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INTEGRER ISRAËL
AU MOYEN-ORIENT
Au cœur d’une région hostile et
instable, Israël est aujourd’hui confronté à de nombreux défis dont celui de
son intégration dans un environnement composite
Par Masri Feki,
est né au Caire. Il est président du Middle East Pact
(MEP) et auteur de plusieurs ouvrages sur le Moyen-Orient dont :
« Israël, géopolitique et enjeux », Studyrama, Paris, 2008- http://masrifeki.com
Paru dans le
Turkish Daily News du 10 mars 2008
http://www.turkishdailynews.com.tr/article.php?%20enewsid=98502
Adaptation
du Middle East Pact
Voir
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Lors
de l’apparition du mouvement sioniste politique, le monde juif fut divisé entre
ceux qui jugeaient bon de le soutenir et d’y adhérer et ceux qui décidèrent de
s’y opposer et de le combattre. Pour les uns, créer un pays permettant aux
Juifs de vivre, sans être considérés dans le meilleur des cas comme une
minorité tout juste tolérée, était un immense pas vers une libération nationale
tant espérée. Pour les autres, ultra-minoritaires aujourd’hui, l’Etat juif de
l’antiquité fut détruit par la volonté divine, et seul le Messie pouvait le
rétablir. Toute tentative humaine de recréer un Etat juif avant la venue du
Messie serait donc une contestation de la volonté divine. Il convient toutefois de souligner
que ceux-là ne remettent pas en question la
légitimité juive, mais ils croient que l’Etat juif tant attendu doit
être l’œuvre du Messie. Il s’agit donc d’une question de "timing" et
non pas de principe. Quoi qu’il en soit, Israël
abrite aujourd’hui la communauté juive la plus nombreuse au monde, et selon
tous les experts, la majorité du peuple juif se trouvera sur la terre de ses
ancêtres d’ici 2030. Il s’agit là de la victoire la plus éclatante du projet
sioniste.
Si
ce dernier avait pour mission d’intégrer en Israël les Juifs dispersés partout
dans le monde, le sionisme d’aujourd’hui, lui, doit faire face à un défi d’une
toute autre nature : l’intégration de l’Etat hébreu, cette fois, dans son
environnement régional. Le processus de paix, à lui-seul, ne mènera pas à cette
intégration. Nous l’avons vu, certains pays arabes furent contraints à un
moment de leur histoire, de reconnaître l’Etat hébreu, ce qu’ils ont fait, mais
en l’accueillant comme un fait accompli et non comme une composante naturelle
et légitime de la région. La paix véritable, globale et durable viendra le
jour où les voisins d’Israël reconnaîtront que le peuple juif se trouve sur
cette terre de droit, et non de facto. Dans le même temps, il ne faut
pas perdre de vue le fait que les enjeux géopolitiques de l’Etat juif sont
aussi ceux d’une région qui se cherche. Le Moyen-Orient est en quête
d’identité.
Le
panarabisme – idéologie en pleine déroute après la disparition du régime de
Saddam Hussein et avec l’affaiblissement de la Syrie baasiste – n’a pas abouti
à un projet de construction parce qu’il n’a pas pris en compte la diversité de
cette région, les particularités identitaires, les préoccupations
communautaires de ses minorités, la complexité du fait national qui ne se
limite pas à l’usage d’une seule et même langue, mais qui repose aussi et
nécessairement sur un ensemble de convergences politiques et d’intérêts
communs. Sa conception arbitraire de la nation qui veut que l’on soit arabe
malgré soi, pour la simple raison que l’on fait usage de la langue arabe a mis
à l’écart de légitimes revendications nationales au sein d’un Moyen-Orient
majoritairement, mais pas exclusivement, arabophone.
Comme
le panarabisme, le panislamisme est une idéologie exclusiviste. En rejetant la
conception moderne de la citoyenneté, il écarte l’hypothèse d’une participation
civique non-musulmane. Sa constitution est immuable puisque c'est le droit
divin, son programme ne peut être remis en cause puisqu’il émane du Créateur du
monde. Absolutiste par nature, son discours exclut les incroyants et par
conséquent les non-musulmans, ce qui explique que le flambeau du panarabisme
ait souvent été porté par des Arabes chrétiens, angoissés par les desseins
hégémoniques de l’islam politique. Enfin, le caractère transnational et
militariste de son action l’a rapidement placé dans la clandestinité par
rapport aux gouvernements en place. En dépit du chantage diplomatique dont font
usage certains régimes arabes autoritaires en brandissant la menace islamiste
(« Moi ou le déluge »), cette idéologie n’a pas d’avenir car elle n’a
pas de projet réaliste et cohérent.
Un
troisième et ultime cadre régional s’impose progressivement, au fur et à mesure
que s’effondrent les deux premiers. Il s’agit du
"moyen-orientalisme". Israël qui constitue la seule minorité à la
fois non-arabe et non-musulmane de cette région doit axer sa diplomatie
aujourd’hui dans ce sens. Les Arabes non-musulmans (Arabes chrétiens, druzes…)
exclus du club panislamique, ont toujours une place honorable au sein du
panarabisme. Et les musulmans non-arabes (Turcs, Iraniens, Kurdes…), exclus du
club panarabe, peuvent toujours rejoindre le panislamisme. Mais les Israéliens,
eux, n’étant ni Arabes ni musulmans, sont doublement minoritaires !
L’Etat
juif n’est pas un intrus au Moyen-Orient, il est la prolongation et le
représentant d’une des civilisations les plus anciennes de cette partie du
monde. Tout lie Israël à cette région : la géographie, l’histoire, la
culture mais aussi la religion et la langue. La religion juive est la référence
théologique première et le fondement même de l’islam et de la chrétienté
orientale. L’hébreu et l’arabe sont aussi proches que le sont en Europe deux
langues d’origine latine. L’apport de la civilisation hébraïque sur les peuples
de cette région est indéniable. Prétendre que ce pays est occidental équivaut à
délégitimer son existence ; le salut d’Israël ne peut venir de son
déracinement. Le Moyen-Orient est le seul "club" régional auquel
l’Etat hébreu est susceptible d’adhérer. Soutenir cette adhésion revient à se
rapprocher des éléments les plus modérés parmi son voisinage arabe, et en
premier lieu les
minorités.
Israël
n’a pas d'autre choix. Les pays du Moyen Orient qui l'entourent non plus, sauf
sombrer dans la guerre et le marasme.
Note
de www.nuitdorient.com
Israël
est d'abord et avant tout une nation du Moyen Orient qui après vingt siècles de
pérégrinations plus ou moins forcées est revenue retrouver son berceau. Depuis
son exil, ce berceau a été envahi et occupé par des peuples divers, et
notamment en dernier lieu par des tribus arabes, sémites comme elle.