un sentiment turc national de détresse devant l'échec des dirigeants à définir leur position sur le plan diplomatique et à se raccrocher à l'un quelconque des trois blocs, l'Amérique, l'Europe ou le Moyen Orient.
Pourtant, la Turquie était un membre important de lOtan à
lépoque des dissensions
américano-soviétiques. Elle cherchait de plus à faire partie de lUnion
européenne (UE). Mais devant son évolution idéologique, l'Europe a pris ses distances vis-à-vis dune éventuelle
entrée de la Turquie dans l'UE, invoquant le refus de la Turquie de reconnaître
Chypre, un membre de l'UE, et également le génocide arménien
En Europe, les communautés turques ne sont pas assimilées et agissent en toute autonomie, comme une cinquième colonne, notamment en Allemagne. Les turcs utilisent les camps de réfugiés syriens quils hébergent comme moyen de chantage vis-à-vis de lEurope, la menaçant dinvasion de migrants et obtenant pour les garder une compensation de 3 milliards deuros.
Dune manière générale le contentieux avec lOccident ne cesse de samplifier. La Turquie na pas encore rendu compte du génocide arménien, du génocide assyrien, de lexpulsion des Grecs dIonie en 1923, du pogrom de 1934 contre les Juifs de Thrace, des lois racistes de 1942 contre les Juifs et les « döenmeh », descendants des adeptes du faux messie Shabetay Zvi, des pogromes antichrétiens de 1955, de linvasion de Chypre en 1974, des excès de la répression permanente antikurde. LOccident comptait sur une Turquie qui assumerait ce passé, et se rachèterait. Or on est sidéré devant une Turquie qui republie Mein Kampf et diffuse des docudrames antisémites en prime time !
Et
aujourdhui la Turquie tend la main à lIran ! Là les intérêts convergent dès lors qu'il
s'agit de s'opposer au nationalisme kurde et à la puissance américaine. Il y a
là assurément deux velléités hégémoniques non arabes qui s'entrecroisent en
Syrie, porte entrouverte vers les pays arabes.
La conclusion récente entre les gouvernements turc et iranien d'un accord à propos d'Idlib, une petite ville syrienne devenue le centre d'intérêts américains, remet en lumière les relations entre deux des États non arabes les plus grands et les plus influents du Moyen-Orient. Vieille d'un demi-millénaire et ponctuée de 11 guerres, la rivalité entre les deux pays représente aujourd'hui, selon les termes de Soner Cagaptay du Washington Institute, « la plus ancienne lutte de pouvoir » de la région. Dès lors, que signifie l'accord signé récemment et de quelle manière la rivalité irano-turque va-t-elle influencer l'avenir de la région ? (Voir www.nuitdorient.com/n26102.htm - Iran et Turquie, deux pays du Moyen-Orient en rivalité perpétuelle).
Conclusion
Hikmet Bila, un éditorialiste du journal nationaliste turc Vatan :
« Nous donnons désormais limpression davoir abandonné notre approche
pro-occidentale en politique étrangère, et de passer rapidement dune politique
équilibrée à un alignement sur laxe Iran-Hamas.
Cette
attitude suscite peut-être lenthousiasme sur le plan intérieur. Mais à terme,
elle peut se révéler désastreuse. »
Le président Erdoğan est le seul chef dÉtat au monde à se revendiquer dune idéologie suprémaciste ethnique, parfaitement comparable à laryanisme nazi. Il est également le seul chef dÉtat au monde à nier les crimes de son histoire, notamment les massacres des non-musulmans. Nétant soutenu que par moins dun quart de la population, il gouverne seul son pays par la contrainte. Na-t-il pas comparé la démocratie à un tram quon prend en marche: « On le prend jusquà notre destination ; une fois arrivé, on descend !»
Le voyage politique des Turcs vers l'Occident a commencé il y a un siècle et demi, mais la Turquie reste aujourd'hui aussi éloignée des valeurs démocratiques universelles que l'était l'Empire ottoman au moment de son effondrement.
Notes
(1) La taqiya est une réalité, en Turquie et ailleurs. Savoir la déjouer constitue aujourdhui une priorité absolue pour les pays fidèles à la tradition démocratique occidentale. La taqiya ou « dissimulation » est une pratique couramment admise dans le monde islamique. Elle consiste à tromper ladversaire non-musulman, quand celui-ci est en position de force, soit en lui cachant que lon est musulman, soit en lui mentant sur les intentions quon nourrit à son égard.
