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APPLIQUER LA
RESOLUTION 1701, COMPLETEMENT
Par Daniel Shek, Ambassadeur d'Israël en France.
Publié le 16
novembre 2006 dans le Figaro.
La résolution
1701 votée à l'unanimité par le Conseil de sécurité est un présage de paix et
de stabilité pour Israël et pour le Proche-Orient. La mobilisation de la
communauté internationale offre enfin à un Liban libre de toute ingérence
étrangère une chance d'exercer sa pleine souveraineté sur l'ensemble de son
territoire. Elle pourrait également être un espoir de tranquillité pour les
habitants du nord d'Israël et du Sud-Liban, « luxe » qu'ils
n'ont pas connu depuis bien longtemps. La résolution 1701 réunit en effet les
conditions d'un climat apaisé offrant à nos deux pays, nos deux peuples,
l'espoir d'un avenir prospère dans le respect mutuel et l'intérêt commun.
Pourtant, à en
croire les médias et de nombreuses déclarations politiques, le principal but de
la résolution 1701 serait d'arrêter les vols de reconnaissance de l'aviation
israélienne au-dessus du Liban. Les avertissements et les condamnations se
succèdent, comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort. Selon eux,
le bang que provoque de temps en temps le passage du mur du son représenterait
un véritable big bang dans la région.
C'est une
habitude que de considérer Israël comme responsable de tous les maux. Il
faudrait pourtant rappeler que si la résolution 1701 n'est pas à ce jour
respectée, les survols israéliens n'en sont que la moindre des infractions. Il
faudrait surtout dire que le véritable objectif de la résolution et donc de la
Finul, n'est ni de stopper ces vols d'observation, ni même de maintenir le
cessez-le-feu. L'objectif est, avant tout, d'éviter la répétition des
conditions qui ont causé le drame de cet été. C'est le Hezbollah qui est à
l'origine de la dernière guerre, il faut à tout prix lui refuser les moyens
d'être à l'origine de la prochaine.
Depuis son
départ du Liban, cela fait maintenant plus de six ans, Israël souhaitait voir
se déployer une force militaire libanaise à sa frontière Nord. L'ONU en a
reconnu aujourd'hui la nécessité et lui offre - avec l'encouragement
d'Israël - le soutien d'une force internationale crédible, dans laquelle
l'armée française tient un rôle primordial. Nous sommes reconnaissants aux
soldats français de leur engagement au service de la paix qui s'inscrit dans le
cadre d'une coopération et d'une confiance mutuelle qui durent depuis des
années. Le geste mal interprété d'un avion de chasse israélien ne saurait
mettre cela en cause. Il est impossible d'imaginer un cas de figure dans lequel
Israël chercherait à nuire à des troupes françaises.
Le principal
objectif, pour Israël et la communauté internationale, est comme le stipulent
les termes de la résolution : « qu'il n'y ait plus d'armes
déployées sans le consentement du gouvernement du Liban ». Autrement
dit, la résolution 1701 engage l'armée libanaise et dans certaines conditions
la Finul, à désarmer le Hezbollah et à retrouver l'ensemble de sa souveraineté
sur tout son sol.
C'est pourquoi
la résolution 1701 est assortie d'un embargo sur les armes à destination du
Hezbollah. Observer minutieusement cet embargo est la clé du succès de la
résolution. Compte tenu de son comportement irresponsable, permettre au
Hezbollah de se doter à nouveau de missiles à longue portée est contraire à
tout bon sens. Un traité de paix constituerait l'acte de décès du Hezbollah.
Depuis des années, il ne fait que semer la discorde entre Israël et le Liban,
rendant ainsi tout espoir de paix impossible. Mais avant tout, son comportement
vise la déstabilisation du gouvernement démocratique du Liban. Ne nous trompons
surtout pas d'adversaire. Le radicalisme islamiste incarné par l'Iran et dont
le Hezbollah est le bras armé au Proche-Orient, cherche à détruire la
coexistence des nations et des peuples de la région. Il ne faut pas lui
permettre de réussir en baissant la garde. Une application entière et complète
de la résolution 1701 en est le meilleur moyen.
Mais aujourd'hui
cette résolution n'est pas appliquée.
Nos soldats Ehud
Goldwasser et Eldad Regev n'ont toujours pas été libérés. Non seulement les
armes du Hezbollah ne sont pas confisquées, mais le Hezbollah poursuit même son
réarmement - en toute impunité. L'envoyé spécial des Nations unies Terje Roed-Larsen a d'ailleurs
admis officiellement que le trafic d'armes à destination du Sud-Liban
continuait. Le passage d'armes par la frontière syrienne, en provenance sans
doute de l'Iran, est une menace non seulement pour la stabilité de la région,
mais aussi pour la Finul et les soldats français. Contrairement à l'esprit et à
la lettre de la résolution, les combattants du Hezbollah maintiennent leur
présence au Sud-Liban, en créant une nouvelle fois des zones interdites
d'accès.
Il ne faut pas
confondre les vols de reconnaissance de l'armée israélienne avec les intentions
du Hezbollah : Israël observe pour alerter, le Hezbollah s'arme pour
attaquer. Nos vols d'observation n'ont d'autre but que de surveiller les
actions du Hezbollah et d'alerter l'ensemble de la communauté internationale,
aujourd'hui mobilisée pour libérer le Liban de toute influence étrangère, sur
le danger qui menace la paix. Car rien ne serait pire pour Israël, pour le
Liban et pour la paix, que de laisser le Hezbollah se réarmer sans que personne
ne le sache. Dans une région déjà riche en paradoxes, en voici un autre :
les vols israéliens pourraient être considérés comme des infractions à la
résolution du Conseil de sécurité. Mais en même temps, faute de mieux pour le
moment et en l'absence d'un mécanisme crédible pour appliquer l'embargo, ces
vols sont un moyen efficace et inoffensif d'assurer son respect à long terme.
Donc à tous ceux
à qui la fameuse résolution 1701 tient à coeur, je
dis : faites appliquer la résolution dans son ensemble. Et, si vous en
dénoncez les infractions, alors dressez-en la liste complète : libération
des soldats, désarmement du Hezbollah, respect de l'embargo, etc. Et ne
vous contentez plus de la solution facile qui consiste une fois encore, à faire
porter le chapeau à Israël. Ne nous bornons pas à regarder, comme cela s'est
fait pendant six ans, depuis le départ des Forces israéliennes du Sud-Liban.
Mais agissons. Agissons ensemble. Pour la paix.