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L’État d’Israël contre Benjamin Netanyahou
Le Règne du Ministère Public
Par Caroline B. Glick, chroniqueuse
29/11/2019
Source : Israel Hayom,
Traduction et sous-titres : mabatim.info
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Jeudi 21 novembre 2019 matin en Israël, ce
sont les politiciens qui ont fait la une. Le président du parti Israel Beitenu,
Avigdor Lieberman, fut désigné comme le méchant ayant retenu le pays en otage
pendant près d’un an, tout en entretenant son trouble narcissique de la personnalité.
Vous avez dit « Bleu-Blanc
» ?
Le dernier fleuron de
la gauche, le parti Bleu et Blanc, demeure le seul atout tangible de celle-ci
maintenant qu’elle a perdu son idéologie. Son Dieu de paix à présent liquidé
par des kamikazes et ses icônes socialistes anéanties sous le poids des sociétés
publiques corrompues, tout ce qui reste à la gauche est le parti Bleu et Blanc.
Ce parti repose sur deux piliers : détruire le Premier ministre Benjamin Netanyahu,
et perpétuer le régime des bureaucrates non élus.
La figure emblématique du parti – Benny Gantz
– a été tenté de rejoindre un gouvernement d’unité nationale avec Netanyahu,
ce qui lui aurait assuré un mandat en tant que Premier ministre dans le cadre
d’un accord de rotation. Ses camarades ne l’ont toutefois pas laissé faire.
Rejoindre un gouvernement avec Netanyahu trahirait la véritable raison de
leur existence, c’est pourquoi il s’est rétracté, non sans peine.
Netanyahu lui-même s’est aussi fait remarquer.
Jeudi matin, ses partisans se sont sentis frustrés tandis que ses ennemis
ont jubilé lorsque le plus grand homme d’État, le leader que la population
veut maintenir en fonction, s’est vu incapable de former un gouvernement.
Le débat sur les hommes politiques israéliens
a duré en tout et pour tout moins de 24 heures.
Régime de juges
À 16h, le bureau du
procureur général Avichai Mandelblit[1] a annoncé l’intention de ce dernier
d’inculper Netanyahu le soir même à 19h30. Le message sous-jacent était très
clair : le lendemain du jour où Gantz remettait au Président Reuven Rivlin
son mandat pour former un gouvernement, ayant échoué à réunir un nombre suffisant
de membres pour la coalition, Mandelblit affirmait qu’il n’y avait pas matière
à discuter le point de savoir si Israël se dirigeait ou non vers de nouvelles
élections en mars.
Les électeurs ne décident de rien, les politiciens
sont inutiles. Ce sont les juristes qui décident. Les seules personnes qui
comptent aujourd’hui en Israël, ce sont ces hommes de loi non élus qui dirigent
le pays.
Nous le savions déjà. Le fait que Mandelblit
ait vertement inculpé Netanyahu pour trois charges d’abus de confiance et
une de corruption est tout l’opposé d’un pavé dans la mare. L’affaire était
déjà entendue en février, si tant est que la partie ait été jouée.
En février dernier, au sommet de la première
campagne électorale de l’année, lorsque Netanyahu et sa coalition de droite
étaient de très loin en tête de tous les sondages, Mandelblit prit la décision
inédite – et légalement discutable – d’annoncer son intention d’incriminer
Netanyahu pour ces chefs d’accusation, dans l’attente d’une audience préliminaire.
Au moment même où l’annonce a été faite, la droite commença à baisser dans
les sondages. Le leader avait parlé, et nous n’avions pas le droit de le contester.
La campagne dispersée du parti Bleu et Blanc se tournait dès lors vers la
« recommandation » de Mandelblit. La gauche avait désormais un cri de ralliement
et une raison pour voter. La tête de Netanyahu était sur le billot.
Depuis que Mandelblit a donné ses « recommandations
», ses pairs et lui-même sont les seuls acteurs politiques ayant un quelconque
pouvoir en tant que tel, faisant passer nos leaders élus actuels pour de simples
figurants dans le régime des juges. L’annonce de Mandelblit jeudi n’a fait
que l’officialiser.
À la grande joie des médias israéliens corrompus,
pendant les trois dernières années, nos seigneurs juristes ont grignoté tous
les aspects du pouvoir politique en Israël, et ont du même coup corrompu sans
vergogne le système juridique du pays de haut en bas. Du début à la fin, leur
persécution criminelle envers Netanyahu a été une parodie de la moindre norme
des sociétés démocratiques d’État de droit. Des enregistrements et des retranscriptions
d’interrogatoires de police de Netanyahu, sa femme, son fils et ses conseillers
ont systématiquement fuité vers les médias, scrupuleusement modifiés et intégralement
déformés. Il importait peu que ces divulgations fussent criminelles. Les avocats
de Netanyahu ont soumis à Mandelblit de multiples requêtes en investigation
de ces fuites criminelles, lesquelles furent toutes sommairement et dédaigneusement
rejetées.
Que fait la police ?
Tandis que ces
enquêtes remontaient, supervisées par le Procureur de l’État Shai Nitzan, des
enquêteurs de police ont fait pression sur les conseillers proches de Netanyahu
pour les contraindre à devenir des témoins assistés contre le Premier ministre
le plus admiré qu’Israël ait jamais eu. Des enquêteurs ont également menacé
l’ancien porte-parole de Netanyahu, Nir Hefetz, de détruire sa famille et de le
mettre en faillite s’il ne dénonçait pas Netanyahu. Ils réussirent finalement à
le faire craquer en l’incarcérant dans une cellule infestée de puces pendant 15
nuits, le privant de sommeil et de traitement médical, et en amenant dans une
salle d’interrogatoire proche de la sienne, une jeune femme qu’il connaissait,
menaçant de détruire sa famille.
