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Par
Amotz Asa El, journaliste et écrivain - le 7 mars 2002- article paru dans le
Jerusalem Post.
Traduction
par Bertus
Mr le
Premier ministre,
Vous
avez récemment condamné comme vaine la politique d'Ariel Sharon.
J'ai
rarement entendu un responsable français partageant le point de vue israélien,
encore moins ses objectifs stratégiques. Toute une génération de dirigeants,
politiciens, intellectuels français nous ont inlassablement dit que nos
objectifs étaient erronés et nous ont conseillé de gagner notre place au soleil
du Moyen Orient! Si seulement, nous Israéliens, acceptions les Palestiniens
dans une solution avec deux Etats, et que nous soyons convaincus que l'OLP
était une organisation éprise de liberté, de démocratie, des droits de l'homme
et de laïcité!
La
plupart d'entre nous ont rejeté cette manière de penser, mais nombreux d'entre
nous dont moi-même l'ont écoutée. Nous avons écouté car nous ne voulions ni
vivre dans la guerre, ni gouverner un autre peuple; nous avions foi dans la
promesse d'une harmonie régionale, comme cela a été accompli en Europe
occidentale. Après tout, ayant survécu à ce qu'ils ont vécu, nos parents n'ont
pas construit un Etat juif pour se retrouver dans un ghetto, entouré de
barbelés et de mines et pour se sentir menacés de tout côté.
En
1980, vos efforts incessants pour remodeler le Moyen Orient ont porté leurs
premiers fruits, quand Bruxelles adopta la Déclaration de Venise, qui appelait
Israël à reconnaître l'OLP. C'est ainsi qu'Arafat commença à être
"légitime", après avoir été reconnu auparavant par des "lumières
humanistes", telles que E Honecker, Fidel Castro ou Pol Pot. Cependant il
a fallu des années pour convaincre les autres Israéliens du bien fondé et de la
viabilité de la solution à deux Etats.
En
1982, horrifiés par la folie de nos dirigeants quand nous servions au Liban,
nous descendîmes dans la rue. Nous avons réussi à écarter le ministre de la
défense Sharon, mais pas à résoudre la question palestinienne. En 1987, notre
héros du moment, Shimon Peres, n'a pas réussi à convaincre Yitsh'aq Shamir à
adopter l'accord de Londres avec le roi Hussein, accord qui aurait pu éviter
l'effusion de sang aujourd'hui (accord rétrocédant la Judée Samarie et Gaza à
la Jordanie). La conséquence a été la première "intifada", puis Oslo
où le succès de votre vision du Moyen Orient fut complet.
Depuis
1993, les Israéliens réticents à cette vision, non seulement s'y rallièrent
mais se sont battus pour elle. Dans ma rubrique notamment, j'ai appelé à voter
pour Ehud Barak, j'ai choisi Yossi Beilin comme homme de l'année, et j'ai œuvré
pour un compromis même dans la vieille ville de Jérusalem contre une vraie
paix. Puis vint Camp David.
Les
Israéliens ont été étonnés de voir rejeté le plan de paix d'Ehud Barak, basé
sur des concessions extrêmes, et encore plus de ne voir aucune
contre-proposition; mais une guerre, déclenchée par Arafat lui-même, malgré
tous ses engagements de résoudre tous les conflits par la négociation. En
vérité nos doutes apparurent plus tôt. D'abord en 1995, on a vu Arafat
torpiller tous les efforts occidentaux pour créer des parcs industriels, qui
auraient pu employer sa population désoeuvrée et lui redonner une dignité.
Ensuite en 1996, nous l'avons vu glorifier le spécialiste en bombes humaines
Yéh'yah A'yashe. Et surtout nous l'avons vu installer un réseau parfait
d'écoles, de camps d'été, d'universités, de journaux de réseaux de radios et de
télévisions et de sites web qui, non seulement niaient notre existence, mais
prêchaient la haine au vitriol la plus antisémite, que vous, Français
d'après-guerre, détestez sûrement.
Cependant il nous a fallu l'étape de Camp David pour reconstituer le puzzle et découvrir qu'on s'était moqué de nous!
Maintenant,
l'Israélien moyen est convaincu qu'Arafat est un fasciste. On avait aussi offert à
Hitler les territoires qu'il demandait, pour découvrir après coup qu'il n'y
avait pas de limite à ses appétits, car pour lui la guerre n'était pas
seulement une menace mais un désir réel.
Voilà ce qu'est le fascisme, la croyance (répétée justement par Benito
Mussolini) que seuls les citoyens qui se battent ensemble deviennent une
nation; ce qui explique pourquoi Arafat est plus intéressé par la conquête de
notre Etat que par la construction du sien!
Il
s'ensuit Monsieur Jospin que la très ancienne thèse de votre pays – l'OLP est
un partenaire valable pour la paix- s'est écroulée, et nous y avons crû, mais
cette thèse de Paris n'a rien donné.
Votre
pays plus que les autres nous a promis qu'ils nous reconnaîtraient, mais ils ne
l'ont pas fait. Vous nous avez promis une démocratie à nos portes, et nous
découvrons une dictature. Vous nous avez promis une autorité laïque, mais ils
ont rejoint les pires théologiens fanatiques. Vous nous avez promis qu'ils
respecteraient les accords signés, or ils les ont tous dénoncés. Vous nous avez
promis qu'ils abandonneraient les méthodes violentes, or ils nous tuent
délibérément, dans la rue, partout, des femmes, les bébés dans les bras!
Il
s'ensuit, Mr Jospin, que vous n'êtes pas habilité à discuter des tactiques de
Sharon et nous, Israéliens moyens, qui dans le passé, étions opposés à lui et
qui aujourd'hui affrontons les balles, les bombes, les maniaques suicidaires,
nous méritons plutôt des excuses, pour vos manoeuvres politiques, qui nous nous
ont mené là où nous sommes aujourd'hui. Si vous êtes l'homme courageux qu'on
dit que vous êtes, admettez votre échec, comme nous l'avons fait. La situation
actuelle ne provient pas d'une quelconque action d'Israël mais de celles des
dictatures arabes, de l'abus quotidien des droits de l'homme et de la femme par
ces royaumes, de la corruption et de leur échec économique.
Les
mauvaises nouvelles c'est que la diplomatie française figée, poursuit son
chemin au travers de notre tragédie, et que nos pensées se tournent vers Vichy,
Dreyfus et le bûcher du Talmud en 1242, pas loin de vos bureaux.
Les
bonnes nouvelles c'est que contrairement à nos aïeux qui se plaignaient de ce
que vos aïeux leur faisaient endurer, nous ne sommes pas mécontents de
l'incapacité de votre pays à jouer un rôle dans la crise actuelle. Et notre
détermination à contrôler notre avenir est plus grande que notre attente que
vous nous aidiez. C'est cela qui fait que nous sommes israéliens.
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