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La Société Laïque d'Israël est Attaquée

Opinion : Bien qu'ils forment la majorité, les Juifs laïcs et traditionnels sont faibles et s'affaiblissent face au pouvoir croissant des orthodoxes qui imposent leur volonté à la société, comme la ségrégation entre les sexes.

Texte en anglais ci-dessous

Par Daniel Freidman, écrivain

Publié le : 24/5/19

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L'ancienne reine de beauté israélienne Linor Abergil a été choisie pour accueillir la cérémonie officielle d'allumage du flambeau le jour de l'indépendance. Oded Alyagon, qui a pris sa retraite du corps juridique il y a 13 ans, a choisi de se moquer d'elle parce qu'elle portait un couvre-chef à la mode dans la communauté orthodoxe.

Déshonorer quelqu'un pour le choix de ses vêtements, qu'il s'agisse d'une femme religieuse ou d'une candidate à un concours de beauté, est bien sûr une erreur. Le commentaire irrespectueux à l’égard d'une personne qui n'est pas publique a néanmoins provoqué une énorme colère.

Des femmes d'envergure en politique et dans la société ont décidé de revêtir la tête en religieuse par solidarité, profitant de la publicité qui a suivi. Même le porte-parole des tribunaux, dans un geste inhabituel, a jugé bon de qualifier le commentaire de l'ancien juge de "honteux".

En comparaison, un incident récemment signalé concernant la tenue vestimentaire d'une femme n'a pas fait l'objet d'un tel scandale. Une jeune femme vêtue d'un short s'est vue refuser l'entrée d'un autobus, parce que le conducteur lui a refusé l'accès à bord. Il a prétendu qu'elle était mal habillée et offensante pour les passagers religieux de l'autobus.

Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, et il y en a bien d'autres. Par exemple, à l'occasion de la fête de l'Indépendance, une jeune fille a été invitée à chanter en duo avec un chanteur, mais on l'a empêchée de chanter sur scène, afin de ne pas offenser les religieux. Dans le même ordre d'idées, on interdit constamment aux femmes soldats de chanter en public, afin de ne pas "offenser" les auditeurs religieux.

Ces événements ne sont pas considérés comme outrageants. Aujourd'hui, les établissements d'enseignement supérieur sont pris pour cible. Les étudiants orthodoxes, en nombre modeste, rejoignent les universités et les collèges. À première vue, il s'agit d'un changement positif. Mais lorsqu'ils se joignent à l'université, ils amènent avec eux des demandes pour séparer les hommes des femmes dans les salles de classe, les lieux publics et peut-être même, plus tard, sur les campus.

Cette séparation va à l'encontre des valeurs fondamentales du mouvement sioniste, à savoir la croyance en l'égalité, y compris l'égalité des sexes.  Le sionisme, mouvement laïc, soutient depuis ses premières années le droit de vote et d'éligibilité des femmes, malgré l'orthodoxie religieuse et les politiques en vigueur dans l'Europe du XIXe siècle.

Je n'ai jamais entendu parler d'étudiants religieux entrant dans des universités à l'étranger et réclamant la séparation des sexes. Mais en Israël, tout est possible.

Ces demandes s'accompagnent toujours d'un avertissement : vous nous laissez imposer la séparation, ou les étudiants religieux resteront à l'écart, ne seront pas éduqués, ne deviendront pas des membres productifs de la société, et continueront à être un fardeau pour les contribuables laïques et modérément religieux.

Israël ne doit pas céder.

Le département de droit de l'Université de Tel-Aviv a lancé un programme destiné aux étudiants orthodoxes qui tient compte du faible niveau d'études générales où se retrouvent de nombreux étudiants religieux quand ils quittent leurs écoles. Et même si l'université refuse de séparer les étudiants et étudiantes de la faculté de droit, certains étudiants religieux choisissent néanmoins d'assister aux cours.

La société laïque est attaquée, tout comme ses valeurs fondamentales. Les Juifs non religieux et traditionnels constituent la majorité juive du pays. Mais il s'agit d'une majorité faible et, dans le système de gouvernement actuel, il s'agit d'une majorité sous-représentée.

Les Juifs religieux sont une minorité dans la société israélienne, mais ils ont accumulé un pouvoir qui croit constamment.

