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C'est vrai qu'il y a 10 à 20% de Palestiniens qui cherchent
à vivre pacifiquement avec les Israéliens et que ce pourcentage pourrait
augmenter avec le temps si la désescalade des armes, des attentats et de l'incitation
à la haine pouvait se concrétiser.
Mais les résultats d'un récent sondage réalisé conjointement
par deux organismes, l'un israélien "The public opinion research of
Israel" et l'autre, palestinien, "The Palestinian Center of Public
Opinion", montre qu'aujourd'hui 59% des Palestiniens pensent que le Hamas et le
Jihad Islamique, deux organisations considérées comme terroristes par
l'Occident, devraient continuer la lutte armée, même si
Israël libère toute la Cisjordanie et Gaza! De plus, 80% des
Palestiniens disent ne pas vouloir abandonner la revendication du "droit de retour" en Israël. Ces deux
chiffres sont significatifs et montrent que la majorité des Palestiniens suit
Yasser Arafat dans sa volonté d'éliminer tout état Juif au Moyen Orient.
Dans ces conditions, est-ce le moment pour les Israéliens de
baisser la garde et de faire encore des concessions?
C'est la facétie qu'ont jouée dans le soit-disant
"accord de Genève" quelques politiciens de la gauche israélienne qui
ne sont mandatés que par leurs propres convictions. Comme l'a dit si bien un
observateur étranger à Jérusalem, Philippe Léotard, ils ne l'ont pas fait
discrètement et par altruisme, mais pour des raisons politiciennes, en faisant
le maximum de publicité à leur démarche pour le moins insolite.
Dans ce groupe, il y a toujours le même instigateur qu'on a
déjà rencontré à Oslo. Cet homme de l'ombre est rémunéré par une officine
européenne. Sa position se rapprocherait de celle d'une partie des européens,
qui commencent à parler d'Israël comme d'une "parenthèse" de
l'histoire et de la nécessité d'un état binational. C'est un homme aux
convictions frôlant le dogme et qui met son intelligence au profit d'une utopie
dangereuse et inopportune.
Oslo était déjà un pari risqué sur l'avenir, céder un
territoire tangible contre une paix hypothétique… Quoique réticent, Yitsh'aq
Rabin a pris néanmoins ce risque, s'apercevant très vite, dès les attentats de
Tel Aviv d'octobre 1994, qu'il avait fait faire fausse route à l'état d'Israël.
Il s'était fait berner par des interlocuteurs qui n'avaient pas les mêmes
objectifs de paix que lui, aussi bien dans le camp palestinien que dans le camp
israélien. Sous la pression de ses conseillers de la gauche, Rabin a fait ce
qu'un novice fait quand il a perdu en bourse; il continue à miser, car il
espère qu'elle remontera. Or sa mise spéculative a fondu, puis le Krach est
arrivé. Rabin y a perdu la vie et Israël toutes ses illusions! Les artisans
d'Oslo se sont retirés sur la pointe des pieds sans s'excuser. Mais l'homme de
l'ombre est toujours là, avec de nouveaux associés, prêt à miser sur n'importe
quoi, pourvu qu'il sorte de l'ombre où l'ont relégué les dernières élections à
la Knesset…
Un contrat de 28 pages signé fictivement à Genève et mis sur
la place publique, non vraiment, ce n'est pas du tout sérieux!
Il y a un gouvernement légalement élu en Israël qui mène une
politique qui vaut ce qu'elle vaut, dans des conditions difficiles. Sans être
suicidaire ni même extrémiste, cette politique a de bonnes chances d'aboutir, à
condition d'être encore plus patient que l'adversaire. Et voilà qu'un groupe,
pensant détenir la vérité, se croit permis de "doubler" le
gouvernement élu, dans la seule démocratie du Moyen Orient, n'ayant sans doute
jamais appris ce qu'est une "limite raisonnable".
Car comme le dit si bien Natan Tcharanski, on ne cède pas,
même sur un papier qui n'a aucune valeur légale, l'espoir bimillénaire de toute
une nation, Jérusalem. Sans Jérusalem, sans les lieux considérés comme saints
depuis trop longtemps, sans ses symboles le peuple d'Israël perdrait toute
légitimité sur sa terre et serait condamné à errer à nouveau dans une nouvelle
attente.
On n'abandonne pas non plus des frères et sœurs qui ont tout
perdu dans les pays arabes et qu'on a incité à émigrer en Israël. Ils sont plus
de 600 000. Et qui parle d'eux? On n'abandonne pas à leur propre sort 230 000
citoyens que la gauche a encouragé à aller vivre en Judée et Samarie.
Enfin, on ne demande même pas leur avis aux Chrétiens de
Cisjordanie qui, depuis dix ans, continuent de déserter la région, ni aux
Musulmans de Jérusalem dont certains préfèreraient rester Israéliens…
Oslo c'était une erreur. Genève c'est plus qu'une
excentricité intellectuelle, c'est de l'exhibitionnisme politique qui affaiblit
la position d'Israël!
Albert Soued, écrivain – 1er novembre 2003