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LE SALAFISME EN DIX
QUESTIONS
Par Mohamed Sifaoui, Journaliste
et coauteur avec Philippe Bercovici de «Ben Laden
dévoilé, la BD-attentat contre Al-Qaïda», Editions 12 Bis. Il est aussi
l’auteur de «Pourquoi l’islamisme séduit-il ?», Editions Armand Colin, à
paraître le 27 janvier 2010.
06/11/2009
1. Qui sont les salafistes ?
Le salafisme puise sa racine dans
le mot arabe salaf, qui veut littéralement dire « les
prédécesseurs ». On parle d'essalaf essalah,ou des « pieux prédécesseurs »,
pour désigner les premiers compagnons du prophète Mahomet. Aujourd'hui, les
salafistes les prennent pour exemple et appellent à un retour à « l'islam des
origines », expurgé de la bidaa ou des « innovations blâmables
» qui, de leur point de vue, pervertissent la religion. Ainsi, toutes les
influences occidentales, toutes les idées humanistes et les principes
philosophiques, comme la démocratie ou la laïcité, sont-ils rejetés. C'est
l'école de pensée hanbalite, fondée par l'imam Ahmed ibn Hanbal (780-855) au
IXe siècle, qui a forgé les racines de l'idéologie salafiste. Deux disciples de
cette doctrine, l'imam ibn Taymiya (1263-1328) et Mohamed ibn Abdelwahab
(1703-1792), en deviendront ensuite les deux principales références
idéologiques. Abdelwahab, fondateur du dogme wahhabite et néanmoins cofondateur
de la monarchie saoudienne, donnera naissance à ce « salafisme missionnaire »
(sujet de notre enquête) véhiculé de nos jours : inégalité entre les hommes et les
femmes ; droit pénal reposant sur les châtiments corporels ; rigorisme dans les
rapports sociaux ; rejet des droits de l'homme. Dopé à coups de pétrodollars,
ce salafisme s'est progressivement propagé à travers le monde.
Au XXe siècle, cette pensée salafiste
se politise également en se « réformant » sous l'impulsion des Frères
musulmans, une confrérie intégriste fondée en Egypte, en 1928, par Hasan
al-Banna (1906-1949). Les Frères n'hésitent pas à créer des partis et à
s'engager dans la vie politique et associative. Néanmoins, leurs divergences
doctrinales avec les tenants du wahhabisme ne font pas d'eux pour autant des «
progressistes » : eux aussi prônent l'application de la charia (la loi
coranique) et l'instauration de républiques islamistes. Les Frères musulmans,
qu'on affuble parfois du qualificatif de « salafistes en costard-cravate »,
sont représentés en France par l'Union des organisations islamiques de France
(UOIF). Partisans d'une réislamisation « en douceur », ils sont en apparence
plus « ouverts » que les « salafistes en barbe et djellaba ».
D'autres salafistes, dits
djihadistes, préfèrent la confrontation. Leur doctrine est suivie aujourd'hui
par une nébuleuse comme al-Qaida. Qualifiés également de takfiris (ceux qui
pratiquent l'excommunication), ces adeptes de la guerre sainte ont les mêmes
références idéologiques que les autres.
2. Que veulent-ils ?
Bien que minoritaires dans le
monde musulman, les salafistes occupent le devant de la scène grâce à
l'activisme effréné de leurs militants et autres idéologues. La pensée
salafiste contrôle aujourd'hui plusieurs mosquées et une grande partie de la
littérature musulmane. S'agissant de l'Occident, ils appellent aussi au
communautarisme, espérant réislamiser les membres de la communauté musulmane et
convertir autant que faire se peut des personnes séduites par une idéologie
politico-religieuse incompatible avec les valeurs universelles. Pour autant,
contrairement à certains fantasmes entretenus par des milieux d'extrême droite,
l'objectif principal des salafistes n'est pas l'islamisation de l'Europe, mais
la mise en place de conditions qui leur permettraient de pratiquer leur vision
de l'islam comme ils l'entendent, même si celle-ci est contradictoire avec
l'esprit des Lumières. De leur côté, les Frères musulmans souhaitent ériger un
groupe de pression à même de peser sur les débats nationaux et internationaux,
et veulent constituer une force lobbyiste susceptible de faire naître un « vote
musulman ».
