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L’ABANDON SUBTIL D’ISRAËL
Par Paul Leslie
Pour Guysen International News
31 août 2008
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Dans son article «Les meilleurs amis de l’Amérique», paru le 1er août 2007, Caroline Glick, membre senior pour le Moyen Orient du « Centre pour la Politique de Sécurité » à Washington DC et rédacteur en chef adjoint du Jerusalem Post explique comment les élus israéliens ont eux-mêmes contribué à saper l’influence au sein de l’administration Bush des partisans les plus fervents d’Israël.
La seconde cause de l’hostilité de l’administration envers
Israël, selon Caroline Glick, c’est la prise en
charge irrésolue du gouvernement Olmert lors de la
Seconde Guerre du Liban. Comme ce fut le cas il y a 25 ans, le gouvernement Olmert a conduit Israël à la défaite au Liban, il a affaibli
la réputation des officiels de l’administration américaine qui considéraient
Israël comme un allié stratégique et s’opposaient aux Saoudiens, en renforçant
les ennemis d’Israël inspirés par Baker, qui considèrent Israël comme un «
handicap stratégique». (1)
Qui plus est, ce n’est pas seulement Condoleeza Rice, secrétaire d’Etat américaine, qui ne s’intéresse pas
particulièrement aux intérêts sécuritaires d’Israël. Robert Gates, actuellement
secrétaire d'Etat à la Défense des Etats-Unis, a fait partie du Groupe d'étude
sur l'Irak (Iraq Study Group). L’une des conclusions
du rapport publié par cette commission d’enquête sur la gestion de
l’intervention américaine en Irak, et sur le devenir des intérêts
américano-irakiens, voit dans l’amélioration des relations avec la Syrie et
l’Iran un objectif stratégique qui est indispensable à la protection de la
sphère d’influence américaine en Irak, même si l’apaisement diplomatique de ces
deux pays se réalise aux dépens de la sécurité existentielle de l’Etat hébreu.
(2)
Contrairement aux thèses que soutiennent tant de porte-paroles et de
représentants du gouvernement consécutivement aux manipulations du parti Kadima, ainsi que d’innombrables militants du prétendu
«camp de la paix», l’État hébreu compte toujours plusieurs amis sincères (les
Américains, mais pas seulement), qui s’opposent fermement à un retrait
israélien sur les «frontières d’Auschwitz» (formule d' Abba Eban) d’avant 1967, réputées impossibles à
défendre.
Parmi les vrais amis d’Israël, dont nombre de femmes et d’hommes politiques
influents, certains comprennent que les appels à la solidarité internationale
du monde libre contre les forces meurtrières ne suffisent pas, et n’ont jamais
suffi, pour assurer la survie d’Israël, même si ces forces meurtrières ne
cessent d’essayer d’anéantir les citoyens d’un Etat qui, malgré toutes les
pressions accablantes (et la décadence d’un système politique dont les
imperfections s’accentuent de plus en plus) continuent de maintenir vivantes
les valeurs fondamentales des pays libres.
Il faut que l’existence des Israéliens, toujours menacés de destruction, soit
considérée comme constituant un objectif stratégique permanent par les
décideurs les plus importants du pays qui leur sert d’allié indispensable (la
France aux années 1950, les Etats-Unis depuis l’avènement de l’administration
Johnson en 1964). L’État hébreu doit constamment démontrer sa capacité à rendre
des services appréciables, d’être d’une utilité certaine. Aussi importe-t-il
que les forces de défense d’Israël puissent se mettre en état de se suffire à
elles-mêmes, dans la mesure du possible, sans être obligées de compter sur des
forces extérieures pour assurer la protection de leurs compatriotes. Dès que le
sang d’un nombre non négligeable de soldats envoyés pour protéger la vie
d’Israéliens menacés risquerait de couler, beaucoup des concitoyens, même issus
d’une nation on ne peut plus amicale, pourraient en venir à douter de la valeur
d’une alliance.
Malheureusement, malgré les violations majeures de leurs obligations commises
par les forces palestiniennes dites modérées (y compris des actes terroristes
commis par certains «activistes» qui font partie de la faction de Mahmoud Abbas
lui-même), l’administration Olmert, tout comme les
autres gouvernements dominés par les partisans de l’apaisement d’Abbas et de
ses alliés, ne semble pas attacher d’importance à la nécessité de mobiliser les
« vrais amis », au cas où s’exerceraient des pressions dangereuses de la part
de décideurs actifs dans des milieux politiques tels que le Département d’Etat
américain (3). Ne cessant de blanchir les éducateurs de haine de l’Autorité
palestinienne plus «modérés» que les militants du Hamas, ainsi que les
plusieurs calomniateurs parmi leurs concitoyens, les représentants de la seule
démocratie du Proche-Orient, ainsi que leurs trop nombreux conseillers et
spécialistes, ne reviennent pas sur leur politique d’énormes concessions
territoriales.