(2) Dans le cadre des
activités "culturelles" du parti islamiste MSP au sein duquel il
était le responsable de la "Commission de la jeunesse du district de Beyoglu" (Istanbul), Erdogan
a écrit et mis en scène une pièce
de théâtre antisémite intitulée Maskomya. Stigmatisant violemment les Juifs, les
francs-maçons et les communistes - trois termes contenus dans la contraction Mas/kom/ya (Mason, communist, Yahoudi) cette vulgate complotiste
haineuse est commune à lidéologie islamiste classique et à lextrême-droite, actuellement
alliée à lAKP et principal soutien externe à la dérive autoritaire
« nationale-islamiste » dErdogan.
Mein Kampf, est en vente partout en Turquie. Cette vague d'antisémitisme a pu progresser sans rencontrer d'obstacles dans les canaux islamistes, ainsi que dans les principaux médias, pour s'installer dans la vie et le discours quotidien des Turcs.
(3) Chypre et la Grèce sont en première ligne face à la Turquie, qui revendique le droit d'exploiter des gisements d'hydrocarbures dans une zone maritime qu'Athènes estime relever de sa souveraineté. Le déploiement d'un navire de prospection sismique turc, l'Oruc Reis, dans des eaux revendiquées par Athènes a mené à une escalade des tensions.
La Turquie avait aussi un autre projet : devenir linterface sur la distribution du gaz entre la Russie, le Caucase et lEurope, via le gazoduc Turk Stream. Il y avait beaucoup à gagner. La découverte de ces gisements en Méditerranée modifie complètement la donne et fait craindre à la Turquie davoir misé sur le mauvais cheval et dêtre marginalisée avec son gazoduc, comparé à son concurrent le gazoduc « EastMed » Israel-Egypte-Chypre-Grèce-Europe.
2. Iran
Idéologie
Les ayatollahs d'un pays sur le point d'être nucléaire sont
de fervents croyants, adeptes de l'Apocalypse. La doctrine shiite, adoptée par
les dirigeants de la République islamique d'Iran, annonce l'arrivée d'une
figure messianique connue sous le nom de 12ème Imam ou Imam caché,
appelé « Mahdi ». Le Mahdi est le restaurateur de la religion et
de la justice, celui qui régnera avant la fin des temps. Sa réapparition
apocalyptique sera précédée de violence, de chaos et de guerre. Il réapparaîtra
au milieu d'un champ de bataille souillé du sang des infidèles.
Le culte de «l'imam caché», a pris une dimension politique. Le mahdi sortira du puits sacré à Jamkaran. On lui a déjà préparé un tapis rouge. Les dirigeants iraniens basent leur discours sur l'attente de l'imam Mahdi : « Pour que l'Imam caché réapparaisse, nous devons combattre l'Occident." - Ils ont maintes fois déclaré publiquement qu'une guerre nucléaire, tuant des millions de Juifs et de Musulmans, était acceptable pour eux, parce qu'éliminant Israël, mais ne causant que quelques dommages à l'Islam. Suicidaires, ils ne se soucient pas de l'impact des sanctions économiques, ni de l'avenir de millions de jeunes Iraniens au chômage, ni de l'apparition de pandémies.
L'objectif ultime de l'Iran est "un gouvernement unifié du monde"
sous la houlette du Mahdi. La mission de Téhéran est de créer un monde
multipolaire où l'Iran a
léminente place de guide de l'Islam. Et sa meilleure arme est la
tromperie, et pas le jeu déchecs, comme certains le croient.
Moyens politiques
A travers une série dorganes étatiques, signes extérieurs
de démocratie exemplaire, lIran est en fait dirigée par un Guide Suprême qui
décide seul en dernier ressort. LIran est une théocratie oligarchique.(1)
Le 1er Guide Khomeini a
régné 10 ans et a ruiné le pays avec la guerre avec lIrak qui a duré 8 ans,
provoquant plus dun million de morts. Ali Khamenei règne depuis 32 ans
choisissant son président, généralement acquis à son idéologie dapocalypse, de
rigueur et de conservatisme dictatorial (Ahmedinejad),
et à loccasion « apparemment modéré »
(Rouhani), lorsque les circonstances géopolitiques
lexigent.
Le dernier « élu » est un dur ultraconservateur, Ebrahim RaïssI, le chef du système judiciaire iranien, vice-président de l'Assemblée des experts et directeur de la richissime fondation philanthropique (ou Bonyad) Astan-e Qods-e Razavi. Une rumeur court à Téhéran, quil serait choisi pour devenir le successeur du guide suprême Ali Khamenei, à la mort de celui-ci.
