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Par Matthias KÜNTZEL, écrivain
Source: Jüdische Allgemeine, Berlin, No. 1/03, 2/1/2003
La deuxième édition
du nouveau livre de Matthias Küntzel à ce sujet
« Djihad und Judenhass.
Über den neuen antijüdischen Krieg » ou
"Jihad et la haine des Juifs, ou la nouvelle guerre contre les Juifs"
vient d’être publié ("ça ira" publishing
house, Freiburg, Germany, 180 pages, 13.50 euros)
L'Islamisme
est né en même temps que le Nazisme
Contrairement à une
croyance répandue, le mouvement politico-religieux islamiste n’est pas né
pendant les années 60 mais pendant les années 30.
Le succès de ce
mouvement n'a pas été inspiré par l'échec de Nassérisme, mais par la montée du
Nazisme.
Jusqu'à 1951, toutes
les campagnes visant à mobiliser le peuple n’étaient pas dirigées contre des
puissances coloniales, mais contre les Juifs.
C’est l'organisation
des "Frères musulmans", fondée en 1928 -- par le grand-père de Tariq Ramadan--, qui a établi l’Islamisme comme un
mouvement de masse.
La signification de
cette organisation pour l’Islamisme est comparable à celle du Parti bolchevique
pour le communisme au 20ème siècle : jusqu'à présent, il est
l’élément de référence en termes d'idéologie et représente le noyau dur de
l'organisation, qui a inspiré de manière décisive toutes les tendances d'islamistes
suivantes, y compris Al-Qaeda, et qui les inspire encore à ce jour.
Il est vrai que la politique
coloniale britannique a produit l’Islamisme en tant que mouvement de résistance
contre la modernité culturelle et déclenché l'appel pour un nouvel ordre basé
sur la Charia'h. Mais la Confrérie n'a pas conduit
sa guerre sainte principalement contre les Anglais ; elle ne l'a pas non plus
conduite contre les Français ou contre l'élite égyptienne qui avait collaboré
avec les Anglais. Au lieu de cela, le mouvement islamiste de la Confrérie s’est focalisé presque
exclusivement sur le Sionisme et les Juifs. En 1936, elle comptait seulement 800 membres,
mais en 1938, le nombre de ses membres atteignit le chiffre stupéfiant de
200 000. Entre ces deux dates, une seule grande campagne avait eu lieu en
Égypte. Ses
cibles étaient exclusivement le Sionisme et les Juifs...
Cette campagne fut
déclenchée par une rébellion en Palestine, lancée dans les villes égyptiennes
par le célèbre moufti de Jérusalem, Amin El-Husseini
-- oncle d’Arafat--, aux cris de : "À bas les Juifs !",
"Les Juifs hors d’Égypte et de Palestine !".
Leurs tracts
réclamaient le boycott des marchandises juives et des magasins juifs. Le journal Al-Nadhir
commença alors à publier une colonne régulière appelée "Le danger des
Juifs d’Égypte". Il publiait les noms et les adresses des hommes
d'affaires juifs et d’éditeurs de journaux prétendument juifs partout dans le
monde, attribuant tous les maux, depuis le communisme jusqu’aux aux bordels,
"au danger juif". Beaucoup de modèles d'action aussi bien que des
slogans avaient été empruntés à l'Allemagne nazie. En outre, la confrérie fit
appel à ses sympathisants afin de se mobiliser partout en Égypte en faveur de la guerre de défense pour la
mosquée Al-Aqsa. Cet appel était inhabituel et complètement nouveau dans le monde
musulman à ce moment-là.
Pour les Musulmans,
la Confrérie a été la première organisation à lancer l'idée d'un Islamisme
guerrier et conquérant et à prendre le désir ardent de mourir pour modèle
islamique des temps modernes. Dès 1938, Hassan al-Banna, le fondateur charismatique
de la confrérie, -- et grand-père de Tariq Ramadan
--, présente son idée de Jihad au public, par la publication d’un article
intitulé "L'industrie de la mort". Ce titre, cependant, ne se rapportait
pas à l'horreur de la mort, mais à la mort en tant qu'idéal, ardemment désirée.
Hassan al-Banna écrivait : "Dieu donne à une nation qui perfectionne
l'industrie de la mort et qui sait mourir noblement, une vie fière en ce monde
et la grâce éternelle dans la vie future".
Ce slogan rencontra
l'enthousiasme parmi les Troupes de Dieu comme la Confrérie se nommait
elle-même. À chaque fois que leurs bataillons descendaient les boulevards du
Caire, en formation quasi-fasciste, ils entonnaient une chanson : "Nous
ne craignons pas la mort, nous la désirons... Mourons dans la rédemption pour
les Musulmans". Cette idée de Jihad n'a pas été formulée dans les
temps modernes jusque dans les années 30. Elle a été entremêlée de pulsions
antisémites dès le début.
