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Y A-T-IL DES MUSULMANS
MODÉRÉS ?
Conférence du 20 novembre 2005 à la loge Yovel Hamedina de Tel Aviv (Bnai Brith)
Par Albert Soued, écrivain - www.chez.com/soued
C'est une question que beaucoup de gens se posent et à laquelle il est difficile de répondre. Pourtant chacun de nous a de nombreux amis musulmans, on ne peut plus "modérés". En fait le questionnement concerne l'attitude de la masse musulmane vis à vis de la terreur aveugle telle qu'elle est menée par des groupes plus ou moins liés à Al Qaeda et de la coercition et de l'incitation à la haine telles qu'elles sont pratiquées par certains états totalitaires arabes, tels que la Syrie ou l'Arabie.
Pour essayer de répondre, nous allons d'abord remonter le cours de l'histoire pour analyser les mentalités dans le berceau de l'Islam, leur évolution face à la modernité et rappeler les divergences dramatiques entre les tenants de la succession du prophète Mohamed.
Puis nous fournirons quelques exemples de force et de courage de Musulmans engagés à appliquer les préceptes les plus tolérants de la sharia'h ou à réformer l'Islam de l'intérieur.
Je voudrais tout d'abord ici rendre hommage à un homme courageux et inconnu, Mohamed al Harbi, un instituteur d'une école saoudienne qui vient d'être condamné par un tribunal à 40 mois de prison et 750 coups de fouet, pour avoir dit à ses élèves que les Juifs étaient dans le vrai. D'après le journal local "Al Madina", rapporté par le Jerusalem Post, il aurait été condamné pour avoir ainsi profané l'Islam et répandu une idéologie douteuse…
Il est difficile de traduire une langue exotique avec des concepts occidentaux. Et la langue arabe n'échappe pas à la règle. Ainsi à titre d'exemple, la politique se dit "syassah" et ce mot fait référence à la maîtrise d'un cheval sauvage qu'il faut dompter, comme le chef doit dompter ses sujets. De même la loi est la "sharia'h", c'est à dire le chemin qui mène au point d'eau, si rare dans le désert arabe, et s'écarter de ce chemin, c'est se condamner à mourir de soif.
Pour définir un régime politique authentiquement arabe, il faut donc adopter l'image hippique. L'élite du pays est l'image des garçons d'écurie qui, en contrepartie du libre choix de leur chef, lui font acte d'allégeance absolue. Représenté par les chevaux domptés, le peuple n'a plus qu'à obéir aux ordres, moyennant quoi, l'avoine disponible sera équitablement répartie entre les sujets, par les garçons d'écurie. La règle est que le chef n'est accepté que si lui-même se conforme à la loi coutumière, la sharia'h. Mais le chef commande et donne le ton et il est obéi et suivi sans discussion ni critique.
De même, le mot "thawrah" ou révolution n'est pas le bienvenu, car il rappelle la tempête de sable dans le désert, fort désagréable. A contrario, le mot "nahdah", renaissance ou renouveau, est le bienvenu pour l'Arabe, car il rappelle l'état robuste de son cheval, ou le sein gonflé de lait d'une de ses femmes qui vient de lui délivrer un fils.
"Des réformes? Oui ! mais pas trop vite, et à notre rythme…" phrase souvent entendue.
La forme de pouvoir politique est étroitement liée au langage, reflet des mentalités et des comportements.
La soumission à Dieu favorise le conformisme et ne facilite pas le libre-arbitre et la critique. Dans certains versets du Coran les non-croyants sont vilipendés et les femmes dépréciées. Le Coran et le h'adith (commentaires) sont les sources d'inspiration et de vie du Musulman. Quatorze siècles plus tard, ils sont forcément inadaptés à la vie moderne, d'autant plus que des courants forts à l'intérieur de l'Islam, au lieu de regarder l'avenir, tirent vers le passé, vers l'authenticité du début de l'Islam, vers l'époque glorieuse de la conquête du monde. Mais pour y parvenir, ils doivent reconstituer la nation-mère, la "oumah" et rétablir le caliphat. Tel est le leitmotiv des Musulmans les plus actifs qui cherchent à renouveler l'Islam.
Dans l'esprit occidental, la modération permet d'atteindre ses objectifs par la négociation et non par la violence. À l'inverse, l'extrémisme se sert de la violence ou de la coercition pour imposer sa volonté et obtenir ce qu'il a décidé. Dans ce cas, il n'y a pas de négociation possible, et c'est "le tout ou rien", "à prendre ou à laisser", donc l'affrontement. L'Occident se trouve confronté à des ennemis décidés à aller jusqu'au bout de leurs convictions, qui accepterons des trêves, si cela les avantage momentanément, mais qui ne négocieront pas.
Nous appellerons "modérés", les Musulmans qui sont prêts à négocier avec les non-croyants et à les reconnaître comme leurs égaux, par conséquent prêts à des réformes profondes de l'Islam.
La volonté inébranlable de rétablir un passé glorieux, sans en avoir les moyens tangibles, mène à l'extrémisme, car il s'agit d'une dangereuse utopie.
