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LA CORÉE DU SUD A FAIT OSLO
Par Daniel Pipes, directeur du Forum
du Moyen Orient et auteur de « l’Islam militant atteint l’Amérique »
- www.DanielPipes.org - Article paru le 9/10/02 dans le Jerusalem
Post
Traduit par Bertus
Qu’arrive-t-il aux
démocraties ? Aux moments critiques, elles
ont l’illusion de croire qu’elles peuvent contenir des ennemis totalitaires par
la courtoisie et l’apaisement. Dans les années 30, les leaders anglais et
français pensaient qu’en n’intervenant pas, suite à l’annexion de la
Tchécoslovaquie, on pouvait satisfaire l’appétit agressif d’Hitler.
Dans les années 70, 3 présidents
américains ont pensé qu’une détente avec Leonid Brejnev pouvait rendre possible
une « structure de paix » américano-soviétique.
Dans les années 90, 4 premiers
ministres Israéliens se sont engagés dans le « processus de paix »
qui offrait à Yasser Arafat de substantielles récompenses, dans l’espoir que
les Palestiniens acceptent l’existence de l’Etat d’Israël.
Chacune de ces percées diplomatiques
a nui aux intérêts des démocraties. L’apaisement des années 30 a stimulé les
exigences allemandes.Il a accru les tensions et il est en partie responsable de
la 2ème guerre mondiale. La détente des années 70 a contribué au
renforcement de l’arsenal militaire soviétique et elle a encouragé
l’aventurisme du Kremlin qui a culminé dans l’invasion de l’Afghanistan. Le
processus de paix des années 90 a persuadé les Palestiniens qu’Israël était
faible et il a mené à la vague d’attentats-suicide et aux autres violences qui
se poursuivent depuis plus de deux ans.
Mais ignorant ces performances
désastreuses, une autre démocratie, la Corée du Sud, appuyée par les
Etats-Unis, est profondément engagée à séduire un autre ennemi totalitaire, la
Corée du Nord communiste.
Depuis la guerre de Corée de 1950/53,
la confrontation Nord-Sud le long du 38ème parallèle a été la plus
féroce et la plus intense dans le monde, la Corée du Nord menaçant en
permanence d’envahir son voisin du Sud.
Avec l’exception possible de Saddam
Hussein en Irak, aucun régime sur terre n’égale celui de la Corée du Nord dans
la répression de son peuple et dans l’agression de ses voisins. Le Nord est
obsédé et empile un arsenal militaire : selon les propos d’un général
américain, cela signifie que cet arsenal est de plus en plus important, de plus
en plus performant, plus meurtrier et plus proche de nous. Pendant des
décennies, la principale préoccupation de la Corée du Sud était de se voir
envahie par son voisin du Nord et toute son énergie était employée pour l’en
empêcher, pour se préparer à cette éventualité, pour rester vigilant à son
encontre et pour le battre.
Dans le même temps, l’équilibre des
forces a penché en faveur de la Corée du Sud. Quand l’économie du Nord de
désastreuse est devenue catastrophique, le Sud est devenu plus industrialisé et
plus riche. Pendant que les gouvernants du Nord passaient de la mégalomanie à
la folie, ceux du Sud devenaient plus responsables et plus démocratiques. Cela
entraîna une plus grande confiance en Corée du Sud et l’élection en décembre
1997 d’un ancien dissident Kim Dae-Jung, comme 8ème président.
Celui-ci institua une « politique du soleil qui brille », pour
atténuer les tensions avec le Nord. Il encouragea les liens politiques et
d’affaires, les relations culturelles et familiales. Il annonça que le Nord
était « un compatriote » et promit qu’ « il n’y aurait plus de
guerre » !
La « politique du soleil qui
brille » enchanta le monde extérieur, bien sûr. Kim reçut le prix Nobel de
la Paix en 2000, en reconnaissance pour son travail « pour la paix et la
réconciliation ». Il a profondément influencé la perception des choses en
Corée du Sud. Un sondage d’opinion montre l’éclosion de l’espoir et de la
confiance du peuple à l’égard du Nord, accompagnée par l’hostilité
bourgeonnante vis à vis des Etats-Unis et des 37 000 soldats stationnés au Sud
comme rempart de protection. Cette politique sud coréenne « a mis en
branle des forces insoupçonnées qui pourraient non seulement mettre en péril
l’alliance militaire avec les Etats-Unis, mais pourraient déclencher un
affaiblissement de l’influence américaine dans le Pacifique », comme l’a
remarqué justement Nicholas Eberstadt dans le journal National Interest. La stabilité et la croissance économique de
l’Est asiatique pourraient en subir les conséquences durablement.
Bref la politique de la Corée du Sud
qui se résume à « prendre ses espoirs pour la réalité » met en danger
potentiel non seulement le bien-être de ce pays, mais celui de toute la région.
Et ceci nous ramène à la question « Pourquoi les démocraties se
font-elles des illusions et pourquoi pensent-elles qu’elles peuvent dompter un
ennemi par des sourires et par la générosité » ? Les facteurs
clés semblent être :
-
l’incapacité à imaginer la réalité du
mal : les citoyens des états riches et libres voient les autres à travers
leur propre image et pensent que l’autre ne peut pas être différent de soi,
-
la lassitude d’être obligé de
faire toujours attention, sans voir le bout du tunnel, entraîne une vision
irréelle du monde, basée sur son propre espoir,
-
la tendance à l’autocritique et à
blâmer sa propre responsabilité dans l’attitude hostile de son ennemi.
Sachant que les précédentes attitudes
d’apaisement ont mal tourné, nous ne pouvons que trembler quand on regarde les
Sud-Coréens suivre le même chemin de la folie (1)
(1) La Corée du Nord vient de dévoiler
publiquement et sans pudeur son programme d’armement nucléaire !