L'antisémitisme de
la Confrérie était donc non seulement influencé par des idéologies européennes,
mais également par des racines islamiques.
- Premièrement, les
Islamistes considérèrent, et considèrent toujours, la Palestine comme étant un
territoire islamique (Dar Al-Islam), où les Juifs ne pourront jamais contrôler
un simple village et encore moins un Etat.
- Deuxièmement, cette
nouvelle ligne de front entre les Musulmans et les Juifs évoque de vieux
souvenirs de l'histoire des débuts de l'Islam. Par exemple, les Islamistes
essaient de légitimer leur aspiration à tuer ou chasser les Juifs de la
Palestine en se référant à l'exemple de Mohamed, dont la légende dit qu’il
réussit non seulement à expulser deux tribus juives de Médine pendant le 7ème
siècle, mais a tué la population masculine de la troisième tribu toute entière,
et vendu toutes les femmes et les enfants comme esclaves.
- Troisièmement,
c’est exactement cette hostilité qui a apparemment conforté à leurs yeux la
justesse du Coran, selon lequel les Juifs doivent être considérés comme le pire
ennemi des croyants.
Ce ne fut toutefois
que le 8 mai 1945, que le rapprochement entre l'idéologie des frères musulmans
et celle des Nazis atteignit un sommet. Ceci devint évident dès novembre
1945. Pendant ce même mois, les Frères musulmans commirent le plus sanglant
des pogroms anti-juifs dans l'histoire de l’Égypte : l’épicentre de
l'antisémitisme avait commencé à se décaler de l’Allemagne vers le monde arabe.
Les manifestants
pénétrèrent dans les quartiers juifs du Caire, lors de l’anniversaire de la
déclaration Balfour. Ils pillèrent les maisons et les magasins, attaquèrent les
non-Musulmans, dévastèrent les synagogues et y mirent le feu. Six personnes
furent tuées, et environ une centaine furent blessées. Quelques semaines plus
tard, les journaux islamistes appelèrent à une attaque frontale contre les
Juifs égyptiens, les décrivant comme sionistes, communistes, capitalistes et
suceurs de sang, comme souteneurs et fauteurs de guerre ou, en général, comme
autant d’éléments subversifs dans tous les Etats et Sociétés, ainsi que Gudrun Krämer l'a mentionné dans
son étude au sujet des Juifs d’Égypte entre 1914 et 1952.
Un an après, la Confrérie
s'assura que l'ami de Heinrich Himmler, Amin El-Husseini -- oncle d’Arafat
-- qui était recherché comme criminel de guerre, soit exilé et qu’un nouveau
domaine d’activité politique lui soit accordé en Égypte. En sa qualité de
moufti de Jérusalem et chef du Mouvement National Palestinien,
cette personne détestable était non seulement l’un des alliés les plus proches
de la Confrérie musulmane depuis le début des années 30, mais aussi le plus
ardent défenseur et activiste de l'annihilation des juifs européens dans le
monde arabe. L'amnistie accordée à cette autorité islamique fut le symbole
qui justifia ses actions pour une grande partie du monde arabe. Dès lors,
les criminels nazis recherchés par la suite en Europe se déversèrent en masse
dans le monde arabe (1).
D’innombrables
versions des infâmes "Protocoles des Sages de Sion", faux antisémite
notoire, furent publiés au cours des décennies suivantes par deux anciens membres
bien connus de la Confrérie musulmane, Gamal Abdel Nasser et Anouar El-Sadate.
La solidarité inconditionnelle des Frères musulmans avec le moufti
et les émeutes antisémites contre des Juifs, quelques mois seulement après
Auschwitz, montrent clairement que la Confrérie tour à tour niait ou justifiait
l'extermination des juifs européens par Hitler.
Les conséquences de
cette attitude sont importantes et caractérisent le conflit Israélo-arabe
jusqu'à ce jour. Comment les Islamistes expliquent-ils l'appui international en
faveur d'Israël en 1947 ? Aussi longtemps qu'ils niaient le destin des juifs
pendant la deuxième guerre mondiale, ils devaient revenir à des théories de conspiration
antisémites. Ils voyaient ainsi la création de l'Etat juif comme une attaque
des États-Unis et de l'Union soviétique contre le monde arabe, initiée par la
malveillance des Juifs.
En conséquence, au
sujet de la partition de la Palestine, la Confrérie a interprété la décision
des Nations Unies en 1947, comme un complot international fomenté par les
Américains, les Russes et les Anglais, sous l’influence du Sionisme.