Responsable du massacre de 30 000 prisonniers politiques à l'été 1988, Raïssi na été élu que par 12% des Iraniens seulement ! Vers la fin des années 1980, il fit exécuter des milliers dIraniens, opposants au régime, parfois dans des mises en scènes morbides, au point que même les petits-fils de lancien ayatollah se sont dressés contre lui. LONG Amnesty International, basée à Londres : « Le fait quEbrahim Raïssi ait accédé à la présidence au lieu de faire lobjet dune enquête pour crimes contre lhumanité, meurtres, disparitions forcées et tortures, est un rappel sinistre que limpunité règne en maître en Iran ».(1)
Le
pouvoir réel sur le terrain est entre les mains du « Corps des Gardiens de la Révolution
Islamique » (CGRI), conçu à l'origine par le régime des Ayatollahs
comme une milice à orientation idéologique qui compenserait le manque de zèle
révolutionnaire de l'armée régulière. Il est devenu depuis la principale force
militaire du pays, parallèle à l'armée régulière, et chargée de concrétiser l'impérialisme
et lesprit de conquête du régime en Iran, puis au Moyen Orient et partout dans
le monde, avec « les brigades al Qods »,
véritable Légion étrangère.
Le CGRI est
secondé localement par des « vigiles » formés et dévoués, les « basijis », une police de quartier cherchant et arrêtant tout
contrevenant à la loi islamique, notamment vestimentaire.
Situation Intérieure
Malgré les sévices subis et une économie délabrée, la population
fait preuve dune exceptionnelle résilience dautant plus méritoire que la
répression est implacable. (Voir www.nuitdorient.com/n26122.htm
- 40 ans d'Intolérance Iranienne)
- Avec les dissidents, les homosexuels, les membres de minorités religieuses, etc , lIran est responsable de plus de la moitié des exécutions enregistrées dans le monde.
- Des milliers de policiers spécialisés dans la morale ont été recrutés pour contrôler l'application des codes de pudeur stricts imposés aux femmes,
Alors que loligarchie des pasdarans et des Gardiens de la Révolution accapare les principales ressources du pays et contrôle les principaux secteurs dactivité économique, lIranien de la rue assiste à leffondrement du système bancaire et la généralisation de la corruption ; subit une inflation de plus de 50 %, un chômage de 25 %, une dépréciation de la monnaie et une explosion de la pauvreté qui atteint 40 % de la population. On note de plus une pandémie non maîtrisée, avec plus de 4 millions de personnes touchées, avec plus de 130 000 décès.
L'Ayatollah Ali Khamenei, a récemment qualifié le virus de "bénédiction" et le Dr Majid Rafizadeh, président du Conseil international américain sur le Moyen-Orient, a écrit sur le site web du Gatestone Institute : "Les mollahs au pouvoir tentent-ils délibérément de propager le coronavirus dans d'autres pays comme une forme de jihad mondial ?"
LOccident na pas su utiliser l'identité "perse",
qui n'est pas forcément compatible avec l'islam, ou l'admiration des jeunes
Iraniens pour le libéralisme américain. Le "soulèvement vert" des Iraniens en 2009, a été écrasé dans
le sang, sans quaucun pays occidental nintervienne. Une aide aux minorités
ethniques les aurait débarrassés du joug iranien.
Lopposition iranienne de lextérieur a été incapable de créer la moindre plate-forme démocratique commune . alors que les Kurdes et les chiites dIrak ont réussi à imposer une culture démocratique dans leur zone.
La jeunesse iranienne est consciente de la démesure
idéologique de la génération de ses parents, mélange incohérent
d'anti-impérialisme, anti-sionisme, islamisme,
marxisme
qui n'a apporté que des déboires et aucun résultat sur le plan
économique. Un des slogans les plus populaires lors des protestations
d'étudiants est "oubliez la Palestine et
pensez à nous!".
Situation Extérieure
L'Iran est le principal
pays dans le monde qui parraine le terrorisme international, formant, armant et
finançant des groupes qui ont comme but de détruire l'état d'Israël et semer le
chaos en Occident.
L'Iran a élargi son réseau
de la terreur en s'appuyant sur le Hezbollah, le Hamas, sur des milices
dérivées du Hezbollah et des Gardiens de Révolution, et sur lethnie Houtie au Yémen, créant un dangereux axe shiite et recrutant
des cellules dormantes à travers de nombreuses capitales dans le monde.
Fondé sur lIran, laxe shiite est dangereux,
car il relie la mer Caspienne à la Méditerranée et à lOcéan indien. On a ici une puissance régionale qui domine
25% des réserves naturelles de gaz du monde et 11% de ses réserves en
pétrole, disposant dun énorme capital humain, de
hautes capacités en sciences, en technologie, en infrastructure et capacités
opérationnelles en cyber-développement.
