www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
L’Economie Israélienne Face à la Guerre
Par Dov Zerah, haut fonctionnaire français, magistrat à la Cour des Comptes
16/1/24
Les morts, les blessés, les destructions du 7 octobre, puis la guerre, la mobilisation de plus de 360 000 réservistes ont entraîné de nombreux effets sur l’économie israélienne au point de faire de cette guerre « la plus coûteuse d’Israël ».
Depuis 2004, l’économie israélienne a connu une forte croissance grâce à une demande qui a permis de traverser la crise de la pandémie et de renouer avec une croissance de 6 % en 2021.
À la veille de la guerre, la situation macroéconomique est satisfaisante, même écornée par la crise occasionnée par la réforme judiciaire.
Nonobstant la crise politique résultant de la réforme judiciaire, tous les fondamentaux étaient globalement au vert :
-Un faible chômage susceptible de s’apparenter au plein emploi
-Un faible déficit budgétaire, avec un endettement public limité à 60 % du PIB
-D’importantes réserves en devises…
Mais les remous politiques avaient :
-Fragilisé le change. En moins d’un an, l’euro est passé de 3,30 NIS à 4 !
-Déstabilisé le secteur de la high tech. La réforme judiciaire a créé le doute chez les investisseurs sur l’indépendance de la justice et entrainé un phénomène de défiance et de diminution des investissements.
-Entrainé un net ralentissement des transactions immobilières. Face à cette situation, les promoteurs ont refusé de baisser les prix, ralenti les travaux des nouveaux chantiers et même remis en cause certains d’entre eux ou projets. Au bout d’un an, cela s’est traduit par un arrêt des transactions immobilières et la mise en difficulté des agents immobiliers et des avocats-notaires.
La guerre a immédiatement entraine quatre ponctions sur la population active.
Sur une population totale de plus de 9,6 millions de personnes, Israël a une population active totale de près de 4,4 millions de personnes ; cette dernière a subi dans les jours qui ont suivi le 7 octobre quatre ponctions :
- Le rappel de 360 000 réservistes. Il faut remonter à la guerre du Kippour en 1973 pour retrouver une mobilisation d’une telle ampleur pour une armée de 150 000 actifs. Cela constitue un signe fort des craintes du Gouvernement après le « samedi noir ». La faillite du « tout technologique » va entraîner une révision du modèle de l’armée israélienne ; même si des soldats ont déjà été démobilisés, les effectifs militaires vont progressivement être revus à la hausse.
- 280 000 personnes déplacées. Pour la première fois depuis 1948, tant les populations à la frontière avec Gaza que celle du Nord du pays ont dû quitter leur domicile et se replier dans des endroits à l’abri des missiles. Le déplacement de 280 000 personnes a entraîné la mise au chômage technique d’environ 100 000 personnes.
- Le tarissement de la population palestinienne. Du jour au lendemain, plus de 150 000 Palestiniens n’ont pu venir travailler sur le territoire israélien, sans compter les clandestins qui n’ont ni permis d’entrer, ni permis de travailler.
- L’importante diminution de la population étrangère. De nombreux travailleurs étrangers ont été tués ou kidnappés le 7 octobre. Cela a conduit 9 000 étrangers à quitter le pays. À titre d’exemple, le Roi de Thaïlande a affrété des avions de la Thai Airways pour rapatrier ses concitoyens.
L’absence des travailleurs palestiniens et des ressortissants étrangers partis impacte l’économie israélienne, tout particulièrement certains secteurs, l’agriculture ainsi que le bâtiment, et dans une moindre mesure l’hôtellerie.
Certes, toute la population s’est mobilisée pour aller cueillir, concombres, grenades, fraises, et autres tomates…mais la construction ainsi que les travaux publics sont en panne.
Pour mettre l’économie, voire la société israélienne moins tributaire de la main d’œuvre palestinienne, il convient de trouver une solution plus durable par l’importation d’une main d’œuvre.
Ne sous-estimons pas la différence entre les deux mains d’œuvre. Alors que l’ouvrier palestinien arrive le matin de chez lui et y retourne le soir, il faut loger, soigner, nourrir… ceux venus de loin. Cela des investissements à réaliser même si cela constituera un puissant stimulant pour l’économie.
Au total, 600 000 personnes ont été soustraites de la population active, soit près de 14 % de la main d’œuvre, ce qui a eu un impact immédiat et important sur l’activité économique.
