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Comment la Renaissance
Militaire Sunnite a-t-elle été Possible ?
Par Stan
Yaroch –
Article du nº 361 Publié le 26 juin 2014 par
Riposte Laïque
L’actualité
nous avait déjà habitués à des avances de forces islamiques. En Bosnie, au
Kosovo, en Macédoine, en Côte d’Ivoire où les colonnes de barbus avaient pu
chasser le Président Gbagbo avec l’aide de la force Licorne et l’appui politique
des USA (permettant aux pays de l’OCI de mettre un musulman à la tête d’un
pays stratégique pour l’exploitation des hydrocarbures du Golfe de Guinée)
ou plus récemment au Mali où l’AQMI avait lancé une offensive foudroyante.
Là, comme actuellement en Syrie l’Arabie Saoudite et le Qatar avaient financé
les troupes d’assaut de l’islamisme dont elles se disputent constamment le
leadership.
La situation irakienne, si elle
revêt de nombreuses similitudes présente néanmoins une particularité de
taille : dans cette fitna (lutte interne à
l’islam) la spectaculaire et inattendue offensive sunnite du prétendu Etat
islamique en Irak et au Levant‘ consacre la renaissance militaire sunnite dans
un Irak où la force était pourtant partagée entre une armée massivement chiite
dans sa troupe (et plus encore dans son encadrement) et des milices kurdes
disciplinées et entraînées qui ne cessaient de monter en compétence. Comment
ainsi des sunnites désarmés, relégués à des bandes terroristes chassées des
principales villes ont-ils pu en quelques mois, puis en quelques semaines
terrasser une armée chiite de 250 000 hommes suréquipée en matériel
ex-soviétique de la défunte armée baassiste et plus
encore de matériel américain: chars M1 Abram, T-72
russes, hélicoptères, quelques 300 avions de combats (dans un théâtre d
‘opération qui se prête pourtant assez bien à leur emploi sur de longues
colonnes disposant au mieux de bitubes et quadri tubes en défense antiaérienne,
d’ailleurs mieux utilisés en appui au sol) auxquels il faut ajouter
900 000 paramilitaires (gardes, policiers, miliciens)….
Les jihadistes sont truffés de "spets"
Sorti de nulle part ces
sunnites ? Pas vraiment et c’est là qu’il faut mettre en rapport les
offensives islamistes d’Irak et de Centrafrique. Dans les deux cas de figure –
et c’est précisément là que notre attention doit être attirée – des officiers
supérieurs revanchards, rescapés de précédentes campagnes, parfois étrangers,
ont constitué des états-majors compétents permettant d’élaborer et de mettre en
œuvre des plans audacieux conduisant à la déroute des troupes gouvernementales.
Pendant la guerre civile russe
consécutive à la révolution bolchevique, il y avait davantage d’officiers dans
les rangs de l’armée rouge que dans ceux des armées Blanches, à cela on trouve
plusieurs explications et on ne s’étendra pas dessus (bien que cela puisse
être riche d’enseignement pour l’avenir….), toujours est-il que peu de ces
officiers (servant dans l’armée rouge) étaient communistes, et ces derniers
logiquement s’en méfiaient tout en ne pouvant se passer d’eux. Les officiers de
l’ancienne armée tsariste étaient en effet des spécialistes dans leur
domaine de compétence (combat d’infanterie, cavalerie, artillerie, génie etc…. ). On les qualifiait alors
de spécialistes (SPETS en russe) qui commandaient militairement les unités à ce
titre mais qui étaient secondés (et surveillés) par des Commissaires
politiques, communistes convaincus, chargés de commander idéologiquement et de
veiller à la loyauté politique d’une troupe qu’on ne voulait pas confier
aux seuls spécialistes non communistes. En Irak la situation est identique, les
officiers supérieurs et subalternes sont baassistes
et ex-Saddamites (donc autrefois laïcs), mais leur
spécialité sert les djihadistes par convergence
d’intérêts.
Ces officiers supérieurs
Baasistes avaient été systématiquement épurés à la chute de Saddam Hussein et
écartés de tous leurs emplois. Cette politique imbécile ne pouvait qu’alimenter
leur ressentiment et les jeter dans les bras des djihadistes.
Résultat : ce sont eux qui ont planifié l’opération victorieuse en cours,
leur loyauté ayant sans doute été acquise à grand renfort de dollars qataris,
ayant transité par des ONG islamistes, couverture idéale employée depuis la
première guerre d’Afghanistan pour venir en aide aux islamistes militants, quel
que soit le théâtre d’opération sur lequel ils sont engagés.
Une montée en
compétence sur tous les théâtre du djhad
De même, en Centrafrique Bernard
Lugan explique remarquablement que les SELEKA, issus
des esclavagistes précoloniaux, ont recruté les sinistres djandjaouides
soudanais comme spécialistes. Souvenez-vous les djandjaouides
sont ces cavaliers ‘arabes’ (en fait africains arabisés) qui avaient perpétré
le génocide du Darfour massacrant, violant et pillant allégrement les
populations soudanaises chrétiennes et animistes. Des colonels soudanais en
rupture de djihad et de massacres de Chrétiens ont donc constitué un Etat-Major pour les coupeurs de route de la SELEKA, le
résultat est connu : déroute de l’armée centrafricaine, incapable de faire
face, chute du gouvernement, terreur chariatique
(massacres, viols, rackets, enlèvements, rançons) pendant 6 à 7 mois.
Ainsi en Centrafrique et plus
encore en Irak, et ce quelle que soit l’issue finale des combats, un palier
qualitatif de compétence a été franchi au profit des djihadistes,
l’Occident aurait tort de l’ignorer.
L’Empire Romain est en effet mort
de sa barbarisation, à savoir que ses troupes avaient
intégré trop de barbares lesquels avaient appris les techniques ayant permis
aux Romains de tactiquement les dominer pendant si longtemps, pour les
retourner contre eux dès lors que le rapport numérique leur fut favorable comme
à Andrinople (378). Sur ce fondement, armer et entraîner les troupes afghanes
et irakiennes n’aura eu que pour effet de livrer nos matériels et savoirs faire
à nos ennemis de demain.
Notons qu’au Liban en 1984 alors
que l’Occident avait réarmé et rééquipé l’armée Libanaise, en une seule nuit
toutes ses unités druzes, sunnites et chiites s’étaient révoltées fortes de ce
nouveau matériel.
Pire encore, à l’heure de la
suspension du service national cela leur donnerait un avantage tactique certain
sur la grande masse des post-citoyens endormis par la mollesse irénique. Les
traîtres et les suicidaires peuvent se réfugier dans le déni d’une parole
publique dont la conséquence est de nous mettre toujours davantage en danger
sous prétexte de notre protection et d’un ordre ou à défaut d’une paix
civiles-- entendre cet argument de la part de carriéristes incompétents et sans
scrupule est comme entendre un pédophile parler de morale sexuelle--, les
pessimistes, -- généralement ceux qui survivent et emportent la décision en
période trouble -- ont, eux, un devoir de conduite et d’encadrement de leurs
concitoyens s’ils veulent leur éviter de subir le sort des soldats irakiens
massacrés, des enfants chrétiens syriens assassinés d’une balle dans la nuque
et des adolescentes nigérianes enlevées par Boko-Haram -- et détenues en Centrafrique chez les SELEKA.
Ne comptez pas sur l’Etat pour
le faire, il fait l’inverse depuis 15 ans.