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Par
Moshé Arens, ancien ministre de la défense
Bien
qu'Israël soit suffisamment fort et qu'il ait la capacité de compenser
les erreurs répétées de ses dirigeants, nous avons le droit d'attendre de
ceux-ci qu'ils tirent les leçons de leurs erreurs, afin d'en minimiser les
conséquences pour les citoyens. Mais là, on voit bien qu'ils apprennent à
leurs dépens, et beaucoup d'Israéliens en payent le prix. Et c'est le tour
des résidents de Sdérot, d'Ashkelon et des communautés aux alentours.
Depuis
que les forces de Tsahal se sont retirées du Liban-sud, on a clamé que les
retraits unilatéraux sur des lignes de "plus grande légitimité"
accroissent la force de dissuasion d'Israël, à l'égard des actes de terrorisme
contre des citoyens. Comme si la réponse militaire d'Israël contre le
terrorisme du Hezbollah n'était pas suffisamment justifiée, quand Tsahal était
déployé dans le sud du Liban. Comme si une fois Tsahal replié sur la frontière
internationale, sa réponse contre les agissements du Hezbollah aurait été sans
doute mieux comprise par le monde entier. Qui peut oublier les terribles
avertissements d'Ehoud Barak, alors 1er ministre, menaçant
d'infliger de sévères ripostes contre le Liban, si le Hezbollah continuait ses
attaques après le redéploiement de l'armée ? On a appelé les casques bleus de
l'Onu pour bien montrer au monde entier qu'Israël n'occupait plus un seul cm2
de territoire libanais. Mais il s'est trouvé que ceux qui étaient supposés
recevoir ces avertissements, le sheikh Nasrallah et le gouvernement Libanais,
n'étaient nullement impressionnés par nos menaces. Les attaques ont continué de
plus belle, la riposte israélienne est restée lettre morte et la dissuasion à
la frontière nord s'est écroulée.
On
n'a rien appris de cette leçon. Puis nos dirigeants ont continué avec la même
rhétorique: si Israël se redéploie sur les lignes de 1967 autour de la bande de
Gaza, alors les terroristes verront ce qu'ils n'ont jamais vu, si jamais ils
continuaient à attaquer Israël. Et d'ajouter que le monde entier comprendrait
toute riposte israélienne aux actes de terrorisme, quelle que soit son ampleur
dévastatrice…
L'auto-punition
infligée par Israël du fait du désengagement de Gaza, c'est à dire l'évacuation
forcée de 8000 résidents, la destruction de leur maison et leurs champs
abandonnés, aurait dû convaincre les Palestiniens, ainsi que les amis et les
ennemis d'Israël, qu'à partir de ce moment, il n'y aurait plus d'excuse aux
attaques terroristes. Et ce message a été largement diffusé par les chefs
militaires et politiques afin qu'il n'y ait aucun malentendu. Mais les
roquettes Qassam ont continué à pleuvoir, avec une fréquence encore plus grande
et atteignant des zones sensibles autour d'Ashkelon.
Ayant
leur racines sans doute quelque part près de la ville légendaire de Chelm (1),
nos dirigeants ont décidé que la réponse aux tirs de roquettes Qassam serait
des barrages continus d'artillerie "sur des champs vides". Or ces
tirs ont empêché de dormir les habitants d'Ashqelon, mais ils n'ont pas empêché
les roquettes de continuer à tomber. Bien au contraire, avec leurs
"dommages collatéraux", ces tirs stupides d'artillerie ont provoqué
des critiques de partout. La dissuasion d'Israël s'est une fois de plus
écroulée. Et les terroristes sont de plus en plus osés. Répétez après moi "tout désengagement unilatéral affaiblit la dissuasion
d'Israël".
Avec
des arguties du type "les Qassam tombaient déjà sur Sdérot bien avant
le désengagement de Gaza!", "personne n'a été tué par une
roquette Qassam!", nos dirigeants refusent d'admettre que le
désengagement de Gaza a été un gigantesque fiasco. Mais insister bêtement pour
que ce désengagement comprenne aussi le nord de la bande de Gaza et les
localités de Nitsanit, Dugit et Alei Sinaï, pour atteindre les lignes de 1967,
cela a rapproché les zones de lancement des roquettes de la ville d'Ashkelon.
Alors
que les résidents de Sdérot sont recroquevillés dans leur abri, nos dirigeants
se grattent la tête pour savoir quoi faire demain.
Israël
est en tête des nations dans la technologie d'interception balistique, mais la
trajectoire des Qassam est trop courte pour qu'une interception soit possible.
Pour le moment il n'y a pas d'autre solution que de réoccuper
"unilatéralement" une partie du nord de Gaza, que l'armée a
abandonnée stupidement, en août dernier. C'est pourtant si simple, alors
pourquoi ne le fait-on pas? Vous n'allez pas me croire, nos dirigeants ont honte
d'admettre leur erreur d'évaluation. (2)
Note
de la traduction
(1) propos
ironiques de l'auteur: Chelm, une ville de Pologne, citée par I.B. Singer, parlant des
fameux Sages de Chelm... ceux qui prenaient toujours des décisions longuement
et mûrement réfléchies, et indiscutablement stupides….
(2)
alors que pensez-vous d'un désengagement de Judée et de Samarie prôné par Ehoud
Olmert?