La guerre a impacté pratiquement tous les secteurs d’activité :
L’agriculture
Il manque 30 000 personnes à l’agriculture à un moment crucial de cueillette des récoltes de concombres, tomates, grenades et autres fraises, sans oublier la traite des vaches et la récupération des œufs. Au-delà de la cueillette, c’est le moment des semis et de l’avenir des futures récoltes.
Produisant 70 % des fruits et légumes d’Israël, les localités situées autour de la bande de Gaza subissent un très gros choc. Pour une partie de ses agriculteurs, c’est la double peine pour eux qui ont été obligés de quitter Gaza et se sont réinstallés sur le pourtour de la bande.
Toute la population s’est mobilisée pour « sauver notre terre » en aidant les agriculteurs et en évitant les importations notamment de Turquie. Parallèlement, des volontaires juifs et non-juifs sont venus du monde entier pour participer à ces opérations de cueillette.
Après le 7 octobre, 10 000 travailleurs étrangers avaient quitté le pays. Mais, le mouvement s’est vite inversé avec l’arrivée de 12 000 travailleurs étrangers, principalement des Thaïlandais. Mais l’origine des pays s’est diversifiée avec le Sri Lanka, le Malawi, le Kenya ou l’Inde même.
Les transports
- Le transport aérien
Il a été le 1er touché puisque pratiquement toutes les compagnies, en tous cas les plus grandes, à l’exception d’El AL, ont immédiatement décidé de ne plus desservir Israël après le 7 octobre. Cette décision est le résultat du coût prohibitif des primes d’assurance et non d’une volonté délibérée ou implicite de boycotter Israël. En effet, même si à la différence de 2006 et 2014, l’aéroport international n’a, à ce jour pas été visé ni par le HamaS ni par le Hezbollah, la destination est risquée et justifie une augmentation des primes.
Pour le voyageur qui connait l’aéroport de Tel Aviv, Ben Gourion, il ne peut qu’être étonné par le calme des lieux. L’activité a diminué de 80 %, 100 vols quotidiens contre 500 en période normale. Mais la situation est en train de progressivement changer.
- Le transport maritime
Comme pour l’aéroport de Ben Gourion, l’activité du port d’Eilat a chuté de 80 % à cause des opérations conduites par les chiites Houthis contre les navires empruntant le golfe d’Aden et le détroit de Bab el Mandeb.
Eilat, ville sinistrée, pour trois raisons :
- La situation du port
- Un secteur touristique sinistré même si les hôtels sont occupés par des habitants du Sud d’Israël
- Des commerces en berne car les occupants des hôtels ne sont pas des consommateurs.
Depuis le 7 octobre, la ville a enregistré 7 000 chômeurs supplémentaires.
Eu égard la situation critique de la ville, le Gouvernement a décidé le 4 janvier de venir en aide à la ville. C’est indiscutablement un indicateur négatif. À ce jour, c’est néanmoins la seule ville israélienne à bénéficier d’une telle assistance. C’est pourquoi, a contrario, c’est un signe positif car, après 100 jours de guerre, cela signifie qu’aucune autre localité n’a besoin d’un soutien étatique.
L’activité du port d’Ashdod a aussi baissé, de 17 % en octobre et de 24 % en novembre.
Les bateaux rejoignent le port de Haïfa qui est aujourd’hui complétement embouteillé à cause de ces arrivées inhabituelles ; certains concessionnaires envisageraient des ristournes pour dégager les espaces portuaires.
Le tourisme, l’hôtellerie, les loisirs
Bien évidemment, le secteur est très touché même si les opérateurs hôteliers ne sont pas en trop grande difficulté car le Gouvernement a réquisitionné les structures d’hébergement pour accueillir les populations évacuées du Nord et du Sud.
En revanche, les guides et agences de voyage souffrent énormément de la chute de l’activité.
La baisse de l’activité a entrainé une diminution des entrées de devises.
Le marché immobilier
La guerre a accentué la crise du secteur. L’incertitude économique a un impact majeur. Tout est gelé, ne serait-ce que parce que la mobilisation des réservistes a remis en cause de nombreux projets de location, voire d’achat. Les ventes immobilières ont baissé de 40 % en 2023, 70 % à Tel Aviv.
Le marché est en suspens. Cela a entrainé un ralentissement considérable du marché de l’immobilier locatif, d’où une stagnation, voire une diminution des prix des loyers, accentuée avec le recours de plus en plus important à des locations de courte durée. Dans le même temps, de nombreuses personnes ne renouvellent pas leur bail pour retourner habiter chez les parents.