Les Menaces nucléaires
Ces menaces constituent un danger non seulement pour Israël,
mais pour toute la région, car le tir d'une première fusée nucléaire iranienne
ne peut être d'une grande précision, avec une grande probabilité de chute sur
un territoire non visé, voire sur l'Iran. De même les missiles anti-missiles
Arrow dIsraël peuvent aisément intercepter ou dévier toute fusée en vol, avec
de grands risques pour l'Iran.
LIran na pas respecté les
traités, accords et conventions quil a signés, notamment le JCPOA de 2015, lui
interdisant de se doter dun arsenal et lobligeant à tenir lAIEA
régulièrement informée de tout ce quil entreprend dans ce domaine.
Le régime iranien a trompé à plusieurs reprises la communauté internationale. Quelques exemples : le réacteur de plutonium d'Arak non déclaré, la fausse Fatwa de Khamenei « interdisant la mise au point, la fabrication, la possession et l'emploi d'armes nucléaires », la dimension militaire du programme nucléaire iranien que lAIEA ne peut pas inspecter (défaut du JCPOA), les sites secrets de Qom, Natanz, Fordow .
LIran a acquis auprès d'Islamabad les plans de
centrifugeuses beaucoup plus sophistiquées que celles qui avaient été déclarées
et a repris le processus d'enrichissement de l'uranium, commencé plus tôt au
site d'Ispahan, à un niveau plus élevé que celui permis par le JCPOA. LIran
serait à moins dun an dune bombe nucléaire.
Par ailleurs, lIran menace aussi en permanence le
détroit d'Ormuz, large de 45 km, la voie la plus importante pour l'acheminement
du pétrole vers les marchés occidentaux et d'Extrême-Orient, soit ou 20% du
pétrole commercialisé dans le monde.
En ce qui concerne Israël
L'Ayatollah
Ali Khamenei a clairement exprimé aux étudiants ses intentions sur son site
officiel : «Vous les jeunes vous devriez être assurés d'être témoins de
la disparition des ennemis de l'humanité, c'est-à-dire de la civilisation
américaine dégénérée, et de la disparition d'Israël ».
Lors de la parade des
missiles intercontinentaux Shihab-3, ceux-ci sont
drapés de l'emblème "Effacez Israël de la carte", et
on exhorte les masses à hurler "Mort à Israël".
A propos de Jérusalem et des lieux saint, Khamenei a prédit: « Le retour de cette terre sainte [Israël] dans le monde de l'Islam n'est pas une question étrange et inaccessible . L'objectif de Nasrallah de prier à la mosquée Al-Aqsa est une aspiration absolument pratique et réalisable pour nous ».
Pour Hossein Salami,
le chef des Gardiens de la Révolution, « le sinistre régime doit
être rayé de la surface de la terre, et ce nest plus un rêve lointain,
.mais
un but atteignable ». Son adjoint chargé des opérations, Abbas Nilforoushan, se vante dans le même esprit : « lIran
a encerclé Israël de quatre cotés. Il ne restera rien dIsraël. »
A propos des efforts
quotidiens pour renforcer les milices et les groupes terroristes dans les pays
et zones qui entourent ou proches dIsraël (Liban, Syrie, Irak, Gaza,
Cisjordanie, Jordanie, Yémen), Yaakov Amidror, lun des meilleurs experts dIsraël : « LIran
veut construire autour de lÉtat juif un cercle de feu » (2)
En ce qui concerne les États-Unis (voir www.nuitdorient.com/n26108.htm )
Pour neutraliser ces menaces, en dehors des sanctions, les Etats-Unis mènent en permanence des sabotages dinstallations stratégiques, bombardent les milices shiites civiles et militaires, envoient des navires de guerre au détroit d'Hormouz pour interdire l'exportation du pétrole, envoient des virus, "missiles cybernétiques d'une précision militaire", pour paralyser les activités du pays, éliminent déminents responsables militaires comme Qassem Soleimani . qui disait au Général Petraeus : "Général Petraeus ! Vous devez savoir que cest bien moi, Qassem Suleimani, qui dirige la politique iranienne en Irak, au Liban, à Gaza et en Afghanistan" "Toutes ces régions sont dune manière ou dune autre sous contrôle de la république islamique iranienne et suivent son idéologie".
Conclusion
Le Jihad de lIran est subversif, basé sur le chaos
et la terreur. Il consiste à préparer secrètement les moyens de semer le désordre
dans les zones à conquérir, à former et à armer des mandataires et supplétifs locaux
qui agissent dans ces zones, à créer des cellules terroristes dormantes,
partout où cela est possible dans le monde, en particulier dans les communautés
shiites et sympathisantes dAmérique latine.
