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La guerre de religion a-t-elle commencé ?
Par Thierry Desjardins, Journaliste et Reporter, né en 1941,
Directeur général adjoint du Figaro, auteur d'un nombre considérable d'ouvrages
politiques, lauréat de l'Académie française.
Prix Albert Londres 1975. Prix Louis Pauwels , 2000.
Le Figaro.fr - Le blog de Thierry Desjardins le 3/01/11
Il serait grand temps que nous nous apercevions -enfin- qu'une nouvelle guerre de religion a éclaté
et, cette fois, à l'échelle planétaire. Les Islamistes massacrent les chrétiens
en Egypte, en Irak, aux Philippines, en Indonésie, au Pakistan, au Nigéria,
un peu partout.
Malraux avait dit : "Le 21ème
siècle sera religieux ou ne sera pas".
On a bien l'impression que ce siècle qui commence va voir le déchaînement
sans pitié d'un Islam renaissant, voulant dominer le monde et faire payer
à la civilisation chrétienne les quelques siècles pendant lesquels elle a
régné sur la planète.
Cette haine du chrétien dépasse de beaucoup tous les problèmes de la foi.
En s'attaquant aux églises, aux prêtres, aux religieuses, aux fidèles, les
islamistes veulent abattre la civilisation occidentale, la démocratie, le
capitalisme, ce qu'ils appellent le "néo-colonialisme",
la parité hommes-femmes, les Droits de l'Homme, le progrès tel que nous le
concevons.
Le 20ème siècle a été marqué par l'affrontement Est-Ouest, le bloc
communiste contre les pays "libres". Marx, Lénine et Staline se
sont effondrés d'eux-mêmes sous les incohérences, bien souvent monstrueuses,
de leur idéologie. Mais ils ont aussitôt été remplacés par Allah et son Prophète.
Le Coran a pris la place du Communisme, le drapeau vert de l'Islam celle du
drapeau rouge, les imams prédicateurs des mosquées celle des commissaires
politiques.
Le 21ème siècle sera une guerre sans merci, car les foules immenses
du Tiers-monde islamisé -- et des banlieues de nos grandes métropoles -- sont
autrement plus dangereuses que ne l'ont jamais été les chars du Pacte de Varsovie.
Nous pleurons, avec nos larmes de crocodiles habituelles, les coptes massacrés
à Alexandrie et les chrétiens assassinés à Bagdad. Mais nous restons les bras
ballants.
Il faut bien dire qu'on voit mal ce que nous pourrions faire. Ce n'est plus
guère le temps des croisades et nos dernières expériences en Afghanistan ou
en Irak -- où nous commençons à regretter la belle époque de Saddam Hussein
qui savait, lui, au moins, faire respecter la laïcité baathiste -- n'ont pas
été très concluantes, c'est le moins qu'on puisse dire.
Il est bien loin le temps où Napoléon III pouvait envoyer un corps expéditionnaire
protéger les maronites du Liban que massacraient les Druzes. Mais au moins restons lucides et surtout arrêtons
de ressortir une fois de plus la fameuse "repentance" qui nous sert
désormais pour maquiller toutes nos lâchetés.
Hier, un imbécile de service nous a longuement expliqué à la
télévision que si les islamistes égyptiens massacraient les coptes, c'était
parce que ces chrétiens de la vallée du Nil étaient "les représentants de
l'Occident, les ambassadeurs de la culture européenne, les symboles vivants du
capitalisme, du néocolonialisme, du dollar et du coca-cola". En un mot,
les ultimes survivants de l'époque coloniale. Autant
dire, à l'en croire, que les Islamistes avaient parfaitement raison de vouloir
éliminer ces survivances d'un passé détesté.
L'imbécile était, en plus, un inculte.
Les coptes sont les descendants du peuple des pharaons. "Copte" veut dire "égyptien". Ils étaient sur les bords du
Nil bien avant la conquête arabe et musulmane. S'ils sont plus nombreux au sud,
entre Assiout et Assouan, c'est précisément parce qu'ils ont fui les cavaliers
conquérants venus d'Arabie. Ils avaient leurs églises bien avant que nous ne construisions
nos cathédrales.
