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Olmert ! Accepte ta Chance et Retire-toi Discrètement

 

Par Isi Leibler

Jerusalem Post 18/24 juillet 2012

Texte original http://www.jpost.com/Opinion/Columnists/Article.aspx?id=277674

Adaptation française de Sentinelle 5772

Le site Internet de l’auteur est : www.wordfromjerusalem.com

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Après le verdict de la Cour de district de Jerusalem, j’ai été très soulagé qu'Ehoud Olmert ne soit pas jeté en prison, à moins que l’affaire “Holyland” n’en décide autrement. J’aurais eu une perception négative de l’Etat d’Israël avec un ancien Premier ministre incarcéré qui s'ajoute à notre ancien président.

Cependant, il y a une note surréaliste dans les réponses triomphalistes d’Olmert et les prédictions arrogantes de ses acolytes sur son retour au poste de 1er ministre.

Olmert a eu une chance inouïe que les juges aient déclaré que les preuves étaient insuffisantes pour démontrer de façon concluante qu’il était conscient des transactions illicites ou s'il n’était pas en mesure de dire si l’argent liquide qu’il avait reçu était destiné à des fonds pour une campagne politique ou pour son bénéfice personnel.

Ce jugement ne fait pas d'Olmeto un martyr, ni n’apporte de crédit aux graves accusations de complot dont il était l’objet. Olmert avait lui-même déjà demandé des enquêtes sur des "Américains de Droite" qui, prétend-il, ont payé des millions de dollars pour le faire tomber.

Ses partisans exigent aussi de façon irresponsable la démission du Procureur de l’Etat Moshe Lador, parce les poursuites entreprises ont échoué sur toutes les accusations. Son ami, l’ancien rédacteur en chef du Maariv, Amnon Danker, a même appelé celui-ci à se suicider.

Olmert devrait redescendre sur terre. Malgré ses dénégations, les juges ont été très critiques sur le fait qu’il ait reçu d’énormes sommes d’argent liquide et accumulé des paquets d’argent détenus dans le coffre d’Uriel Messa, qui n’ont pas été rapportés. Cependant, son assistante personnelle Shula Zaken a été jugée coupable de charges criminelles – fraude et abus de confiance –malgré le fait qu’Olmert ait été le seul bénéficiaire des ses actes. Après le procès, Zaken a déclaré aux media qu’elle "avait payé pour tous et sauté sur la grenade pour protéger son ancien patron".

 

Olmert et la plupart des media ont aussi minimisé les découvertes de la Cour selon lesquelles, pour la première fois, un Premier ministre israélien était condamné pour abus de confiance, délit criminel. Cela n’est pas de la moindre importance et peut même lui interdire l’entrée aux Etats Unis.

Bon nombre de politiciens mécontents, conduits par Haïm Ramon discrédité, l’encouragent à revenir dans l’arène politique. Certains de ses vieux copains de Kadima verraient bien aussi son retour. Et même certains anciens ennemis politiques d’Olmert virulents et d’extrême Gauche l’ont soutenu avec enthousiasme comme Avraham Burg, aperçu le serrant dans ses bras, avant le verdict.

Olmert a lui-même proclamé : "Je rechercherai le poste de 1er ministre et prendrai Yaïr Lapid avec moi" – obligeant Lapid à démentir immédiatement.

La majorité des Israéliens ne sont pas idiots et les sondages d’opinion montrent que la majorité le rejette, comme ils l’ont fait bien avant le scandale Talansky. Ils n’ont pas oublié qu’Olmert a été le Premier ministre le plus désastreux qui ait jamais dirigé Israël.

 

Son passé parle de lui-même. Etant un homme de réseau à succès avec une personnalité attachante, c’était un politicien consommé. Après avoir réparé son différend avec Menahem Begin pour s’être initialement opposé au traité de paix avec Sadate, il construisit son réseau au sein du Likoud, réussit au poste de ministre de la santé et fut élu Maire de Jerusalem. Il trouva ensuite utile de s’orienter vers la Gauche et devint l’un des plus puissants partisans d’Ariel Sharon dans l’exécution du désengagement unilatéral de Gaza. Il devint 1er ministre en 2006 après l’attaque cérébrale de Sharon.