En outre, ces concessions, et c’est le cas pour le Golan, vont même plus loin
que celles qu’exigent les membres de l’administration Bush et certains hauts
fonctionnaires du Département d’Etat qui exercent des pressions sur les
Israéliens. Et celles-ci sont susceptibles d’exposer de plus en plus
d’Israéliens aux tirs palestiniens (venus de civils, de policiers qui se
doublent parfois de terroristes), et de les mettre de plus en plus à portée de
missiles et de roquettes palestiniennes, y compris les habitants juifs de
Jérusalem …
À la différence d’autres périodes préélectorales, l’Etat d’Israël se trouve
exposé à des pressions non négligeables, dont le refus de leur résister de
façon vigoureuse, cohérente et efficace, en ne manquant jamais d’insister sur
les violations majeures commises par les «partenaires palestiniens de la paix»,
et sur leur duplicité invétérée qui aggrave le caractère dangereux de la
situation. En outre, des considérations électoralistes amènent de plus en plus
de décideurs au sein de l’administration à s’opposer à toute initiative
militaire, y compris contre les installations nucléaires iraniennes, qui soit
susceptible d’escalader dans de sérieuses proportions, et donc de mettre en
péril à la fois le renforcement progressif de la présence américaine en Irak et
la candidature présidentielle de John McCain,
éventuel successeur républicain de George Bush.
Dans ce climat-ci, la livraison envisagée d’un système anti-missiles
plus perfectionné que celui dont disposent les forces de défense israéliennes,
semble représenter un plus sécuritaire.
Cependant, selon un article paru le 18 août sur le site DEBKA, les Israéliens
ne seront pas autorisés à avoir accès à la base américaine où s’installeront
les contingents américains équipés du système anti-missiles en question.
Contrairement aux arrangements passés normalement, selon lesquels certains
spécialistes et/ou membres des forces de l’ordre qui sont citoyens du pays où
la base est établie, ont le droit d’être présents, à condition de se
subordonner totalement au commandement américain de la base (tel est le cas,
par exemple, en Pologne). Ce seront aux alliés américains installés sur le
territoire israélien de décider si, et dans quelle mesure, ils communiqueront
aux Israéliens les données interceptées. En outre, la base américaine pourrait,
le cas échéant, espionner les forces israéliennes. D’après le bulletin paru le
25 août sur le site de l’organisation juive américaine « Council of Presidents of Major Jewish
Organisations » (Conseil des Présidents des organisations juives majeures), la
présence sur cette base serait susceptible d’entraver la préparation
d’opérations militaires jugées indispensables, au cas où le gouvernement des
États-Unis s’y opposerait – où, par exemple, les contingents qui en feraient
partie risqueraient sérieusement de constituer une des cibles principales. (4)
Une autre hypothèse est à considérer. Certains décideurs américains estiment
possible le maintien d'une base militaire après qu'Israël aurait accepté de
faire des concessions extrêmes, y compris le transfert de certaines zones du
Néguev pour assurer la "continuité" de l’Etat palestinien, dont on
envisage la création.
Notes
(1) Voir aussi mon article paru le 9 septembre 2006 «Que peut-on
exprimer en temps de guerre existentielle?» (3e et dernière partie) -
http://www.guysen.com/articles.php?sid=5001)
(2) Voir le texte de Caroline Glick, «Le protecteur
américain de l’Iran», paru le 19 août 2008, sous forme d’adaptation française
de Sentinelle 5768 http://www.desinfos.com/article.php?id_article=10975.)
(3) Voir, par exemple, mon article «Un accord dangereux?», paru le 19 novembre
2005, (http://www.guysen.com/articles.php?sid=3894). (Peu importe qu’Abbas ne
cesse d’exprimer son admiration de meurtriers terroristes - après
l’élargissement de Samir Kuntar, à destination du
Liban, il a adressé à sa famille des félicitations chaleureuses – voir, par
exemple,
http://forums.france2.fr/france2/jtfrance2/prisonniers-echange-israel-sujet_30480_1.htm.)
(4) Voir http://www.dailyalert.org/archive/2008-08/2008-08-25.html).