Nous avons vécu les expériences ratées du "socialisme non aligné" d'un Nasser ou d'un Kadhafi, du "baathisme national-socialiste" d'un Saddam Hussein ou d'un Hafez al Assad, velléités de prééminence qui ont avorté. Aujourd'hui, on revient à la religion dont on brandit l'étendard vert, étendard qui n'a jamais cessé d'alimenter l'imagination des masses arabes. Aujourd'hui l'Occident est face à 3 extrémismes hégémoniques, deux extrémismes sunnites et un autre shiite.
Les clivages apparus lors de la succession du prophète Mohamed entre deux modes d'appréhension de l'héritage islamique perdurent encore. Ils ont donné naissance à deux volontés hégémoniques, l'une sunnite, menée par l'Arabie, l'autre shii'te, menée par l'Iran. Leur extrémisme réside pour le moment dans le verbe et dans la stratégie politico-militaire (surarmement de l'Arabie, développement du nucléaire Iranien sans motif économique). Un autre extrémisme, rejeton de la sunna d'Arabie, a choisi une voie plus active et plus musclée, celle de la terreur et de la violence aveugle, al Qaeda. Cette "nébuleuse" islamiste internationale a été chassée d'Afghanistan et partiellement du Pakistan, et elle recherche aujourd'hui un territoire à partir duquel elle pourrait lancer ses opérations meurtrières (Irak, Sinaï).
En 595, Ali avait 9 ans, quand Mohamed prit conscience de sa mission prophétique. Ali était le cousin et le préféré des adeptes du prophète. Il est devenu son homme de confiance et même son gendre, puisqu'il épousa sa fille Fatima, qui lui donna deux fils, Hassan et Hussein. Ces 4 formaient "la famille" du prophète. Vers la fin de sa vie, Mohamed aurait confirmé Ali comme successeur, lors d'un discours rapporté par le "hadith" (commentaires du Coran). Malade, il voulut consigner cette volonté par écrit, mais son ami Omar l'en dissuada. À sa mort, les tribus nommèrent un successeur dans la famille Qouraysh de la Mecque, un homme compétent et fédérateur, Abou Baqr, fidèle compagnon du prophète. Le groupe constitué autour de Ali s'est senti frustré d'une succession, mais il s'est tu. Ali devait être l'héritier spirituel naturel de Mohamed. Mais le consensus des tribus s'était porté sur un autre candidat, considéré comme plus apte. Abou Baqr mourut au bout de 2 ans, ayant proposé comme successeur O'mar. Le groupe de Ali s'est encore tu. Omar exerça le khalifat pendant 10 ans, période au cours de laquelle l'Islam conquit les empires perse et byzantin. À la mort d'Omar, un conseil de six sages choisit O'thman comme 3ème khalife. Le groupe de Ali s'est tu cette fois-ci encore. O'thman régna 12 ans pendant lesquels l'iniquité et l'arbitraire ont dominé. Il mourut assassiné. Après ce drame, les tribus pensèrent enfin à Ali, qui accepta d'être le 4ème khalife, après avoir attendu 24 ans dans l'ombre. Nous sommes en 656.
Homme lettré, sincère et magnanime, Ali fut vite dépassé dans ses fonctions par des opposants ignares et brutaux. Il finit par être assassiné lui aussi au bout de 5 ans, par un fanatique. Ali était le 4ème khalife, mais aussi le 1er imam d'une nouvelle lignée. Car à partir de sa mort, il y eut un schisme (shia'h) en Islam provenant de deux modes de pensée antinomiques concernant le pouvoir. Les disciples de Ali pensaient que l'homme ne pouvait vivre sans guide spirituel. Le successeur (ou khalifa) avait un rôle de meneur, mais aussi d'éclaireur: l'imam marche en avant pour éclairer la route. La voie de la "sunna" était plus pragmatique, car elle tenait compte des rapports de force en présence, et elle avait été tracée une fois pour toutes par les 3 premiers khalifes.
Après la mort de Ali à Koufa (Irak), le gouverneur de Damas, Moa'wiyah revendique le pouvoir, cherchant à devenir le 5ème khalife. Il intimide le fils de Ali, Hassan désigné par son père comme imam successeur. Cherchant la paix et la tranquillité, Hassan cède. Mais cela ne suffit pas à Moua'wiya, qui cherche la pérennité de sa lignée et, pour être sûr que son propre fils lui succède, il fait empoisonner Hassan. Dans la lignée de Ali, Hussein devait devenir l'Imam suivant. Moua'wiya le nargue dans ses sermons pour le dissuader et les disciples de Ali sont amenés à se réunir secrètement, de peur de représailles. Mais excédés, 17 d'entre eux se dévoilent lors d'un sermon et se révoltent contre l'"usurpateur". Ils sont tués et ce sont les premiers martyrs de la shia'h qu'on appelle le "groupe des 17". À la mort de Moua'wiya en 680, il est remplacé par son fils Yazid, un ivrogne. Hussein, le frère de Hassan, revendique la succession et marche avec ses fidèles sur Koufa, la capitale. Il est écrasé par l'armée du khalife à Kerbala. Selon la tradition, il n'aurait pas réellement cherché à se battre et voulait mourir en martyr avec les siens, estimant de cette manière laisser un souvenir plus indélébile à la mémoire future. Il est décapité avec ses compagnons et sa tête empalée dans une longue procession vers la capitale.