Pour autant, après une période de hausse constante, les loyers ont atteint un taux d’augmentation annuelle d’environ 5 %. Bien évidemment, l’avenir du marché locatif dépendra de la durée de la guerre et de l’évolution des taux d’intérêt. La situation reste incertaine, mais tant que le statu quo persiste, il est peu probable que les prix des loyers continuent de grimper en flèche.
Quant à la construction, elle est pratiquement à l’arrêt avec l’absence des ouvriers palestiniens.
Le commerce, la restauration, les loisirs
Il convient de relever qu’il n’y a eu aucune rupture des chaines d’approvisionnement.
Malgré la guerre, la frustration, la culpabilité, voire la honte de n’avoir pu empêcher ce 7 octobre, la préoccupation des otages, la crainte pour les militaires, les risques d’alerte…, les Israéliens continuent à consommer… Mais l’absence d’envie, du conjoint, des enfants ou des amis fait qu’on va moins au restaurant ou au spectacle, et la consommation a baissé d’environ 10 %.
Le maintien des transactions en carte bancaire à 95 %, soit pratiquement le niveau d’avant-guerre, est trompeur et nullement significatif du véritable état de la consommation ; depuis le 7 octobre, les Israéliens ont multiplié les achats de biens divers et variés pour l’habillement, l’équipement et le bien-être des soldats.
La High Tech
La high tech est un secteur clé de l’économie israélienne avec 12 % de la population active, 50 % des exportations et 25 % des rentrées fiscales.
Depuis un an, le secteur de la High Tech était handicapé avec une baisse de 44 % des investissements (7 Md$ en 2023 contre 16 en 2022) occasionnée par la défiance suscitée par la crise politique et la réforme de la Justice, sans sous-estimer l’impact de la conjoncture internationale devenue morose avec l’agression russe en Ukraine.
Depuis le 7 octobre, il est pénalisé par le départ des personnes appelées au front. Une bonne nouvelle est à signaler : Intel a annoncé une augmentation de 15 à 25 Md$ de son programme d’investissements dans son usine de Kyriat Gad.
L’exploitation gazière
L’exploration gazière a été ralentie, pour éviter de prendre trop de risque, et nonobstant la retenue libanaise. Malgré les provocations répétées du Hezbollah, le front Nord ne s’embrase toujours pas pour plusieurs raisons.
Pour le moment, le Hezbollah ne va pas au-delà de provocations parce que l’Iran ne veut pas, pour le moment, une extension du conflit. Parallèlement, tout le Liban ne veut pas d’une guerre et le Hezbollah le sait. Tous les Libanais appréhendent « une vitrification du pays » promise par Israël. Les Libanais ne sont pas prêts d’oublier les destructions de 2006 !
Enfin, au moment où est fêté l’anniversaire de l’accord sur la frontière maritime avec Israël, les Libanais ne veulent pas prendre le risque de le remettre en cause ; Beyrouth craint une détérioration de l’image du pays au Cèdre, notamment à l’égard des investisseurs étrangers, et ne peut se le permettre dans le contexte actuel de l’économie libanaise.
Pourtant cet accord n’a pas satisfait les attentes ; les premières explorations n’ont pas été concluantes et Total Énergies s’est retiré des blocs ns 4 et 9. La déception a même conduit certains à envisager la dénonciation de l’accord… Simple évocation non suivie d’effet !
Les fondamentaux macro-économiques
Le PIB israélien
Après la baisse de 1,5 % en 2020 due à la pandémie, le PIB israélien a connu une vive remontée avec 9,3 % en 2021 et 5,5 % en 2022.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a abaissé les prévisions de PIB d'Israël pour 2023 à 2,3 % contre 2,9 % prévus en juin, et à 1,5 % en 2024 contre 3,3 % précédemment.
Par rapport à un potentiel annuel de croissance de 4-4,5 %, la perte est :
- d’environ 2 % en 2023, en tenant compte de la baisse déjà enregistrée sur les 9 premiers mois de l’année à cause de la crise politique et la réforme judiciaire
- d’environ 3 % en 2024.
Soit une perte totale de 5 % sur les deux ans, et un manque à gagner de 25 md€.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les Accords d’Abraham tiennent, ont tenu, et l’Arabie saoudite n’a pas fermé la porte des négociations. Certes, des associations réclament le boycott de certaines multinationales, mais il n’y a eu aucune demande officielle de boycott d’Israël, orchestré par la Ligue arabe.