On peut d'ailleurs dire exactement la même chose de tous les chrétiens d'Orient
qu'ils soient catholiques -- de rite
d'Antioche, de rite syriaque comme les maronites libanais, de rite byzantin, de
rite arménien, de rite d'Alexandrie -- ou "non chalcédoniens" comme
les coptes, ou orthodoxes -- ayant leur patriarcat soit à Istanbul, soit à
Alexandrie, soit à Jérusalem, soit à Damas. Tous
sont "chez eux" dans ces
pays-là depuis des millénaires, certains parlant encore l'araméen, la langue du
Christ. En faire des ambassadeurs de l'Occident, des représentants du
capitalisme colonial est évidemment une absurdité. Même si, en effet, ils sont
de culture chrétienne. Mais ils l'étaient avant nous.
Nous ne pouvons rien faire pour les protéger, mais au moins ne les trahissons
pas en reprenant à notre compte les accusations odieuses de leurs assassins.
Nous pouvons les accueillir, comme nous nous devons d'accueillir tous ceux qui
sont persécutés. Beaucoup ont déjà fui leur pays. Mais, en tous les cas, ne continuons pas à nous boucher les yeux,
à parler de "l'amitié islamo-chrétienne", d'un "Islam à
l'occidentale", de la
cohabitation harmonieuse des trois monothéismes.
Soyons intransigeants avec les règles de notre laïcité, mais
ne nous laissons entraîner ni vers la stigmatisation, ni vers la
discrimination -- surtout si elle devait être positive, comme le souhaite
certains --, car ce serait, évidemment, faire le jeu des fanatiques.
Aujourd'hui, la grande mode est d'évoquer, d'invoquer à tout bout de champ
"les années les plus sombres de notre histoire". C'est souvent
absurde et parfois odieux. Mais s'il y a une leçon qu'il ne faut jamais oublier
c'est bien celle de Munich. Churchill avait dit : "Ils ont préféré le
déshonneur à la guerre et ils auront les deux".
Il ne faut jamais tenter de pactiser avec ceux qui vous ont
déclaré la guerre.
Notes de www.nuitdorient.com
1- Avant de s'attaquer aux chrétiens, les Arabes se sont attaqués aux Juifs qui sont nés au Moyen Orient deux millénaires avant l'apparition de l'Islam en Arabie. Dans les années 40/50/60, plus de 900 000 juifs ont été chassés des pays arabes, laissant pour la plupart leurs biens et leur berceau. En dehors du Maroc et de la Tunisie où il reste quelques centaines de Juifs, les pays arabes sont "judenrein", à la méthode nazie, qu'on veut reproduire en Palestine.
Et après la "libération" récente de la Tunisie, les quelques juifs qui restent sont aujourd'hui menacés et leurs synagogues incendiées…
2- En dehors des chrétiens qui quittent massivement le Moyen Orient, les autres minorités ethniques des pays arabes ou musulmans du Moyen Orient sont persécutées, les amazigh en Algérie, les kurdes en Turquie et en Syrie, les mazdéens en Iran etc… En Islam, il y a un refus catégorique de l'autre dans sa différence.
3- La gauche européenne et aujourd'hui la gauche américaine se sont faites les alliées objectives de l'Islam conquérant, à la fois par dogmatisme et par une incompréhension invraisemblable des conséquences néfastes que cela peut avoir pour elle. Il s'agit d'un suicide collectif à court et moyen terme.
4- A long terme, avec la disparition de la manne pétrolière qui finance le jihad pacifique des wahabites, avec l'apparition d'énergies alternatives compétitives, l'Islam retrouvera son désert d'origine. Bien avant le jihad pacifique, le jihad conquérant d'al Qaeda et des ayatollahs shiites aura mesuré les conséquences de ses excès vis-à-vis des populations locales qu'il domine, parce qu'il trouvera en face de lui la Résistance de quelques peuples courageux, et heureusement pour l'humanité, il en reste.