Ses zigzags politiques devinrent encore plus évidents quand l’ancien faucon fit en juin 2005 la fameuse proclamation devant le Forum Politique d’Israël basé aux USA, orienté à Gauche : "Nous sommes fatigués de nous battre, nous sommes fatigués d’être courageux, nous sommes fatigués de vaincre nos ennemis".

 

La Guerre du Liban en 2006 a causé sa perte. Après avoir annoncé que "la responsabilité des résultats est entièrement la mienne", la commission Winograd qu’il avait lui-même choisie rendit une verdict cinglant le condamnant pour la conduite de la guerre. Le rapport constata qu’il était coupable "d’avoir manqué une opportunité majeure et sérieuse" d’infliger une défaite majeure au Hezbollah et de restaurer la dissuasion amoindrie d’Israël. Il qualifia de façon répétée "d’échecs et de failles dans les procédures de prise de décision et de la pensée stratégique et la planification" qui prévalurent à travers la totalité des 34 jours de la guerre.

Dans tout pays démocratique normal, un tel rapport contraire d’une commission indépendante sur la performance d’un 1er ministre en temps de guerre l’aurait automatiquement conduit à la démission. Olmert refusa et faisant fi de sa responsabilité publique, il eut même la "h’outzpa’" (toupet) de proclamer que les résultats l’exonéraient et "levaient tout stigmate moral" à son encontre.

Cependant, âpre à regagner sa position, il offrit aux Palestiniens un accord auxquels ils ne pouvaient pas résister, prévenant les Israéliens que s’il échouait, "l’Etat d’Israël serait fini".

 

A la conférence d’Annapolis en octobre 2007, il rampa devant les Palestiniens, adoptant virtuellement leur narration, qualifiant même de "terrorisme ou d’incitation à la haine qu’il soit commis par des Palestiniens ou des Israéliens", impliquant que les deux parties étaient également coupables.

Sans l’approbation de la Knesset ou de son cabinet, il se lança dans des négociations à portes fermées avec le président de l’AP Mahmoud Abbas et – ignorant la nécessité de frontières défendables et d’une présence de sécurité le long du Jourdain – il offrit aux Palestiniens 98,1 % de la Rive Occidentale. Malgré des garanties publiques qu’il ne négocierait pas sur Jerusalem, il offrit de céder la souveraineté sur la Vieille Ville dont le Mont du Temple, à une tutelle internationale. Il offrit aussi d’autoriser un certain nombre de réfugiés arabes à s’installer en Israël, sans se référer à une compensation des centaines des milliers de réfugiés juifs des pays arabes expulsés en 1948. Abbas rejeta son offre, bien qu’i soit très improbable que les Israéliens auraient approuvé ces concessions.

 

Pourtant, depuis lors, les Palestiniens insistent pour que le point de départ de futures négociations avec Israël soient fondées sur les offres non approuvées d’Olmert.

Quand on accusa Olmert de corruption, le ministre de la défense Ehoud Barak et la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni se retournèrent contre lui, et au soulagement de la majorité des Israéliens qui avaient perdu confiance en lui – même avant que ces accusations ne sortent, il fut obligé de démissionner.

Ayant quitté son poste, il se lança dans un révisionnisme historique, prétendant que s’il était resté 1er ministre, Israël serait parvenu à la paix avec les Palestiniens et la Syrie !

Il fit campagne dans le monde entier contre le gouvernement, tenant celui-ci pour responsable de la rupture des négociations avec les Palestiniens, encourageant le gouvernement Obama à intensifier sa pression sur Israël.

Olmert s’aligna avec les Gauchistes et prononça même le principal discours annuel pour J Street, considérée comme une abomination par la majorité des Juifs américains.

Il n’existe aucun précédent d’un ancien Premier ministre israélien se comportant d’une manière aussi excessive et irresponsable.

Sans doute sur l’avis d’un conseil légal, après ses éclats triomphalistes suivant immédiatement le verdict de la Cour, Olmert a ensuite démenti tout ce qu’il avait dit, clamant qu’il n’avait aucune intention de revenir en politique. Cependant, à la lumière de son attitude abusive habituelle, on ne peut prêter que peu de crédit à de telles remarques.

Si Olmert avait quelque bon sens, il devrait remercier sa bonne étoile de ne pas être en prison, prier pour s’en sortir dans le prochain procès "Holyland", et s’en tenir à sa promesse de rester à l’écart de la politique et prendre un retraite discrète.