Cette interprétation
peut sembler incroyable mais elle existe néanmoins réellement : peu de temps
après la libération d'Auschwitz, les Islamistes tentèrent de stigmatiser des
Juifs comme la véritable puissance dominant le monde. Cette folle notion d'une
conspiration juive mondiale, abandonnée en Allemagne depuis le 8 mai
Ce nouvel impact s’inspirant
des théories de conspiration nazies devient en particulier évident à la lecture
de la charte de la Confrérie musulmane palestinienne qu’est le Hamas. Cette
charte, adoptée en 1988, représente un des plus importants programmes islamistes
à l’heure actuelle, dépassant de loin le conflit palestinien. Le Hamas s’y
définit comme étant "un mouvement universel" dont la guerre
doit être soutenue par les Musulmans partout dans le monde. Leur ennemi est
non seulement le Sionisme en Israël, mais dans le monde entier, comme les
Nazis l'ont appelé la Weltjudentum, ou Juiverie
mondiale. Selon sa charte, le Hamas est le
fer de lance et l'avant-garde dans la lutte contre Sionisme mondial.
On a l'impression que
ses auteurs l’ont écrite en s’appuyant sur un exemplaire des "Protocoles
des Sages de Sion", pour qui tous les maux de ce monde sont attribuables
au Sionisme. Aux dires de cette charte, les Juifs étaient derrière la
Révolution française, aussi bien que derrière les révolutions communistes. Ils
étaient aussi à l’origine de la 1ère guerre mondiale qui avait pour but d'éliminer
le Califat islamique... et étaient également derrière la 2ème guerre
mondiale, à l’occasion de laquelle ils ont rassemblé d'immenses avantages
commerciaux en négociant du matériel de guerre et préparé l'établissement de
leur Etat.
Ils furent les inspirateurs
de la création des Nations Unies et du Conseil de Sécurité, afin de régner
sur le monde par leur intermédiaire. Aucune guerre n’a éclaté où que ce soit
dans le monde sans porter leur marque. Le caractère original de cette charte
apparaît finalement dans l’article 32 : le plan des Sionistes a été prévu
dans "Protocoles des Sages de Sion, et leur conduite actuelle en est
la meilleure preuve. Elle fait apparaître le ridicule d’une telle folie, tout
comme l’ineptie des théories d’Hitler fut démontrée par la suite. C'est cependant,
justement cette image inepte des Juifs comme "les mauvais et les bandits
du monde" qui incite les meurtres de masse des civils en Israël ou
aux États-Unis et qui motive l'enthousiasme des Islamistes à leur sujet.
Le Hamas et Al-Qaeda
reprennent des thèses compatibles avec le Nazisme, telles que le programme
meurtrier qu’avait réalisé Amin El-Husseini, le mufti de Jérusalem, sous un
tonnerre d’applaudissements des Islamistes partout dans le monde.
Sur cette toile de
fond, il est toujours surprenant de constater que les personnes qui connurent
Mohamed Atta (2) dans son groupe coranique lui attribuent
une "Nazi Weltanschauung" ou approche nazie du monde. Est-il dès
lors surprenant qu’Oussama Ben Laden accuse les Juifs de prendre en otage
l’Amérique et le monde occidental, compte tenu du fait que le fondateur du
Hamas, le Palestinien Abdullah Azzam, était en même
temps le principal professeur et le formateur du chef d'Al-Qaeda ?
Pourquoi n'y a-t-il
pas eu de débat sérieux au sujet de la dimension antisémite du 11 septembre ?
En Allemagne même, la
révélation sans état d’âme par l’hebdomadaire « Der Spiegel » de la
"Weltanschauung" d'Atta n’a provoqué aucune
réaction. Jusqu'à présent il n’y a aucune traduction allemande de ce document
important d'antisémitisme islamique qu’est la charte du Hamas, ou du pamphlet
"Notre lutte contre les Juifs" par l'auteur le plus célèbre de la
confrérie, Sayyid al Qotb,
publié en 1950.
Ceci, et le fait que la charte du Hamas ait été complètement ignorée par les journalistes et les politiciens qui ont vainement essayé de découvrir les motifs à l’origine des assassinats de masse suicidaires de civils innocents en Israël ou aux États-Unis, prouvent clairement que les paroles de l’un des chercheurs les plus distingués sur l'antisémitisme, Léon Poliakov, ne seront jamais assez mises en valeur : "Ceux qui ne dénoncent pas l'antisémitisme sous sa forme primitive et élémentaire, au seul motif qu'elle est si primitive, devront affronter la question de savoir s’ils ne donnent pas secrètement leur approbation aux antisémites partout dans le monde, justement pour cette raison".
Notes de www.nuitdorient.com
(1) Un voisin à Héliopolis venu vers l'année 1946, s'appelant Hermann et disant qu'il était un juif réfugié, n'était qu'un nazi cherchant à espionner la communauté juive d'Egypte
(2) Atta est un des principaux terroristes du 11/9
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