De nombreux analystes occidentaux se demandent combien de
temps encore le régime iranien pourra survivre sous le poids des sanctions. Ce
quils nont pas perçu, cest que le régime a contourné les sanctions grâce à
laide de collaborateurs de longue date à travers le monde. Il est fortement suggéré
que les Frères musulmans sont le principal pilier parmi ces collaborateurs.
Aujourd'hui,
quatre décennies après la prise du pouvoir par les khoménistes,
l'Iran ne peut se comporter comme un État-nation alors que l'islam, dans sa
version shiite iranienne, a subi un revers historique.(3)
Khamenei admet son échec à créer un véritable État-nation.
Et le grand ayatollah Abdullah Jawadi Amoli, l'un des plus hauts dignitaires religieux shiites
d'Iran, signale un échec tout aussi grand sur le plan religieux. "Au cours des 40 dernières années, le
Séminaire de Qom n'a pas produit un seul livre qui puisse être considéré comme
une référence", a-t-il déclaré lors d'une conférence de séminaristes
seniors le mois dernier. "S'ils nous
prennent le séminaire Najaf, il ne nous restera rien."
Le khoménisme a produit deux
perdants : l'Iran en tant que nation et le shiisme en tant que foi.
Et ce « khoménisme-khaménisme » ne peut se distinguer et crier
victoire que dans la trahison, la tromperie, la subversion et la terreur, en se
cachant derrière de nombreux supplétifs et mandataires formés, armés et
financés par lui.
Dr. Gil Feiler, expert en économie du Moyen-Orient et chercheur
principal au Begin-Sadat Center for Strategic Studies de l'Université Bar-Ilan : « Si les sanctions de Trump
étaient restées en place encore quatre à cinq ans, et si elles avaient été
encore plus resserrées et si on avait surveillé la contrebande, le régime
iranien se serait effondré
Ce que Biden va faire,
c'est leur jeter une bouée de sauvetage ».
Notes
(1) Exécutions été 88
L'exécution de
milliers de prisonniers d'opinion au cours de l'été 1988 sur ordre direct du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeini, a atteint son apogée.
Dans
son discours, Khomeini a dit : «Ceux qui sont en prison dans
tout le pays et qui restent attachés à leur soutien aux "Monafeqin"[Mojahedin, la
MEK], font la guerre à Dieu et sont
condamnés à être exécutés [...] ... Détruisez immédiatement les ennemis de l'Islam. En ce qui concerne
les affaires, utilisez le critère
qui accélère la mise en uvre du verdict [d'exécution] ».
(2) Le Cercle de feu
. Le Liban est contrôlé
par le Hezbollah shiite à la botte
de Khamenei
. De la Syrie de leur subordonné Bashar al Assad, les Ayatollahs iraniens
harcèlent en permanence le nord
dIsraël directement ou à travers des milices
du Hezbollah
. LIrak avec
les milices shiites armées par les Iraniens qui harcèlent les Américains
. Gaza avec un soutien actif au Hamas et au Djihad islamique.
. En Cisjordanie, où lIran prend
ses quartiers, en créant le groupe terroriste « al Sabirine »
Voir à www.nuitdorient.com/n2696.htm
. La Jordanie ouvre un mausolée
shiite à Kerak pour un
million de touristes iraniens
celui dun saint pour les Shiites Jaffar
Ibn Abu Taleb cousin du prophète
. Le Yémen où lIran soutient
les rebelles shiites Houtis prêts à tirer des missiles ou à envoyer des drones sur toute cible indiquée
(3) Etat voyou et états normaux
Les états normaux ne font pas cela:
- attaquer les ambassades et
les installations militaires en temps de paix ;
- alimenter les groupes
satellites et les milices terroristes
;
- servir de sanctuaire aux terroristes ;
- appeler à la destruction d'Israël et menacer d'autres pays ;
- aider les dictateurs brutaux tels que Bachar
al-Assad en Syrie ;
- diffuser
la technologie des missiles à de dangereuses
entités satellites;
- procéder à des assassinats
secrets dans d'autres pays
;
- et prendre en otage des citoyens de nations étrangères.
Les États normaux ne soutiennent pas le terrorisme au sein de leurs forces armées, comme l'Iran
l'a fait avec le Corps des Gardiens
de la Révolution Islamique
(CGRI) et sa brigade al Qods.
Les États normaux ne répriment pas violemment les
manifestations légitimes, n'emprisonnent
pas leurs propres citoyens ou ceux
d'autres pays pour des crimes spécieux,
ne pratiquent pas la torture et
n'imposent pas de sévères
restrictions aux libertés fondamentales.