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MIEUX VAUT RESTER CÉLIBATAIRE QU'ÉPOUSER UN HOMME ÉMASCULÉ
Arabie, femme arabe, musulmane, macho, enfermement de la femme,
droits de la femme, féminisme, impuissance, attitude psychique arabe, www.nuitdorient.com
Par Zvi Bar'El, journaliste à Haaretz, article paru le 25
mars 2004 et traduit par Albert Soued, www.chez.com/soued
Une journaliste Saoudienne licenciée n'y va pas de main
morte quand elle attaque sur l'Internet les hommes Arabes. "Les trains
du mariage ne passent pas par les gares où attendent debout et remplies de
honte les femmes Saoudiennes. Pour beaucoup d'entre elles, les soupirs ont
remplacé la vitalité qu'elles avaient auparavant, mais peu d'entre elles ont
compris qu'en Orient arabe les hommes sont incapables de satisfaire leurs
rêves!"
Une publicitaire renommée en Arabie, Wajiha al Houwayder,
s'est exprimée ainsi sur le site anglo-arabe "Ilaf", site traitant
d'événements du jour. Le titre de l'article provocateur n'est pas moins
cinglant que le contenu: "Un appel aux femmes Arabes: dans cet Orient misérable,
une vie de célibat est mille fois meilleure qu'un mariage!"
Jusqu'à il y a un an et demi, al Houwayder n'avait aucune
raison d'écrire sur le Net, car elle était une journaliste importante à
"El Watan" (la Patrie, éminent journal Saoudien). où elle exprimait
son point de vue sur le statut de la femme en Orient Arabe en général et en
Arabie Saoudite en particulier. Le mois d'août dernier, le prince héritier
A'bdallah prit la décision de mettre fin à la coopération avec cette femme, car
elle "sapait les fondements de la nation en écrivant sur des sujets non
autorisés par la "sharia'h" (loi islamique). Al Houwayder n'est pas
la seule journaliste "remerciée" en Arabie Saoudite. Trois mois plus
tôt, le rédacteur en chef du journal Al Watan, Jamal Khashoggi, a été licencié
à cause d'un dessin humoristique qu'il a laissé publier. Ce dessin montrait une
bombe humaine avec une ceinture explosive autour de la taille et les bâtons de
dynamite saillants portaient des textes du Coran.
Pourtant sous la pression américaine, l'Arabie Saoudite a
entamé des réformes et a engagé une importante campagne de relations publiques
pour le faire savoir. Mais en même temps, les dirigeants ont imposé des limites
à la portée de ces réformes, notamment en matière d'expression publique d'une
opinion. L'Arabie empêche non seulement ses propres journalistes d'écrire à
propos des problèmes sociaux du Royaume, mais également ceux de nombreux titres
étrangers en arabe, où la famille royale saoudienne est financièrement
majoritaire. Il en est de même des journaux des pays arabes qui ne souhaitent
pas de rapports conflictuels avec la famille régnante.
Ainsi al Houwayder a trouvé refuge sur le Web, et de là elle
s'est embarquée dans une attaque d'envergure contre ceux qu'elle appelle "les hommes d'Orient pathétiques et émasculés". Et
voilà ce qu'elle écrit "la plupart des hommes Arabes ont été émasculés
depuis qu'ils sont jeunes. Ils n'ont plus l'énergie de "donner" et
sont ainsi incapables de permettre à quiconque une vie décente. Et il n'y a
aucune exception, car vous connaissez la règle "si quelqu'un manque de
quelque chose, il est incapable de la donner". De là, al Houwayder
s'embarque avec ses lectrices pour un voyage autour du monde arabe.
Commençons par le berceau de l'arabité, l'Arabie. Ce qui
caractérise le plus les hommes dans ce pays, c'est le "complexe d'impuissance". C'est pourquoi
le médicament le plus vendu ici est un remède contre l'impuissance (1). En
Arabie, les hommes dépensent plus d'argent dans ce médicament que tous les
hommes du monde réunis. Ils cherchent à compenser leur manque de masculinité.
Vus sous le microscope, ils sont pathétiques…car les hommes des pays pétroliers
sont élevés selon le principe de l'excellence exclusive, ils sont les
"meilleurs"…Leur désir ultime est de porter la "kaffyeh" et
l'"a'kal" (couvre-chef traditionnel), après s'être assis sur un siège
portant le titre "directeur". Ils sont atteints d'un
"grain" chronique qui leur fait croire qu'"être le gardien d'une
femme" est un signe de masculinité, que sans cela leurs organes seraient
bouleversés et leurs femmes ne seraient pas OK".
De là, al Houwayder part en Irak où "le sang coule
aussi vite que les flots du Tigre et de l'Euphrate réunis. Et que reste-t-il de
ses hommes? Un régime nazi" et ainsi de suite pour la Syrie, la Jordanie
et même la Palestine et l'Egypte – pays où "les hommes sont pathétiques et
humiliés. Ils vivent dans des pays pauvres, mais la pauvreté matérielle n'a
jamais été une disgrâce, c'est plutôt la pauvreté de la pensée qui les empêche
de percevoir leur ignorance, quand ils font le lien entre l'honneur de la
nation et le sang d'une femme" (2).