Les 7 imams suivants sont morts assassinés par les khalifes au pouvoir. Les imams étaient donc obligés de se cacher et certains ne se montraient pas à l'extérieur, conversant à travers un voile ou par le biais d'un intermédiaire appelé "Bab". Petit à petit est née la tradition de l'imam caché. Dans la shia'h, si l'imam n'est pas connu et ne gouverne pas, c'est qu'il est caché (dans un puits, dans le ciel…) pour compléter sa formation. Il réapparaîtra en temps opportun pour rassembler les fidèles, prendre le pouvoir en Islam et leur montrer la Voie. Bien que minoritaire (10% de l'Islam, soit 130 millions de fidèles), la shia'h s'est vite scindée en deux fois, l'une croyant dans un messie proche, le Mahdi, l'autre dans un messie lointain, à la fin des temps. La première s'est elle-même scindée en une multitude de sectes, chacune ayant son imam, son "bab" et son Mahdi (ismaélites, alaouites, druzes, bahai,…), et plus ou moins proches de l'Islam. La sunna considère la shia'h comme hérétique et celle-ci voue à la première une haine ancestrale farouche. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter ce que je vais vous lire.
Par ailleurs, la sunna considère le non-croyant comme un dhimmi (protégé, à un niveau inférieur des droits et à un niveau supérieur des devoirs, notamment financiers), la shia'h non messianique le considère, de plus, comme un "impur" (si un chrétien est invité chez un shiite, on lave à l'eau chaude la vaisselle, si c'est un juif on est obligé de la jeter).
Extrait de "La révolution des messies"
(l'Harmattan): "Ainsi jusqu'à aujourd'hui, les
shii'tes commémorent la débâcle de Kerbala et le martyr de H'ussein. Ce grand
deuil de l'"A'shoura" est l'occasion de manifestations de piété et
d'exaltation religieuse. Lors d'une procession funèbre simulant celle du
martyr, les femmes vêtues de leur tchador hurlent de douleur et les hommes
vêtus de noir se lamentent en répétant des litanies plaintives saccadées.
Certains portent des piques surmontées d'une main représentant "les
cinq", Moh'amed et la famille de Fatima. D'autres se dévêtent pour se
flageller ou pour se lacérer le dos et le front jusqu'au sang, en lançant en
chœur des malédictions contre ceux qui ont usurpé le pouvoir après la mort du
Prophète. Frustrés de ne pas voir dans sa succession la lignée de Fatima et de
A'li, les shii'tes ont gardé une haine ancestrale enfouie au fond de leur cœur.
Ainsi dans les mosquées lors des sermons, ils se saisissent d'un sabre et
l'agitent avec violence en signe de vengeance. Qu'il soit concrétisé par
d'interminables et lugubres récits ou par des psychodrames macabres sur des
scènes improvisées, tout le folklore religieux tourne autour des circonstances
de la mort des martyrs et du souvenir de leur humiliation".
Les 130 millions shiites se partagent entre les shiites messianiques ou mahdistes pour un tiers, relativement modérés et éloignés de l'Islam traditionnel et les shiites réguliers pour le reste, concentrés essentiellement autour du golfe persique et assis sur 90% du pétrole du Moyen Orient (Iran, Irak, Koweit, émirats, Oman, Arabie orientale). Le H'ezbollah libanais en fait partie, d'où ses connivences étroites avec l'Iran.
Cet exposé avait pour but d'expliquer les divergences actuelles fondamentales entre un grand pays de 70 millions d'habitants, comme l'Iran à 80% shiite et république islamique, régie par des mollahs et bien encadrée par des Gardiens de la Révolution; et un autre grand pays l'Arabie Saoudite, à 90% sunnite, et de plus géré par 20 000 princes wahabi. Voici comment l'Arabie est devenue saoudite et wahabi.
Le wahabisme est une hérésie de l'Islam sunnite qui revendique un Islam pur et dur, débarrassé de la gangue idolâtre et moderniste amassée pendant des siècles. Cette religion intégriste a été inventée par un homme ambitieux et révolté au milieu du 18ème siècle, Moh'amed ibn A'bdel Wahab. (voir www.nuitdorient.com/n231.htm )
Cette hérésie est basée sur des commandements négatifs tels que: pas d'adoration d'intermédiaire entre le musulman et Allah (interdiction d'adorer un ange, un prophète ou un saint); lors de la prière, pas d'invocation d'autres noms que ceux de Allah; ne pas fumer ni boire d'alcool; ne pas utiliser de rosaire dans la prière ou la méditation; ne pas construire de minaret et ne pas sculpter des décorations dans une mosquée; ne pas faire de pèlerinage sur une tombe… Jusqu'ici il n'y a pas de quoi fouetter un chat!
