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NI DE GAULLE, NI L’ ALGERIE
Par URI DAN, correspondant
du New York Post pour le Moyen Orient.
Article paru dans le Jerusalem Post du 15 Janvier 2005
Traduit par Stéphane Teicher pour www.nuitdorient.com
Certains observateurs comparent la situation d’Israël à celle de la France en Algérie à la fin des années 1950 – début des années 1960.
Mais au cours d’une de mes récentes conversations avec le Premier Ministre Ariel Sharon, il me dit: "Avec tout le respect dû au (Président Français Charles) de Gaulle, les Juifs n’ont pas l’intention de partir. C’est notre patrie, et nous n’avons nulle part ailleurs où aller."
Sharon est en net contraste avec le drame Algérien, où de Gaulle força les résidents français à retourner en France, alors qu’il y a ici une lutte entre Israéliens et Palestiniens.
"Quand vous étiez chef de l’opposition,” demandai-je à Sharon, "vous avez appelé les résidents du Gush Katif à tenir bon. Maintenant, vous avez décidé de les déraciner. "
"J’avais raison alors, et j’ai raison maintenant," me répondit Sharon.
"Comment expliquez vous cette contradiction ?"
"Les conditions ont changé," dit il.
SHARON A RAISON. Et là aussi, il y a un rapport avec la France.
Plus vous y réfléchissez, plus il apparaît clairement que l’affaire Algérienne n’a rien à voir avec notre combat.
Après le retrait de de Gaulle d’Algérie, le FLN n’a pas poursuivi les Français jusqu’à Paris, Lyon, Marseille, et Bordeaux.
La guerre était terminée.
Mais après que Tsahal se soit retirée de la bande de Gaza et des villes Arabes de Judée et de Samarie, et qu’elle en ait remis le contrôle à l’OLP, dans le cadre des accords d’Oslo, les Palestiniens ont démarré une offensive terroriste, avec des attentats suicides à Jérusalem, Haifa, et Tel Aviv.
Aujourd’hui, l’ennemi bombarde Sderot, Nahal Oz, et les implantations du Gush Katif.
La guerre de plus de quatre ans que les Palestiniens nous ont imposée est le résultat des erreurs de calcul des politiciens de gauche à Jérusalem. Ils ont signé les Accords d’Oslo en pensant qu’il suffisait de mimer le retrait de de Gaulle d’Algérie, pour parvenir à la paix pour Israël.
Il est intéressant de noter qu’il y a toujours en France des gens qui regrettent les accords que de Gaulle a signés avec les Algériens.
Bien que la France ait quitté l’Algérie, l’Algérie n’a jamais quitté la France. Des millions d’Algériens arabes musulmans ont immigré en France. Cette communauté menace non seulement la spécificité de la France à long terme, mais aussi sa sécurité à court terme.
Il y a des quartiers musulmans dans les villes françaises
tellement dangereux que même la police a peur de s’y aventurer.
Voilà pour ce qui est des leçons que la France peut nous donner.
C’est pourquoi j’ai considéré comme le summum de l’impudence, le récent entretien du Ministre Français des Affaires Etrangères Michel Barnier avec Roger Cohen, paru dans l’International Herald Tribune:
"Pour moi, le Président Bush a une responsabilité historique,...Cette responsabilité, dans le Moyen Orient post-Arafat... est de ramener les Israéliens et les Palestiniens à la table de négociations, d’assurer un retrait réussi d’Israël de la bande de Gaza, et d’engager des discussions fondées sur la feuille de route vers la paix, qui prévoit un retrait d’Israël de la Rive Occidentale. Ce sera le test…dans les cinq ou six prochains mois".
Barnier veut que les relations USA-France soient liées à la volonté de l’Amérique de pousser Israël à de nouvelles concessions envers les Palestiniens.
Rien n’ est plus impudent.
C’est comme si Israël disait que les Américains ne parviendront à la démocratisation de l’Irak que si la France assure une représentation convenable aux quelques 10 millions de Musulmans qui y vivent maintenant. Nous pourrions dire que la route de la paix à Baghdad passe par Paris.
La première visite de Barnier dans la région n’a pas eu lieu à Jérusalem, mais à la Mukata de Yasser Arafat.
Tout simplement, le Président Français Jacques Chirac et Barnier sont fermement du côté Palestinien.
Les paroles de Barnier expriment tout simplement l’hypocrisie habituelle du Quai d'Orsay. Il n’est pas intéressé à obtenir une paix réelle dans la région, mais seulement à apaiser les millions de musulmans de France.
Pas plus qu’il ne se soucie de l’avenir de la démocratie à Baghdad, mais uniquement des futurs contrats de pétrole et d’armes de Paris avec les pays Arabes.
Ce qui me ramène à Sharon.
Je pense qu’il comprend le jeu cynique de la France. Il n’est pas un de Gaulle, mais il ressemble peut-être plus à Georges Clemenceau (" le Tigre"), président de la France pendant la première guerre mondiale.
À travers le parallèle décrit, il semble que le message induit soit le suivant: si Israël quitte Gaza, c'est pour pouvoir constituer un territoire homogène que toute la population juive soit prête à défendre. Cela sous-entend que si une offensive palestinienne est menée contre Israël à partir de Gaza évacué, il s'agirait alors d'une guerre qu'il faudra gagner coûte que coûte et sans ménagement.
Un autre message induit pourrait
être aussi: en 1962 les pieds noirs avaient la France comme territoire de
repli; quel territoire de repli le Français de demain a-t-il?
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