Après avoir proclamé des déclarations tonitruantes, le président tunisien a fait machine arrière, tout comme son voisin algérien. En revanche, les associations derrière le BDS continuent leurs actions, sous la protection offerte par les démocraties occidentales.
Le budget de l’État
- Les dépenses
À la mi-décembre, la Knesset a voté un budget supplémentaire de 28,9 MdNIS pour un budget total de 636,6 MdNIS y c le service de la dette, destinés à couvrir, hors 3 MdNIS pour des fonds existants, :
- Les dépenses militaires supplémentaires pour 13,9 MdNIS, notamment pour l’achat d’armements et la solde des 360 000 réservistes mobilisés.
12 MdNIS de dépenses civiles supplémentaires à concurrence de :
6,1 MdNIS pour l’hébergement des populations déplacées, l’aide financière aux personnes blessées lors de la guerre, la scolarisation des enfants des personnes évacuées et les mesures en faveur de l’emploi
1,8 MdNIS pour renforcer les dispositifs de sécurité civile
1,8 MdNIS pour stimuler l’économie, avec des aides aux agriculteurs, aux garderies et l’indemnisation des institutions culturelles sans oublier le « filet de sécurité » pour le transport maritime et l’aviation.
1 MdNIS pour le soutien du système de santé et des services de santé mentale, à l’achat de médicaments et au renforcement de la structure des hôpitaux contre les attaques de roquettes et de missiles.
Les dépenses de reconstruction pour lesquelles a été voté un budget de 20 MdNIS sur 5 ans.
La discussion parlementaire s’est focalisée sur 300 MNIS destinés aux implantations et à l’enseignement religieux et a soulevé une polémique qui a conduit à un vote limité aux seuls députés de la coalition sans les membres des partis participant au gouvernement d’urgence nationale. Seule la démocratie israélienne peut offrir un tel spectacle, une partie du gouvernement ne vote pas son projet de budget.
La nouvelle discussion budgétaire qui a entrainé le report du passage devant la Knesset porte un sujet autrement plus important, le montant de l’augmentation du budget de l’armée.
- Les recettes
L’aide américaine est de 14 MdUSD, en plus des 3,5 MdUSD d’aide annuelle. N’oublions pas que ce soutien est utilisé pour acheter des matériels américains et notamment des munitions.
Le recours à l’endettement extérieur. Mi-décembre, Israël a sollicité les marchés avec une émission obligataire de 4 MdNIS au taux de 4 % ; la demande a été 4 fois supérieure à l’offre et des Bons du Trésor israélien ont été souscrits par de grandes banques comme BNPPATBAS ou City Bank.
Le soutien de la diaspora par les dons ou la souscription des Israël Bonds a porté sur 1Md$.
- Le déficit budgétaire
En 2022, Israël a affiché son 1er excédent budgétaire en 35 ans avec 0,6 % DU PIB.
La guerre a creusé le déficit en 2023 pour atteindre 4,2 % DU PIB, contre une prévision de 0,9 % lors de l’adoption du budget.
Le déficit budgétaire devrait augmenter en 2024 à 6 % du PIB, contre 2,3 initialement prévus.
Le change
La guerre a accentué la dépréciation du shekel engagée avec la crise politique due à la réforme judiciaire. En un an, l’euro est ainsi passé de 3,30 NIS à 4,10 NIS, soit une baisse de 25 %.
Toutefois, depuis la mi-décembre, une réappréciation du shekel est enregistrée tant vis-à-vis de l’euro que du dollar ; il est repassé en-dessous de la barre des 4 shekels pour 1 euro. Cela constitue un signe indiscutable de la confiance des opérateurs économiques dans la capacité d’Israël à gagner la guerre et à faire face à son coût.
Deux signes positifs doivent être relevés : Israël a lancé un emprunt de 4 MdUSD sursouscrit, la Banque centrale a diminué son taux directeur de 0,25 %, et a, d’ores et déjà, annoncé pour l’année trois autres baisses de 0,25 %.
La Banque centrale disposait à fin novembre 2023 de 200 MdUSD de réserves, en augmentation de près de 7 MdUSD sur un an ; cela représente 38,3 % du PIB. Cela lui a permis, dès le début de la guerre de vendre 30 MdUSD pour renforcer le change et financer le Trésor israélien.