Parmi les commandements positifs, en dehors de l'abattage rituel des animaux (h'alal) et de l'aumône obligatoire perçue sur tout revenu, qui n'ont rien d'étonnant non plus, on trouve cependant:
- - tout homme musulman doit participer aux prières publiques
- - le pouvoir religieux doit contrôler le comportement et la vie de tout musulman,
et ceci ouvre la voie à tous les
excès. (1)
Vis à vis de l'extérieur, le non-croyant est soit protégé (dhimmi), soit combattu par le Jihad (lutte armée).
La péninsule arabique a toujours été un rassemblement de tribus et de clans. Une première unité a été apportée par l'Islam au 7ème siècle à travers la conquête d'une grande partie du monde civilisé. Cette unité s'est disloquée assez rapidement et l'unité suivante a été apportée au 16ème siècle par les ottomans (1517).
En ce qui concerne le wahabisme, tout a commencé en 1713, quand A'bdel Wahab, un adolescent obscur, mais intelligent et agressif, rencontre à Basra où il étudiait un espion anglais du nom de Hemfer. Moh'amed avait déjà voyagé au Moyen Orient, avait beaucoup appris et était devenu une espèce de "rebelle" à l'ordre établi, doté d'une bonne dose d'ambition. L'anglais découvre dans cet adolescent l'homme providentiel qu'il lui fallait pour fomenter des troubles et diviser la région (pourtant à l'époque on ne subodorait pas encore la naphte et ses possibilités). Après l'avoir bien écouté et compris ses motivations (l'Islam est corrompu par des apports étrangers, par des avancées interdites, par la modernité), l'anglais propose à A'bdel Wahab de créer une nouvelle religion, basée sur un puritanisme absolu. Il lui enseigne les méthodes de sabotage et de désinformation, des "coups tordus" pour arriver à ses fins. Et surtout, il lui conseille de s'appuyer dans son entreprise sur la tribu la plus connue du Najd (centre de l'Arabie) et sur son chef un peu falot, Moh'amed ibn al Saou'd (ancêtre de la famille régnante d'aujourd'hui). A'bdel Wahab réussit facilement à convertir Ibn al Saou'd à ses idées et devient son "Qadi", son chef religieux.
Et voici notre duo parti en 1730 à la conquête de l'Arabie et de l'Islam, avec une nouvelle religion intégriste à l'appui. Mais la conquête est loin d'être fulgurante et elle se transforme en une interminable guérilla tribale.
Des victoires et des revers, des avancées et des reculs, des trahisons et des assassinats, des razzias et des pillages, avec leur cortège de morts, de viols et de rapines; aucun des deux protagonistes ne verra la conquête de la Mecque, qui ne sera prise par leurs émules qu'en 1805, avec l'aide de montagnards du Yémen, acquis à la nouvelle foi. Pas pour longtemps, car le calife ottoman réagit et envoie un général d'Eypte, Mohamed Ali, pour reconquérir la Mecque en 1814 et rétablir la vraie foi de l'Islam sunnite. Mais il faudra attendre 1861 pour que toute l'Arabie soit débarrassée pour un temps des "terroristes" wahabites (on les appelait à l'époque "les bandits").
Devant l'affaiblissement de l'autorité ottomane qui s'écroule après la 1ère guerre mondiale, les "coups fourrés" et les luttes intestines des clans arabes reprennent de plus belle. Alors apparaît un autre espion anglais appelé Lawrence qui a subodoré le parfum du pétrole. Grâce à lui d'abord, puis surtout grâce à John Philby (père du fameux espion pro-soviétique), une obscure tribu du Najd, imprégnée de wahabisme, prend le pouvoir en Arabie en 1932 et y règne en maître absolu depuis ce moment. La Grande Bretagne installe comme roi d'Arabie un allié, A'bd el A'ziz A'bdel Rah'man Ibn el Saou'd, qui va lui ouvrir l'accès aux champs pétrolifères.
Même si l'Angleterre a été remplacée depuis cette époque, en grande partie, par les Etats-Unis, les "coups tordus" n'ont pas cessé entre les tribus de la "Jézirat al a'rab". De plus, les protestations nationalistes contre la "puissance impérialiste" ont commencé à se faire entendre, de plus en plus bruyamment et de manière de plus en plus sanglante depuis la guerre contre l'Irak de 1991!
Grâce à l'argent du pétrole, le wahabisme est en train de supplanter progressivement l'Islam sunnite. Dominant une grande partie de la péninsule arabique, grâce aux subsides arabes, il s'insinue en Egypte et chez les Palestiniens, en Algérie, et dans l'Islam d'Europe, d'Asie et d'Amérique. Il y parvient par l'argent et, dans sa version la plus extrême (voir cidessous), par un cortège de "coups fourrés" qu'on appelle aujourd'hui "attentats terroristes". Le but est toujours le même, frapper l'imagination, faire peur et déstabiliser, pour conquérir en fin de compte. En dehors des mosquées et des écoles coraniques, l'argent wahabi alimente aussi en Occident, notamment en France, certains médias, des milieux d'influence et des ONG. D'où la naissance d'un courant de pensée "islamiquement correct", comparable au défaitisme précédant l'occupation allemande.
