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L’ISLAM ET L’OCCIDENT
Par José Castano - joseph.castano0508@orange.fr
Le 27 janvier 2010
Pour mieux
comprendre la philosophie de l’Islam vis-à-vis du monde occidental, il faut se
plonger dans les textes.
Parmi les
"usages de la vie sédentaire" -tels que nous les définissons, nous,
Occidentaux- nous établissons un lien étroit entre la prospérité industrielle
et commerciale et la démographie, entre le développement économique et les
loisirs en y englobant la culture scientifique et l’affinement intellectuel.
Pour l’Islam, ce constat est synonyme de richesse, de bien-être, de luxe, avec
son influence amollissante et dissolue. "Une tribu qui se livre aux
jouissances du luxe se crée des obstacles à elle-même, prépare sa chute, elle
va à l’avilissement et à la servitude"». Ainsi parlent les
textes !…
Une civilisation
est une crise passagère de jouissance, gracieux prodrome du néant. Il est vrai
que les civilisations successives héritent les unes des autres, elles se "transmettent
de la dynastie qui précède à celle qui la remplace", des Perses aux
Omeyyades, puis aux Abbâssides, etc…, mais c’est
l’inverse de notre vitai lampada tradunt (apporter
la lumière de la vie). Ce que les dynasties se repassent ainsi, c’est le
germe de mort, le lot de microbes dont l’habitat des sédentaires ne peut jamais
être aseptisé.
Quant on lit
attentivement les textes arabes, on constate qu’entre l’Orient et l’Occident,
une des différences fondamentales est que l’Oriental a du passé humain, de
l’histoire, une conception biologique et non géographique. Pour eux, leur force
réside dans "l’esprit de clan", dans "cette sympathie
et ce dévouement qui portent chaque nomade à risquer sa vie pour le salut de
ses amis". On voit ici la différence avec notre patriotisme. Une
patrie est un pays géographique, un territoire délimité, c’est de la terre "qu’on
n’emporte pas", disait Danton, "à la semelle de ses souliers" ;
c’est du sol fixe hors duquel on se sent exilé. Et l’amour de ce sol, le patriotisme,
est un sentiment de sédentaire. Le clan, au contraire, est un groupe humain de
générations –considéré indépendamment de son substratum régional- une race, une
espèce biologique. L’esprit de clan est un élargissement de l’esprit de
famille, un orgueil de race. Il s’agit de sang et non de sol… ce qui nous
permet de mieux comprendre le phénomène migratoire actuel des populations
arabes. Et les textes nous éclairent encore à ce sujet : "Ne
possédant pas un territoire où elles puissent vivre dans l’abondance, elles
n’ont rien qui les attache à leur pays natal…, alors elles envahissent les pays
lointains" ; ce qui revient assez exactement à dire que les
grands peuples sont ceux qui n’ont pas de Patrie. Tout cela est très conforme
au sentiment universel de tout l’Orient et ça n’a aucune espèce de rapport avec
le nôtre. Les deux points de vue se font repoussoir l’un à l’autre, géographique et biologique.
C’est l’Occident
qui a donné au monde arabe la notion de Patrie. Avant qu’il ne propage son
œuvre colonisatrice, les Arabes avaient-ils seulement une Patrie ? Cette
Patrie, ils l’ont longtemps abritée sous leur tente, la maison de toile ,
plus accommodée que l’habitation de tourbe ou de pierre à leur fatalisme
toujours prêt à la nécessité du départ, habitué à secouer sans regret la
poussière de leurs semelles puisqu’il est écrit dans leurs écritures que ce
qui est passé est mort (eléfat mat), et que la
patrie des Musulmans n’est nulle part, étant partout (oumah,
liée à la mère oum).
L’un des problèmes
sur lequel la Tradition musulmane se heurte de plus en plus aux impératifs et
aux valeurs du monde moderne est celui de la condition de la femme, soumise à
trois lois : la polygamie, le droit du jebr (mariage des mineurs sans les consulter) et la
répudiation unilatérale.
Sur la vie
familiale –cellule de base de nos sociétés occidentales- les conceptions de
l’Islam sont totalement étrangères aux nôtres. Elles assujettissent la femme
aux privilèges masculins. Il y a quelques années de cela, à la suite des
contestations qui avaient opposé, en France, des Européennes divorcées de
musulmans se plaignant de s’être vu enlever leur enfant (c’est encore le cas
aujourd’hui) –illustrant bien l’incompatibilité dramatique de deux conceptions
différentes- le cheikh Abbas Ben Cheikh El Hocine, à l’époque, recteur de la
Mosquée de Paris, s’était permis de mettre en garde les femmes françaises qui
épouseraient des Maghrébins. Il avait déclaré : "la future mère
qui épouse un musulman doit savoir que les enfants issus de cette union seront
musulmans. L’enfant est appelé à perpétuer le nom et l’identité religieuse de
son père ".
Cette attitude
s’explique dans une société où la lignée l’emporte sur l’individu, et les
droits de l’homme sur ceux de la femme. A cet effet, la sourate IV du Coran
indique clairement : "Les hommes ont autorité sur les femmes…
Celles dont vous craignez l’indocilité, admonestez-les ! Si elles
vous obéissent, ne cherchez plus à les contraindre. Allah est auguste et grand"
En Orient, hors de la religion, rien n’est concevable, ni
l’ordre civil, ni la discipline militaire. Rosten (le
général Persan vaincu à Qadecya), ayant vu les
soldats musulmans se rassembler pour faire la prière, s’écria : "Voilà
Omar qui me met au désespoir, il enseigne aux chiens l’organisation".
