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Éditorial du Jerusalem Post du 4 août 2003
Traduction par Albert Soued, www.chez.com/soued
Le racket de protection est celui où vous
payez une personne pour qu'elle vous protège contre des malversations, qu'en
général cette même personne est prête à vous faire subir.
Ladite "feuille de route" est
considérée comme un processus de paix. Comme les autres processus de paix de la
région, elle est devenue en fait un autre "racket de protection".
Il y a dix ans déjà Israéliens et
Palestiniens se sont serrés la main suivant les accords d'Oslo où les
Palestiniens se sont engagés à cesser la terreur et à rejeter la violence pour
s'engager dans une négociation sur tous les sujets en suspens. Non seulement le
processus d'Oslo n'a pas réussi à mettre un terme au terrorisme, mais il est
devenu le forum d'un chantage permanent pour obtenir des concessions à défaut
desquelles la violence s'intensifiait.
Notre gouvernement comme celui des
Etats-Unis nous assurent que cette fois-ci c'est différent, puisque
l'infrastructure de la terreur sera démantelée et que les menaces de violence
ne peuvent avoir de prise. Pourtant, comme le président de la Commission de
Défense de la Knesset, Youval Steinitz le dit, l'infrastructure de la terreur,
loin d'être démantelée, est en train d'être renforcée. De nouveaux missiles Kassam sont fabriqués
avec une portée menaçant la ville
d'Ashkelon. Des terroristes qui étaient en fuite depuis des mois sont soudain
libres d'organiser et de préparer de nouveaux attentats. Et l'Autorité
Palestinienne ne lève pas le doigt pour les arrêter, confisquer leurs armes ou
pour neutraliser ceux qui souhaitent que le processus échoue.
Dans ces conditions, comment voulez-vous
qu'Israël prolonge le cessez-le-feu? En payant, selon le scénario classique du
racket. Cette semaine des centaines de prisonniers vont être libérés, Israël va
finir de payer plus d'un milliard de shekels de TVA à l'Autorité Palestinienne,
des implantations et des points de contrôle vont être supprimés. Plus de
Palestiniens seront autorisés à venir travailler en Israël. Etc…
L'idée qui a cours ici est que les
Palestiniens trouveront le cessez-le-feu si bénéfique qu'ils en seront
"accroc" et qu'il n'y aura pas de soutien populaire à la reprise de
la terreur. Cette théorie serait merveilleuse, si elle n'avait déjà été testée,
et on a déjà découvert qu'elle créait plutôt "un manque de violence".
Pendant les années d'Oslo, les leaders
Palestiniens, généralement "kleptocratiques", y trouvaient leur
compte. Le casino de Jéricho par exemple était devenu le symbole de l'argent
qui coulait à flots, de la poche de l'Israélien assoiffé de paris vers celle du
chef palestinien. Au bout du compte, celui-ci estimant que le moment était venu
de prendre tout le pays d'assaut par la terreur, il a arrêté toute
complaisance. Pendant Oslo, la protection du racket se traduisait par des
compromis territoriaux; on est parvenu aux limites du racket, quand il n'y
avait plus rien à céder, hormis une portion laissée pour le soit disant
compromis final.
Aujourd'hui le racket porte sur la
libération de prisonniers, la suppression de points de peuplement et de
barrières de sécurité, des permis de travail et du cash. Mais la situation
reste la même: qu'en sera-t-il quand on aura épuisé tous nos atouts?
Déjà la violence est à la porte. Samedi
soir des terroristes ont ouvert le feu sur une famille de Har Gilo circulant
aux abords de Jérusalem, blessant la mère et trois de ses enfants. Une branche
du Fatah' a revendiqué la responsabilité. Il s'agit d'un test évident. Combien
d'attentats Israël et les Etats-Unis accepteront avant de geler ladite
"feuille de route" et exiger un assaut contre les réseaux
terroristes?
Aujourd'hui on a le sentiment qu'il ne se
passe rien d'anormal et les paiements du racket continuent. La seule sanction,
demandée par Mofaz, est de reporter le transfert de la sécurité à l'Autorité
Palestinienne pour d'autres villes. Mais que se passera-t-il quand on cessera
de payer faute de moyens de paiement?
Soyons honnêtes avec nous-mêmes. Un
racket de protection n'est pas un processus de paix, mais l'éloignement d'une
échéance. Pour avoir une certaine tranquillité au détriment de l'espoir d'une
vraie paix stable. Pour éviter la confrontation qui viendra quand le
"racketté" est au bout du rouleau ou, fatigué d'être plumé, il a
enfin le courage de dire non au "racketteur".
Israël et les Etats-Unis ont fait le pari
que cette fois-ci le racket se transformera en vrai processus de paix. Mais ce
pari n'a de chances d'être gagnant que si on oblige, pour la première fois,
l'Autorité Palestinienne, à tenir ses engagements.
Sinon les mêmes causes produiront les
mêmes effets avec beaucoup de souffrances et de morts sur la route.