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LA VOIE ÉTROITE DE LA PAIX

 

Par Albert Soued, www.chez.com/soued/conf.htm pour www.nuitdorient.com

Le 1er juin 2006

 

Lors des dernières élections israéliennes de très nombreux citoyens ont choisi de ne pas participer aux jeux subtils des partis politiques et se sont abstenus. Était-ce la conséquence d'un malaise des jeunes vis à vis de la société ou simplement la réaction à l'incapacité subite d'un chef charismatique, emblème du père fondateur et protecteur, qu'aucun autre candidat ne paraissait remplacer?

La société israélienne évolue dans une désillusion de la paix qui se mue parfois en indifférence. Ledit partenaire palestinien de la paix est de plus en plus radical dans son idéologie et maximaliste dans ses exigences, aidé en cela par un nouvel allié de circonstance, l'Iran shiite, bientôt puissance nucléaire. Le fait juif du retour sur la terre des ancêtres, en milieu arabisé depuis 14 siècles, n'est toujours pas accepté par les voisins arabes depuis bientôt 60 ans.

Faute de bercer le peuple avec de nouvelles illusions, le nouveau parti du Centre, Kadima, cherche néanmoins à donner un objectif et un espoir, en souhaitant définir les frontières de l'Etat, les frontières les plus sûres possibles, avec le minimum de population arabe. Et tout cela avant que le président Bush ne quitte le pouvoir, le premier ministre Yehoud Olmert espérant obtenir lui aussi "une lettre annexe" (1) entérinant le tracé définitif des frontières. Israël cherche à devenir un état comme les autres, vivant en paix dans des frontières sûres. Mais reconnues par qui ?

Les risques inhérents à cette opération de "réalignement" en Judée et Samarie ne sont pas minces. Opération considérée comme "hardie ou osée" (bold) par le président Bush, opération unique dans les annales, et répétition à grande échelle de l'évacuation des implantations juives de la zone de Gaza. La Judée et la Samarie ne sont pas neutres vis à vis du psychime Juif, c'est la terre biblique qui ruisselle de lait et de miel. De plus, en amplifiant par dix le désengagement de Gaza, on risque une cassure dans la société. Sans doute nécessaire, l'évacuation de Gaza n'a pas apporté d'amélioration tangible sur le plan de la sécurité. Bien au contraire elle a permis le passage aisé d'armes et de terroristes de tout bord, venant du Sinaï. Il faut rappeler ici que ce ne sont pas des frontières hermétiques qui assureront la sécurité du pays, mais un solide réseau d'information, comme l'a démontrée la neutralisation progressive de l'intifada, avec une barrière de sécurité incomplète à 70%.

Par ailleurs l'argumentation qui consiste à dire qu'il faut consacrer les investissements disponibles à développer le Négev et la Galilée plutôt que la Judée et la Samarie ne peut être retenue du fait que l'extension des implantations existantes est pratiquement gelée.

Enfin, le désengagement de Gaza a déjà confirmé l'incapacité de l'Autorité Palestinienne à se transformer en un état viable et paisible, vu le chaos qui y règne. L'évacuation de la Judée et de la Samarie ne fera qu'amplifier le chaos.

En fait, dans ce "réalignement" on dénie le droit à des Juifs à demeurer sur une terre ancestrale. James Woolsey, conseiller du président Bush, a déclaré le 23 mai dans le Wall Street Journal : "La solution d'un état Palestinien à côté d'Israël ne pourra se concrétiser que le jour où on exigera des Palestiniens les mêmes normes de comportement que l'on exige des Israéliens, c'est à dire quand les habitants juifs de Judée et de Samarie pourront être traités avec la même décence dans l'état Palestinien que les citoyens musulmans le sont en Israël". Par ailleurs, la grande presse américaine a mal accueilli l'annonce du "réalignement" du 1er ministre israélien à Washington, non pas pour défendre les implantations, mais les Palestiniens, de crainte que ceux-ci ne soient "spoliés d'un territoire viable et continu"….

 

La voie est étroite entre le déracinement forcé de 70/80 000 citoyens et la volonté de définir des frontières pour "normaliser" l'état israélien. La voie de la sagesse ne consiste-t-elle pas à choisir plutôt la patience, tout en se concertant avec un voisin qui subira forcément les conséquences du choix israélien, la Jordanie. C'est le conseil donné par le président Bush à Yehoud Olmert. Nous sommes persuadés que la solution à ce dilemme consiste dans la gestion commune israélo-jordanienne de la Judée-Samarie.

N'a-t-on pas déjà parlé de mettre ce territoire sous tutelle de l'Onu? La voie jordanienne nous semble plus réaliste et plus sérieuse.

 

Note

(1) en 2002, Ariel Sharon avait obtenu de G W Bush une lettre reconnaissant la nécessité de maintenir les grands blocs d'implantation de Judée et de Samarie dans le territoire israélien et l'intégration des réfugiés plutôt dans le futur nouvel état palestinien. Mais cette lettre préconisait des négociations avec les Palestiniens pour la définition des frontières...

 

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