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FEMMES ET ENFANTS EN BOUCLIERS HUMAINS,
tradition bédouine devenue islamiste (1)
Par Ahmed Ghlamallah
Riposte Laïque, Numéro 71, le 12 janvier 2009
Les historiens musulmans ne se privent pas de rapporter que, dans les batailles décisives, les conquérants arabes se faisaient escorter de leurs femmes et de leurs enfants pour signifier leur détermination. Une manière de dire qu’ils y mettaient le paquet, décidés à jouer le tout pour le tout : vaincre ou périr avec les leurs.
Conscients de l’enjeu, ces derniers les encourageaient en attisant leur ardeur au combat, y prenant part si nécessaire. Les gestes bédouines (2) sont pleines de récits détaillant ces scènes de combat où un rôle est assigné aux femmes et aux enfants, des civils comme nous dirions aujourd’hui. Enfin, le prophète Mahomet se faisait lui-même accompagné de l’une de ses épouses, parfois de deux, dans la plupart des razzias qu’il conduisait.
Cette utilisation des femmes et des enfants dans les combats est une tradition bédouine qui, avec le temps, est devenue islamique. Elle est de ce fait ancrée dans la mentalité musulmane. Les femmes et les enfants sont ainsi considérés comme une force d’appui, auxiliaire et intégrée au dispositif de combat.
La présence de femmes et d’enfants symbolise par ailleurs d’autres aspects : d’une part la présentation de la communauté dans son ensemble, et non pas du seul combattant, ce qui a pour effet de conférer à celui-ci un pouvoir certain et une idée de légitimation par la notion de collectif ; d’autre part l’idée de communauté qui, dépassant et intégrant le combattant, participe à une thématique de protection qui apporte une autre composante a ce combattant, à la fois guerrier et protecteur. Ces deux dimensions font sens à la fois pour les civils qui l’accompagnent, vis-à-vis de l’ennemi et des témoins. En langue arabe, celui qui meurt au combat est celui qui témoigne de sa foi et, en même temps, celui dont la communauté témoigne de sa mort. C’est le sens des mots chahid et istach-hada.
Le Hamas n’a rien inventé en la matière, sa stratégie belliqueuse s’inscrit dans cette tradition à forte charge symbolique, qu’il revendique. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que des civils, selon notre conception juridique et les conventions internationales, prennent part au combat, dussent-ils se faire exploser ou servir de bouclier humain.
Ainsi nous trouvons-nous devant deux conceptions opposées du statut des civils dans les conflits meurtriers, selon qu’on soit de culture occidentale ou islamique : victimes innocentes ici, partie prenante là.
Les islamistes n’ignorent pas cette différence de conception et en jouent cyniquement dans l’orchestration de leur propagande à destination de l’Occident, en particulier à une époque où la guerre se gagne de plus en plus par les médias, qui en « témoignent ». Cela se traduit par un double discours, victimaire qui invoque à l’envi le « massacre de civils innocents, femmes et enfants » ici, mais qui fait de ces victimes des martyrs, témoins exemplaires là. Et l’image décuple singulièrement l’effet de ce discours.
Le fait que le vocabulaire désignant Israël emprunte des termes appartenant à une période traumatisante de l’histoire occidentale, tels nazi, SS, camp de concentration, extermination, etc., devrait inciter à la plus grande prudence.
Il faut toujours se méfier de la transposition d’un schéma mental, voire d’une prédisposition socio-historique et de valeurs sur une réalité « culturelle » différente, où ce schéma et ces valeurs sont absents. Entachée d’émotion, l’analyse qui en découle, quand elle existe, est non seulement non pertinente, mais source de confusion dans la compréhension des phénomènes et des choses.
Les esprits compatissants qui prennent prétexte des victimes civiles de Gaza pour vouer Israël aux gémonies illustrent parfaitement cette confusion. En fait, ils sont la cible tout désignée de la propagande conçue à leur intention. En tombant à leur insu dans le piège qui leur est tendu, ils participent au malheur du monde.
Les auteurs des inscriptions sur les pancartes et les banderoles exhibées dans les manifestations pro palestiniennes savaient ce qu’ils faisaient. En conscience et avec mauvaise foi. Les idiots utiles qui les ont soutenus n’ont jamais autant mérité leur nom. C’est un autre avatar de l’interculturel.
Notes
(1) Annie Lessard, Marc Lebuis
« Les historiens musulmans rapportent que dans les batailles décisives, les conquérants arabes se faisaient escorter de leurs femmes et de leurs enfants. Le Hamas se revendique de cette tradition. On est devant deux conceptions opposées du statut des civils dans les conflits meurtriers, selon qu’on soit de culture occidentale ou islamique : victimes innocentes ici, partie prenante là. Les islamistes n’ignorent pas cette différence de conception et en jouent cyniquement dans leur propagande ».
Dans une déclaration télévisée (ici), un chef du Hamas déclarait que pour le peuple palestinien, la mort était devenue une véritable « industrie » dans laquelle excellent les femmes, les enfants et les personnes âgées. Les grandes ONG internationales grassement financées comme Amnesty et Human Rights Watch n’ont pas dénoncé ces pratiques, témoignant de leur démission morale.
(2) La Geste hilalienne, par exemple, sur laquelle on peut lire ceci La Geste hilalienne, recueillie et traduite de l’arabe par Lucienne Saâda (Ed. Gallimard)