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L'EUROPE MANIPULE LA SOCIETE ISRAELIENNE

 

Par Gerard Steinberg dirige le Programme du Management des Conflits à l'université Bar Ilan et directeur de NGO Monitor, organe surveillant les ONG

Paru dans le Jerusalem Post du 21 février 2007.

Traduit par Albert Soued, www.chez.com/soued/conf.htm pour www.nuitdorient.com

 

 

On connaît les différences de points de vue sur le statut de la Judée-Samarie entre l'Europe et le gouvernement Israélien. A Londres, Paris ou Bruxelles, ce territoire est appelé "territoire occupé", alors qu'à Jérusalem on le désigne par "territoire contesté".

(1)

Un débat similaire s'installe dans la société Israélienne. En effet, des groupes d'idéologie différente défient la politique du gouvernement sur les territoires, de même que sur l'expansion ou la suppression des implantations ou sur la route de la barrière de sécurité.

Le débat est important, légitime et très complexe.

Mais quand des gouvernements étrangers coopèrent avec des groupes Israéliens privés et les financent pour s'opposer à une politique prônée par des dirigeants élus démocratiquement, un problème se pose. Il s'agit alors d'une violation de souveraineté et un exemple clair de néocolonialisme.

 

Nous avons découvert récemment sans surprise que l'ambassade britannique à Tel Aviv finançait une ONG connue sous le nom de "Bimkom", (planificateurs pour des droits de planifier). L'objectif évident de la recherche de cette organisation concerne l'impact de la barrière de sécurité sur les villages pris au milieu du tracé. Comme Bimkom est un groupe politique, le résultat de "sa recherche" est connu par avance. Ainsi le gouvernement britannique recevra une analyse d'un groupe Israélien qui soutient le point de vue anglais contre le tracé de la barrière. Londres aurait pu recevoir la même information de ses services du renseignement, mais sans la "dimension politique". De même Bimkom reçoit du gouvernement Danois 200 000$ de fonds pour un projet concernant "les voisinages Palestiniens".

Pendant des années, les gouvernements Européens ont utilisé la même approche pour financer des organisations politiques Israéliennes connues, telles que "la Paix maintenant", Btselem ou le Centre Peres (2). Le Ministère des Affaires Etrangères Suisse et l'Union Européenne (UE), entre autres, ont soutenu la campagne de relations publiques ratée pour vendre au public Israélien l'initiative de Genève --- une proposition de paix proposée par Yossi Beilin et ses partenaires Palestiniens.

Et sous la dénomination trompeuse de "partenaires de la paix", la délégation de l'UE à Tel Aviv finance un groupe connu sous le nom de "Comité Israélien contre la démolition des maisons" qui fait la promotion du boycott anti-israélien et pour le désinvestissement. Il finance aussi des groupes arabo-israéliens, comme Mossawa et Adallah, qui, tout en se faisant les avocats d'une plus grande justice socio-économique à l'égard des Arabes Israéliens, ne cherchent qu'à enlever toute légitimité à l'Etat Juif, en le démonisant.

 

Ce qui est nouveau dans le cas de Bimkom c'est la réponse du Ministère des Affaires Etrangères: "C'est une interférence de la Grande Bretagne dans les affaires interieures d'Israël. Comment réagirait-on à Londres si notre ambassade finançait des recherches d'une organisation britannique essayant de saboter un programme du gouvernement?"

Le langage y est diplomatique et sous-entendu, mais en langue anglaise, et surtout première réaction à un défaut fondamental de la politique européenne à l'égard d'Israël.

Une réponse plus directe aurait pu fournir des possibilité précises d'interférence, comme une campagne publicitaire à Paris et à Londres, financée par les Etats-Unis, contre l'avortement, ou une propagande soutenue sur le conflit anglo-irlandais, ou le soutien des séparatistes en France ou en Espagne.

Il faut préciser de plus que l'ampleur du financement Européen d'organisations politiques Israéliennes ou Palestiniennes faisant la promotion des droits de l'homme, de la paix et de la démocratie est énorme et en grande partie secrète. La bureaucratie Européenne a massivement créé un réseau complexe d'agences de financement de "la société civile" de la région, sans répertoire centralisé, ni système de contrôle. Jusqu'à l'an dernier, le bureau de l'UE à Tel Aviv violait ses propres principes de transparence et gardait secrète la liste des ONG Israéliennes bénéficiaires, surtout par crainte de menaces de représailles violentes. Les enquêtes de "NGO monitor" ont réussi à obtenir un changement, mais pas pour la liste des ONG palestiniennes qui reste secrète pour une grande part.

 

La volonté nouvelle du gouvernement Israélien d'affronter cette manipulation de la société civile israélienne par des gouvernements européens, y compris la Suisse et la Norvège, marque un tournant. Au-delà du simple avertissement, les responsables israéliens devraient fournir des dossiers détaillés sur les circuits de financement des ONG politisées à toutes les réunions avec des chefs d'Etat, des ministres d'affaires Etrangères ou d'officiels du gouvernement.

Si l'Europe s'attend à jouer un rôle plus important dans la sécurité et la diplomatie de la région, elle doit s'abstenir de financer le sabotage des rouages politiques d'Israël, aussi bien sur le plan intérieur que sur l'arène internationale. En Europe on doit aussi scruter les groupes amorphes qui s'intitulent "organisation de la société civile" ou "ONG". Il faut rappeler que ces groupes puissants ne sont pas élus et leurs dirigeants ont tout pouvoir, puisqu'ils ne sont responsables devant personne.

Dans les démocraties, les officiels gouvernementaux qui obtiennent des crédits pour ces groupes poursuivent leurs propres objectifs ou intérêts, sans contrôle et en toute clandestinité. Dans les sociétés fermées et non démocratiques comme la Syrie, l'Egypte ou l'Autorité Palestinienne, le financement d'ONG qui font la promotion de la démocratie, de la tolérance et des droits de l'homme ont peut-être un impact positif, mais elles sont étroitement surveillées pour éviter les abus.

L'Europe a échoué dans le contrôle des ONG et les conséquences sont souvent désastreuses pour un pays démocratique comme Israël. Israël n'a nul besoin des initiatives de "sociétés civiles" comme Bimkom, manipulées par des gouvernements étrangers, quels qu'en soient les objectifs. Il est temps de mettre un terme à cette politique malavisée et condescendante.

 

Notes de la traduction

(1) la résolution 242 de l'Onu concernant la Judée-Samarie demande à Israël de se retirer de (certains) territoires et non de l'ensemble comme certains veulent le comprendre, car c'est le texte anglais qui fait foi et il parle de "territories" et on de "the territories", d'où l'expression "territoires contestés"

(2) l'UE a financé pendant longtemps le cabinet d'avocat de Yossi Beilin, responsable du parti d'extrême gauche Merets.

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