3. Combien sont-ils en France ?
Il est difficile de connaître avec
exactitude le nombre de salafistes présents en France (et en Europe). Il serait
possible néanmoins d'avoir une estimation quand on sait que seuls 10 % des 5
millions de musulmans de France sont des pratiquants réguliers qui fréquentent les
1 900 mosquées et salles de prière avec assiduité. Ayant centré leur vie autour
du lieu de culte et de la pratique, ils représentent une forte minorité de ces
pratiquants. Mais ils donnent l'impression d'être majoritaires grâce à leur
activisme, leur excitation militante, leur présence sur le net, leur
accoutrement ostensiblement prosélyte, et à travers leur engagement dans
l'action sociale au sein des quartiers. Les salafistes ont ainsi montré leur
poids réel lors des manifestations contre la loi interdisant les signes
religieux à l'école. A analyser également, les rencontres annuelles du Bourget
qu'organise l'UOIF, cette filiale française de la pensée des Frères musulmans,
qui peine à rassembler plus de 20 000 personnes, même si elle prétend le
contraire.
Il existerait une cinquantaine de
mosquées ou de lieux de prière tenus par les partisans du wahhabisme saoudien
et de la pensée salafiste prosélyte, et beaucoup plus dirigés par l'UOIF, qui
ne représente cependant qu'un tiers des musulmans pratiquants dans les
instances du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Les mosquées salafistes wahhabites
sont souvent implantées au cœur des cités populaires. Il en existe en région
parisienne - à Sartrouville, Argenteuil ou Gennevilliers notamment -, dans la
région lyonnaise, dans le Nord, ainsi qu'à Marseille ou Besançon. Mais on en
trouve aussi dans Paris intra-muros, au cœur des quartiers de Belleville et de
Barbès.
4. Qui finance la propagation du
salafisme ?
Outre l'Etat saoudien qui, au
travers de la Ligue islamique mondiale, a longtemps financé cette idéologie, de
nombreux mécènes arabes du golfe Persique accordent des millions d'euros par an
pour faire rayonner à travers le monde le « vrai islam », comme ils aiment
qualifier le salafisme. En France, plusieurs mosquées ont été construites grâce
à des fonds provenant des monarchies arabes et de la Ligue islamique mondiale :
les mosquées d'Evry et de Mantes-la-Jolie, par exemple. L'Arabie saoudite
propage le salafisme en formant dans ses universités de Riyad, de La Mecque et
de Médine des milliers d'étudiants saoudiens ou étrangers. Ce salafisme «
missionnaire » a été véhiculé aussi par les écoles coraniques pakistanaises,
notamment celle de Karachi, qui enseigne la pensée dite deobandie, une version
indo-pakistanaise du salafisme ayant donné naissance aux fameux talibans. Les
Frères musulmans ont, quant à eux, longtemps bénéficié de l'aide des Saoudiens,
qui ont permis l'ouverture en Europe du Centre islamique de Genève, fondé par
Saïd Ramadan (père de Tariq Ramadan et gendre de Hasan al-Banna). Et, lorsque
l'UOIF est créée, au début des années 80, par des islamistes tunisiens et par
l'activiste libanais Fayçal Mawlawi, l'organisation profitera de nombreux
soutiens émanant des Emirats arabes unis. Aujourd'hui, l'UOIF recevrait, selon
les différentes estimations, entre 30 et 60 % de son financement de pays ou de
personnalités arabes. Les associations qui sont liées à l'UOIF tirent également
une partie de leur argent de la certification halal, un commerce communautaire
qu'ils ne cessent de promouvoir tant il est lucratif.
5. Qui sont leurs idéologues ?
Parmi les contemporains, on peut
compter des Egyptiens issus des Frères musulmans comme Sayyid Qutb (1906-1966)
ou Youssouf al-Qaradawi, qui ne cesse de justifier les attentats suicides et
l'instauration de la charia. Bien qu'il s'en défende, Tariq Ramadan, qui se
laisse complaisamment affubler parfois du titre de théologien, est en réalité
un idéologue de la pensée salafiste des Frères musulmans. Il n'hésite pas à fustiger
le wahhabisme saoudien, mais cela ne fait pas de lui un progressiste ou un
libéral ni un réformateur. Ses références idéologiques demeurent les fondateurs
de la pensée des Frères et les théoriciens qui l'ont sophistiquée pour en faire
un instrument de lutte politico-idéologique, en l'occurrence son propre
grand-père Hasan al-Banna, auquel il voue une admiration sans pareille, ou
encore le Pakistanais Abu al-Ala al-Mawdoudi (1903-1979). Tariq Ramadan s'est
singularisé en utilisant des codes de langage et d'écriture occidentaux pour
propager une pensée frériste qui a su adapter son discours aux opinions
publiques européennes. Il ne propose qu'une version d'un salafisme en apparence
plus « doux ».
D'autres « penseurs », des
Saoudiens, ont assuré le rayonnement du salafisme wahhabite à travers le monde.
