www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
POURQUOI ISRAËL GAGNE LES GUERRES
Par BARRY RUBIN-
directeur du Centre de Recherche Globale dans les Affaires Internationales et
éditeur de la Revue du Moyen-Orient pour les Affaires Internationales.
Paru dans le Jerusalem Post du 4 Septembre 2006
Traduit par Artus
pour www.nuitdorient.com
Pour comprendre
pourquoi Israël garde toujours l'avantage stratégique au Moyen Orient,il faut analyser pourquoi Israël gagne les guerres. Voici
une douzaine de facteurs intervenants qui vont au-delà de ce qu'on a pu lire
comme analyses par ailleurs.
• La qualité avant la quantité. Précisément parce que les états arabes sont plus peuplés et ont plus
d'argent, qu'Israël doit faire attention à chaque soldat et à chaque shekel dépensé.
Cette philosophie continue à guider l'establishment militaire. Le soldat Israélien
doit être mieux entraîné, mieux instruit, mieux équipé et mieux informé que l'adversaire. Et
malgré des défauts, ceci reste vrai en grande partie.
• Corriger les erreurs. Ceci est extraordinairement important. Il exige une évaluation
honnête de ce qui n'a pas marché, et comment le réparer. Un tel désir d'admettre
l'erreur et vouloir la réparer différentie
l'armée d'Israël de l'adversaire qui, pour les raisons politiques et sociales,
est beaucoup plus secret et lent à admettre l'erreur. D'ores et déjà, des
commissions sont nommées et des rapports établis pour évaluer la guerre du
Liban et on a commencé à améliorer la situation.
• L'initiative des officiers. Vu la mentalité dictatoriale et directive des sociétés arabe et
iranienne, les décisions sont prises au sommet et les écarts sont punis à
l'échelon inférieur. Un bon exemple est la structure rigide de l'armée irakienne
pendant la guerre d'Iran-Iraq. Les armées doivent
pouvoir réagir devant une nouvelle technologie ou des situations imprévues du
champ de bataille. Si on omet de le faire, on est défait. Cette condition est incorporée
dans l'entraînement et le comportement du soldat Israélien.
• La technologie. C'est une des questions les mieux réglées. Israël est à l'avant-garde
de la recherche et du développement en matière d'armes. Même quand il achète
des systèmes d'armes à l'étranger, il les modifie en fonction de l'expérience
et de ses propres études. Garder une avance est un combat sans fin, mais il est
réalisé. Israël profite aussi des avancées technologiques américaines, alors
que les Arabes n'ont plus l'URSS, qui était d'ailleurs à un niveau inférieur
même à son sommet.
• La valeur individuelle du soldat. Pour les hommes enrôlés surtout, les conditions
de vie dans les armées arabes sont terribles. Ils ne sont pas traités
équitablement et encore moins respectueusement. Les hautes motivations de
quelques groupes, comme le Hezbollah, est inhabituel et ne concerne qu'un petit
nombre d'individus. Quand le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah,
a déclaré qu'il n'avait jamais cru qu'Israël entrerait en guerre suite à
l'enlèvement de deux soldats, il montre qu'il ne comprend pas la mentalité
Israélienne. D'autres Arabes envient cette façon de penser Israélienne. Tout
soldat sait qu'ils ne sera pas abandonné ni maltraité.
• Ne pas se suicider. Le désir de devenir un martyr est très vantée
par le Hezbollah et les autres groupes. Pourtant en fait, si cette méthode réussit
parfois, elle est inefficace sur le plan stratégique. Ce n'est pas par hasard
que le Général George Patton a dit que le but de la guerre n'était de ne pas
mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le "connard" d'en
face meure pour le sien. Si vous pouvez l'éviter, vous ne devez pas sacrifier
vos soldats les plus motivés et les mieux entraînés, ainsi que leur équipement.
Un proverbe arabe dit "être un homme, c'est pour moitié savoir quand se
sauver". Le suicide ne gagne pas une guerre, et aucun article de presse aussi
naïf soit-il ne changera cet état de fait.
• La supériorité de l'aviation. Alors que les limites de la puissance aérienne ont été encore une fois
démontrées dans la guerre du Liban, avoir le contrôle de l'air est d'une importance
capitale. En effet, un des plus grands problèmes auquel Israël eut à faire face
– attaquer des bunkers avec des chars alors que l'ennemi avait des missiles
anti-chars efficaces – est due à l'usage insuffisant de la force aérienne (une
erreur qui est déjà corrigée). Si jamais Israël est amené à se battre contre la
Syrie, la supériorité aérienne apparaîtra tout à fait clairement.
• La supériorité des blindés. Même si le Hezbollah a détruit plus de chars que ne l'aurait souhaité Tsahal, il est pire de faire face à un ennemi équipé de
forces blindées conséquentes, comme dans les guerres de1967 et1973. La force des
blindés reste importante, surtout si on la protège de moyens de défenses contre
les missiles.
• La supériorité en mer. Pouvoir interdire l'accès des approvisionnements par mer et bombarder
les côtes de l'ennemi est un grand avantage qu'Israël ne pouvait pas assumer
dans le passé.
• Des sources fiables de réapprovisionnement. Il est vrai que le Hezbollah a reçu des quantités
d'armes de Syrie et Iran, mais celles-ci ne sont pas forcément parvenues sur le
champ de bataille. Les armes perdues ne peuvent pas être facilement remplacées
pendant le combat. Par contre, Israël se réapprovisionne aisément en Occident,
bien que parfois il y ait des problèmes.
• Le Renseignement. On a maugréé contre le manque d'information sur les sites des bunkers
du Hezbollah et sur d'autres problèmes, mais malgré tout le Renseignement Israélien
reste remarquablement bon. Pardonnez-moi de ne pas entrer pas dans les détails,
mais si on prend par exemple la localisation des missiles à longue portée du Hezbollah
et les convois d'armes syriennes, Israël a bien réussi.
• La dissuasion. On dit que la dissuasion Israélienne a été ébranlée, c'est plus du
baratin que la réalité. La clé de la stratégie Israélienne est sa capacité porter
la guerre chez l'ennemi et à lui infliger de lourdes pertes. Mais cette
stratégie est inefficace si l'ennemi porte la guerre dans un pays tiers et se
moque des dégâts occasionnés, comme l'Iran et le Syrie au Liban. Mais si la
Syrie avait fait un mauvais calcul, elle aurait été entraînée dans la guerre,
sur son territoire, avec un désastre comme résultat.
Ironiquement, on oublie
de rappeler que la marge de manœuvre des pays arabes, au Liban comme dans les guerres
passées, ce n'est pas leur capacité militaire, mais le fait qu'une bonne partie
de l'Occident se dépêchera toujours d'imposer une trêve pour leur épargner la
défaite totale. C'est ainsi que l'ennemi a évité la catastrophe dans les
guerres de1956,1973,1982 et 2006. Bien sûr, Tsahal a des faiblesses, et ceci a été longuement discuté,
bien que certaines soient mythiques. Néanmoins, ses forces restent de loin les
plus importantes. Dans cet esprit il n'y a rien de nouveau dans la guerre du
Liban, à part des insuffisances qui on servi de semonce pour leur élimination
dans l'avenir. Du côté arabe ou iranien, on ne trouve pratiquement aucun des
côtés positifs passés en revue. Et c'est ce que tout le monde devrait avoir à
l'esprit en parlant du facteur militaire au Moyen-orient.
© www.nuitdorient.com par le groupe boaz,copyright autorisé sous réserve de mention du site