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LA STRATEGIE DE DAHIYA
Ou l'abandon de la
riposte "proportionnelle"
Par Yaron London
www.YnetNews.com, émanation de Yédiot
Ah'oronot
Article
traduit par Albert Soued pour www.nuitdorient.com
Et ne pas oublier tous les articles sur l'Iran, à la Syrie et Israël
La
"stratégie de Dahiya" est une expression
qui va s'installer dans le vocabulaire de notre défense sécuritaire. Dahiya est le quartier shiite de Beyrouth que nos pilotes
ont transformé en amas de décombres, lors de la 2ème Guerre du Liban
(1).
Lors d'une
interview le 3/10/08 du Commandant en chef de la région Nord, Gadi Eizenkot, par "Yédiot Ah'oronot", il a énoncé
clairement le changement de stratégie. Si jamais il y avait une nouvelle
confrontation avec le Hizbollah, nous ne perdrons pas
notre temps à rechercher les dizaines de milliers de lanceurs de missiles et
nous ne gaspillerons pas le sang de nos soldats à démanteler les positions
fortifiées de l'ennemi. Nous détruirons plutôt le Liban, sans tenir compte des
protestations extérieures. Nous pulvériserons les 160 villages shiites qui sont
devenues les bases armées de l'ennemi et nous n'épargnerons pas l'infrastructure
d'un pays contrôlé en fait par le Hezbollah.
Cette
stratégie n'est pas une menace proférée par un officier passionné, et elle
correspond à un plan accepté par l'armée.
Jusqu'ici,
la "stratégie de Dahiya" n'a pas été
adoptée, tout simplement parce qu'Israël a essayé de se cramponner à l'idée de
faire une distinction entre "bons et mauvais Libanais". On pensait
que si on frappait seulement "les mauvais gars", les "bons
gars" allaient se renforcer. Mais on s'était trompé, les "mauvais
gars" se sont emparés du pays. Aujourd'hui tout le Liban est devenu un
avant-poste Iranien. Sur les plans démographique et militaire, sur le plan de
la confiance, de l'infrastructure sociale, de l'esprit de combat et du soutien
étranger, tout est en faveur de Nasrallah.
Cette
situation est à la fois bonne et mauvaise. Mauvaise, parce qu'au Nord, nous
avons un état totalement pervers. Bonne, parce qu'on n'a plus besoin de faire
de distinctions.
Le nouveau
point de vue des stratèges d'Israël est que le Liban est un ennemi, plutôt
qu'un rassemblement de factions, dont certains sont des ennemis, alors que
d'autres sont les victimes d'une situation qu'ils ne contrôlent pas (2).
Tout
Libanais est Nasrallah
En dépit
des changements importants intervenus sur la scène politique libanaise, je ne
pense pas que la stratégie de Dahiya aurait reçu
l'approbation officielle, si nos dirigeants n'avaient pas changé de point de
vue sur la question "qui est responsable ?". Et ce changement ne
résulte pas d'un processus ordonné, mais de la constatation suivante: nos
voisins sont totalement responsables de ce que font leurs dirigeants. Nous
avons échoué quand nous avons essayé de faire une distinction entre
"personnes innocentes" et "dirigeants coupables". Nous
avons échoué dans nos efforts de distinguer entre des "personnes simples
qui ont des parents et des enfants" et ceux qui les incitent. Sans
le dire explicitement, nous sommes parvenus à la conclusion que les nations
sont responsables des actes de leurs dirigeants.
En termes
pratiques, les Palestiniens de Gaza sont tous des Khaled Mashaal,
les Libanais sont tous des Nasrallah et les Iraniens
sont tous des Ahmedinejad.
Il est
regrettable que cette doctrine n'ait pas prévalu dans les jours qui ont suivi
notre retrait du Liban, et immédiatement après notre désengagement de Gaza,
lorsque des salves de roquettes se sont abattues sur le nord du Négev. Dans les 2 cas, nous nous sommes fait des illusions
en pensant que le peuple était différent de ses dirigeants ou qu'il était
surtout préoccupé de sa survie, étant l'otage d'"éléments radicaux et
irresponsables". Si on avait adopté immédiatement la stratégie de Dahiya, on aurait évité beaucoup d'ennuis. Et appliquer
cette stratégie à Gaza aurait fait comprendre au Hamas que nos frappes ne
seraient plus "proportionnelles".
En fait,
la stratégie de Dahiya est une doctrine adoptée par
la plupart des Arabes (3). De leur point de vue, les sionistes sont des
criminels, tous les citoyens d'Israël sont des sionistes, y compris les Juifs
qui ne le sont pas. Ce sont seulement les agents de la propagande arabe, élevés
en Occident, qui arrivent à faire la distinction entre un "gouvernement
sioniste" et le peuple juif, "avec lequel nous n'avons pas de
conflit historique et avec qui nous avons vécu en harmonie pendant de siècles".
Je ne
propose pas d'adopter la manière de penser arabe, mais plutôt de tirer les
conclusions d'une situation qui perdure où des états et des groupes politiques
qui prétendent être représentatifs se défilent de leur responsabilité vis-à-vis
de ceux qu'ils représentent. Je me réfère à la situation où les civils arabes
se plaignent d'être punis du fait de leurs dirigeants, alors qu'ils les
craignent plus qu'ils ne nous craignent. Aujourd'hui il faut inverser la
situation et semer une peur plus grande parmi eux.
Notes de www.nuitdorient.com
(1) En
arabe, Dahiya est le lieu où on jette le bouc
émissaire à Satan, pour l'occuper.
A le
sens de calamité.
(2) Les
accords de Doha ont donné pratiquement le pouvoir politique et militaire au
Hezbollah, au Liban. Le quasi coup d'état de ce groupe shiite a débloqué la
situation politique libanaise à son avantage.
(3) Il
suffit de voir comment les guerres sont menées au Soudan contre le Darfour,
comment a été menée la guerre Irak-Iran, les guerres de Saddam Hussein contre
le Koweit, les kurdes et les shiites…
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