Il ne faut pas perdre de vue que la dynastie du Hedjaz devant régner sur l'Arabie est la dynastie Hachémite. Elle a été dépossédée de son héritage par les Anglais au profit des al Saoud. Elle a été "compensée" par la création artificielle de 2 royaumes, celui d'Irak, qui a aussitôt disparu au profit d'une république, et le royaume de Jordanie qui perdure et où règne aujourd'hui le petit-fis du roi A'bdallah, A'bdallah II.
À ce jour, le wahabisme concerne 100 millions de musulmans et il a donné naissance à un rejeton terroriste, al Qaeda, dirigé par Osama Ben Laden, dont la riche famille avait le monopole de l'exportation de la gomme arabique (laden). Le père d'Oussama est yéménite, sa mère et son principal maître sont Syriens. On estime la nébuleuse islamiste terroriste à un centaine de milliers de personnes réparties dans le monde.
La réforme du salafisme et engendrement de la terreur
Tout au long de son existence, l'Islam a été secoué par des
crises et une volonté d'islamiser le monde, s'étendant sur un espace sans
frontières, comme un nomade dans le désert. En fait l'Islam avait atteint déjà
atteint son apogée, un ou deux siècles après sa naissance. Pendant une dizaine
de siècles, il a surtout cherché à consolider les territoires acquis à la foi.
Malgré que le prosélytisme ait progressé, l'espace territorial musulman n'a
fait que refluer. Et depuis le Moyen âge les intellectuels égyptiens cherchent
à rénover l'Islam. Ibn Taa'miyah, un érudit, prône déjà le retour aux textes
fondamentaux du Coran et du Hadith et de suivre l'exemple des "pieux
anciens" ou "al salaf al saleh'" (d'où salafi). Sa devise était "il n'y a pas de défaut dans l'Islam, la faille se
trouve chez les Musulmans".
La campagne de Napoléon en Egypte en 1798 et la colonisation européenne de l'Afrique et du Moyen Orient asiatique ont bouleversé la pensée islamique qui était prête à une réforme profonde de l'Islam, à cette époque. En effet, l'Islam devait s'adapter au "siècle des lumières" et surtout mettre un terme à son déclin continu et à la perte de son rayonnement sur le plan mondial.
Deux courants sont nés d'une même origine, l'un appelant au retour aux sources de l'Islam, l'autre résolument tourné vers l'avenir et cherchant à modifier la religion en profondeur. Au 19ème siècle, Jamal al Din al Afghani a fait partie de la première mouvance et Mohamed A'bdo, de la seconde. Ce dernier a été boycotté dès qu'il s'est prononcé contre la polygamie. On peut dire qu'Ibn Taa'miyah et les deux hommes cités ont échafaudé la doctrine du salafisme du 20ème siècle, soit en substance:
- Hostilité vis à vis des mœurs de l'Occident, mais admiration devant ses réalisations scientifiques.
- Retour aux idées des "pieux ancêtres" (al salaf al saleh')
- Forte opposition au mysticisme soufi
- Prééminence de l'arabité en Islam
Ils eurent des disciples au 20ème siècle: le frère musulman Hassan al Banna, le nazi Haj Amin al Husseini, Izz al Din al Qassam (qui adonné son nom au missile créé à Gaza).
Cette doctrine a donné aussi un disciple dit "modéré" le sheikh Ali abdel Razeq, enseignant à l'université d'al Azhar au Caire. Il voulait séparer la religion de l'état et adapter l'Islam à la modernité. Mais il fut renvoyé de l'université pour avoir écrit un livre traitant de la réforme de l'Islam qui fut considéré comme hérétique. C'était en 1925.
Ainsi la révision des doctrines politiques liées à l'Islam, au lieu de mener vers une adaptation progressive de cette religion à l'évolution du monde -- ce qui était encore possible dès le 19ème siècle — l'a rejetée vers le passé, vers des pratiques ancestrales, vers le Jihad des premières et glorieuse années et l'a incitée à vouloir reconstituer la Ouma ou nation-mère et le caliphat.
En 1928, un instituteur égyptien Hassan el Banna crée à Alexandrie une confrérie islamiste "les Frères Musulmans", avec la profession de foi suivante "l'Islam est dogme et culte, patrie et nationalité, religion et état, spiritualité et action, Coran et sabre".