Néanmoins, il ne parait pas opportun de refaire ce genre d’opération pour épargner ce trésor surtout à un moment où les marchés réévaluent la devise israélienne. L’éventuel besoin de financement du Trésor devrait passer, comme le plus souvent en temps de guerre, par des emprunts sans garantie et sans contrepartie de la Banque centrale, c’est-à-dire par « la planche à billets ».
L’inflation
Cette formule est généralement déconseillée pour éviter de créer de l’inflation monétaire. Mais la situation économique actuelle réduit fortement ce risque. Depuis 2 ans, l’inflation est à moins de 4,5 %.
N’oublions pas qu’une des causes structurelles de la hausse des prix en Israël est la persistance de monopoles sur certaines activités. Leur démantèlement devrait enfin constituer un impératif gouvernemental.
Le coût global de la guerre
Le coût de la guerre est estimé à environ 200 MdNIS, soit 50 Md€, sans oublier les 25 Md€ de manque gagner et les pertes humaines.
Les pertes humaines de 1 400 personnes à fin décembre
Les 200 MdNIS de coût de la guerre avec 110 MdNIS de dépenses militaires quasi-équivalentes aux 90 MdNIS de dépenses civiles. Leur financement est assuré par l’aide américaine de 14 Md$ (à comparer aux 3,5 annuels) entièrement dédiée à l’achat de matériels américains, l’appel à l’épargne internationale et la générosité du peuple juif à concurrence de plus d’1Md$.
Cette guerre est la plus coûteuse d’Israël. Hors pertes humaines et manque à gagner du PIB, la guerre coûte 10 % du PIB, contre % pour la 2nde guerre du Liban de 2006.
Les défis de demain
Le besoin de main d’œuvre
Israël doit trouver une solution durable à ses besoins de main d’œuvre, en limitant au maximum le recours à la population palestinienne, par trop tributaire des événements sécuritaires. Israël ne peut plus prendre le risque d’accueillir des ouvriers qui se retournent contre leurs employeurs, comme lors de la seconde intifada, ou font des repérages des villages, villes et maisons, comme les Gazaouis depuis plusieurs mois, et les transmettent ensuite aux terroristes.
Cela signifie qu’Israël doit faire appel à des populations d’autres pays ou continents. Le ministère des Affaires étrangères négocie avec Quito l’arrivée de 25 000 Équatoriens, ainsi qu’avec New Delhi.
Néanmoins, il faut avoir conscience du coût que cela occasionne. L’avantage des ouvriers palestiniens est qu’ils viennent le matin et repartent en fin de journée ; ils n’occasionnent aucun coût d’infrastructures publiques ; nuls besoins de logements, de places d’écoles, de places d’hôpital… Faire appel à de la main d’œuvre d’autres pays exigera certes d’importants investissements, mais cela aura un effet dynamique sur l’activité économique.
Le redimensionnement de l’armée
Un consensus s’est dégagé après le 7 octobre, tous les moyens techniques possibles et imaginables, tous les moyens sophistiqués ne peuvent remplacer l’homme, le soldat. En conséquence, la taille de l’armée devra être revu à la hausse, de 140 000 à 150 000 personnes à probablement 200-250 000, ou à un allongement de la durée à trois et demi pour les hommes.
Cela va constituer un coût durable pour le pays, tant du point de vue budgétaire que par l’impact sur la population active. L’armée d’ailleurs demandé un budget supplémentaire de 200 MdNIS sur 4 ans, soit une augmentation d’un tiers du budget annuel.
Un investissement accru en matière technologique
Cette dernière guerre démontre que l’avantage technologique d’Israël n’apparait pas aussi déterminant qu’on le croyait. Qu’en sera-t-il la prochaine fois ? Il est vital, existentiel que l’État hébreu accroisse ses investissements en recherche et développement pour toujours garder son avantage face à ses adversaires.
La réduction des inégalités sociales
Depuis une vingtaine d’années la croissance économique, et surtout les salaires pratiqués dans le secteur de la high tech, ont accentué les inégalités sociales. Cette situation devient de plus en plus insupportable compte tenu des sacrifices humains, civiles et militaires consécutives au 7 octobre.
Les disparités régionales
Il convient de rappeler que le Sud est pauvre, que les villes de Sdérot, Ofakim, Nétivot… sont défavorisées et ont depuis 17 ans vécu sous les roquettes du HAMAS. Le retour des habitants dans leurs maisons exige un effort exceptionnel en leur faveur.
La cohésion sociale et l’impôt du sang exigent une lutte contre les inégalités sociales et les disparités régionales surtout l’augmentation de la pression fiscale s’avérait inéluctable.