C'est le cas du cheikh Ibn Baz (1909-1999), qui a toujours prêché un islam pur
et dur. Salih bin Fawzan al-Fawzan, un Saoudien, est « apprécié » par les
salafistes européens : il recommande à ses adeptes de ne pas«ressembler aux
mécréants dans ce qui leur est spécifique». Il est de ceux qui
incitent les femmes à porter le voile intégral, refusant même le voile
classique qui permet de laisser le visage des femmes visible. Autre gourou très
écouté par les salafistes : le cheikh Mohamed ibn Saleh al-Otheimine. Il
interdit, entre autres, de «féliciter les mécréants [juifs et
chrétiens notamment] durant leurs fêtes religieuses». Enfin le
cheikh Nacereddine al-Albani (1914-1999), un idéologue albano-syrien, a produit
une floraison de fatwas (édits religieux) tout aussi intégristes les unes que
les autres et a notamment prohibé l'usage de la télévision et de la radio.
6. Quels sont leurs relais
médiatiques ?
Bien que certains idéologues
interdisent la télévision, d'autres appellent à ce que l'utilisation de ce
média soit exclusivement réservée à la propagation de l'islam. C'est le cas par
exemple de plusieurs chaînes satellitaires arabes, qui accordent une large
place à ces salafiste prêchant « la bonne parole » tant en direction des
sociétés musulmanes que de l'Occident. Les prêcheurs se succèdent sur des
chaînes qui, du Qatar à l'Egypte en passant par les Emirats, font de la
surenchère en jouant sur les notions du licite et de l'illicite très chères à
Youssouf al-Qaradawi. Une fois par semaine, celui-ci anime l'émission phare «
Al-Sharia oua Al-Hayat » (la charia et la vie) sur les plateaux de la chaîne
al-Jezira, au cours de laquelle il traite de toutes les questions d'actualité,
parfois avec une violence inouïe. Cela dit, internet est devenu le moyen
principal pour véhiculer les idées salafistes, que ce soient celles des Frères
musulmans ou celles des wahhabites et même celles des djihadistes. Les sites et
les forums se comptent par centaines et, là aussi, tous les sujets sont
abordés. Actuellement, plusieurs salafistes tentent de se mobiliser sur le net
contre une éventuelle loi sur le voile intégral. Mobilisation qui voit son
prolongement sur le web 2.0 et notamment sur des réseaux sociaux tels que
Facebook, qui recèle des dizaines de profils se revendiquant clairement de
cette idéologie. Enfin, les nombreuses librairies dites musulmanes propagent en
réalité l'idéologie salafiste. C'est le cas d'al-Tawhid à Lyon, qui diffuse la
littérature des frères Ramadan et celle des penseurs fréristes, ou d'autres
échoppes qui proposent, quant à elles, les ouvrages des idéologues saoudiens.
7. Le salafisme est-il compatible
avec la République ?
Les salafistes sont contre la
mixité, ils rejettent les minorités religieuses et sexuelles, encouragent le
communautarisme, ne reconnaissent pas les valeurs de fraternité en dehors de
l'oumma (la nation islamique) et refusent toutes les notions de liberté qui
contredisent leur vision de l'islam. Les textes salafistes montrent l'étendue qui
sépare cette idéologie totalitaire des principes républicains. Ainsi, le cheikh
Otheimine, par exemple, appelle-t-il les femmes musulmanes à ne quitter leur
domicile qu'en cas de nécessité et qu'avec «l'autorisation du mari ou
du tuteur». Il précise : «La femme est libre chez elle, elle
se rend dans toutes les pièces de la maison et travaille en accomplissant les
tâches ménagères.» Et d'ajouter à leur intention : «Que ces
femmes craignent Allah et délaissent les propagandes occidentales
corruptrices!» Un autre cheikh, Salih bin Fawzan al-Fawzan, défenseur
du voile intégral, affirmait dans l'une de ses fatwas que «le visage de
la femme est uneawrah (partie à dissimuler) et qu'il est
obligatoire de le couvrir». Pour lui, «c'est la partie la plus
forte en tentation». Et il en va de même pour d'autres principes
fondamentaux qui forgent l'identité républicaine et laïque de la France. Le
salafisme, par exemple, n'accepte pas la liberté de conscience. S'il cherche à
endoctriner et à convertir des non-musulmans, il refuse catégoriquement qu'un
musulman puisse renier l'islam pour une autre religion. L'auteur d'une telle
apostasie doit être, selon eux, condamné à mort. De même que la liberté
d'expression et d'opinion, la critique des dogmes et des religions est prohibée.
8. Le salafisme est-il violent ?
Les multiples courants salafistes
représentent différents niveaux de dangerosité. Les djihadistes ou les takfiris
prônent le djihad et donc les actions terroristes. Durant ces dernières années,
plusieurs d'entre eux ont été arrêtés et condamnés dans des affaires «d'associations
de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste».