Al Houwayder termine son parcours géographique sans
rencontrer un seul pays où les hommes méritent une femme arabe. Elle dit qu'en
Arabie Saoudite "les femmes ne devraient pas avoir honte d'être
célibataires, ou d'avoir été seules pendant des années. Les hommes des pays
arabes sont des perdants qui ne vous méritent pas ou ne méritent pas d'avoir
votre niveau social. Est-il logique qu'après un long
jeûne, on doive couper celui-ci par un repas sans saveur ni odeur, et qu'on
soit accompagnée toute sa vie par un homme qui n'en est pas?"
Al Houwayder a de fortes paroles aussi pour les femmes
Saoudiennes. Dans un autre article publié sur le même site, elle accuse les
femmes de s'être habituées à la paresse, en comptant sur autrui, ou en
attendant que l'homme ramène "la pitance". La plupart des femmes des
pays du Golfe sont opposées à l'amélioration de leur condition. Elles se
plaignent du fait que la société leur nie le droit de décider, que cela soit
pour le mariage ou pour une opération chirurgicale vitale (3). Elles croient
naïvement que la société leur accordera ces droits sans qu'elles l'exigent.
Mais elles continueront à être la moitié morte de la société aussi longtemps
qu'elles courront après le produit de beauté qui vient de sortir des usines de
cosmétique ou de la robe de la dernière mode.
Al Houwayder n'est pas la seule femme arabe à demander haut
et fort des droits pour la femme, et peut-être que son originalité réside dans
ce fait. Jusqu'à récemment c'était l'égyptienne Dr Nawal al Saa'dawi qui
portait haut la bannière du féminisme arabe. C'est une psy de 73 ans qui a
écrit 27 livres dédiés essentiellement aux problèmes psychologiques des femmes
dans un monde arabe "macho". Il y a 30 ans elle a été jugée pour
avoir attaqué les sheikhs les accusant d'exploiter la femme arabe. Elle n'a pas
été condamnée pour une question de procédure.
Dans les pays arabes, les femmes des présidents et des rois
sont parmi celles qui sont sur la brèche pour "promouvoir le statut de la
femme et en être le porte-drapeau". Suzanne Moubarak, par exemple, dirige
l'institution des statuts de la femme et elle organise de nombreuses conférences
qui ne sont en fait que des cérémonies. Il en est de même de la reine de
Jordanie Rania et de la première femme du Qatar. Ces femmes de rang élevé n'ont
pas réussi à ce jour à changer quoique ce soit dans le statut légal des femmes
arabes, encore moins dans la manière dont les institutions et les lois
religieuses les traitent.
Une journaliste jordanienne dit "en Orient, on doit
faire la différence entre les femmes "officielles" et les
"féministes". Ce que recherchent les "officielles" c'est
élargir les droits féminins dans le cadre étroit des lois existantes et de la
religion. Or c'est là où réside le mal. Les vraies "féministes" comme
Saa'dawi ou Al Houwayder cherchent à changer la loi et l'interprétation de la
loi religieuse. Car il faudra passer par là si on veut faire évoluer la
situation des femmes, mais comme ce sont des hommes qui en sont responsables,
il y a peu de chances d'y parvenir.
Il est difficile de penser que les écrits de Al Houwayder
puissent faire évoluer la situation légale des femmes dans un pays où les
hommes interdisent aux femmes de conduire ou de quitter le territoire sans leur
autorisation. Néanmoins grâce à l'Internet beaucoup de femmes réaliseront où
elles en sont comparativement à l'étranger. L'Internet est devenu leur point de
rencontre, car aucune d'entre elles ne peut parler à un inconnu ni aller à des
réunions sans la surveillance du mari…
Al Houwayder et d'autres femmes critiques ont été accusées
de sacrilège et ont reçu des menaces. Samir A'bid, un journaliste irakien
vivant en France, est venu les défendre sur le même site. Pour lui les hommes
ont limité la liberté des femmes parce qu'ils ont peur qu'elles n'empiètent sur
leurs prérogatives, notamment dans le domaine politique et économique, et
qu'elles ne deviennent des concurrentes. A'bid pose les questions:
"Comme se fait-il que les autorités religieuses ne
soient pas offusquées quand c'est un homme qui écrit sur le même sujet qu'une
femme et que celle-ci soit accusée de ruiner la société et de vouloir la
séculariser, et traitée d'hérétique ou de dévergondée? Hommes Saoudiens, que
ferez-vous si vos femmes commencent à demander asile en Occident pour parvenir
à la liberté? Quelle réponse vous leur donnerez?"
Le Saoudien se conduit en dictateur chez lui, dans la rue,
sur les lieux de travail. À l'opposé, à l'étranger, il se transforme soudain en
gentleman, il se conduit avec humilité, il sait comment s'habiller, comment
soigner sa démarche, comment parler aux femmes et comment les escorter avec
galanterie. A'bid demande que les hommes soient conséquents et qu'ils se
conduisent chez eux comme à l'étranger. Pour lui "les femmes continueront
à faire partie du décor des foyers arabes, mais on ne peut cacher le fait
qu'avec le vent des réformes qui souffle, le statut des femmes est à l'ordre du
jour des discussions dans les foyers comme dans les organisations non
gouvernementales, et peut-être qu'un jour on arrivera à quelque chose, quand
même!"
Notes du traducteur
(1) Viagra - (2) crimes de sang pour réparer un affront -
(3) l'homme-chaperon (père ou mari) donne son autorisation pour toute opération
chirurgicale de la femme.