Durant les premiers temps des enquêtes, Roni
Elshesch, alors inspecteur général de police, a avancé des théories de
conspiration sauvages, sans fondement et honnêtement insensées à propos de
Netanyahu, notamment celle selon laquelle il aurait engagé des détectives
privés pour prendre les enquêteurs en filature. Elshech a par la suite remué
ciel et terre pour empêcher le gouvernement de lui désigner un successeur alors
qu’il arrivait au terme de son service. Aujourd’hui encore, le poste
d’inspecteur général de police n’est toujours pas pourvu.
Les vacances de la
procureure
Puis, évidemment, il
y a Mandelblit lui-même. Mandelblit, qui prétend ne pas avoir été au courant de
l’abus de témoins – mais qui refusa d’enquêter sur ces allégations. Mandelblit
qui a promis, après avoir publié ses « recommandations » d’incrimination en
pleine campagne électorale, qu’il ferait preuve d’ouverture d’esprit vis-à-vis
de l’audience préliminaire de Netanyahu. Cette promesse s’est révélée être un
mensonge lorsque le procureur général Liat Ben Ari quittait l’audience deux
jours plus tôt pour emmener sa famille en safari en Afrique du Sud. Il eût été
regrettable qu’une broutille telle que l’avenir judiciaire du Premier ministre
ruinât sa chance de voir les éléphants.
C’est ce même Mandelblit qui refusa d’enquêter
sur Ben Ari lorsque des enregistrements ont surgi le mois dernier, montrant
qu’elle a soumis une fausse déposition à un tribunal dans le cadre d’un procès
à son encontre par un ancien de ses subalternes.
Le fond de l’affaire
Puis, évidemment, il
y a le fond des accusations elles-mêmes. L’accusation selon laquelle Netanyahu
aurait accepté un pot-de-vin se base sur la notion fictive qu’une couverture
médiatique favorable d’un homme politique résulterait forcément d’un fait de
corruption. Cette notion n’existe nulle part ailleurs dans le monde
démocratique; aucun procureur dans le monde n’a jamais accusé – ou investigué –
un politicien ou un média pour avoir fait preuve de corruption mettant en jeu
une couverture médiatique favorable. Certains éminents juristes américains ont
comparu devant Mandelblit durant l’audience préliminaire de Netanyahu, de toute
évidence dépourvue de tout sérieux, pour l’avertir que poursuivre des hommes
politiques pour corruption pour avoir reçu une couverture positive était une
ligne droite vers l’anéantissement de la liberté de la presse et de la démocratie
elle-même.
Ceci reste néanmoins tout le but de courir après
Netanyahu avec des délits inventés. Maintenant que Netanyahu est poursuivi pour
corruption – et qu’accessoirement, il n’a même jamais reçu de couverture
positive du média accusé de l’avoir fournie – n’importe quel politicien se
trouvant du mauvais côté du juge suera à grosse gouttes dès lors qu’un reporter
écrira de manière positive à son égard.
L’appel de Netanyahou
Après l’annonce de
Mandelblit en prime-time, Netanyahu s’est engagé à se battre pour sa liberté,
pour la restauration de la démocratie israélienne et de l’État de droit. Dans
son discours de jeudi soir, il a lancé un fervent appel à ses rivaux politiques
« raisonnables » pour le rejoindre dans ce combat.
Si des politiciens doutent que la lutte de
Nétanyahou soit leur lutte, ils ne devraient pas regarder plus loin que
l’annonce faite par l’accusation la semaine dernière qu’elle ouvrait un
réexamen, avant une enquête criminelle, du rôle de Gantz dans la soi-disant «
Affaire de la Cinquième Dimension ». La Cinquième Dimension était une startup
dirigée par Gantz dont la vente pour 14 millions de dollars aurait violé les
procédures habituelles.
Gantz n’a peut-être rien fait de mal. Mais
alors, Netanyahu est inculpé pour des crimes qui n’existent pas réellement.
Cela n’a donc pas d’importance. Le message est clair. Chaque politicien est à
la merci des procureurs. Si vous dépassez les bornes, vous deviendrez un
suspect criminel avant même de pouvoir crier à l’« abus de pouvoir ».
Il est certainement vrai que la gauche partage
la haine des procureurs envers Netanyahu. Le parti Bleu et Blanc existe pour le
détruire. Mais tous les politiciens de gauche – et Liberman – qui festoient
aujourd’hui, doivent comprendre que le Netanyahu qu’ils adorent détester
aujourd’hui est leur meilleur ami et défenseur. Si Netanyahu est reconnu
coupable de crimes inventés dans le but de le détruire, ils peuvent dirent
adieu à leurs prochaines victoires électorales.
Les politiciens nous rendent heureux ou tristes,
frustrés ou exaspérés. Mais aujourd’hui, dans un Israël post-démocratique, cela
importe peu. Netanyahu a appelé à une « enquête sur les enquêteurs » la nuit
dernière. À moins que nos représentants élus ne joignent leurs forces pour
répondre à son appel, ils ne serviront plus à rien, non plus que leurs
électeurs.
Note
[1] Avichai
Mandelblit porte également le titre de « Conseiller juridique du Gouvernement »
Pour aller plus loin :
Lecture on Israel’s legal mafia and its war
against Prime Minister Netanyahu
https://mabatim.info/2016/11/16/pour-en-finir-avec-lexception-palestinienne/