Le courant objet de notre enquête
se veut, lui, beaucoup plus réservé sur la question de la violence. Ces
fondamentalistes missionnaires préfèrent généralement raffermir leur foi et
considèrent parfois qu'étant donné les divergences qui existent entre les «
théologiens » au sujet du djihad, il n'est pas permis de s'engager dans cette
voie. Néanmoins, ils représentent un danger pour le vivre ensemble, et leur
vision de l'islam est incompatible avec les règles d'une société laïque et
démocratique. En effet, tous les salafistes, y compris ceux qui prétendent le
contraire, rejettent la laïcité. Il ne peut y avoir, selon leurs idéologues, de
séparation entre les Eglises et l'Etat puisque, pour eux, «l'islam
est un englobant qui doit régir toute la vie du musulman». Idem pour
la démocratie, qu'ils considèrent comme une mécréance dans la mesure où
celle-ci consacre le principe de la souveraineté du peuple alors qu'ils
estiment que «la souveraineté ne doit revenir qu'à Dieu et à Dieu
seul».
Les Frères musulmans prétendent
officiellement accepter ces deux valeurs. Le salafisme dit réformiste qu'ils
incarnent prend part, en effet, au jeu démocratique lorsqu'il s'agit
d'élections. C'est le cas des Frères musulmans égyptiens ou du Hamas
palestinien. Cela étant dit, ils instrumentalisent la démocratie dans l'espoir
de s'approprier le pouvoir et ne la considèrent certainement pas comme un
système consacrant toutes les égalités et toutes les libertés.
9. Le voile est-il
une obligation de l'islam ?
Au lendemain de la révolution
iranienne en 1979, le voile est devenu, dans l'imaginaire collectif, le signe
de l'oppression de la femme et notamment du militantisme politique. D'un point
de vue théologique, les salafistes en font une véritable obsession, bien qu'il
n'existe que deux versets coraniques qui évoquent, de manière peu explicite, le
voile sans en déterminer sa forme exacte : «Ô Prophète ! Dis à tes épouses,
à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands
voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées.
Dieu est Pardonneur et Miséricordieux.»(sourate 33, verset 59) ; et «Et
dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne
montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile
sur leurs poitrines; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou
à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de
leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de
leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou
aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout
des parties cachées des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de
façon que l'on sache ce qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous
tous devant Dieu, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès.» (sourate 24, verset 31).
Pour les littéralistes, ces
versets seraient « clairs » et exigeraient le port du voile voire du niqab,
mais pour beaucoup de penseurs et de rationalistes musulmans, le port du voile
n'est pas une obligation. Gamal al-Banna, frère du fondateur des Frères musulmans,
pense, lui, que le voile n'est plus valable de nos jours étant donné que ces
versets s'adressaient à des femmes qui vivaient à une période précise où, de
Médine à Athènes, toutes les femmes étaient voilées. D'ailleurs, nombre de
musulmanes, en Tunisie ou en Turquie, y compris de ferventes pratiquantes, ne
le mettent que lors de l'accomplissement des prières ; d'autres, plus âgées, le
portent par tradition ou par pudeur. Récemment, le cheikh d'al-Azhar, le grand
institut de théologie du Caire, a déclaré que le port du voile intégral
relevait d'une «tradition et non pas du culte». Le cheikh Khaled
Bentounès, guide spirituel du soufisme maghrébin, a affirmé pour sa part qu'«on
a fait du voile un instrument idéologique pour avoir un stéréotype de femme
modèle», dénonçant ainsi cet uniforme de l'idéologie salafiste. En tout
état de cause, le retour du voile, sous ses différents aspects, coïncide avec
l'avènement du salafisme contemporain.
10. Une loi contre le voile
intégral est-elle applicable?
La question est actuellement en
débat. La commission d'enquête parlementaire rendra son avis en janvier 2010.
Pour l'heure, de nombreuses associations et des personnalités de la société
civile sont auditionnées par les députés. Il aurait sans doute été préférable
de créer une véritable commission d'enquête pour mieux connaître l'idéologie
salafiste et son ancrage dans la société française.
Dans le cas de la mise en place d'une
loi, il faudrait réfléchir dès à présent à son application. Nous sommes là
devant une situation sensiblement différente de celle qui avait prévalu durant
la polémique sur le voile à l'école, puisque l'interdiction de cet autre «
signe » de l'islamisme fut appliquée par les responsables des établissements
scolaires. Le respect d'une mesure visant à interdire le voile intégral devra
cette fois être assuré par la force publique, qui devra verbaliser ou emmener
au poste les éventuelles récalcitrantes. Et il y en aura ! Il faudrait en
outre avoir l'assurance que cette loi, si elle venait à être promulguée, s'appliquera
également l'été, lorsque les femmes et les filles ainsi que les servantes
des riches princes saoudiens ou qataris déambuleront sur les Champs-Elysées.