Dans un nouveau livre intitulé « les histoires des Juifs laïcs » (The stories of Secular Jews), l'ancien ministre de la Justice Amnon Rubinstein raconte, entre autres, les parcours d'Albert Einstein, Franz Kafka et Sigmund Freud, qui ont peut-être contribué plus que quiconque aux efforts culturels et scientifiques du monde. Tous trois étaient très liés à la culture et à l'histoire juives, mais ils étaient tous les trois laïcs.

Cette force du judaïsme laïc, sa culture et ses valeurs, est ce qui nous relie aux différents courants du judaïsme aux Etats-Unis ; elle nous permet d'absorber dans notre société les juifs de l'ex-Union soviétique - sans les soumettre à des tests ADN, même si seul leur papa est juif.

Je ne proteste pas contre la défense de Linor Abergil. Mais l’absence de défense de toutes ces autres femmes, que ce soit dans un bus, à l'armée ou sur le campus, laisse un goût amer dans la bouche.

La société laïque qui a bâti ce pays est attaquée et la question est de savoir si elle peut se défendre et lutter pour ses valeurs.

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Linor Abergil hosts an Independence Day event (Photo: Herzliya Studios) (Photo: courtesy of Herzlia Studios)

Linor Abergil

Israel's secular society is under attack

Opinion: Despite constituting a majority, secular and traditional Jews are weak and getting weaker in the face of increasing Orthodox power to impose their will on society, such as segregating the sexes

By Daniel Freidmann|Published:  05.24.19

Former Israeli beauty queen Linor Abergil was selected to host the official torch lighting ceremony on Independence Day. Oded Alyagon, who retired from the bench 13 years ago, chose to mock her for wearing a head-cover fashionable in the Orthodox community.

Disparaging someone for their choice of clothes, whether a Haredi woman or a contestant in a beauty pageant, is of course wrong. The disrespectful comment, by a person who is not in the public eye, caused a huge amount of anger.

Women of stature in politics and society decided to don Haredi head cover in solidarity, enjoying the publicity that followed. Even the spokesperson for the courts, in an unusual move, saw fit to call the former judge's comment "shameful".

In comparison, a recently reported incident involving a woman's attire received no such scrutiny. A young woman clad in shorts was denied entry to a bus because the driver refused to allow her to board. He claimed she was inappropriately dressed and causing offensive to the religious passengers on the bus.

This was just one of many examples, but there are many more. For example, again on Independence Day, a young girl was invited to perform a duet with a singer, but was prevented from singing on stage, so as not to offend the religious people in the audience. In the same vein, woman soldiers in the IDF are constantly banned from singing in public, so as not to "offend" religious listeners.

These events are spared any outrage. Now the institutions of higher education are being targeted. Orthodox students, in modest numbers, are joining universities and colleges. On the face of it, this is a positive change. But as they join academia, they bring with them demands to separate men and women in classrooms, public areas and perhaps, down the road, even campuses.

Such separation goes against the basic values of the Zionist movement, namely the belief in equality, including gender equality.  Zionism, a secular movement, has since its early years supported women's right to vote and be elected, despite religious orthodoxy and the policies in place in 19th century Europe.

I have not heard of Haredi students joining universities abroad and making demands for gender separation. But in Israel, anything is possible.

These demands always come with a warning: you let us impose separation, or Haredi students will stay away, won't be educated, won't become productive members of the workforce, and will continue to be a burden on secular and moderately religious tax payers.

Israel should not give in.

Tel Aviv University's law department initiated a track for Orthodox students that takes into account the poor level of general studies many Haredi students are left with when they leave their religious schools. And despite the university refusing to separate male and female students at the law school, some religious students do choose to attend.

Secular society is under attack, as are its basic values. Non-religious and traditional Jews make up the country's Jewish majority. But it is a weak majority and under the current system of government, it is an under-represented majority.

Haredi Jews are a minority in Israeli society, but they have and are accumulating and increasing their power.

In a new book entitled "The stories of Secular Jews", former justice minister Amnon Rubinstein tells, among others, the stories of Albert Einstein, Franz Kafka and Sigmund Freud, who have contributed perhaps more than anyone to the world's cultual and scientific endeavors. All three were very connected to Jewish culture and history, but were still secular.

This force in secular Judaism, its culture and values, is what connects us with the various streams of Judaism in the United States, it enables us to absorb into our society Jews from former Soviet Union – without submitting them to DNA testing, even if only dad is Jewish.

I am not protesting the defense of Linor Abergil. But the lack of defense for all these other women, be it on a bus, in the army or on campus leaves a bitter taste in one's mouth.

The secular society that built this country, is under attack, and the question is, can it defend itself and fight for its values?

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