La doctrine de la terreur islamique a été élaborée par un Frère Musulman égyptien, Sayed Al Qoutb, dans une prison de Nasser. Né dans une famille de la haute bourgeoisie en 1906, cet homme était destiné à une carrière littéraire et donnait même dans la philosophie existentielle. Son séjour aux Etats-Unis dans les années 40 où il obtint une maîtrise littéraire à l'Université d'état du Colorado l'aurait traumatisé, du fait de la liberté sexuelle qu'il y a côtoyée. À son retour, il s'affilia au mouvement islamiste "Frères Musulmans" de Hassan El Banna, devint le rédacteur en chef de son journal et aida les "officiers libres" à prendre le pouvoir. Mais le panarabisme de Nasser ne passant pas par un état islamique, Sayed Al Qoutb s'est vite retrouvé en prison où il resta pratiquement de 1954 jusqu'à sa pendaison en 1966. Il mit à profit une très pénible incarcération pour écrire notamment un monument de 15 volumes, une exégèse du Coran, traduite aujourd'hui en anglais. "A l'ombre du Coran" est un travail gigantesque de mise à jour du Coran et d'élaboration d'une doctrine de vie et d'action pour l'Islam. Il s'adresse à tous les Musulmans mécontents de la vie qu'ils mènent et de leurs dirigeants. Et ils sont nombreux à qui Al Qoutb explique que l'Occident décadent a pourri l'essence de l'Islam et que pour s'en sortir il faut revenir à sa pureté originelle, avec des moyens de lutte adaptés à l'époque moderne, terreur, martyr et propagande.
Il semble que le texte ne soit ni superficiel, ni anodin, mais solidement étayé, bien écrit et souvent convaincant pour un esprit qui n'est pas aux aguets.
Cette énorme exégèse est déjà la Bible des terroristes islamiques du monde entier, et c'est avec elle que ceux-ci vont vaincre et conquérir un Occident démocratique, apparemment mou et sans idéal. Pour y installer le futur califat et la "sharia'h", utopie de la perfection et de la pureté, ordre supernaturel et divin s'imposant aux hommes, ordre relayé sur terre par des mollahs munis de tous les pouvoirs "divins".
Le frère de ce Sayed a réussi à sauver sa vie en s'enfuyant en Arabie où il devint professeur de philosophie islamique: un des ses élèves était Ousama Ben Laden.
Et le médecin égyptien Zayman al Zawahiri, bras droit d'Ousama Ben Laden faisait partie de la confrérie des Frères Musulmans (voir www.nuitdorient.com/n1112.htm).
Une enquête de l'Institut américain PEW auprès de 20 000 musulmans au Moyen et Proche Orient et en Occident a été menée en 2004/2005 et se trouve sur le net. Une quarantaine de pages que nous résumons pour l'essentiel, sous toute réserve, du fait que l'opinion dans certains pays arabo-musulmans peut varier très vite avec les événements marquants. (www.pew.org)
- Les arabo-musulmans souhaitent dans leur pays un rôle plus important de la religion en politique espérant une moralité plus grande, en vivant selon la sharia'h pour les pays musulmans, et dans le but de neutraliser l'influence occidentale, pour les pays arabes.
- Les musulmans du Liban et de Jordanie sont peu ou pas préoccupés par l'extrémisme actuel, contrairement aux musulmans d'autres pays.
- Pour 50 à 75% les musulmans des pays arabes justifient les attaques-suicides, alors que 75% des musulmans des autres pays les condamnent.
- Les musulmans des pays arabo-musulmans qui ont un semblant de démocratie (Turquie, Liban, Maroc..) et ceux qui subissent les attaques terroristes estiment de moins en moins Ben Laden ou ne l'estiment plus du tout.
- En Occident, les musulmans sont à 80% attachés aux valeurs de liberté et de démocratie; mais ils souhaitent le retour à une plus grande rigueur dans l'exercice du culte. En fait on observe une recherche d'identité à travers la religion des parents.
Des modérés existent bien sûr, des intellectuels, des journalistes, des religieux qui parviennent à s'exprimer, mais aussi difficilement que dans leur pays d'origine. Pourquoi ?
- D'abord, il est difficile pour les modérés de se battre contre des rouleaux compresseurs financés par les pétrodollars, que sont les mosquées salafi et les sermons enflammés des imams formés au wahabisme, les madrassas ou écoles privées coraniques qui distillent la haine de l'autre, les médias notamment la TV par satellite al Jazira et d'autres
- Ensuite, il n'est pas facile pour les modérés d'aller à contre-courant d'une mode ou d'une pensée dominante, dite "islamiquement correcte". La violence fascine; la terreur fait peur, mais elle magnifie son auteur; l'attentat-suicide est excusé ou justifié, comme moyen pour parvenir à ses fins. De plus, l'idée que les extrémistes sont les victimes du capitalisme, les victimes des dictatures arabes ou musulmanes, ou d'Israël; cette idée où on inverse les rôles bourreau-victime, est très répandue en Occident. Elle est véhiculée et justifiée par de nombreux médias occidentaux et même par des hommes politiques et des personnes influentes.
C'est pourquoi, les Musulmans modérés sont les premières victimes de cette attitude occidentale permissive, qui devrait pourtant être impitoyable vis à vis d'une idéologie totalitaire.
Ce n'est pas le maire de
Londres Ken Livingstone qui va promouvoir les modérés d'origine pakistanaise,
quand il qualifie l'extrémiste al Qaradawi d'"homme de modération et de
tolérance", alors que dans sa rubrique du samedi soir sur al Jazira, cet
imam égyptien lance des diatribes distillant un venin anti-occidental et
anti-juif.
ou lorsque Tony Blair prend comme conseiller Tareq Ramadan, le petit-fils de Hassan el Banna, créateur du
mouvement des Frères Musulmans en Egypte.