Les Arabes ont toujours trouvé quelque chose d’insupportable dans l’immobilité et dans l’ordre. Par contre, tout devient exaltant dans les vertiges du désordre… Or, bâtir une nation, fonder un ordre, le défendre et l’enrichir, c’est d’abord admettre des compromis avec l’absolu. Mais le monde arabe ne sait pas encore se plier aux disciplines élémentaires, sans lesquelles il n’est pas de nation, et ce refus l’empêche de réaliser les rêves de grandeur qui l’obsèdent. Alors il accuse le monde de le lui interdire… et il part en guerre contre l’injustice, offrant volontiers des générations en otage pour fonder, sur tant de souffrances accumulées, un bonheur épanoui dans l’absolu, aggravant chaque jour un peu plus le fardeau qui pèse sur le présent dans l’orgueilleux dessein de contraindre un jour le futur à se parer des couleurs et des grâces de la chimère. Et c’est ainsi que la révolution s’impose à chaque musulman comme une religion furieuse et dogmatique avec son appel aux sacrifices monstrueux, ses flots de sang, ses haines ininterrompues, avec aussi ses résignations, ses rêves et ses aspirations qui soulèvent les âmes.
Aujourd’hui, les religieux ont enchaîné l’Islam au temps du Prophète.
Aveuglés par l’intransigeance de la passion religieuse, ils oublient le véritable
message du prophète Mahomet : (II, 7 et 8) "Dieu ne vous défend
pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous ont point combattus à
cause de la religion et ne vous ont point expulsés de vos foyers. Il aime ceux
qui agissent avec justice. Mais la grande Guerre Sainte, dit Mahomet,
est celle que l’on mène contre soi pour se réformer moralement".
Par conséquent, la
lutte contre ses propres défauts est le Grand Jihad, le grand effort sur le
chemin de Dieu, mais ces religieux là refusent à la fois ce que la vrai foi
leur commande et ce que la raison leur propose… et ils s’établissent dans le
vague… comme on voyage dans la nuit. Ils développent devant les foules
passionnées le thème classique qui consiste à opposer la spiritualité de l’Orient au matérialisme occidental
et à cet effet, on ne connaît que trop leur refrain (pour l’avoir assez entendu
en Algérie !) qui répète sans cesse que nous sommes des ravisseurs et des
bourreaux, des exploiteurs de la misère arabe ; qui se lamente sur la
liberté de l’Islam profanée par des satrapes ; sur la patrie arabe
dévastée par le fer et par le feu !
Et pour renforcer
leur argumentation, ils n’hésitent jamais à citer ces deux principes immuables
qui font la force de l’Islam : il faut se défier des alliances avec les
hérétiques parce qu’il est écrit dans le Coran… "Dieu vous défend de
vous entendre avec ceux qui vous tuent en votre religion … "
et il faut être unis comme les doigts d’une même main parce qu’il est aussi
écrit dans le Livre : "Ô vous qui croyez, appuyez-vous tous
ensemble à la corde d’Allah… et ne vous divisez pas"
Cependant, le remède à cette division serait pour le monde
arabe de posséder ce sens des disciplines collectives qui fait la force de
l’Occident et que celui-ci s’est efforcé de lui enseigner des années durant.
Mais assoiffé d’indépendance, le monde arabe a interrompu l’initiation avant
qu’elle ne soit achevée… et dans sa précipitation, ne s’est pas rendu compte
qu’il avait changé un ordre contre un autre. Il n’a pas réussi à édifier une
société démocratique, juste et pacifique, respectueuse des droits de l’homme,
de l’individu, quelle que soit sa confession et la religion qu’il pratique.
Il n’existe
actuellement dans le monde arabe aucun régime démocratique. Tous les pays islamiques ont des régimes autoritaires,
dictatoriaux, à parti unique, oppressif et tyrannique. Seul le Liban
constituait une démocratie, grâce à une faible majorité de chrétiens. On sait
ce qu’il en est advenu…
Aujourd’hui,
l’Islam est enfermé dans une étrange contradiction. Il est entré en guerre au
nom d’on ne sait quelle soif de bonheur contre la seule partie du monde qui
peut lui en offrir au moins un reflet : l’Occident. D’ailleurs, il ne
trompe personne…
C’est un faux
prétexte ! Ce n’est pas de cela qu’il a soif… C’est de pouvoir !…
C’est de puissance !… C’est de revanche ! Il garde à l’Occident une
inépuisable rancune de l’avoir aidé à combler un retard dans lequel il s’est
assoupi à un moment capital de l’évolution de l’humanité. Et aveuglé par ce
ressentiment, il ne voit pas qu’il ne peut attendre que de lui l’initiation qui
lui permettra de refaire totalement ce retard, c’est-à-dire aidera les
théologiens et les penseurs à rendre au message divin son véritable sens et sa
véritable destination. Et cette rancune alimentée par les déclarations des
chefs terroristes de tous bords qui appellent à la lutte armée, au
djihad ; les théories des révolutionnaires, les vaticinations mystiques
des religieux –cette rancune là- se transforme en une haine monstrueuse et effrayante
qui pousse jusqu’à une frénésie maladive les confuses nostalgies qui paralysent
les peuples et les consument déjà.
Ainsi, obsédés par
la chimérique poursuite d’un rêve, ces peuples perdent jusqu’au sens de la
liberté puisque l’anarchie qu’engendre leur
intransigeance les met à la merci des hezbollahis,
les « fous de Dieu ».