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LA BATAILLE POUR SDEROT
Par Ehoud Yaari, journaliste
Paru dans le Jerusalem Report daté du 3 mars 2008
Traduit par Artus pour www.nuitdorient.com
Ce refus borné de reconnaître la réalité qu'une guerre est livrée contre Sdérot et qu'on n'assiste pas seulement à une autre étape dans la lutte contre la terreur arabe, vient de la non compréhension de la stratégie adoptée par le Hamas.
La doctrine explicite du Hamas est de tout faire pour éviter un embrasement général et poursuivre une guerre sans fin de "basse intensité", en utilisant une faible partie de l'arsenal militaire engrangé. L'idée est de ne pas provoquer une attaque frontale précipitée et de tout faire pour que cette guerre se prolonge le plus longtemps possible. C'est l'essence de la doctrine de la résistance ou "mouqawama" (voir Jerusalem Report daté du 13/11/07).
Le Hamas ne se fait aucune illusion sur l'issue de la bataille de Sdérot. Pour lui, c'est une question de vie ou de mort, et c'est pourquoi cette guerre se poursuit inlassablement et implacablement, même si les voisins arabes se moquent de lui, parlant de "tirs de gamins"
Pour le Hamas les dés seront jetés à Sdérot: ou bien Israël serre les dents et accepte que le Hamas s'installe à Gaza, et accumule son armement, ou bien, poussé dans ses retranchements, le Hamas est obligé d'accepter une espèce d'"union nationale", selon les dictats de Mahmoud Abbas.
Par la capitulation israélienne, c'est à dire une espèce de cessez-le-feu, le Hamas cherche à faire accepter le fait accompli dans la bande de Gaza. Alors Sdérot pourra vivre sans les tourments des Qassam, tout en en restant son otage, et, parallèlement, le Hamas gagnera l'immunité vis à vis des attaques ciblées de Tsahal et du Shin-Bet.
Le défi lancé à Israël est simple comme bonjour: se battre
contre Gaza ou défendre Sdérot. Il est aujourd'hui
très clair que rester sur la défensive n'apporte pas grand-chose et les
roquettes continuent de pleuvoir, malgré les attaques ciblées de l'Armée de
l'Air, pourtant d'une surprenante précision. Les mesures de protection de la
ville sont insuffisantes et un habitant sur
Il est certain qu'il est nécessaire de frapper le Hamas de manière à le dissuader de continuer à expédier ses volées de Qassam, frapper fort et faire très mal, afin qu'il comprenne que le prix qu'il doit payer pour continuer est au dessus de ses moyens.
Et quel est ce prix? Une seule réponse: les attaques ciblées doivent viser les institutions et les services du Hamas, grâce auxquelles il existe dans la bande de Gaza, y compris les postes de police, les installations militaires, enterrées ou pas, les ministères, tous les chefs, dans le but de démanteler l'appareil gouvernemental. Des incursions terrestres en profondeur seront nécessaires, ainsi que des opérations spéciales punitives, telles que la destruction de la seule centrale électrique.
Mais pour arriver à cela, il faudrait que l'état d'esprit change dans la sphère de décision d'Israël et que celle-ci explique au public que nous sommes en guerre. Mais attention, il faut aller jusqu'au bout, malgré les difficultés, sinon nous allons retrouver le Hamas en Judée-Samarie et, si nous ne sommes pas victorieux, nos villes du Centre, comme Kfar Saba ou Modii'n, seront à la merci de missiles venant de Cisjordanie. Si nous acceptons un cessez-le-feu, soyez sûrs que le Hamas concentrera toutes ses ressources à l'est de la ligne verte. Il lui suffit de quelques semaines pour construire des ateliers de Qassam et de mortiers.
Il est évident que dans la situation actuelle, si le Hamas n'obtient pas ce qu'il souhaite d'une capitulation via Sdérot, il s'attaquera à Ashkelon. Car aujourd'hui même, il stocke des missiles de plus longue portée et des Katiouchas. Israël acceptera-t-il des attaques contre une grande ville comme Ashkelon?
Ma pensée va aujourd'hui vers les 2 Ehoud, car tous les deux se méfient d'opérations majeures à Gaza et recherchent des ripostes équilibrées et "proportionnées" à ce défi (1). Tous les deux ont de la compassion pour les habitants de Sdérot, mais ils n'ont pas encore les moyens de les protéger (2). Ils attendent sans doute un miracle, mais si ce miracle ne se produit pas rapidement, ils ont néanmoins la solution que je leur propose.(3)
Notes de la traduction
(1) Voir le texte ci-dessous d'un officiel du Département d'Etat qui conseille à Israël des ripostes "proportionnées", comme "message" (avertissement, on suppose), mais pas pour atteindre un "objectif" (de victoire, on suppose), pour ne pas faire dérailler le "processus d'Annapolis", de peur que des mois de diplomatie américaine ne soient réduits à néant….
A
top US State Department official cautioned
"We
urge caution and proportionality," David Welch, assistant secretary of
state for Near Eastern affairs, told regional media at a press briefing here.
"
"Unchecked
large-scale violence in
So
the
The
approach, he said, was consistent with American policy that has long supported
the ability of
Welch
also argued that Palestinians in
"If
people in
During
the briefing, Welch also brushed aside criticism leveled
by Palestinian Authority Prime Minister Salaam Fayad
last week in
"I
respect the judgment of Prime Minister Fayad of what
he would like to see from any negotiating process. On the Israeli side, there
will be similar judgments about what they would like to see," Welch said.
He
added, "Everybody's impatient to work on this problem and would like to
see progress, so I don't expect that if you asked them the question on any day
that they're going to say that they're very happy with the result, especially
when this is just starting."
(2) Dans 2 ou 3 ans, Israël pourra mettre en place des moyens de défense adaptés à des missiles de courte portée et à des mortiers, bien que cela soit des moyens coûteux et encombrants.
(3) Après le 6/9/07 où Israël
a retrouvé sa capacité de dissuasion vis-à-vis de la Syrie et de l'Iran, Il
est impératif qu'Israël la retrouve aussi vis à vis d'"un jeu de gamins".