Ainsi pour diverses raisons, des groupes influents en Occident sont devenus les alliés objectifs de l'extrémisme radical.
- De plus, les modérés subissent des menaces et des pressions, souvent violentes. Salman Roushdie devait se cacher pendant des années. Combien de modérés Iraniens ont été assassinés en France. Les personnes qui prennent des positions en flèche sont obligées d'avoir des gardes du corps. La courageuse Irshad Manji nous a dit qu'elle refusait de prendre des gardes de corps, à ses risques et périls….
- Enfin, les modérés ne sont pas aussi bien organisés que
les radicaux, et souvent, pas organisés du tout, "par
apathie craintive et fataliste propre à l'Orient Musulman", comme
disait Churchill.
Comme la liberté d'expression n'existe pas toujours, il est difficile de connaître l'ampleur de la modération, malgré tous les sondages.
Dans la mentalité du Moyen Orient, il faut regarder du côté
de la tête et non pas de la base. Comme on l'a vu, c'est le chef qui donne le
ton. Il y a ainsi des chefs d'état au Qatar, dans les émirats et en Jordanie
qui prônent la tolérance et l'ouverture. Il y a aussi des chefs religieux en
Egypte et même en Arabie, quoique rares, dont les fatwas sont modérées et vont
dans le sens de l'acceptation de l'autre, de celui qui est différent. Ainsi le
sheikh Mohamed Sayed Tantawi, à la tête de l'Université al Azhar du Caire, a
émis une fatwa de conciliation: "L’Islam ne doit pas interdire la normalisation des
relations avec d’autres pays, particulièrement avec Israël, aussi longtemps que
la normalisation n’affecte pas la religion".
Il faut aussi noter qu'un organisme de grande valeur, qui
s'appelle Memri (www.memri.org ), traduit
en plusieurs langues tous les médias du Moyen Orient arabe. Ce qui nous permet
non seulement d'avoir le baromètre de la haine arabe, mais aussi de nous rendre
compte de l'existence de journalistes, d'universitaires et d'hommes de valeur
musulmans qui ont un esprit libre et ouvert, et qui s'expriment courageusement.
Mais sous la pression extrémiste, toute critique est considérée comme une
trahison de la Oumah de l'Islam. Ainsi, ces esprits libres sont souvent en
danger. Sadate a été assassiné par des Frères
Musulmans en plein défilé militaire, parce qu'il avait signé un accord de paix
avec Israël; l'ambassadeur égyptien à Bagdad, Ihab al Sharif, homme de paix et
de dialogue a été capturé récemment alors qu'il allait acheter son journal,
sans garde de corps, en toute confiance; puis il a été décapité par les
insurgés sunnites d'al Zarqaoui.
Combien de Libanais modérés et anti-syriens ont-ils été assassinés depuis quelques mois?
D'une manière générale, au Moyen Orient la liberté d'expression et la critique sont au mieux muselées, sinon réprimées. On ne peut librement critiquer qu'Israël et les Juifs, à la rigueur les Etats-unis, boucs émissaires de la faillite socio-économique. Il faut beaucoup de courage pour s'exprimer librement sur d'autres sujets, sauf dans les pays où il y a séparation de l'état et de la religion comme en Turquie, ou si le pouvoir est éclairé comme en Jordanie. Après un demi siècle de dictatures, la masse silencieuse a oublié l'esprit critique, l'esprit d'ouverture et de tolérance qui régnait jadis à Beyrouth, à Téhéran ou au Caire. Cette culture est oubliée, voire perdue. Certains, comme l'oncle du roi Abdallah de Jordanie, cherchent à la faire revivre. "Le prince Hassan Ibn Talal a proposé la création d'un "parlement des cultures" au Moyen Orient pour fournir un cadre de dialogue, de compréhension mutuelle et de coopération entre les différentes traditions…."
La diffusion d'anciens films de cette époque y contribue également.
De mon point de vue, la masse silencieuse musulmane attend de ses chefs politiques, religieux et des médias des prises de position favorables à la modernité et à la modernisation des concepts islamiques. Et dans tous les cas de figure, les changements sérieux vers la démocratie ne viendront que du sommet.
Je voudrais tout d'abord citer ici 2 dirigeants musulmans, l'un roi d'un petit état, A'badallah de Jordanie, l'autre l'ex-président du plus grand état musulman, l'Indonésie.
Voici d'abord un extrait d'un article d'A'bdallah paru dans
le Washington Post du 7/12/02 et qui est très révélateur; il dit: "…En fait, rien n'est fondamentalement
islamique à propos de ces extrémistes. Ce sont surtout des religieux du type
"totalitaire" dans la longue lignée d'extrémistes existant dans
toutes les religions et qui cherchent le pouvoir par l'intimidation, la
violence et la rapine. … Le prophète Mohamed nous dit que la plus grande guerre
sainte n'est pas du tout dirigée contre les autres, mais contre nos propres
faiblesses; c'est la "guerre contre l'ego". …
Ces mots font partie de l'éducation de base que reçoit tout élève Arabe ou Musulman. Je le sais parce que j'en étais. Ainsi quand aujourd'hui des terroristes visent des innocents, ils fournissent la preuve directe de leurs objectifs: pouvoir politique, mais pas de religion…."
