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GAZA, FIN DE PARTIE
The Washington Post du 9 janvier 2009.
Original anglais : "Endgame in
Gaza".
Traduction française : Jean Szlamowicz
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Les dirigeants israéliens ont volontairement laissé dans le flou leurs objectifs militaires à Gaza. Mais il n'y a, en vérité, que deux scénarios possibles pour siffler la fin de la partie :
- une cessation des hostilités sur le modèle du Liban, supervisée par des observateurs internationaux
- l'anéantissement du pouvoir du Hamas à Gaza.
Sous une pression internationale extrême — y compris de la part d'un ministère des affaires étrangères américain de plus en plus hésitant — le gouvernement d'Ehud Olmert a laissé entendre qu'il pourrait être intéressé par un plan de cessez-le-feu franco-égyptien, ce qui reviendrait à accepter le 1er scénario.
Ce serait une terrible erreur.
Ce scénario porte les germes de son échec, puisqu'il reprendrait les mêmes composantes que la fausse paix du Liban: une force internationale qui refuserait l'usage de toute force notable. Un embargo sur les armes qui donnerait le feu vert au trafic d'armes, et la suspension des hostilités jusqu'à ce que les terroristes se soient à nouveau équipés en armes, de manière à reprendre de nouvelles hostilités.
Le désarmement du Hezbollah au Liban, sous contrôle de l'ONU, est une farce, et tout le monde le sait. Non seulement les forces armées étrangères n'ont pas empêché un réarmement massif du Hezbollah, mais leur présence même rend impossible à Israël la moindre action militaire préventive, de peur qu'un garde-barrière belge portant un casque bleu ne soit touché au passage.
La "communauté internationale" fait tout pour que l'on rejoue à Gaza la même mascarade. Est-il crédible de penser que les contrôleurs mandatés risqueront leur vie pour empêcher le trafic d'armes ? Qu'ils arrêteront des terroristes ? Qu'ils feront le coup de feu avec les groupes armés lançant des roquettes vers les civils israéliens depuis la frontière de Gaza ?
Bien sûr que non.
Les armes continueront d'entrer. On construira des fortifications plus solides et plus sûres pour la prochaine fois. On continuera d'utiliser les mosquées, les écoles et les hôpitaux pour stocker des armes et abriter des terroristes. Vous croyez que ce sont les "soldats de la paix" français qui vont aller, qui vont faire une descente là-dedans ?
Avec un tel cessez-le-feu, Israël gagne deux ans, au mieux. Après cela, ce sera "Hamas, le Retour", cette fois-ci, avec des roquettes qui tueront des civils à Tel-Aviv, rendront l'aéroport Ben Gourion inutilisable, et toucheront le réacteur nucléaire israélien de Dimona.
C'est pour cela que la seule
issue acceptable de cette guerre, pour Israël et pour le monde civilisé, est le
2ème scénario: l'anéantissement du pouvoir du Hamas. Ce scénario est
déjà en cours de réalisation.
Il ne s'agit pas de tuer chaque porte-flingue du Hamas. C'est impossible et ce n'est même pas nécessaire. Un régime ne règne pas en soumettant physiquement chaque individu de son territoire, mais en obtenant que la majorité accepte son autorité. C'est ce qui fait que le Hamas est en place et c'est précisément ce qui fait l'objet d'une attaque massive.
L'autorité du Hamas se trouve non seulement gravement diminuée, mais également publiquement humiliée. Les grands guerriers qui demandent aux autres de se porter volontaires pour le martyre sont en train de se terrer sous terre et refusent de parler à qui que ce soit. De toute évidence, incapables de protéger leur propre population, ils demandent de l'aide à l'extérieur et ne reçoivent en échange que de belles paroles de leurs frères arabes et iraniens. Pendant ce temps-là, qui donc ménage des couloirs pour l'aide humanitaire aux civils palestiniens ?
- Israël.
Au cours des quatre premières minutes de cette guerre, les forces armées israéliennes ont détruit pas moins de 50 objectifs, ce qui a pratiquement anéanti tous les instruments et les symboles du pouvoir du Hamas. Les dirigeants en carton de Gaza se sont trouvés marginalisés, impuissants et ont laissé la population se débrouiller toute seule. Dans de telles circonstances, la plupart des régimes sont en très grand danger de perdre ce que les Chinois appellent "le mandat céleste", cette impression de légitimité qui porte toute forme de gouvernance.
La chute du Hamas à Gaza est à portée de main. Mais il faut pour cela qu'Israël ne cède pas à la pression internationale et ne mette pas fin à ses efforts. Renverser le Hamas n'implique pas une nouvelle occupation israélienne permanente. Une force internationale de transition pourrait être mise en place immédiatement et faciliter le retour de l'Autorité Palestinienne, qui est le gouvernement légitime et dont les forces armées n'auraient pas les états d'âme européens pour remettre de l'ordre à Gaza.
L'anéantissement du pouvoir du Hamas serait un coup dévastateur pour le camp des Palestiniens qui rejettent tout accord avec Israël, et qui ont pris un poids considérable sur l'échiquier politique palestinien depuis l'accession au pouvoir du Hamas à Gaza.
Il s'agirait d'un coup dévastateur pour l'Iran, qui est le mécène des mouvements islamistes radicaux de toute la région, en particulier après la défaite et la marginalisation de son champion irakien, Mohammad Sadeq al-Sadr. Cela encouragerait les Etats arabes modérés à continuer de rechercher des alliances avec les Etats-Unis dans leur confrontation avec l'Iran et ses séides. Et cela démontrerait la valeur stratégique d'Israël, irremplaçable, aux yeux des Etats-Unis, pour contenir et réfréner les ambitions iraniennes.
Olmert avait l'occasion de le démontrer avec la guerre du Liban. Il s'est planté. Il dispose maintenant d'une seconde chance, ce qui arrive rarement. La théocratie de gangsters psychotiques qui règne à Gaza (n'oublions pas que quatre jours avant le début des combats, le parlement du Hamas a fait adopter un code criminel fondé sur la sharia qui, entre autres gentillesses, légalise la crucifixion) est au bord du gouffre.
On peut les pousser plus loin mais seulement si Israël est prêt à aller au bout de cette guerre et de son objectif réel — et si on laisse Israël le faire. Pour le gouvernement Bush et son ministère des affaires étrangères, c'est peut-être la dernière occasion de réaliser quelque chose d'important, en empêchant qu'on n'impose un cessez-le-feu qui ne constituerait pas seulement une défaite, mais une honte.