Lors d'un récent sommet des états arabes, A'bdallah II a été le seul chef d'état arabe à préconiser la reconnaissance d'Israël par tous les états arabes et islamiques, avant toute négociation avec les Palestiniens, et il a demandé qu'on tienne compte de la réalité du terrain, en ce qui concerne les implantations de Cisjordanie. On ne l'a pas écouté. Pas encore.
Récemment en juillet, il a réuni à Amman 180 spécialistes du terrorisme venant de 45 pays, et leur a dit notamment "Une mesure cruciale à prendre est d'instaurer la tolérance 0 pour ceux qui font la promotion de la terreur et de l'extrémisme…La Jordanie veut que l'Islam véritable, qui est modéré et traditionnel, remplace cet Islam militant, fondamentaliste et radical, partout dans le monde et pour chaque musulman… et toutes les fatwas prônant l'extrémisme et le terrorisme sont illégitimes"
Le 16 novembre il persiste et signe à Rome lors d'une
interview au Corriere della Sera. Il demande à tous les Musulmans du monde de
rejeter les "hérétiques" qui prônent le terrorisme, disant que le
combat à long terme contre l'extrémisme nécessite un changement radical sur le
plan culturel. Il demande aux autorités des pays du Moyen Orient d'expliquer et
d'enseigner dans les écoles et dans les médias que l'extrémisme n'a rien de
commun avec l'Islam. "Chaque Musulman doit se
poser la question de savoir si ceux qui se font sauter au milieu d'une fête ou
d'un mariage tuant des enfants et des vieillards représentent vraiment notre
religion. Il doit y avoir une mobilisation générale contre le terrorisme".
On aimerait que d'autres responsables arabes tiennent le même langage!
En ce qui concerne Abderrah'man Abdelwah'ed, l'ancien
président de l'Indonésie, il était à un moment donné favorable à la révolution
islamique iranienne. Mais découvrant le vrai visage de cette dernière, il a peu
à peu évolué vers une doctrine de "démocratie islamique" fondée sur
les droits de l'homme, presque sans équivalent dans le monde musulman. Cette évolution l'a conduit à une sympathie de plus en plus
affirmée envers le judaïsme et Israël, au point qu'il a envoyé sa fille aînée
étudier à l'université hébraïque de Jérusalem.
Parmi les intellectuels et les religieux, je citerai deux personnes qui peuvent avoir une influence sur la population musulmane:
- le Saoudien Mansour al Nouqeidan, imam d'une mosquée à Riyad. D'abord extrémiste violent, cet homme a évolué vers une plus grande sagesse à 35 ans, après plusieurs années en prison. Il est devenu le critique le plus courageux de l'islamisme. Il accuse le système d'éducation saoudien de répandre les idées de terreur. Il revendique la séparation de la religion de l'Etat. Dans une interview récente au Financial Times, il déclare "il nous faut un Ataturk" (j'ai dit par ailleurs que les modérés musulmans avaient besoin d'un Rambo, un homme ou une femme charismatique)
- Shaqer al Naboulsi va plus loin et il est devenu le porte parole du groupe "Nouveaux arabes libéraux" dont le manifeste revendique:
a) Une réforme compète de l'éducation religieuse, puisque le terrorisme est né de la religion
b) La lutte sans réserve contre la terreur
c) La réévaluation des valeurs de l'Islam, notamment le rejet de l'hostilité à l'égard des non-croyants et la réforme ou le rejet de nombreuses lois surannées de la sharia'h
d) La réévaluation de la pensée islamique, échafaudée au cours de l'histoire, souvent par des ignorants, et son adaptation à la science et à la modernité
e) La mise en place de la démocratie et le combat du despotisme et de la tyrannie, avec l'aide, s'il le faut, des forces occidentales, puis que les forces d'opposition de l'intérieur n'ont plus la capacité de le faire
f) Égalité totale des droits de la femme.
Les extrémismes actuels wahabi, salafi ou shiite sont de véritables dangers pour l'Occident et pour Israël, et pas seulement des menaces. Ce sont aussi des foyers de propagande et de contamination pour des populations dans la détresse.
Les Musulmans modérés sont des hommes ou des femmes isolés, des journalistes, des intellectuels ou des religieux, ou même des dirigeants politiques; notre devoir c'est de les soutenir dans leur action, de les encourager à poursuivre et même si possible d'amplifier leur action. Car ce sont des gens courageux et menacés, dans un milieu souvent hostile qui n'accepte pas les idées nouvelles ou la critique. Il faut aussi encourager l'émancipation de la femme arabe. Ces hommes et ces femmes modérés sont la clé de la stabilité future du Moyen Orient.
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